Compétences de lecture : que disent les évaluations nationales et internationales ?

La lecture, les jeunes et l’école

Compétences de lecture : que disent les évaluations nationales et internationales ?

Pendant longtemps, la France ne disposait pas d’enquêtes et d’évaluations permettant d’effectuer des études comparatives à partir d’éléments inscrits dans la durée. Aujourd’hui, nous disposons d’un panel d’études et d’enquêtes, nationales et internationales qui permettent des comparaisons temporelles valides. On peut citer, entre autres, CEDRE (cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon), LEC (lire, écrire, compter), SPEC6 (étude spécifique des difficultés de lecture) au niveau national, PIRLS (progress in international reading study) et PISA (program for international sudent assesment) au niveau international. En ce qui concerne le français, sujet qui nous intéresse dans le cadre de cette étude, ces enquêtes donnent des indicateurs précis concernant, essentiellement la compréhension de l’écrit. En résumé , il ressort de ces études menées entre 1997 et 2012 une stabilité, en moyenne, du niveau de performance des élèves, et ce, quelles que soit les évaluations, que ce soit à l’école ou au collège. PISA 2012 indique un niveau moyen stable en compréhension de l’écrit et légèrement au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. En revanche, d’après ces études, le nombre d’élèves en difficulté face à l’écrit a significativement augmenté depuis 1997. D’après LEC, le pourcentage d’élèves faibles en compréhension de l’écrit a doublé entre 1997 et 2007 passant de 11 % à 21,4 %. Par ailleurs, PISA 2012 révèle que l’écart entre les élèves les plus performants et les élèves peu performants s’est creusé de 43 points, +20 points pour les élèves très performants, -23 points pour les élèves les plus faibles. Au-delà de cet écart, l’étude PISA 2012, mais aussi CEDRE 2015, révèlent que les filles sont plus performantes en compréhension de l’écrit. Les garçons sont plus présents que les filles dans les groupes de faibles lecteurs : ils sont 40 % de plus dans cette situation (CEDRE 2015). Autre point soulevé par ces études : la performance en compréhension de l’écrit est fortement corrélée à l’origine sociale. «Les scores les plus élevés sont observés dans les tranches constituées des élèves les plus favorisés. Ces résultats restent donc fortement liés à l’origine sociale, confirmant ainsi les constats effectués depuis de nombreuses années, notamment sur les évaluations CEDRE, PISA et sur les panels d’élèves. » Plus récemment, les résultats de l’enquête PIRLS, publiés le 5 décembre 2017 confirment cette tendance. Selon PIRLS 2016, la France avec 511 points se classe en 34e position sur les 50 pays de l’OCDE testés.

Si ces études nous donnent des données précises quant aux compétences de compréhension de l’écrit, qu’en est-il, non seulement des goûts, des habitudes et des motivations de lecture des jeunes français mais surtout de leur rapport au plaisir de lire ?

Plaisir de lire et réussite scolaire

Il est intéressant de se référer à l’étude PISA 2009 qui consacrait un chapitre entier au plaisir et à l’engagement pour la lecture à l’âge de 15 ans. Les résultats de l’enquête PISA 2009 publiés en 2011 par l’OCDE dans Regards sur l’éducation, révèlent que dans les pays de l’OCDE, « les 25 % d’élèves qui prennent le plus plaisir à lire, l’emportent sur les 25 % d’élèves qui prennent le moins de plaisir à lire d’un niveau et demi de compétence en compréhension de l’écrit ». Les résultats de PISA 2009 corroborent ainsi les conclusions d’autres études et montrent que le plaisir de lire est un élément déterminant pour devenir un lecteur compétent et efficace. Pour autant, il n’y a pas de lien direct entre plaisir de lire et compréhension de l’écrit. Il semble plutôt que plaisir de lire et compréhension de l’écrit s’enrichissent mutuellement dans une association spiraliforme, un cercle vertueux en quelque sorte: pour prendre du plaisir à lire, il faut comprendre ce qu’on lit or plus on comprend ce qu’on lit, plus on prend du plaisir à lire… Et plus on lit ! Ce constat rejoint les études publiées par Fredericks, Blumenfeld et Paris en 2004 qui démontrent que le niveau de compétence antérieur est une variable prédictive très probante du niveau de compétence futur . Au regard des résultats de PISA 2009, il apparait donc que le lecteur qui lit par plaisir tend à devenir un lecteur plus compétent que celui qui ne lit pas par plaisir. Toutefois, on se doit de noter également que les élèves peuvent réussir scolairement sans pour autant aimer lire et que d’autres peuvent se trouver en difficulté scolaire alors même qu’ils prennent du plaisir à lire. Développer le goût pour la lecture n’est donc pas, non plus, une recette miracle pour venir à bout de toute difficulté scolaire. Il s’agit d’une piste parmi d’autres, qu’en tant qu’enseignante, j’ai choisi de suivre pour tenter de transmettre à mes élèves, cette joie et cette ressource indicible que me procure la lecture et qui m’a été transmise,aussi, dans mon enfance. Comme l’a écrit Victor Hugo : « Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout ».

Autre point majeur soulevé par PISA 2009, plus un élève passe de temps, chaque jour, à lire par plaisir, meilleurs sont ses résultats en matière de compréhension de l’écrit. Encore une fois, on entre dans un cercle vertueux : le lecteur à l’aise lit davantage, c’est-à-dire, plus longtemps car il est motivé. Ainsi il enrichit son vocabulaire et améliore ses capacités de compréhension. « Le simple fait de lire par plaisir 30 minutes par jour améliore de façon significative la performance des élèves».

L’enquête PISA 2009 s’intéresse également aux relations entre le type de lecture et la performance des élèves. On peut noter dans les résultats de PISA 2009 que les élèves lisant des fictions par plaisir sont « nettement plus susceptibles d’être des lecteurs compétents dans la plupart des pays ».

Enfin, il convient de noter que les résultats de PISA 2009 indiquent que les filles lisent plus par plaisir que les garçons et que les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé lisent moins par plaisir que les autres. Cet écart entre milieu favorisé et milieu défavorisé est particulièrement prégnant en France comme l’indiquent Sylvie Fumel et Bruno Trosseille : « En France, contrairement à la plupart des pays, il est à noter que le plaisir de la lecture varie plus entre les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés et défavorisés, qu’entre les filles et les garçons» .

Au regard des résultats de l’enquête PISA 2009, il apparaît que le plaisir de lire est un élément déterminant qui permet aux élèves de devenir des lecteurs compétents. Il semble donc qu’un travail sur le développement du plaisir de lire présente un réel intérêt à l’école et soit un levier pertinent, parmi d’autres, pour favoriser la réussite scolaire de tous les élèves. De plus, le plaisir de lire très fortement corrélé, en France, aux origines sociales semble être un point d’attention particulier pour que l’école joue son rôle auprès de tous les élèves. En sachant que les élèves issus des milieux sociaux-économiques les plus défavorisés lisent avec moins de plaisir et, qu’in fine, cela impacte leur réussite scolaire, il semble indispensable que l’école se préoccupe du plaisir de lire. Au delà de la jouissance épicurienne, faire naître et cultiver le plaisir de lire à l’école est un levier pour améliorer les résultats de nos élèves tout au long de leur scolarité. C’est pourquoi, au regard des informations délivrées dans l’enquête PISA 2009 et de leurs analyses, Sophie Vayssette et Éric Charbonnier invitent les membres de la communauté éducative à « faciliter l’accès des élèves à un large éventail de textes et d’activités qui pourraient stimuler leur intérêt pour la lecture ».

Toutefois, s’il faut faire naître et cultiver le plaisir de lire à l’école, dans l’objectif d’améliorer la réussite des élèves mais aussi de jouer le rôle de passeur qui revient à un enseignant, il me semble indispensable de rappeler que plaisir et contrainte ne font pas bon ménage et qu’il conviendra de trouver des manières de développer ce plaisir sans contraindre. C’est un enjeu de taille car l’espace de la classe est très souvent un espace de contraintes, nécessaires à la mise en place des conditions de l’apprentissage par tous les élèves. Il faudra donc trouver comment encadrer les activités visant à développer le plaisir de lire tout en laissant aux élèves la liberté nécessaire à la découverte de ce plaisir.

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Table des matières

Introduction
1. Le contexte de la mise en pratique
1.1. L’école Lemercier, Paris 17e
1.2. Portrait de la classe de CM2 B
2. La lecture, les jeunes et l’école
2.1. Compétences de lecture : que disent les évaluations nationales et internationales ?
2.2. Plaisir de lire et réussite scolaire
2.3. Le plaisir de lire : état des lieux
2.4. Jeunesse : une production éditoriale dynamique
2.5. Quelles actions mener pour donner le goût de lire ?
2.5.1. Des grands lisent à des petits
2.5.2. Les enfants jury d’un prix littéraire
3. Des initiatives à mener en classe pour développer le plaisir de lire à l’école
3.1. La lecture, un moment pour soi, mais ensemble
3.2. Garder trace de ses lectures : le cahier de lecteur
3.3. La lecture, un moment de partage
3.4. Participer à un prix littéraire : le prix Janus Korczak
3.5. Comment faire rimer lecture imposée et plaisir de lire ?
3.6. Un répertoire personnel de la littérature jeunesse
3.7. Des pistes d’actions à prolonger
Conclusion
Bibliographie

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