Comparaison mouvement contre mouvement
Contexte scientifique
Plusieurs études vont nous permettre de mieux comprendre le sujet de ce travail. Premièrement, une étude de l’art sur l’Eye Tracking, d’abord généralement en énumérant plusieurs études dédiées à ce sujet, puis, se rapprochant du thème de cette étude pour arriver pleinement dans la gymnastique. Ensuite, le jugement dans le sport sera mis en avant à travers différents articles et plusieurs sports pour arriver là-aussi vers la gymnastique. Finalement, des articles sur l’Eye Tracking dans le jugement seront décrit afin d’arriver au plus proche du sujet de ce travail : l’utilisation de l’Eye Tracker afin d’observer le regard qu’on les gymnastes par rapport aux juges dans la gymnastique aux agrès. 1.1.1 Eye Tracking. L’Eye Tracking est utilisé depuis des décennies (Mohamed, Perreira, Silva, & Courboulay, 2008) et à des fins nombreuses. Difficile d’utilisation au début, il est devenu un outil que les étudiants des Universités peuvent utilisés et maîtriser de manière 6 autonome. Ceci est dû à la modernisation et la simplification de cet outil et grâce à des guides d’utilisation spécialement conçu pour une utilisation par des étudiants (Discombe & Cotterill, 2017). Comme le montre l’article de Duchowski (Duchowski, 2002), les Eyes Trackers ont traditionnellement servi comme outil de diagnostic de la lecture et d’autres tâches de traitement de l’information. Au début, l’appareil était difficile à utiliser et fastidieux. La lumière ambiante pouvait facilement perturber l’expérience et les facteurs comme la fermeture ou l’occlusions des yeux (Zhu & Ji, 2005) devaient être très limités si l’on voulait obtenir des résultats probants. Depuis, de nombreux progrès technologiques ont été réalisé et l’emploi de l’Eye Tracking s’est simplifié et s’est répandue. L’Université de Fribourg bénéficie de ces avancées technologiques grâce à son équipement EyeLink 1000 qui lui permet d’observer les mouvements oculaires de l’œil dans des conditions d’éclairages optimales. Ceci est possible grâce à sa technologie Infrarouge. Dès lors, utilisations se firent nombreuses et variées. Comme le montre l’article de Yang et Chih-Chien (Yang & Wang, 2015), l’Eye Tracking fut beaucoup utilisé dans la recherche sur interactions hommes-machines pour tenter de simplifier la vie des utilisateurs. On peut notamment citer sa contribution à l’amélioration du contenu affiché sur ordinateur. Avec un nombre croissant de tels appareils et le temps que nous passons à les utiliser, nous sommes fortement intéressés par de nouvelles méthodes d’interactions avec ces outils. De nombreux articles sont dédiés à ce sujet (Gegenfurtner, Lehtinen, & Säljö, 2011) (Dix, Finley, Abowd, & Beale, 1998; Drewes, 2007; Drewes & Schmidt, 2009). L’Eye Tracking fut également utilisé par les développeurs de site web afin de rendre le contenu des pages internet plus clair et faire ressortir les informations dont l’utilisateur a vraiment besoin (Pan et al., 2004). Les journaux en ligne, de plus en plus courants et nombreux de nos jours, ont fait l’objet d’une analyse afin de connaître le comportement des lecteurs face à des articles en ligne (Zambarbieri, Carniglia, & Robino, 2008). D’autres utilisations sont à mentionner : également utilisé en médecine, le comportement oculaire de patients souffrant de schizophrénie a fait l’objet de tests opérés par Holzman, Proctor et Hughes en 1973 (Holzman, Proctor, & Hughes, 1973). L’Eye Tracker fut aussi utilisé pour détecter la fatigue au volant durant la nuit chez les conducteurs. Même si cela n’a, pour l’instant, rien donné de concret et de commercialisable, l’idée de développer une alarme lorsque le conducteur commence à somnoler est intéressante (Horng & Chen, 2008). Depuis peu, l’Eye Tracking est devenu accessible pour l’utilisation sur mammifère non-humain. Au début, il était fastidieux de l’utiliser sur des animaux car les scientifiques devaient, s’ils désiraient obtenir des résultats probants, se servir de techniques invasives telles que des implantations chirurgicales afin de stabiliser la tête des sujets. Grâce aux avancées technologiques citées 7 plus haut, il est devenu plus aisé de tester des animaux et les scientifiques essaient de bien faire comprendre qu’il n’y a plus besoin de se servir de méthodes invasives pour utiliser l’Eye Tracking sur les animaux (Machado & Nelson, 2011). C’est dans les années 1970 que furent réalisées les premières études liées au sport dans le domaine du suivi oculaire. Il y a dix ans, des psychologues et neuroscientifiques ont identifié le sport comme un domaine dans lequel les compétences liées à l’attention peuvent faire l’objet de recherches enrichissantes, que l’on parle de novices ou d’experts (Aglioti, Cesari, Romani, & Urgesi, 2008; Yarrow, Brown, & Krakauer, 2009). La difficulté d’utiliser un outil comme l’Eye Tracking est que le sport est pratiqué dans un environnement dynamique et est en constante évolution (Starkes & Ericsson, 2003). Mais depuis peu, les recherches se firent nombreuses et la technologie ne cessa d’évoluer (D. Panchuk, Vine, & Vickers, 2015) ce qui permit de réaliser des expériences qu’il était impossible de faire par le passé. Par exemple, cette technologie permet désormais d’observer le regard de sportif dans des actions de jeu rapide, ce qui n’était pas possible de réaliser au début de l’ère Eye Tracking (Derek Panchuk & Vickers, 2009).
L’utilisation de l’ Eye Tracking dans le jugement à la gymnastique
rentes études sur l’Eye Tracking et le jugement, la mise en lien des deux va nous conduire sur le thème de ce travail. L’utilisation d’un tel appareil dans le jugement n’a pas été réalisée de nombreuses fois mais certains articles intéressants existent tout de même. Comme la gymnastique est un sport rapide se déroulant dans un court laps de temps et qu’elle est difficile à juger, il paraît important d’étudier le comportement oculaire des juges lorsqu’ils regardent un gymnaste. Des articles très inspirants pour ce travail sont parus durant ces dernières années. ‘’Analysis of Gymnastics Judges’ Visual Search’’ (Bard, Fleury, Carriere, & Halle, 1980) est une étude qui nous a orienté car elle se rapproche beaucoup de mon expérience. Trois variables indépendantes furent mesurées: le nombre de fixations, l’emplacement de ces fixations et le nombre d’erreurs commises par juge. Pour se faire, un enregistreur de mouvement oculaire NAC fut utilisé. Deux groupes ont été formés. Un groupe de 4 juges nationaux (expérimentés) et un groupe de 3 juges locaux (débutants). Des différences ont été observées dans le nombre de fixation entre les deux groupes. En effet, les juges experts avaient 27% de fixation en moins par rapport aux juges novices. Aussi, les juges nationaux avaient des fixations principalement sur les parties hautes du corps des gymnastes alors que les juges locaux avaient plutôt tendance à observer les jambes et les parties basses du corps. Autre chose intéressante, même s’il n’y a pas eu de différence statistique entre le nombre d’erreurs trouvés par les juges expérimentés et celui des juges amateurs, il fut observé que les juges novices détectaient seulement la moitié des fautes commises par les gymnastes détectées par les juges expérimentés. Une autre étude qui s’est intéressée à la gymnastique rythmique, qui a beaucoup de similitude avec la gymnastique aux agrès (difficulté des mouvements, rapidité des enchainements) (Flessas et al., 2014) est à mettre en lien avec cette dernière. C’est la première étude réalisée sur ce thème en gymnastique rythmique. 30 juges femmes ont été testés. 10 juges de niveau international, 10 de niveau national et 10 juges novices. Ils devaient regarder des vidéos pendant qu’un appareil analysait leurs mouvements oculaires. Les juges étaient mis en condition neutre pour le visionnage. Pièce silencieuse sans bruit de foule, pièce sombre et patriotisme réduit à zéro car ils ne savaient pas à quel pays appartenaient les gymnastes. Le but était de déterminer le temps passé par chaque juge à observer les séquences. Aussi, l’étude tente 12 d’établir si les juges internationaux, qui ont de meilleurs résultats de détection d’erreurs que les juges novices, ont de meilleures stratégies de fixations visuelles. Les résultats ont affirmé que la plus grande efficacité des juges experts à trouver les erreurs n’était pas liée à leur façon de regarder. Les juges internationaux doivent donc s’appuyer sur des stratégies cognitives complexes basées sur une grande expérience et un niveau de connaissances plus vaste que celui des juges novices. Témoignage : J’aimerais expliquer, en plus de ces articles, ce qui a conforté mon choix de choisir ce thème pour mon travail. Dans le monde de la gymnastique aux agrès, qui reste un sport amateur (il n’existe en effet aucun professionnel de la gymnastique aux agrès), les juges suivent souvent le même parcours. Ils débutent la gymnastique aux agrès étant petit, persévère dans ce sport et décide de se former. Ils suivent alors des formations de juges, de moniteurs ou même des deux en même temps. Bien des moniteurs suivent des cours de juges afin de pouvoir mieux former leurs propres gymnastes (ils arrivent ainsi à mieux distinguer les erreurs commises par leurs protégés et peuvent alors les corriger pour que leurs gymnastes fassent de meilleurs résultats aux différentes compétitions). En tant que moniteur d’un groupe de jeunes gymnastes je suis souvent confronté aux juges lors des compétitions et aux notes qu’ils décident d’attribuer lors de concours. Ces notes me semblent parfois injustes mais c’est un sentiment commun à chaque moniteur et à chaque gymnaste. Pourquoi la gymnaste d’avant a eu une note plus élevée alors que ma gymnaste a, selon moi, mieux effectué le même enchainement. J’ai donc choisi ce sujet de master pour, peut-être, avoir un sentiment d’injustice atténué pour le reste de ma carrière de gymnaste et d’entraineur.
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Table des matières
Résumé4
1 Introduction
1.1 Contexte scientifique
1.2 Objectif du travail
2 Méthode – Expérience
2.1 Participants
2.2 Vidéo du test
2.3 Appareillage
2.4 Procédure
3 Résultats – Expérience
3.1 Moyenne du nombre de fixations des gymnastes et des juges (B1 et B2
3.2 Moyenne du nombre de fixations sur les hanches des gymnastes et des juges (B1 et B2)
3.3 Moyenne du nombre de fixation en dehors des hanches des gymnastes et des juges (B1 et B2
3.4 Moyenne du temps de fixation des gymnastes et des juges (B1 et B2
3.5 Moyenne du temps de fixation sur les hanches des gymnastes et des juges (B1 et B2).
3.6 Moyenne du temps de fixation en dehors des hanches des gymnastes et des juges (B1 et B2
4 Expérience 2
4.1 Contexte scientifique
4.2 Différents biais dans le monde du sport
4.3 Les biais dans la gymnastique
4.4 La dynamique des mouvements, un biais en gymnastique ?
4.5 Test sur 3 juges
4.5 Hypothèse
5 Méthode – Expérience
5.1 Participants
5.2 Vidéos du test
5.3 Appareillage
5.4 Procédure
6 Résultats – Expérience
6.1 Comparaison mouvement contre mouvement
6.2 Corrélation entre les scores et la dynamique
6.2 Corrélation entre les scores et le spatial
7 Discussion
7.1 Expérience 1 – Comparaison nombre de fixations entre gymnastes et juges
7.2 Expérience 1 – Comparaison de la durée de fixation entre juges et gymnastes
7.3 Expérience 2 – Corrélation entre dynamique et choix du mouvement
7.4 Expérience 2 – Corrélation entre spatial et choix du mouvement
7.5 Idées pour de futures recherches
8 Conclusion
9. Bibliographie
10. Annexe
10.1 Feuille de critères de la passation à la barre fixe .
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