Problématiques et points communs entre les langues
Dans la première partie de ce mémoire, nous allons nous intéresser aux points communs entre l’allemand, l’espagnol et le français concernant les termes liés à l’expression du genre.
Le premier point étudié est la volonté de désigner des réalités de genre variées. Le lien entre le souhait de nommer le genre et celui de nommer l’orientation sexuelle constitue un deuxième point. Enfin, le troisième point commun étudié dans cette partie est l’influence de la langue anglaise sur nos trois langues de travail dans l’établissement des termes liés à l’expression du genre.
Désigner des réalités de genre variées
Le premier point commun entre les corpus allemand, espagnol et français concernant l’expression du genre est la volonté de désigner des réalités variées, ce qui entraîne une diversité ainsi qu’un foisonnement terminologique.
Lorsque nous comparons les sous-corpus espagnols, nous pouvons remarquer que le choix des termes utilisés pour nommer la communauté LGBT n’est pas uniformisé. Nous retrouvons de nombreux acronymes comme LGTBI, LGBTI, LGBTI+ LGBT, LGTB, LGBT+ ou encore LGTBIQ. Tous ces termes ont pour but de représenter la même communauté, mais ces termes désignent-ils des réalités différentes quand nous parlons de l’identification à une communauté où les genres traditionnels ne sont pas adoptés ? Ces termes montrent-ils que les personnes qui les utilisent revendiquent leur identité propre ou montrent-ils simplement un manque de concertation et donc d’uniformité entre les différent.e.s locuteur.ice.s ? Les initiales qui composent l’acronyme correspondent aux mêmes termes : L pour « lesbiana », G pour « gay », T pour « transexual », B pour « bisexual », I pour « intersexual » et Q pour « queer ». Nous pouvons également remarquer que l’acronyme ne désigne pas seulement des identités de genre mais aussi des orientations sexuelles.
Dire le genre avec d’autres langues : l’influence des termes anglais
Au sein des trois corpus, nous avons observé une certaine influence de l’anglais dans l’établissement des termes liés au genre, voire une cohabitation des termes anglais avec leurs équivalents allemands, français et espagnols. Dans l’analyse qui suit, nous allons montrer à quel point la langue anglaise influence les autres langues dans l’utilisation de termes liés au genre, mais aussi quelles sont les stratégies mises en place afin d’éviter l’usage de termes anglais.
En espagnol, le terme « transversalidad de género » est utilisé comme la traduction du terme anglais « gender mainstreaming ». Au sein du corpus, nous retrouvons également comme équivalents les termes « mainstreaming » ou « mainstreaming de género ». Il est alors intéressant d’analyser l’influence de l’anglais dans la formation des équivalents espagnols concernant la transversalité.
Dans le document intitulé Inventario. El mainstreaming de género en la práctica: experiencias ejemplares y buenas prácticas, publié en 2007, la Junta de Andalucía, institution à travers laquelle s’organise le gouvernement de la communauté autonome andalouse, utilise le terme « transversalidad de género » 35 fois mais également le terme « transversalidad » 49 fois. Nous pouvons remarquer que le titre du guide utilise le terme « mainstreaming de género » et qu’il apparaît 234 fois au sein du texte. Le terme est même utilisé avec des majuscules :
« […] se acordó impulsar el Mainstreaming de Género como estrategia para la igualdad […] » (p. 13)
Le terme est composé du mot anglais « mainstreaming » et du complément de nom « de género » (de genre, en français). Comme le concept auquel renvoie le terme est né dans le monde anglo-saxon, il est possible que l’auteur du document ait décidé d’utiliser le mot anglais et de le transposer en espagnol afin de nommer le concept initial puis d’utiliser son équivalent espagnol, « transversalidad de género », pour montrer que le concept associé au terme est aussi applicable dans la société espagnole. Cette possibilité pourrait être justifiée par les collocations et l’emploi des deux termes au sein du discours. En effet, nous retrouvons les mêmes verbes ainsi que les mêmes substantifs qui désignent une même volonté. Le « mainstreaming de género » et la « transversalidad de género » sont des concepts à mettre en pratique dans la réalité.
Spécificités des langues pour exprimer le genre
Dans la deuxième partie de ce mémoire, nous allons analyser les termes issus de notre corpus en faisant des comparaisons d’ordre terminologique. Nous allons appuyer notre analyse sur les fiches terminologiques présentées dans les annexes. La première sous-partie porte sur les différences et les caractéristiques de l’utilisation des termes du genre en contexte. Ensuite, la deuxième traite de l’utilisation des termes liés au genre en fonction des personnes qui les emploient. Enfin, la troisième sous-partie montre le lien entre l’écriture inclusive et les termes du genre.
Les termes du genre en contexte : différences et caractéristiques
Dans cette partie de l’analyse, nous allons présenter les différences et les caractéristiques de l’usage d’un terme lié au genre dans des contextes différents, mais aussi montrer que certains termes ne sont employés que dans un seul type de contexte. Nous allons également constater que certains termes ne sont pas utilisés de la même manière que leurs équivalents dans les autres langues étudiées.
Au sein du corpus espagnol, nous pouvons remarquer que certains termes liés à l’expression du genre ne sont utilisés que dans un seul contexte. Par exemple, le terme « discriminación múltiple » est uniquement utilisé dans un contexte institutionnel. Au niveau national, il est d’abord cité par l’Instituto de la Mujer, un organisme qui dépend du Ministère de l’Égalité espagnol et qui œuvre pour la promotion et la mise en place de toutes les mesures nécessaires à l’égalité sociale entre les hommes et les femmes. Le terme est également employé dans la loi sur l’identité et l’expression de genre rédigée par la communauté de Madrid en 2016, mais l’utilisation au sein de ces deux documents est différente. Pour l’Instituto de la Mujer, dans le rapport sur l’évolution des formes de discrimination en Espagne intitulé Evolución de la discriminación en España, Informe de las encuestas IMIOCIS de 2013 y 2016 et publié en 2018, la « discriminación múltiple » est un phénomène qui se mesure.
Les termes du genre et l’écriture inclusive
La langue est un outil de communication qui reflète une culture et un mode de pensée. L’écriture inclusive est un outil de communication qui regroupe l’ensemble des pratiques permettant d’exprimer ainsi que d’inclure toutes les identités de genre au sein de la langue. Cette inclusion passe, par exemple, par la féminisation des noms de métiers, par la création de nouveaux pronoms lorsque ceux qui existent ne permettent pas d’exprimer son identité de genre, comme l’emploi du pronom « they » dans le monde anglo-saxon, ou encore par des choix typographiques, syntaxiques ou grammaticaux. L’écriture inclusive permet alors d’éviter toute forme de discrimination lorsque nous nous exprimons.
En espagnol, l’écriture inclusive est appelée « lenguaje inclusivo », littéralement « langue inclusive ». Le terme a donc une connotation différente du terme français : le « lenguaje inclusivo » ne concerne pas seulement la langue écrite. La langue parlée doit également faire preuve d’inclusion en ce qui concerne le genre. Au sein du corpus espagnol, nous retrouvons différents termes désignant cette même réalité. Nous avons relevé les adjectifs « integrador » (intégrant) et « no sexista » (non sexiste) en plus d’ « inclusivo » (inclusif), mais ces trois adjectifs ne renvoient pas à la même idée. L’adjectif « integrador » donne une vision du terme plus globale d’acceptation et d’intégration alors que l’adjectif « no sexista » véhicule l’idée de rejet du sexisme au sein de la langue et ne fait pas référence au concept d’inclusion.
Au sein du corpus espagnol, un document féministe militant explique les règles préconisées par son auteur en ce qui concerne l’écriture inclusive. Il s’agit d’un guide écrit par la CGT espagnole sur les objectifs et la mise en pratique de l’écriture inclusive, dont le but est de mettre fin à l’invisibilisation des femmes en utilisant un langage écrit comme parlé inclusif.
La définition employée dans ce guide insiste également sur une utilisation égalitaire de la langue pour se détacher de tout stéréotype : « El lenguaje no sexista es un uso igualitario del lenguaje que, de forma consciente, pretende fomentar una imagen equitativa y no estereotipada de las personas a las que se dirige o refiere » « L’écriture inclusive correspond à l’utilisation égalitaire de la langue qui cherche inconsciemment à promouvoir une image équitable et non stéréotypée des personnes auxquelles elle s’adresse ou fait référence. » [notre traduction]
Nous remarquons donc que, pour l’auteur de la définition, l’objectif de l’écriture inclusive n’est pas seulement l’inclusion de tous les types de genre au sein du langage, mais également la promotion de l’égalité et d’une vision non stéréotypée des personnes. Ainsi, ce « lenguaje inclusivo » permettrait d’exprimer le genre à l’écrit comme à l’oral sans aucune forme de discrimination linguistique.
Pour s’exprimer dans un langage plus neutre qui permet de lutter contre l’exclusion linguistique des genres féminin ou non binaire, les espagnols emploient souvent le masculin et le féminin à l’écrit comme à l’oral. Par exemple, dans le guide de la CGT, il est expliqué qu’il est préférable d’utiliser les expressions « los trabajadores y las trabajadoras » (les travailleurs et les travailleuses), « los y las trabajadoras » ou encore « las y los trabajadores » à la simple expression « los trabajadores » (les travailleurs). Ces trois propositions permettent d’inclure tous les types de travailleurs. Les Espagnols utilisent également l’astérisque ou la lettre x pour remplacer la lettre « o », marque du masculin, et la lettre « a », marque du féminin, comme dans le mot « todxs » pour « todos y todas » (tous et toutes) ou encore « l*s amig*s » (les amis et les amies).
Le « lenguaje inclusivo » est alors une forme de lutte contre toute forme de discrimination linguistique qui permet d’exprimer toutes les identités de genre et donc de les inclure dans la langue écrite et parlée. C’est également un outil qui permet de lutter contre la discrimination en lien avec le genre en général et donc d’établir plus d’égalité entre tous les genres. Comparaison entre la langue normative et la langue réelle.
Nous pouvons en dernier lieu nous demander quel est le lien entre la langue normative et la langue pratiquée. En effet, le volontarisme de la langue normative, par le biais de glossaires ou de directives, a-t-il finalement une influence significative sur la langue courante, pratiquée par les différents locuteur.rice.s ?
Nous pouvons tout d’abord évoquer la concurrence que nous avons pu observer entre termes natifs et anglicismes. D’ailleurs, ces termes ne se superposent le plus souvent pas complètement, comme le montrent nos différentes fiches terminologiques. Notre analyse nous a montré que les anglicismes sont plus largement utilisés par les cercles militants, tandis que la langue institutionnelle s’efforçait de proposer des termes natifs et d’en imposer ou d’en généraliser l’usage. Les résultats sont variables. Dans certains cas, les choix institutionnels semblent concorder avec les pratiques de la langue courante, comme l’a montré notre analyse du terme « trans* » et de ses cooccurrences. A l’inverse, les 3 termes « drittes Geschlecht », « inter* » (et ses cooccurrences) et « queer » semblent coexister dans différents cercles sans que l’un de ces termes ne prenne globalement le dessus. En effet, les univers de sens de chacun de ces termes semblent trop différents, malgré une idée générale commune, pour devenir interchangeables. Nous assistons donc à une sorte de démultiplication linguistique d’une réalité de genre non-binaire. La coexistence de ces termes montre également l’importance du locuteur ou de la locutrice dans l’existence d’une réalité de genre.
En espagnol, nous pouvons observer que les glossaires constitués par les associations féministes et par les institutions diffèrent. Le plus souvent, nous trouvons des définitions propres à chaque auteur. En effet, chaque association, chaque institution et même chaque personne a une vision différente des réalités liées au genre puisque qu’elles sont propres à chaque individu. Par exemple, nous avons remarqué que la définition de l’identité de genre était propre à la personne qui l’écrivait, comme c’est une expérience personnelle, voire interne à chacun.
Toutefois, nous remarquons que certaines définitions issues des glossaires des associations sont reprises dans les définitions établies par les institutions espagnoles. C’est le cas de celle du terme « igualdad de género ». Pour l’association Sin género de dudas, c’est une situation concrète : « Situación en que todos los seres humanos son libres de desarrollar sus capacidades personales y de tomar decisiones, sin las limitaciones que significa la aceptación de los roles tradicionales, y en la que se tienen en cuenta, se valoran y potencian por igual las conductas, aspiraciones y necesidades de hombres y mujeres. » « Situation dans laquelle tous les êtres humains sont libres de développer leurs capacités personnelles et de prendre des décisions, sans être limités par l’acceptation des rôles traditionnels. Cette situation prend en compte, valorise et encourage de façon égalitaire les comportements, les aspirations et les besoins des hommes et des femmes. » [notre traduction]
Cette définition montre que le terme « igualdad de género » s’appuie sur la réalité et sur les personnes. Le gouvernement espagnol la reprend et l’adapte dans le Glosario de términos sobre diversidad afectivo sexual.
Conclusion
Dans ce mémoire sur l’expression du genre, nos hypothèses de recherche ont servi de fil conducteur à notre analyse des termes liés au genre afin de savoir s’ils étaient vecteurs d’inclusion ou non. Notre première hypothèse était que les langues latines, ici l’espagnol et le français, seraient exclusives. Nous avions suggéré qu’il était nécessaire de créer de nouveaux concepts ou d’emprunter des termes à l’anglais pour contrer l’étroitesse de ces langues et qu’il existait un retard dans l’établissement des concepts. Cette hypothèse n’est pas tout à fait avérée pour tous les termes issus des corpus espagnol et français. Elle a été particulièrement vérifiée avec la traduction du terme anglais « mainstreaming of gender », traduit littéralement par « mainstreaming de género » dans un document du corpus espagnol. Mais elle ne s’est pas révélée correcte dans d’autres cas où le terme utilisé est bien l’équivalent espagnol : « transversalidad de género ». En ce qui concerne le français, cette hypothèse n’a pas été vérifiée à l’issue de notre analyse terminologique, notamment avec l’exemple de « genderfluid » qui s’est avéré avoir jusqu’à cinq équivalents français, qui distinguent le singulier du pluriel : « genre(s) fluide(s) », « fluidité de(s) genre(s) » et « fluide de genre ». Cette équivalence plurivoque illustre bien la volonté de la langue française à se vouloir plus puriste, à se détacher des anglicismes, bien qu’une certaine cohabitation persiste encore selon les énonciateurs et les cibles. Mais cette hypothèse s’est avérée vraie concernant le terme « queer » qui n’a pas encore d’équivalent français, ni d’équivalent espagnol, ni allemand. Sans doute serait-ce dû à la résonance internationale du terme et à ce qu’il représente.
La deuxième hypothèse que nous avions établie était que l’espagnol et l’allemand seraient des langues qui tendent à plus d’inclusion que la langue française. Cette hypothèse s’est particulièrement confirmée lorsque nous avons analysé l’usage de l’écriture inclusive en France. L’utilisation de l’écriture inclusive dans la langue française est confrontée à une opposition institutionnelle et sociétale qui montre que l’inclusion et la représentation de tous les genres n’est pas encore à l’ordre du jour, alors qu’elle est couramment utilisée à l’écrit comme à l’oral en Espagne où les guides expliquant sa bonne utilisation se multiplient.
L’utilisation d’un langage plus neutre est même parfois préconisée par certaines institutions.
C’est également le cas en Allemagne où l’usage de l’écriture inclusive s’est généralisé dans de nombreux domaines de la société. Nous avons également noté le recours au caractère « * », bien plus répandu en allemand, qui semble bien fonctionner pour accroître la dimension inclusive de termes désignant des réalités de genre non binaires.
Notre troisième hypothèse concernait les stratégies mises en place afin que les mots soient vecteurs d’inclusion. Nous avions suggéré que ces stratégies étaient dépendantes des cultures de départ mais aussi des locuteur.rice.s. Cette hypothèse a pu être vérifiée et avérée grâce à l’analyse des termes en contexte dans nos trois langues de travail. Nous avons observé que les stratégies adoptées sont le foisonnement terminologique, l’emprunt de termes à l’anglais ou encore l’établissement de normes au niveau institutionnel. La langue française aura tendance à privilégier les deux premières stratégies comme vu précédemment avec l’exemple de « queer » et de « genderfluid » et ses équivalences plurivoques étant des termes à genre neutre dû à leur origine anglo-saxonne, tandis que la troisième stratégie est particulièrement propre à la culture espagnole. L’Espagne est un pays divisé en communautés autonomes qui peuvent rédiger leurs propres lois et donc choisir leur propre terme pour nommer un concept qui pourra être appelé différemment au niveau national. Enfin, concernant l’allemand, nous retrouvons certes les trois stratégies évoquées, mais les modalités de l’emprunt à l’anglais semblent néanmoins différentes. En effet, certains emprunts semblent mieux assimilés dans la langue allemande. Nous avons ainsi évoqué la création de nouveaux termes par dérivation ou composition à partir de l’emprunt « Gender ». Par ailleurs, l’établissement de normes au niveau institutionnel semble plus marqué, notamment en matière d’écriture inclusive. Nous pouvons également souligner que l’Allemagne reconnaît juridiquement un troisième genre depuis 2018.
Notre objectif était également de montrer que les mots pouvaient être vecteurs d’inclusion, et donc éviter l’exclusion des personnes minorisées, lorsqu’ils étaient liés au genre. Après avoir analysé l’utilisation des termes qui permettent d’exprimer le genre en espagnol, nous pouvons en conclure qu’en Espagne, l’inclusion est un concept qui concerne les personnes et qui passe par des mesures sociales et/ou politiques, et que l’exclusion est un concept qui concerne les personnes minorisées ou issues de minorités. Les termes espagnols liés au genre ont pour objectif d’inclure ces personnes minorisées ou issues de minorités en adaptant les termes au concept, comme nous l’avons observé dans le cas du terme qui désigne la communauté LGBT. Les mots sont alors vecteurs d’inclusion, mais elle est subjective et dépend des locuteur.rice.s qui utilisent le terme. Cette subjectivité dans l’inclusion des personnes est également visible dans l’utilisation du terme «queer » et dans l’établissement de sa définition. L’objectif de l’utilisation des termes concernant la représentation de tous les genres est donc d’inclure le plus de personnes possible dans le concept lié au terme, mais cette inclusion a toujours une part de subjectivité.
L’analyse des stratégies d’inclusion allemandes a également révélé les limites des stratégies terminologiques d’inclusion. En effet, il nous a semblé que le choix de termes très génériques ne permettaient pas nécessairement de représenter l’ensemble des diversités de genre. L’écriture inclusive nous a par contre semblé être une stratégie satisfaisante sur le plan de l’inclusion en langue allemande, dans la mesure où elle vise davantage à effacer la mise en avant d’un genre plutôt que de systématiquement nommer l’ensemble des genres.
Cette stratégie nous a, en ce sens, semblé plus pragmatique.
Notre analyse nous a aussi permis de montrer la différence entre le concept de genre linguistique et de genre grammatical, mais aussi de découvrir un lien entre les deux. Le genre linguistique est le genre créé par les utilisateurs de la langue. C’est donc un genre en constante évolution. Le genre grammatical, quant à lui, concerne la différence entre le genre féminin et le genre masculin. Il caractérise les noms et les divise en catégories. Nous avons observé qu’il existait une corrélation entre l’existence d’un genre grammatical neutre, c’està-dire un genre qui ne renvoie ni au masculin, ni au féminin, et la facilité à concevoir le concept d’un genre que l’on pourrait appeler sociologique et non-binaire. Il serait créé par la société et répondrait au besoin d’exprimer un troisième genre ou celui des personnes qui se définissent comme inter*. Le genre linguistique serait alors en opposition avec le genre grammatical, mais aurait pour objectif de combler le manque qui ne permet pas d’exprimer toutes les identités de genre. Cependant, notre analyse ne nous a pas permis de montrer si cette corrélation était véritablement un lien de cause à effet. Cette observation mériterait une analyse plus approfondie et pourrait faire l’objet d’un autre travail de recherche.
Au cours de ce travail de recherche, d’autres phénomènes terminologiques n’ont pas été traités et pourraient faire l’objet d’une étude plus approfondie. L’utilisation de termes espagnols dans les documents du corpus analysé présentait des similitudes avec les termes étudiés dans ce mémoire, mais leur analyse n’a pas été développée par manque de temps.
Par exemple, les termes espagnols « discriminación directa » et « discriminación indirecta » sont mis en opposition dans un même document. Nous avons également remarqué que l’utilisation de certains termes dans un même contexte évoluait avec le temps. C’est le cas des termes « transexual » et « persona trans ». En ce qui concerne l’allemand, nous avons relevé deux axes qui se prêteraient à notre sens à des recherches plus approfondies dans le cadre d’un travail dédié. Il s’agit d’une part de la question du genre grammatical neutre et de son rapport dans la conception de genres non-binaires. Par ailleurs, la question de la chronologie en termes de terminologie du genre a retenu notre attention, même si elle n’a pas fait l’objet d’un développement ici. Pour ce qui est du français, nous avons observé que les néologismes marquant un repositionnement identitaire foisonnent dans les aires francophones, notamment en Belgique et au Québec, où les pronoms neutres tels que « toustes », « ceuses/celleux » ou « nombreuxses » se répandent au sein de la communauté trans. Toutes ces pistes de recherche mériteraient un approfondissement et leur étude pourrait permettre de traiter de nouveaux aspects du sujet, même dans d’autres langues.
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Table des matières
Introduction
I. Problématiques et points communs entre les langues
1) Désigner des réalités de genre variées
2) Nommer le genre et l’orientation sexuelle
3) Dire le genre avec d’autres langues : l’influence des termes anglais
II. Spécificités des langues pour exprimer le genre
1) Les termes du genre en contexte : différences et caractéristiques
2) Les termes du genre et les différents énonciateurs
3) Les termes du genre et l’écriture inclusive
III. Comparaison entre la langue normative et la langue réelle
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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