Un trait d’union : les communs
Ces trois tableaux urbains, ces trois conceptions de la ville sont autant de chemins, de fils rouges qui ont guidé cette recherche. Tour à tour, j’ai trituré leur concept et leur définition, cherché leur sens et leur traduction spatiale pour donner une direction à cet écrit. Et inévitablement l’une me renvoyait à l’autre. En voulant aborder la ville participative, l’importance du « faire territoire » et de l’initiative citoyenne, il m’était impossible de ne pas parler des nouvelles modalités de gouvernance entre les acteurs du projet urbain, et donc d’une ville qui se caractérisait comme collaborative. Cette même ville collaborative qui, dans ses incarnations urbaines tend à mettre au centre de sa fabrique des valeurs de durabilité. Comment ne pas traiter de la ville résiliente dès lors ? Soit une ville qui tend à anticiper les changements futurs et qui nous rappelle sans cesse qu’au-delà de la gestion des ressources de notre territoire, l’urbain de demain doit mettre les composantes sociale et environnementale sur un pied d’égalité. La ville résiliente devra donc être participative.
Ce travail de recherche n’aura, pour ainsi dire, pas été linéaire. Il aura d’abord été une suite d’impasses et de retours en arrière. Et si la première forme de cette recherche aura d’abord eu une allure de patchwork décousu, la découverte de la théorie des communs est à l’origine, du moins je l’espère, de la cohérence globale des lignes qui suivent.
Prendre les « communs » comme élément réflexif central permet de questionner l’urbain dans une approche théorique, mais également d’analyser des phénomènes territorialisés de manière empirique. Car si le concept des communs connaît une appropriation croissante depuis la nomination d’Elinor Ostrom au prix nobel d’économie en 2009, l’intérêt que lui portent les professionnels de l’urbain va grandissant depuis quelques années.
Les communs sont ainsi fondés sur l’inter-relation d’un ensemble tricéphale : l’identification et la protection de ressourcesqui relèvent non plus de la propriété traditionnelle (qu’elle soit du domaine public ou du domaine privé) mais d’une propriété partagée par une communauté, laquelle décide des règles de gestion et de gouvernancequ’elle lui applique. Le concept des communs est donc intimement lié à la question environnementale de gestion raisonnée des ressources. Il remet au cœur de sa réflexion la démocratie participative ainsi que la place des citoyens et s’émancipe de la binarité de l’opposition acteur public(défendant l’intérêt collectif) et initiative privée (concentrée sur l’intérêt individuel). Penser les communs oblige à ouvrir les portes d’un débat politique sur la place des parties prenantes du processus urbain, qu’ils soient État, entreprises, citoyens ou tout autre individu et collectif (Kebir, Wallet, 2019).
Les communs s’apparentent ainsi au croisement d’une ville à la fois participative, collaborative et résiliente
Une hypothèse
Si le caractère muable de la ville lui est une qualité intrinsèque, les crises d’une ampleur et d’une régularité inédites qu’elle traverse, ou s’apprête à traverser, l’obligent à repenser les fondements de sa fabrique à une vitesse inégalée. Tiraillée entre une économie de marché de moins en moins bridée et la résurgence de la demande d’un État interventionniste, l’action publique piétine à trouver de nouvelles façons de faire la ville sans s’appuyer sur les anciens modèles qui ont pourtant montré leurs limites.
L’hypothèse de cette recherche est qu’il existe potentiellement à travers le concept des communs une manière alternative d’organiser l’urbain, une manière qui répond aux enjeux contemporains immédiats et de la ville de demain. Une ville fondée sur une approche participative, collaborative et
résiliente ; qui s’incarne déjà à travers de nombreuses initiatives citoyennes, et s’immisce petit à petit dans les projets urbains.
De cette première hypothèse en découle une seconde : il existe un lien inextricable entre l’émergence de nouveaux communs en ville et le mouvement de l’urbanisme transitoire. La démocratisation de ce mouvement urbanistique a permis une pleine prise de conscience de la traduction spatiale de la théorie des communs dans l’espace urbain et a donné à une approche parfois cantonnée à la théorie un plein pouvoir d’expression.
Une problEmatisation
De l’hypothèse à la problématique, il n’y a qu’un pas. Pourtant, qu’il est difficile cet exercice de la problématisation : synthétiser une recherche autour d’une question unique, tisser le fil rouge d’une réflexion protéiforme aux tendances parfois anarchiques. Celle de cet écrit s’appuie, certes, sur l’hypothèse d’une ville des communs mise en lumière par la pratique de l’urbanisme transitoire mais, elle est également le fruit de mon expérience vécue au sein d’une société publique locale, du lien resserré qui lie l’urbaniste opérationnel à son actionnaire : la collectivité.
Pendant une année, j’ai pu observer les contours parfois flous, évasifs et pourtant chargés de tant d’attentes des demandes formulées par les acteurs politiques aux professionnels de l’urbain. On attend des “bâtisseurs” de la ville des capacités de réponse à une fabrique de la ville mixte et vivante, citoyenne et inclusive, respectueuse de l’environnement … Ne faut-il pas, dès lors, repenser l’action publique de l’aménagement à travers le prisme des communs ? Finalement, c’est à la rencontre de cette hypothèse et de cette expérience que se trouve la problématique de cette recherche, pouvant se présenter ainsi : Quels liens le concept de communs urbains noue-t’il avec l’urbanisme transitoire et comment peut-il permettre de repenser l’aménagement de la ville et de son action publique ?
Une première interrogation générale qui ne se suffit bien évidemment pas à elle-même et qui pourrait s’articuler autour de ses trois questions structurantes : Que sont les communs et les nouveaux communs urbains ?
Comment l’urbanisme transitoire a permis l’émergence de nouveaux communs en ville ? Comment ces nouveaux communs urbains peuvent permettre de faire évoluer l’action publique d’aménagement ?
Une Méthodologie
La méthodologie poursuivie sera en premier lieu guidée par une approche théorique. Comprendre le concept des communs urbains nécessite de remonter dans le temps et de retrouver ce qui fait l’essence de leur constitution.
C’est seulement après avoir constitué un bagage théorique et historique suffisamment conséquent qu’on tâchera de définir ce qui caractérise le commun en ville.
Cette définition donnée, il nous faudra entreprendre la seconde partie de la réflexion : celle d’un retour réflexif et d’une lecture croisée entre théorisation des communs urbains et pratique de l’urbanisme transitoire. Si on s’attachera à comprendre tout d’abord comment leur définition et leurs caractéristiques s’entremêlent, on chercha finalement, dans une approche empirique propre au retour d’expériences, à comprendre comment les communs urbains peuvent influer sur l’action publique de l’aménagement. Pour cela, on s’appuiera sur une vision critique des actions dites « d’activation » menées au sein de la Société Publique Locale Deux Rives à Strasbourg, actions dont j’ai été moi-même l’une des articulations une année durant. Une attention toute particulière sera portée sur la démarche développée sur Citadelle Ouest et constituera l’approche de terrain de cette étude.
Vers une définition des communs
Sollicités au détour d’une phrase, triturés pendant d’interminables pages, portés à l’état de grâce par la voix des plus convaincus … mais que sont les communs ? S’il n’existe qu’une grande certitude à leur égard, c’est bel et bien qu’ils sont incertains. Incertains dans leur définition, dans leurs expressions, dans les concepts qui les emploient.
Faut-il les réifier ? Sont-ils au fondement d’une pensée politique ? Les communs d’aujourd’hui sont-ils les mêmes que ceux d’hier et seront-ils les mêmes que ceux de demain ?
S’interroger sur les communs nécessite donc de prendre du recul, de la hauteur, de se tourner vers le passé et d’en trouver les premières traces.
C’est une notion qui est si diffuse, si banale dans nos quotidiens qu’on ne la remarque même plus. Et pourtant, nous prenons tous les jours les transports en commun, communiquons et échangeons des lieux communs, entrons en communion quand nous nous trouvons des points communs. Les communs semblent donc au cœur de notre organisation sociale, de ce qui fait de nos individualités un collectif, une société. Les communs ne sont-ils pas, finalement, l’essence de notre vivre ensemble ?
Dessiner les contours de leur définition est ainsi la première étape logique à une réflexion qui s’en sert comme support, comme pierre angulaire. Et s’il n’existe à ce jour pas de définition unique, revenir sur son histoire à travers les époques permet d’en comprendre l’évolution. Une fois ce retour dans le temps réalisé, on pourra s’interroger sur l’usage contemporain de cette notion et la qualification de “nouveaux communs” en ville.
Comprendre les communs : une approche historique
Aux rAcines d’un Agir commun : entre etymologie et concept philosophique
Munus et com-munis
Aux racines des communs, pluriels et protéiformes, il y a le « commun », unique et abstrait. En remontant suffisamment loin dans l’histoire, on peut s’attacher à retrouver l’étymologie du mot et son sens premier. Mise en avant par les travaux sur le vocabulaire indo-européen de l’historien et linguiste Emile Benveniste, l’origine du « commun » pourrait être l’expression cum munis.
La notion de commun s’articule, selon le linguiste, autour d’une première entité, munus, qui traduit l’idée de devoir rendu, de service accompli. Dans l’usage, munusrecouvre des réalités variées telles qu’une tâche, une faveur ou une obligation. Ainsi, lorsqu’on accepte une munus, on s’engage publiquement à une obligation envers un tiers. Or, il n’est pas rare qu’une munusappelle une co-obligation, soit une donation imposée en retour ou bien, de manière tacite, une « astreinte à rendre dans la mesure même où il reçoit ». Munus intègre ainsi une notion de réciprocité , d’échange entre deux individus, la munusdevient com-munis (Benveniste, 1948).
Au cœur de la notion de commun et de l’approche étymologique, il y a donc l’idée d’échange et de co-obligation. Celle-ci est d’autant plus importante que dans notre conception contemporaine, on réduit bien souvent ces échanges à une transaction matérielle ou pécuniaire. Par son travail, Benveniste met en lumière une autre perspective à cette réalité, celle d’une dimension immatérielle, sociale, d’une forme de règle tacite intrinsèque à la vie en communauté qui voudrait qu’on s’engage les uns vis-à-vis des autres pour garantir la cohésion de la cité, du commun, et finalement du vivre ensemble.
Agir commun
En recentrant l’idée de commun autour de celle de vivre ensemble, on prend la mesure de l’importance d’une organisation sociale normée par des règles communes et, a fortiori, d’une organisation politique. Le vivre ensemble ne peut dès lors être appréhendé sans prendre en considération l’acception qui en est faite par Aristote, une vision qui se veut dynamique et caractérisée d’« agir commun » par Christian Laval (Dardot, Laval, 2014). L’agir commun se définit donc de manière positive, par les actes et actions des individus de la communauté, et par les co-obligations qui en résultent.
Ainsi, le vivre ensemble ne peut se caractériser de manière négative ou passive par la simple coexistence d’individus au même endroit (Aristote oppose la société humaine au bétail qui pâture en troupeau). Ça ne peut pas non plus être la seule mise en commun d’un tout. Le vivre ensemble se fonde sur une forme de réflexion collective, sur les règles et des mœurs communes décidées par les membres d’une communauté poursuivant un même but, une même fin (Dardot, Laval, 2014).
On voit, à ce stade de la réflexion, d’ores et déjà poindre les grands enjeux et les grandes complexités que laisse transparaître une définition des communs. Le but poursuivi peut évoluer selon la communauté et sa taille. Si pour Aristote la cité tend vers une unique fin « le Bien » (par la suite généralisé à travers la notion de « bien commun », notamment par Thomas D’Aquin), une petite communauté religieuse ne poursuivra pas nécessairement le même but qu’une communauté amicale, lesquelles pourront entrer en contradiction avec le but poursuivi par la cité à laquelle elles appartiennent.
C’est d’ailleurs pour éviter les frictions entre intérêts individuels et collectifs que les communs sont encadrés par des normes. Or, pour que ces normes soient effectives et acceptées de tous, elles doivent être le résultat d’une «mise en commun des paroles et des pensées », donc d’un libre dialogue entre les membres de la communauté, entre les citoyens de la cité. L’existence des communs est ainsi conditionnée à une organisation politique démocratique, laquelle se fonde sur eux. Démocratie et communs sont donc interdépendants et indissociables. La résurgence du débat sur les communs et l’apparition de «nouveaux communs» peut dès lors être vue comme un signal d’une démocratie malade, à bout de souffle.
Cette perspective démocratique ne se caractérise pas non plus par la seule décision collective d’un cadre normatif. Comme évoqué plus haut, c’est également la mise en commun de mœurs, soit d’une dimension qui tient plus du domaine de l’affectif et du sentiment d’appartenance de l’individu à une série de pratiques, de coutumes et plus généralement à une culture commune.
Enfin, au-delà des considérations immatérielles du sentiment d’appartenance, la théorie des communs questionne plus que tout l’organisation matérielle de la société et l’un des concepts fondateurs de l’organisation sociale moderne : la propriété.
propriete et chose commune ou le commun juridicise
Lex publica et choses communes
S’il semble parfois complexe de se saisir pleinement de ce que sont les communs, de les imager et finalement de les matérialiser, le droit romain en offre une conception beaucoup plus tangible. Les jurisconsultes romains se sont attelés, d’une certaine manière, à « réifier le commun » (Dardot, Laval, 2014). Ils se sont attachés à le désigner dans son apparence matérielle, à le classifier et à lui attribuer un régime d’appropriabilité propre. On distingue ainsi 3 catégories de choses ou biens qu’on peut qualifier comme relevant du commun.
Commons anglais et mouvement des en closures
Dans ses premières lignes, on la voit poindre de plus en plus régulièrement : la question de la propriété est centrale dans la compréhension des communs.
Le mouvement des enclosures en Angleterre a ainsi été l’un des points d’orgue d’un glissement vers la propriété telle qu’on la conçoit aujourd’hui.
Lorsqu’on parle d’enclosure, on fait référence au terme anglais désignant « une parcelle enclose d’un muret de pierres sèches ou d’une haie »(CNRTL). Cette première définition cantonnée au sens stricte du terme, a connu une certaine expansion par les théoriciens des communs qui, au delà de la référence à ce mouvement de conversion de terres agraires communes en propriétés privées ayant émergé en Angleterre autour du XVIè siècle, s’en servent pour désigner «de manière métaphorique, toute dynamique systématique de privatisation des ressources collectives pour leur soumission à une exploitation économique intensive ».
Si l’on s’autorise le temps d’un retour historique, on prend un peu plus la mesure du revirement d’approche qu’a instruit l’enclosure. Il existait, dans les campagnes anglaises, ce que l’on appelait des « biens communaux » soit des biens gérés collectivement par les occupants d’un domaine seigneurial.
Ces biens communaux pouvaient prendre deux formes : des équipements (comme le four banal, le pressoir banal ou le moulin banal), mais également des droits d’usage (le droit de pacage , le glanage etc.). D’abord issus de la pratique coutumière, ces commonsfurent progressivement juridicisés par la Common Law et en premier lieu dans la Magna Carta de 1215 qui consacra un accès à tous des ressources naturelles et l’interdiction de clôturer les terres agricoles. Cette forme de droit d’usage collectif est ainsi un socle à l’équilibre social des campagnes anglaises, permettant aux individus les plus pauvres d’obtenir de quoi subvenir à leurs besoins primordiaux sans avoir de compte à rendre au vassal ou au seigneur. L’absence de contrôle d’une autorité met par ailleurs en lumière l’importance d’une gestion collective et raisonnée des biens communaux pour assurer leur pérennisation, ainsi que l’existence d’un corpus de règles coutumières qui existaient entre les différents bénéficiaires de ces communs.
des biens communs Au bien commun: le commun est politique
Avec le mouvement d’enclosure, les communs deviennent la cible privilégiée de l’appropriation individuelle et du phénomène d’accumulation. Se dessinent alors les premiers contours d’un tableau bien plus affirmé aujourd’hui : une propriété partagée de façon binaire entre une propriété publique garante de l’intérêt général et une propriété privée, soumise à la logique de marché, servant l’intérêt individuel.
L’Etat, garant du bien commun ?
Il est difficile d’aborder la question du bien commun sans s’appuyer sur la pensée de Thomas d’Aquin et son interprétation de la pensée aristotélicienne, à l’origine de la notion philosophique de bonum communis. Il défend ainsi l’idée que la communauté politique a été instituée « davantage en vue des belles actions ou de l’épanouissement des citoyens »que dans le seul but du vivre ensemble, de la vie commune (Hacker, 2015). Une formule qu’on peut interpréter comme les prémices d’une notion d’intérêt général aujourd’hui fondement du droit public français et des politiques portées par l’organe étatique. Cette idée d’un État protecteur du bien commun est par ailleurs consacrée par la pensée de Thomas D’Aquin, à la différence qu’il l’envisage à travers la figure du prince. Il fait ainsi « l’apologie du pouvoir, dont le rôle est d’ordonner les rapports des hommes entre eux et de lutter contre le désordre.
La loi vise à aider les hommes à « vivre » et à « bien vivre », ce qui implique que le prince tende à promouvoir le bien commun et à réprimer les vices, montrant que le bien commun l’emporte sur les biens propres individuels ».
La posture d’une figure politique unique défenderesse de l’intérêt général, d’un État protecteur d’un intérêt collectif connaîtra une expansion notable au XVIIIè siècle avec la théorisation de la démocratie représentative par Montesquieu. Au-delà du contrat social inhérent à la démocratie directe telle que portée par Rousseau, Montesquieu met en lumière la nécessité d’une entité responsable de la question politique, les citoyens donnant procuration à « un certain nombre d’hommes par la masse du peuple, qui veut que ses intérêts soient défendus, et qui néanmoins n’a pas le temps de les défendre toujours lui-même » . Toutefois, dans la pratique, les régimes politiques ayant recours à la représentation le feront plus dans une optique de soustraction du pouvoir de décision populaire que dans une réelle volonté de représentation d’un intérêt collectif émanant des citoyens. On peut rappeler à ce titre les paroles d’Emmanuel-Joseph Sieyès, qui ne fût autre que l’un des co-rédacteurs de la première constitution française : « La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif.
Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. […] Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants ».
Si la propriété d’État s’étend et s’affirme au XVIIIè siècle, elle échappe en partie aux citoyens, et l’aspect démocratique bien relatif des régimes qui se succèderont interroge sur la poursuite d’un bien commun encore en cohésion avec les attentes du peuple. Une rupture qui s’illustrera par ailleurs à travers ce qui reste l’un des plus grands mouvements populaires de l’histoire française : la Commune de Paris.
Une hegemonie de la propriete individuelle
Bien que marqué par les grands mouvements de pensées proudhoniste et marxiste s’opposant au principe même de propriété privée, le XIXè siècle restera avant tout le siècle de l’avènement d’un capitalisme exacerbé, omnipotent.
La révolution industrielle entraîne une profonde mutation des pays industrialisés, transformant durablement leur structure économique. La fin du XVIIIè siècle a été marquée par la reconnaissance de nombreuses libertés individuelles, et l’ère industrielle corrobore ce processus d’individualisation des sociétés modernes. L’ouverture à une économie de marché et à une concurrence internationale oblige les industries à être perpétuellement à la pointe de la technologie et à faire baisser leurs coûts de production. Elles entrent ainsi dans une logique d’investissements continus et tendent à toujours grandir jusqu’à absorber les plus petites industries. Les banques qui fournissent les crédits deviennent un rouage central de l’économie et l’organisation du travail est transformée dans sa substance, entrant dans une logique de rationalisation.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Titre 1 : ApprEhender les communs urbains : concepts et incarnations
Chapitre 1 : Vers une dEfinition des communs
1. Comprendre les communs : une approche historique
1.1 Aux rAcines d’un Agir commun: entre etymologie et concept philosophique
1.2 propriete et chose commune ou le commun juridicise
1.3 des biens communs Au bien commun: le commun est politique
2. SystEmatiser les communs : une approche Economique
2.1 sAmuelson et musgrAve, deux criteres et une premiere typologie des communs
2.2 hArdin, vers une trAgedie des communs?
2.3 ostrom et lA gouvernAnce des common-pool resources
Chapitre 2 : Vers une dEfinition des communs urbains
1. Une initiative spatialisee de preservation d’une ressource locale non-rivale
2. Une communautE et une gouvernance collaborative partagEe avec l’action publique
3. Une finalitE sociale et Ecologique
TITRE 2 : Communs et territoires, une place prEpondErante de l’urbanisme transitoire dans l’affirmation des nouveaux communs en ville
Chapitre 1 : Une lecture de l’urbanisme transitoire A travers le prisme des communs urbains
1. De la « bricole »a l’incontournable : qu’est-ce que l’urbanisme transitoire ?
2. Urbanisme transitoire et communs urbains : deux facettes d’une mEme piEce
2.1 une histoire de communs A trAvers l’urbAnisme trAnsitoire
2.2 un outil operAtionnel pour une ville collAborAtive, pArticipAtive et creAtive
3. Mettre fin a un urbanisme transitoire d’opportunite grace aux communs urbains
3.1 de lA friche culturelle A lA “simili-friche”
3.2 les communs urbAins comme grille de lecture d’un urbAnisme trAnsitoire vertueux
Chapitre 2 : La thEorie a l’epreuve de la pratique : l’action publique pour garantir un urbanisme transitoire des communs ?
1. Une demarche d’activation urbaine et citoyenne pour le projet urbain Deux Rives
1.1 “ActivAtion”, mAis de quoi pArle t’on?
1.2 le plAn-guide d’ActivAtion deux rives
1.3 ActivAtion et communs urbAins
2. REussir la transition du transitoire : l’activation de Citadelle Ouest
2.1 photogrAphie: lA presqu’ile citAdelle, entre nAture et ville, cAlme et AnimAtions
2.2 une demArche d’ActivAtion A3 echelles d’intervention
2.3 s’inspirer des initiAtives existAntes pour reussir l’Apres trAnsitoire
conclusion
BIBLIOGRAPHIE
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