Le Sénégal, depuis son indépendance fonde sa politique de santé sur sa constitution dans son article 14. Ce devoir de résoudre les problèmes de santé se fait selon une approche quadridimensionnelle : préventive, curative, éducative et sociale. Mais depuis, le Sénégal est encore en proie à une forte charge de morbidité et de mortalité liée aux maladies infectieuses et des parasitoses, la mortalité maternelle due aux couches entre autres. Ainsi, selon l’annuaire statistique de la santé de 2010, la charge de la morbidité des centres et postes de santé des régions (excepté le centre de santé de la région Matam où il n’y a pas de données statistiques) est estimée à 15 % soit 1.946.413 malades enregistrés dans ces deux types de structures sanitaires si on sait qu’il y’a des cas non déclarés, de l’automédication, des cas enregistrés dans le privé, etc. Ce qui revient à dire que ces données sont faibles par rapport à la réalité, mais dans tous les cas cet effectif éclaire bien sur la situation des maladies aux Sénégal. Il en est de même pour la morbidité liée à certaines maladies qui aurait pu être évité s’il y’avait une information et une communication des populations sur leur santé. Ces problèmes sont liés pour une grande part aux politiques mises en œuvre comme celle de l’éléphant blanc, des hôpitaux comme référence de la santé, etc. Pour faire face à ses problèmes, de nombreux programmes furent mis sur pieds afin d’atteindre les nombreux objectifs sanitaires que se fixe l’OMS (Santé pour tous en l’an 2000, OMD, entre autres).
Ainsi, depuis la colonisation à nos jours, la prévention a toujours joué un rôle de proue dans la santé et elle l’est aujourd’hui. Les assises nationales de la santé tenues en Avril 2000 ont confirmé la prévention comme seul moyen de venir à bout de la forte charge de la morbidité. C’est dans ce cadre que le président de la république déclarait qu’« il faut ériger la prévention en politique de base pour éviter de courir derrière les maladies » (Wade A., 2000). Face aux changements de la société, elle s’est adaptée selon ses besoins. Il ne faut pas perdre de vue que le Sénégal disposait de méthodes et d’outils de prévention qui lui sont propres comme boire ou se laver avec des décoctions médicamenteuses, le port d’amulettes, etc. afin de se prévenir des maladies. La mise à l’écart d’un malade, une pratique aussi vieille que le monde est utilisée aussi comme moyen de prévention. Cependant, la colonisation a fait une table rase de toutes ses connaissances connues aujourd’hui sous le nom de médecine traditionnelle. Faute d’informations antérieures à la colonisation, notre chronologie débute avec la colonisation et l’usage de la médecine dite moderne comme le repère des débuts de la prévention en cette période. Il convient de distinguer deux (2) volets dans la prévention: La protection et l’information. Pour ce qui est de la protection plusieurs actions sont menées afin d’éviter l’éclosion, la propagation et l’aggravation d’une maladie comme la vaccination, l’hygiène (les règles de la propreté, l’assainissement, la préservation de l’environnement, etc.). L’information, elle concerne toutes les mesures de communications utilisées afin de conscientiser individuellement ou collectivement les hommes pour les pousser à agir pour la bonne gestion de leur santé.
Evolution de la communication dans la politique de prévention de la santé
L’histoire de la prévention de la santé au Sénégal se greffe à celle de la colonisation dans la mesure où la médecine dite moderne est un fait « exogène » à la société africaine. Cependant, ça ne signifie pas que les sociétés africaines ne disposaient de médecine ni de moyens de prévention mais la médecine moderne axée sur le savoir rationnelle et la pratique prend de contre-pied la médecine traditionnelle occulte et réservée à des initiés.
La conquête coloniale s’est appuyée sur des planifications dans divers domaines comme la santé pour protéger les occidentaux des maladies tropicales. Ensuite les programmes de santé sont élargis sur les autochtones pour les intérêts du pays colonisateur. Sous ce rapport se développent la médecine coloniale dont le rôle est d’éradiquer les forts taux de mortalité aussi bien chez les colons que chez les indigènes. Ainsi, plusieurs méthodes aussi bien curatifs, prophylactiques, hygiéniques, préventifs, etc. sont menées sur les populations afin de vaincre les maladies. S’agissant de la prévention qui nous intéresse, les outils utilisés sont axés sur l’éducation, l’information, la communication, etc.
La communication en prévention de la santé est une méthode passive si on peut dire puisque c’était la sensibilisation, le dialogue qui était mis en exergue. Au Sénégal, la communication dans la prévention de la santé est liée à la colonisation. Les français bien que présents sur les côtes sénégalaises depuis le XVIIème siècle (Saint-Louis fondé en 1659, et Gorée occupée en 1677), et la conquête effective du Sénégal entreprise entre 1879 et 1890, les préoccupations sanitaires des indigènes ne s’étaient fait sentir qu’à partir de 1905. L’arrêté du 08 février 1905 instituait en Afrique Occidentale Française (AOF) un service d’Assistance Médicale des Indigènes (AMI) afin d’apporter une assistance médicale aux populations indigènes à la suite du taux de mortalité élevé du aux maladies. C’est dans ce cadre que les français s’impliquaient dans la santé des populations indigènes pour leur intérêt qui était la mise en valeur de la colonie donc « faire du noir » était devenu le mot d’ordre d’où l’application de mesures de prévention par divers moyens comme la communication.
La communication dans la prévention de la santé en cette période s’était appuyée sur beaucoup de canaux afin d’atteindre les objectifs fixés. Ces canaux en rapport avec les réalités de la société et l’état d’avancement des progrès techniques tournent autour de l’usage des supports papiers (tracts, affiches, etc.). La communication à dessein préventif se faisait aussi par le truchement des chefs coutumiers, de l’école, de rassemblements publics. Cette période coïncidait aussi avec la mise sur pied des assistantes sociales au niveau des communes de Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque.
Les affiches étaient utilisées par les colons afin de communiquer, d’informer, de prévenir les populations sur les décisions de santé les concernant. Ainsi à travers un arrêté du lieutenant – gouverneur relatif à la vaccination et à la revaccination antivarioliques dans l’exécution de l’article 5 du 14 avril 1904 en son article 2 stipulait que « Huit jours à l’avance, les séances publiques de vaccination gratuite et les séances de constatation des résultats de ces opérations sont annoncées par voie d’affiches en français et en arabes ou tout autre moyen de publicité. Ces affiches rappellent les obligations légales et les sanctions pénales encourues. »(Selleras B., 1980).
Les chefs coutumiers et spirituels africains pareillement à aujourd’hui étaient souvent sollicités par les colons à cause de leur influence sur la société afin d’intervenir sur les questions relatives à la santé des populations. L’appui des notables africains, qui étaient très écoutés consistait à influencer la population pour l’abandon des guérisseurs et des matrones mais aussi à faire comprendre aux populations l’importance des mesures d’hygiène et les dommages que pouvaient engendrer leur non – observation. En conséquence, l’arrêté du Gouverneur Général n°264 en date du 16 mars 1933 portant sur la nomination des chefs de quartier chargeait ces derniers des missions suivantes :
– Faire respecter les prescriptions d’hygiène
– Déclarer les maladies épidémiques et les cas suspects. (Gueye M., 1995) .
Le Gouverneur Général du Sénégal, pour asseoir la prévention des épidémies de méningite cérébro – spinale avait mis en circulation la circulaire n°2046 / SSM / I du 28 octobre 1939 qui exhorte les autorités administratives et médicales à « s’efforcer d’obtenir en tout temps des chefs de quartier, village et canton la déclaration immédiate de toute morbidité anormale » (ANS). Les chefs religieux comme aujourd’hui ont aussi apporté leur contribution à la politique de prévention de la santé des colons d’ailleurs, la Médaille de la Santé Publique a été décerné au marabout Seydou Nourou Tall pour son rôle en ce sens. Et selon les témoignages, le marabout « prône toujours et partout la nécessité de l’observation des règles d’hygiène, s’élève contre l’abus de l’alcool et met en garde ses coreligionnaires contre les agissements des marabouts étrangers, soi – disant armés de pouvoirs efficaces contre les maladies et fléaux naturels, mais dont le but est uniquement de récolter d’abondants honoraires » (ANS). Le cas de Maodo Malick Sy à Saint – Louis est aussi cité en exemple dans sa célèbre décision d’aller se faire vacciner contre la peste.
Le Service Nationale de l’Education et de l’Information Pour la Santé (SNEIPS)
Le Service National de l’Education et de l’Information pour la Santé (SNEIPS) actuel est le fruit d’une longue évolution. En effet, l’éducation pour la santé a toujours été présente dans les politiques sanitaires du Sénégal bien avant l’indépendance. Ainsi le décret n° 60.107 du 09 Mars 1960 portant réglementation du service de santé créait la « section Education Santé ». Cette dernière avait un rôle secondaire puisqu’elle était chargée du secrétariat du « comité consultatif de l’éducation ». Cette dernière avait pour rôle la recherche, la coordination, l’élaboration, la planification et le suivi des activités d’éducation sanitaire. La division devient bureau avant d’être « rattachée à la Direction de l’hygiène et de la protection sanitaire (DHPS) par le décret n° 79/416 du 12 Mai 1979 et par l’arrêté 003187 du 27 Mars 1980 portant l’organisation de la D.H.P.S » (SNEIPS, 2010).Par la suite, il devient un service en 1985 par arrêté et le décret n° 95-315 du 07 Mars 1995 portant organisation du Ministère de la Santé de la Prévention et de l’Action Sociale (MSPAS) le rattachait au cabinet du dudit ministère.
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Table des matières
INTRODUCTION
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
OBJECTIFS DE L’ETUDE
HYPOTHESES DE RECHERCHE
ANALYSE CONCEPTUELLE
METHODOLOGIE
1. LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 LA DOCUMENTATION SUR LA COMMUNICATION ET LA SANTE
2. LES DONNEES DU SNEIPS
2.1 TRAITEMENT DES DONNEES
2.2 L’ANALYSE DES DONNEES
PREMIERE PARTIE : LE NUMERO VERT UN OUTIL DE COMMUNICATION AU SERVICE DE LA SANTE
INTRODUCTION
I.1 Evolution de la communication dans la politique de prévention de la santé
1.2 Le Service Nationale de l’Education et de l’Information Pour la Santé (SNEIPS)
II.1 Une inégale distribution des appels dans l’espace et dans le temps
II.1.1 La répartition des appels du numéro vert dans l’espace
II.1.2 L’évolution des appels du numéro vert dans le temps
II.2 LES CARACTERISTIQUES DES APPELANTS DU NUMERO VERT
II.2.1 La distribution du nombre d’appels selon le genre et l’âge
II.2.2 Le célibat, caractéristique dominant des appelants
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE: LES MOTIFS DES APPELS : EXPRESSION DES BESOINS DE SANTE NON SATISFAITS ?
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LA SANTE DE LA REPRODUCTION (SR) PREMIER MOTIF D’APPELS
I.1 Les différents motifs des appels
I.1.1 Les motifs d’appels les plus récurrents
I.2 La Santé de la Reproduction sujet de préoccupation des appelants du numéro vert
CHAPITRE II : LES ORIENTATIONS DONNEES AUX APPELANTS
II.1 Les orientations transmises aux appelants selon les questions posées
II.2 Le profil des téléopérateurs
II.3 Les motifs des appels correspondent aux besoins en promotion de la santé non pris en charge par le système de soins
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE