Comment partir de soi pour comprendre l’imaginaire en petite section?

Quels repères de compréhension en petite section?

Notre sujet nous amène à nous intéresser à la compréhension du récit et à ce que cela implique pour des élèves de petite section. En quoi peut-on considérer qu’un élève de 2 à 4 ans comprend un récit ? Peut-on convoquer tous les indicateurs détaillés dans la partie précédente ou doit-on se contenter d’en faire une sélection?
A la lecture du livre de S. Terwagne , il est possible de dégager des différentes séquences proposées les objectifs de lecture mis en évidence pour des élèves de 2-4 ans. On trouve notamment les critères suivants : l’identification des personnages, des objets sur les images, la description des relations entre les éléments, la description des actions, ou encore le fait de raconter le récit avec l’aide de peluches et d’images. Lorsque l’album vise un public d’élèves plus âgé, par exemple les 4-6 ans, S. Terwagne ajoute des objectifs à ses séquences de lecture ; on trouve par exemple la reconstitution d’histoires en remettant en ordre les images, la reconstitution par la narration de l’histoire, le fait de raconter les différents épisodes de l’historiette avec expression (dramatisation) ou encore la formulation d’interprétations narratives. En petite section où les élèves ont entre 2 et 4 ans, il semble donc, qu’on en soit aux prémisses de la compréhension du récit et qu’il convient d’instaurer les premiers éléments d’analyse à savoir l’identification des personnages, la description des différentes actions avec l’aide de peluches ou de marottes ; les éléments de causalité ou la chronologie de l’histoire ne sont pas des objectifs immédiatement atteignables mais nous essaierons de vérifier ce constat empiriquement.
On comprend également à la lecture de ce livre que la compréhension n’est envisageable en petite section que si le texte est à la portée des élèves. On retrouve cette idée dans les programmes de maternelle où on parle de « texte écrits, à sa portée ». Comment considère-t-on qu’un récit est à la portée des élèves ? Quels albums doit-on choisir pour favoriser l’entrée des élèves de trois ans dans la compréhension de l’écrit?

Les récits du quotidien et les récits d’imagination

S. Terwagne et M. Vanesse ont théorisé l’idée qu’il existait deux types de récits à utiliser en maternelle : « les récits du quotidien », basés sur des faits relevant de la vie quotidienne de l’enfant (ex : faire sa toilette, aller se coucher…) et « des récits d’imagination » qui ne s’appuient pas sur le vécu de l’enfant mais sur un schéma narratif plus complexe et fictionnel.
Toujours selon ces mêmes auteurs, les récits du quotidien aideraient les enfants à alimenter leur compréhension du monde extérieur tandis que les récits d’imagination seraient propices à développer leur « vie intérieure ». Paradoxalement, les récits du quotidien permettraient de sortir de soi tandis que les récits d’imagination conduiraient à un retour sur soi.

Entre théories et pratiques de classe, où en sont les recherches?

Qu’en pense l’Education Nationale?

La question de la compréhension du récit de fiction en maternelle a évolué de manière significative à travers les siècles en fonction de l’évolution des connaissances en psychologie et des différentes conceptions littéraires et didactiques. Marie-France Bishop synthétise ces recherches dans son étude. Selon elle, il semble que les programmes de maternelle se soient avant tout intéressés au récit de fiction de la fin du 19 ème siècle au 20ème siècle plutôt qu’aux récits du quotidien. Cette préoccupation est survenue à la toute fin du 20 ème siècle et nous synthétiserons ici les différentes étapes expliquant ce glissement didactique. Marie-France Bishop explique que la lecture des récits de fictions en classe avait dès 1881, une visée moralisatrice et faisait partie intégrante de l’enseignement de l’éducation morale et physique ; la lecture de récits de fiction devait « inspirer aux enfants le sentiment de leur devoir envers la famille, envers la patrie, envers Dieu».
A partir de 1945, la scolarisation s’élargie avec l’arrivée de la guerre et l’intensification du travail des femmes. Le récit devient « un moteur d’activités » qui permet l’entrée dans des jeux éducatifs et des activités de langage. Une nouvelle ordonnance inscrit en effet le récit dans les activités de langage plutôt que dans le domaine « éducation morale » comme auparavant. Les fonctions de la lecture de récit sont dès lors plus complexes. MarieFrance Bishop ajoute toutefois que cette activité de langage est peu définie et s’appuie sur une démarche approximative : « récits et lectures enfantines faits par la maîtresse et suivis de causerie avec les enfants » « la nature des causeries restant indéterminée ». Une enquête publiée à l’époque montre que les récits proposés sont souvent des contes de différents types : folkloriques, traditionnels… L’entrée dans le récit de fiction est donc immédiate et laisse la part belle au jeu.
A partir de 1975, le rôle de l’école maternelle est redéfini en profondeur. La loi Haby voit le jour et lui donne trois nouvelles fonctions : « Il ne s’agit plus de moralisation, d’éducation et d’instruction, mais d’éveil de la personnalité, de compensation des inégalités et de dépistage des handicaps ». Une circulaire adoptée en 1977 définit en effet de nouveaux objectifs qui sont : « l’affectivité, le corps, le mouvement, l’action, les représentations motrices, l’expression corporelle, l’expression vocale, la musique, l’image, les représentations iconiques, l’expression plastique, le langage oral et le langage écrit, de développement cognitif ». Marie-France Bishop ajoute « Dans ce nouveau cadre, les récits occupent une place secondaire, supplantés par les images qui sont considérées comme des éléments clés dans l’évolution enfantine ». La lecture est considérée avant tout comme un moyen de compenser les inégalités culturelles et il revient à l’école de compenser ce manque éventuel. Le principe didactique adopté durant cette période est le renforcement de l’imaginaire et le récit de fiction est un moyen de susciter l’expression des élèves. La part belle est une nouvelle fois faîte aux contes.

Une problématique soulevée

L’étendue des recherches et l’évolution pédagogique des programmes scolaires en matière de compréhension de l’album nous conduisent à nous interroger sur la manière de donner du sens à ces théories via une pratique de classe. Les recherches convergent vers l’importance de penser sa démarche progressivement afin de partir de ce qui est proche de l’enfant, à savoir son quotidien, pour entrer vers un ailleurs fictionnel plus éloigné de ses préoccupations que l’on nommera ici le lointain.
On peut dès lors s’interroger sur les clés d’entrée dans le monde imaginaire en petite section. Comment, de manière plus concrète, « partir de soi » peut favoriser la compréhension du « lointain »? Et a contrario, en quoi la compréhension de l’imaginaire peut renvoyer vers soi,en apportant des réponses au quotidien? Comprendre un récit du quotidien ou de fiction revient notamment, comme nous l’avons vu en début de ce mémoire, à identifier les personnages, leurs motivations et les liens de causalité entre les actions. Le récit de fiction ajoute une complexité supplémentaire puisqu’il invoque une structure narrative plus complexe et place les élèves dans une position où les transactions littéraires sont multiples. Vérifier si les récits du quotidien lus antérieurement ont été une clé d’entrée dans la fiction revient à analyser les transactions intertextuelles, à savoir les liens dégagés par les élèves entre les récits. Si les élèves font des liens explicites, il sera aisé de prouver que les récits du quotidien ont permis d’entrer dans la compréhension des récits de fiction. Les transactions personnelles permettront, elles, de vérifier que l’élève fait une rapprochement entre le récit fictif et son quotidien.
Nous nous attacherons dans la partie suivante à détailler nos pistes de réflexions concrètes pour répondre à la problématique de l’entrée dans l’imaginaire et aux répercussions qu’elle engendre de manière plus subjective chez le sujet « lecteur ». Nous avons toutefois conscience qu’un tel sujet ne peut faire l’objet d’une généralité étant donné l’échantillon relativement restreint et le caractère subjectif que représente une classe de maternelle. Nous tenterons donc de dégager des éléments pour répondre à cette problématique, tout en sachant, qu’il faudrait élargir la démarche pour être le plus pertinent possible.
La partie suivante s’articulera sur les choix didactiques retenus pour construire puis conduire une séquence favorisant les transactions intertextuelles et personnelles explicitées dans la partie antérieure. Nous nous intéresserons donc au choix des albums, à leur progressivité, au mode de lecture ainsi qu’à l’évaluation finale afin de vérifier si la compréhension d’un récit imaginaire est simplifiée par une démarche progressive.

Comment partir de soi pour comprendre l’imaginaire en petite section?

Quel album choisir?

Plusieurs auteurs rappellent que l’accès à la compréhension des albums n’est pas évident et que certains albums qui paraîtraient simple à l’enseignant peuvent révéler des difficultés pour les élèves. Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, il convient d’abord de construire un univers de référence à travers des univers connus en utilisant les scripts du quotidien. E. Canut et M. Vertalier qui ont établi des recherches portant sur le sujet suivant : « Lire des albums : quelle compréhension et quelle appropriation par les élèves en maternelle ? » traitent de l’importance de la découverte du plaisir de lire dès le plus jeune âge et rappellent qu’il est une porte d’entrée facilitée vers l’écrit. Elles soulignent les différences entre les enfants ayant eu accès à des livres chez eux, qui comprennent plus facilement son pouvoir d’évocation à l’entrée en maternelle, et ceux qui n’ont pas eu accès à cet univers.
Elles s’intéressent au choix de l’album et, elles aussi, à l’importance de l’univers de référence pour faciliter la compréhension :
Il peut notamment être délicat pour un élève de se construire une compréhension d’une histoire s’il n’a pas les connaissances du monde auquel fait référence, plus encore si les illustrations sont en décalage avec le texte, ou de comprendre les enchaînements et la cohérence d’une histoire s’il ne maîtrise pas les constructions syntaxiques et lexicales qui composent le texte.

Quel type d’évaluation choisir?

Les chercheurs ont mis au point différentes approches d’évaluation de la compréhension de l’album. Notre mémoire s’intéressera plus particulièrement à celles qui peuvent permettre de dégager une réponse à notre problématique qui est de déterminer si la progression du récit du quotidien au récit fictionnel aide l’entrée dans l’imaginaire et le retour sur soi. Dans cette perspective, il semble plus opportun de s’attacher aux techniques évaluatives qui mettront en évidence les transactions intertextuelles et personnelles dégagées par les élèves plutôt que celles qui visent une simple compréhension des récits. L’idée étant de vérifier si les élèves font des analogies ou des différences entre les textes lus et si ces histoires les rapprochent de leur vécu.
Pour solliciter les élèves en matière de transactions intertextuelles, S. Terwagne préconise de passer par la question « Est-ce que cela te fait penser à une autre histoire ?  », pour susciter les transactions personnelles, il propose le prototype de question suivant : « Et vous, avez-vous déjà… (vécu quelque chose comme cela) ? ». Toujours selon lui, les récits d’imagination favorisent l’émergence de ce type de transactions alors qu’on peut plus simplement se limiter à l’analyse des transactions textuelles et iconiques lorsque l’on aborde les récits du quotidien. Il préconise enfin d’aborder le questionnement au fil de la lecture partagée et non à la fin de la lecture ; il estime que « les enfants de moins de 7 ans ne peuvent se resituer facilement dans le contexte narratif sur lequel porte généralement une question, ils ont besoin d’être placés dans le récit pour en saisir la signification».

Analyse d’une séquence, entre attendus et réalité du terrain

Construction de la séquence

Le choix de la thématique

J’ai pris conscience que mes élèves étaient particulièrement autocentrés lors de la première visite de ma formatrice ESPE, Agathe N’Guyen. Cette dernière a en effet mis l’accent sur l’intérêt de favoriser les travaux en binôme afin d’alléger la propension des élèves à ignorer les autres élèves de la classe. Un autre marqueur, abondant dans ce sens, était la difficulté de certains à partager les jouets de la classe ; une fois l’objet approprié, impossible pour eux d’envisager de s’en séparer. La difficulté à partager est une étape incontournable dans le processus de développement de l’enfant ; entre 2 et 7 ans, l’enfant serait en effet au stade de la pensée intuitive et égocentrique :

Le choix des albums de la séquence

Suite au cours de français de Catherine Valiant sur l’album, j’avais perçu l’importance de construire une progression partant du récit du quotidien pour entrer dans des récits de fiction. Je m’interrogeais toutefois sur les effets réels d’une mise en pratique. Suite aux différentes lectures et théories détaillées dans la première partie de ce mémoire, j’ai choisi de construire ma séquence à la manière de S. Terwagne afin d’amener les élèves vers une compréhension progressive de l’imaginaire.
Au regard des recherches sur le choix de l’album détaillées dans la partie précédente, il s’agissait d’abord, de choisir des albums dont le contenu serait proche du quotidien des élèves et dont la structure narrative suivrait les illustrations ; j’ai donc choisi les références disponibles sur ce thème dans la collection de Petit Ours Brun et de P’tit Loup. L’album de Petit ours brun ne veut rien prêter est un script du quotidien sans réelle complexité ; il présente une situation initiale simple, un problème à résoudre et une situation finale rapidement résolue. Celui de P’tit Loup ne veut pas partager est lui aussi un script du quotidien même s’il présente plus de difficultés en raison de la longueur du texte, des péripéties plus nombreuses et d’un vocabulaire plus complexe.
A la suite de ces albums, j’envisageais de faire entrer les élèves dans un récit de fiction au schéma narratif simple. Je m’interrogeais toutefois sur le choix du type de fiction très peu abordé dans les différentes études lus pour élaborer cette séquence. J’ai donc choisi de retenir un récit de fiction présentant une structure en randonnée : Juste un petit bout d’Emile Jadoul.
Je pensais terminer la séquence sur l’analyse de Juste un petit bout mais il s’est avéré que le niveau de difficulté n’était pas suffisant pour développer une véritable situation de recherche chez les élèves. Suite à une discussion sur le sujet avec Patricia Monti, j’ai décidé de complexifier l’entrée dans la compréhension des élèves en choisissant un récit de fiction plus ardu ; j’ai donc opté pour l’album Le petit hérisson partageur qui viendrait clore la séquence et donner une réponse à notre problématique. Cet album reprend la thématique du partage en
proposant une structure en randonnée. Tout comme les autres albums, les notions d’amitié et de solidarité participent à dégager l’intérêt que peut avoir le partage. Les illustrations sont par ailleurs explicites et suivent le récit.

Les difficultés éventuelles de compréhension

J’ai dans un premier temps tapé les tapuscrits pour vérifier les difficultés de vocabulaire, grammaticales ou encore l’utilisation des pronoms personnels. J’ai matérialisé ces difficultés en rouge de manière à prévoir un imagier du vocabulaire plus complexe à présenter aux élèves en amont de la lecture.
J’ai ensuite résumé le contenu de chacun des albums dans le tableau synthétique présenté en annexe de ce mémoire ; l’objectif de ce dernier étant de repérer la situation initiale, les éventuels éléments perturbateurs, la situation finale, les références implicites et la portée de chacun des albums.
Il s’agissait de se servir de cette synthèse pour repérer les éventuels barrages au sens, pour construire une progression et proposer des questions de lecture adéquates.

Le choix du mode de lecture

Le jeu d’imitation

Lors de la construction de ma séquence, j’ai repris l’idée des différents chercheurs pour qui une situation de jeu d’imitation préalable permet une meilleure entrée dans le récit du quotidien. J’ai donc saisi l’opportunité de la situation problème ayant invariablement lieu au moment de l’accueil des élèves pour faire émerger l’idée du partage. Le partage est un thème plus abstrait que des événements quotidiens tels que la toilette, le coucher… il m’a donc paru plus compliqué de conceptualiser une situation factice sous forme de jeu d’imitation. Il n’y a pas un moment de partage défini dans la journée, ce dernier pouvant s’immiscer dans des moments quotidiens divers.

Les scripts du quotidien

Une fois la situation ancrée dans le réel à travers la mise en place d’une situation quotidienne mettant en évidence l’intérêt que peut avoir le partage, il s’agissait de favoriser l’entrée dans la compréhension du récit en lui même. Les scripts du quotidien sont donc naturellement venus appuyer la thématique et ont fait l’objet d’une lecture assez classique partant de l’analyse de la couverture. Venait ensuite la lecture du livre en parallèle de la découverte des illustrations. Des questions posées à l’issue de la lecture, ont permis de fixer différents éléments de compréhension tout en favorisant l’expression orale des élèves ; voilà quelques exemples de ces questions, répétées si besoin : « De quoi vous souvenezvous ? », « Qui veut me raconter l’histoire ? ». Une fois plusieurs réponses obtenues et validées, il s’agissait de poursuivre le questionnement. Dans un deuxième temps, nous nous intéressions donc aux personnages et à leurs motivations à travers les questions suivantes : « Qui sont les personnages de cette histoire ? », « Que voulait X ? », ou encore « X a-t-il obtenu ce qu’il voulait ? ». L’objectif de cette partie étant de vérifier une question clé de l’entrée dans la compréhension à savoir la motivation des personnages. Dans un troisième temps, il s’agissait d’élargir le questionnement au sens de l’histoire en posant des questions visant à établir des transactions personnelles ou critiques : « Qu’auriez-vous fait à la place de X ? », « Que fera X maintenant ? », ou encore « Avez-vous aimé cette histoire ? ». J’ai suivi ce mode de lecture et d’évaluation retardée pour les deux scripts du quotidien que sont Petit Ouest brun ne veut rien prêter et P’tit loup ne veut pas partager. Mon objectif était de ne pas influencer les prises de parole des élèves. Ces lectures ont été répétées à plusieurs reprises et à chaque fois, des questions ouvertes étaient proposées de manière à faire réagir spontanément les élèves.

Les récits de fiction

La démarche devait être un peu différente pour la première entrée dans la compréhension du récit de fiction choisi : Juste un petit bout. Préalablement à la lecture du récit, j’ai décidé de suivre la démarche de nombreux chercheurs qui préconisent de raconter l’histoire à l’aide de marottes.
Je me suis donc imprégnée de l’histoire et j’ai raconté la scène en regroupement : « C’est l’histoire d’une poule, Léa (marotte présentée) qui vit dans un paysage enneigé, il fait très froid mais heureusement, elle a une longue écharpe (écharpe réelle montrée) qui lui tient bien chaud. Un jour, elle rencontre un petit poussin (marotte présentée) qui a froid et qui lui dit : « Je suis gelé, peux tu me prêter un petit bout de ton écharpe ? ». Léa accepte et dit « D’accord ». Les deux animaux rencontrent un lapin, lui aussi a froid et demande « Juste un petit bout ». Léa accepte une nouvelle fois. Les trois amis sont bien ensembles, ils ont bien chauds. Un dernier animal arrive, un renard, et réclame lui aussi « Juste un petit bout ». Cette fois-ci, les trois amis se méfient… Léa hésite et accepte finalement de lui prêter un petit bout de son écharpe. Le renard dit alors « Mmmmm vous êtes adorables ».
Suite à cette séance, j’ai laissé les élèves réagir librement à ce qu’ils avaient compris du récit oral. Une élève a dit « C’est comme le petit bonhomme en pain d’épices ». Une autre élève a dit « Peut-être il est méchant le renard, comme dans roule galette, il va manger les animaux ». La compréhension de l’implicite a été soulevée dès le récit aidé des marottes. Les deux contes de randonnées évoqués avaient été lus durant la période précédente et tout deux présentaient un archétype du renard malveillant. Certains élèves ont immédiatement fait le rapprochement. J’ai ensuite laissé les marottes à disposition dans la classe afin que les élèves puissent se réapproprier l’histoire contée dans les coins jeux.
A la séance suivante, nous devions entrer véritablement dans le récit grâce à la démarche préconisée par S. Terwagne. Il s’agissait donc d’analyser la couverture en regroupement et de passer ensuite à la lecture du récit. Les illustrations seraient montrées au fur et à mesure. Lors de l’analyse de la couverture, les élèves ont compris le contexte : « Il y a une poule et une écharpe », « Il fait froid », « Il neige ». Les hypothèses narratives étaient toutefois limitées, une élève a proposé : « Elle va se balader dans la campagne ».
J’ai fait une première lecture puis j’ai recueilli les premières réactions suite à la lecture grâce aux questions suivantes : « Que veut le poussin ? », « Pourquoi ? », « Que veut le lapin ? », « Pourquoi ? », « Que veut le renard ? », « Pourquoi ? », « Les amis sont-ils d’accord ? », « Pourquoi ? ». L’idée était de vérifier la compréhension du récit à travers la compréhension de la motivation des personnages. Les élèves ont réagi à ces questions et ont facilement expliqué que les personnages avaient froid. Léa et les autres animaux hésitaient à prêter un bout de l’écharpe au renard parce qu’il était « peut être méchant comme dans le bonhomme en pain d’épices ».
J’ai répété la lecture à plusieurs reprises et j’ai fait jouer la scène aux élèves volontaires en regroupement. J’ai tout de suite perçu un intérêt supplémentaire du public et des trois jeunes comédiens enroulés dans une écharpe.
J’ai finalisé le travail sur cet album en passant le dvd de l’album filmé de Juste un petit bout. Les élèves ont littéralement été happés par l’utilisation du support vidéo. L’histoire respectait littéralement le texte écrit de l’album. Il s’agissait donc simplement de passer par une autre manière de lire une histoire. Selon une étude portant sur le sujet de la compréhension par l’utilisation du dessin animé, celui-ci « permet à l’enfant de se familiariser de façon ludique avec la structure narrative des récits, lui offre la possibilité de produire des inférences en s’appuyant sur ses propres connaissances et constitue potentiellement une base de discussion qui l’amène à réaliser une auto-évaluation de ce qu’il a compris de la situation exposé ». Ce support m’a semblé tout à fait adéquat pour intéresser les élèves et clore la séance de compréhension de cet album. L’album était déjà très bien compris par la majorité des élèves lors de la lecture mais ce support a permis de relayer la compréhension via l’utilisation d’un support éducatif ludique.

Le choix de l’évaluation finale

Des réponses devaient être apportées à notre problématique à l’issue de la séquence. Il s’agissait donc de trouver un moyen de vérifier si la compréhension des récits du quotidien avait aidé l’entrée dans la compréhension de la fiction. Le dernier album a donc été choisi en conséquence.
L’album Le petit hérisson partageur avait l’avantage de complexifier la situation de partage à travers une structure en randonnée. L’intérêt du partage était mis en évidence de manière assez explicite et le niveau de difficulté me semblait abordable. Même si la longueur du texte pouvait paraître rebutante, les structures répétitives de la narration m’ont fait penser que cet album était pertinent pour le niveau de la classe.
Après discussion avec Madame Monti, il nous a semblé opportun de ne pas trop influencer la compréhension de ce dernier album en posant des questions trop orientées. Il s’agissait plutôt de faire réagir les élèves de manière spontanée à l’issue de la lecture. Un travail préalable à l’entrée dans le récit tournerait comme pour l’album Juste un petit bout autour d’un récit aidé de marottes et de la lecture.
Il fallait toutefois choisir un mode d’évaluation de manière à dégager de véritables résultats permettant de répondre à la problématique posée. J’ai donc envisagé de reprendre différentes propositions des chercheurs en matière d’évaluation ; l’idée étant de favoriser la prise de parole spontanée des élèves et de noter les éventuelles transactions intertextuelles et personnelles.

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Table des matières
1. Pourquoi partir de soi pour comprendre le lointain en petite section? 
1.1. Que signifie comprendre un récit en petite section ?
1.1.1. Qu’entend-on par « comprendre un récit »?
1.1.2. Quels repères de compréhension en petite section?
1.1.3. Les récits du quotidien et les récits d’imagination
1.2. Entre théories et pratiques de classe, où en sont les recherches?
1.2.1. Qu’en pense l’Education Nationale?
1.2.2. Qu’en pensent les chercheurs?
1.2.2.1. Partir de soi
1.2.2.2. … pour entrer dans la fiction
2. Une problématique soulevée 
3. Comment partir de soi pour comprendre l’imaginaire en petite section?
3.1. Quel album choisir?
3.2. Quel mode de lecture choisir?
3.3. Quel type d’évaluation choisir?
4. Analyse d’une séquence, entre attendus et réalité du terrain
4.1. Construction de la séquence
4.1.1. Le choix de la thématique
4.1.2. Le choix des albums de la séquence
4.1.3. Les difficultés éventuelles de compréhension
4.1.4. Le choix du mode de lecture
4.1.4.1. Le jeu d’imitation
4.1.4.2. Les scripts du quotidien
4.1.4.3. Les récits de fiction
4.1.5. Le choix de l’évaluation finale
4.2. Entre attendus et réalité du terrain
4.2.1. L’évaluation de la séquence
4.2.2. Les résultats de l’évaluation
4.2.3. Les bonnes pratiques de la séquence
4.2.4. Les points à repenser

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