Comment libérer la créativité des élèves dans l’environnement scolaire ?
L’objet de recherche consiste à montrer que l’école peut jouer un rôle important dans la libération de la créativité d’un enfant, dans la mesure où elle autorise ce dernier à être un individu à part entière. Notamment à travers certaines disciplines qui s’y prêtent davantage tels que les arts plastiques, l’éducation musicale et l’éducation physique et sportive. Néanmoins, le système éducatif peut aussi être contre-créatif. En effet lorsqu’un enfant se rend à l’école, il se retrouve dans un environnement régit par des règles fixes, laissant peu de place à la prise de risques, qui nous le verrons est essentielle au processus créatif. Ainsi, la posture de l’enseignant devient alors essentielle dans la libération du potentiel créatif des élèves.
Qu’entend-on part enseigner la créativité à travers des situations pédagogiques créatives ?
La créativité est un concept vaste généré par plusieurs paramètres comme: l’imagination, la prise de risque, l’échec, la persévérance, l’association d’idées, la résolution de problème, l’originalité, les contraintes … C’est toute cette complexité qu’il est important de maitriser afin de développer le potentiel créatif des élèves de manière optimale. Cette maîtrise permet ensuite de mettre en place des situations pédagogiques adaptées à ce développement. Les méthodes pédagogiques sont donc les moyens mis en oeuvre pour l’enfant, afin de lui permettre d’atteindre certains objectifs. Ainsi, le domaine du savoir et de réflexion dans lequel évolue l’enfant résulte des choix effectués par l’enseignant. Les situations pédagogiques dites créatives, correspondent aux prises de risque tentées par l’enseignant, qui dans un soucis de développement de sa propre pédagogie, et d’adaptation aux besoins des élèves, expérimentera de nouveaux dispositifs non traditionnels.
Les facteurs cognitifs
Les facteurs cognitifs font référence aux capacités intellectuelles qui facilitent et influencent la pensée créative. Il s’agit à la fois de connaissances et de processus de traitement de l’information qui, selon le champ dans lequel se situe une tâche donnée, revêtiront une importance particulière (Besançon & Lubart, 2015; Lubart et al., 2015). Comme décrit par Lubart et ses collaborateurs (Lubart et al., 2015), certaines capacités intellectuelles sont considérées comme essentielles dans l’acte créatif. Tout d’abord, l’individu doit avoir une pensée divergente, c’est à dire qu’il doit générer plusieurs idées à un même problème, ainsi il aurait plus de chance de trouver un idée nouvelle et donc créative. Des recherches menées par Mourchiroud et Lubart (2001) montrent que l’émergence des idées créatives prend bien plus de temps que les idées dites « banales », et qu’il est nécessaire d’avoir plusieurs idées peu originales avant de trouver l’idée créative. Les neurosciences ont aussi éclairés le concept de la créativité. Elles ont démontrés que les personnes dites créatives ont un flux sanguin plus important dans le lobe frontal et qu’elles présenteraient une plus grande quantité de neurones associatifs dans le cortex. Ainsi certains individus seraient d’un point de vue cérébrale plus disposé à la créativité que d’autres. Cette idée d’associations revient régulièrement dans la compréhension du processus de créativité et de son potentiel, elle semble indispensable à l’acte de créer. La capacité cognitive d’association d’éléments éloignés témoignent du potentiel créatif de l’individu puisque dans un premier temps, il est important d’avoir de multiples idées, il l’est d’autant plus d’être capable de rassembler ces dernières qui, à première vue sont conceptuellement très éloignées. Dans les facteurs cognitifs, la souplesse et la mobilité de l’esprit sont essentielles au potentiel créatif. La personne créative doit être capable de prendre différentes positions, doit accepter de se retrouver dans des situations inhabituelles, s’adapter, essayer plusieurs stratégies. Il est important d’appréhender le problème sous différents angles, la pluralité de ces visions entrainerait la diversité des idées qui comme nous l’avons vu précédemment est nécessaire à l’émergence de l’idée « originale ». C’est ce que nous appelons la flexibilité. Ce cheminement ne pourrait être abouti sans l’autoévaluation de son idée pour déterminer sa créativité. Ainsi, tous ces facteurs impliquent le traitement d’informations, de connaissances stockées dans la mémoire, donc le potentiel créatif se construit tout au long des expériences de la vie. Si le potentiel créatif se développe grâce aux expériences de vie, alors d’autres facteurs, combatifs et affectifs entrent en jeu. Nous allons donc nous intéresser à leur implication et leur répercussion sur la créativité d’un individu.
Organisation et fonctionnement de l’espace en classe
Dans un premier temps, il m’a semblé important d’agir sur l’organisation spatiale de ma classe de CE1. J’ai souhaité aller au delà d’une organisation traditionnelle, c’est à dire de celle où les élèves sont tous face au professeur instaurant des apprentissages magistraux. En effet cette mise en place ne permet pas aux élèves d’échanger, de travailler en groupe, de s’entraider, de partager … mais seulement d’interagir avec l’enseignant, comme si lui seul détenait les connaissances. Or, comme étudié précédemment, pour entrer dans une démarche créative, l’élève doit être acteur de ses apprentissage et doit également pouvoir partager avec ses camarades. Pour cela, mon choix premier a été de mettre en place au sein de ma classe des îlot de 4 élèves comme vous pouvez le voir sur le plan présenté ci dessous. Afin d’apprendre à connaitre les élèves et pour plus de facilité en début d’année, j’ai pris la décision de placer moi-même les élèves sur ces ilots. Ce choix m’a permis de mettre en place des situations d’échanges entre les élèves. Que ce soit en mathématiques, en français, en sciences, en arts plastiques … mettre les élèves en posture de recherche collectivement a été enrichissant pour ces derniers er pour moi même. En effet, entre eux, les élèves débattent, se questionnent, justifient leurs idées, les développent … Et toutes ces interactions participent à l’association d’idées nécessaire à la production créative. Si le me réfère aux théories exposées dans la première partie de ce mémoire, à travers cette organisation spatiale les élèves améliorent donc leur potentiel créatif. Mais, je me suis rendu compte que mes appréhensions face aux libertés possibles des élèves limitaient tout de même le potentiel de cette organisation spatiale. Ceci a créé des manques, comme l’absence de liberté de mobilité pour des enfants en recherche constante de mouvement, ou encore la restriction des camarades avec qui ils peuvent échanger ce qui réduit le panel des idées partagées. C’est pourquoi, après 7 semaines et au retour des vacances de la Toussaint, j’ai souhaité aller encore plus loin dans ma recherche liée à l’organisation spatiale. Voici un dessin explicatif de cette nouvelle utilisation de l’espace: Ce plan montre bien que la disposition des îlots reste similaire. Néanmoins, j’ai souhaité modifier la fonctionnement de cette mise en place. Afin de permettre aux élèves de se déplacer davantage, j’ai orchestrer des déplacements tout au long de la journée. Je m’explique, à chaque changement de disciplines, les élèves étaient amenés à changer d’îlot. Je tiens à préciser que les groupes restaient identiques. Afin de faciliter ces déplacements, j’ai obtenu et mis en place dans la classe des tours de rangements, offrant à chaque élèves son propre casier. Les élèves pouvaient de ce faite y entreposer leurs matériels scolaires. À chaque changement de disciplines les élèves se rendaient à leur casier pour y ranger le matériel dont il n’avait plus l’usage et récupérer celui nécessaire pour la séance suivante. En effet les élèves se déplaçaient en groupe d’îlot pour chaque changement, vous pouvez constater que ce fonctionnement conservait un certain attrait directif, leur laissant peu de liberté. Je l’explique toujours par mes craintes de perte de contrôle sur les élèves. Cependant cette nouvelle utilisation de l’espace m’a permis d’obtenir de la part des élèves plus de concentration dans les situations d’apprentissages. En effet, en leur permettant les déplacements, il se sentaient mieux physiquement et moralement. Par exemple, un élève en échec dans une séance de mathématiques va, grâce à ce changement d’espace, plus facilement entrée dans l’apprentissage suivant. Finalement changer d’espace, c’est obtenir une nouvelle chance de réussite. Au regard de mes résultats sur cette expérimentation, j’ai souhaité aller au delà de mes appréhension en proposant dès la rentrée de Janvier, un nouveau fonctionnement spatiale.
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Table des matières
Introduction
1. Comment libérer la créativité des élèves dans l’environnement scolaire ?
2. Pourquoi faut-il développer la créativité des élèves ?
3. Qu’entend-on part enseigner la créativité à travers des situations pédagogiques créatives ?
4. Questionnement et hypothèse
Première partie: Contexte scientifique
1.1 Histoire et définitions de la créativité
1.2 Le processus créatif
1.3 Le potentiel créatif
1.3.1 Les facteurs cognitifs
1.3.2 Les facteurs conatifs et affectifs
1.4 Les environnements extérieurs à l’école ayant un impact sur la créativité
1.4.1 L’environnement culturel
1.4.2 L’environnement socio-familial
1.5 le système scolaire et la créativité
1.5.1 L’impact du système scolaire sur la créativité
1.5.2 Programmes et créativité
1.5.2.1 Le cycle 1
1.5.2.2 Le cycle 2 et 3
1.5.3 L’engagement de l’enseignant dans le développement du potentiel créatif de l’élève
1.5.3.1 Définition de la créativité par plusieurs enseignants
1.5.3.2 Enseigner la créativité, est-ce possible ?
1.5.3.3 Enseignement créatif et créativité des élèves
1.6 L’évaluation du potentiel créatif des élèves
Deuxième partie: Pratiques pédagogiques
Enseigner de manière créative pour libérer la créativité des élèves
2.1 Installation d’un environnement scolaire favorable au développement de la créativité
2.1.1 Organisation et fonctionnement de l’espace en classe
2.1.2 Les règles de classe
2.2 La posture de l’enseignant
2.2.1 L’importance des mots et du regard porté sur l’élève et son travail
2.2.2 La théatralisation au service du développement de la créativité
2.3 La mise en place de dispositifs totalement libres favorisent-ils l’expression créative des élèves ?
Exemple: le coin créativité
2.4 Analyse d’une séquence d’arts plastiques
2.4.1 Description du déroulement de la séquence
2.4.2 Analyse des productions d’élève
2.4.3 Analyse critique de la séquence
Conclusion
Bibliographie
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