Comment enseigner à un élève ayant des troubles de l’apprentissage?

« Offrir à tous les enfants des chances égales de réussite et préparer, pour tous, une intégration réussie dans la société » , voici ce que l’on peut lire dans le préambule du Bulletin Officiel de 2008. Derrière cette phrase, on trouve l’idée que l’enseignant doit prendre en compte les difficultés de chacun, et proposer avec bienveillance différents chemins pour permettre à ses élèves d’accéder aux mêmes connaissances. La bienveillance suppose la compréhension de l’autre mais aussi l’indulgence. Connaitre nos élèves, être à leur écoute, voici ce qui, selon moi, favorise leur bien-être et permet de les amener à développer leurs connaissances et leurs compétences dans un cadre serein. Ainsi, se retrouver face à un enfant en souffrance au quotidien, va à l’encontre de ces présupposés. Comme Francis Imbert, lorsque je parle d’enfant en souffrance, j’entends « (…) un enfant laissé en suspens ; abandonné, oublié, déserté ; un enfant en panne ; selon toutes les apparences mort au désir ; un enfant qui paraît avoir renoncé à tout espoir qui puisse s’ouvrir quelque chemin, quelque passe où s’engager ; un enfant que personne n’invite, n’appelle, n’interpelle. Un enfant qui ne peut s’autoriser. Un enfant cadenassé dans quelques images destructrices ; un enfant-bolide, avec lequel toute rencontre, tout commerce paraissent à jamais impossible (…) » . Ainsi, aider un élève en souffrance à reprendre confiance en ses capacités, à favoriser son bien-être pour qu’il puisse ensuite s’épanouir, me semble une évidence en tant que professeur des écoles.

Portrait d’un élève et de la relation enseignant/élève

Ayant eu connaissance de mon affectation assez tardivement, je n’ai pas eu d’informations sur mes élèves avant la rentrée et lors de la première période, le titulaire de la classe était en arrêt. Par conséquent, j’ai commencé cette année en travaillant avec un remplaçant. Il s’agit d’une classe de CE2/CM1 avec sept CE2 et quinze CM1. J’ai donc débuté l’année sans préjugés ou opinions sur chacun de mes élèves. L’élève de CM1, dont il est question dans cet écrit, est apparu dès les premiers jours comme un élève agréable, attachant ayant de multiples connaissances dont il fait part avec aisance à l’oral en employant un vocabulaire riche, même s’il rencontre parfois des difficultés à structurer sa pensée et à respecter les règles de la communication, telles que lever le doigt et attendre d’avoir la parole pour s’exprimer. Ainsi, j’ai rapidement pu me rendre compte que je pouvais m’appuyer sur cet élève sur les temps de mise en commun ou tout autre temps de restitution, du moins s’ils se font à l’oral. En effet, cet élève est capable de restituer les leçons apprises mais également de les réexpliquer avec ses propres mots à ses camarades. A ce stade, il apparaît donc comme un élève moteur de la classe. Quelle a été ma surprise lorsque j’ai corrigé ses cahiers ! Il s’est avéré que les capacités dont fait preuve cet élève à l’oral sont bien supérieures à ce qu’il peut produire à l’écrit. Tout d’abord, l’écriture est difficilement lisible car les lettres sont mal formées, mais il a également des difficultés à segmenter les mots et il lui arrive parfois d’intervertir des lettres à l’intérieur d’un mot . C’est la première barrière pour lire et corriger son travail, mais ça n’est pas la seule. Effectivement, il rencontre aussi des difficultés à se repérer sur la page de son cahier.

Il arrive que ces écrits figurent dans la marge, qu’il écrive entre les interlignes, que tout soit mis à la suite sans prendre en compte la présentation faite au tableau. Enfin, ce que cet élève est capable d’expliquer à l’oral, on ne le retrouve pas à l’écrit où il y a beaucoup d’erreurs. Pour donner un exemple, nous avons travaillé en conjugaison sur le présent. Cet élève, capable de réciter les désinences, d’expliquer la formation du présent, de conjuguer et d’épeler la conjugaison d’un verbe au présent à l’oral, ne parvient pas à écrire cette conjugaison sur son cahier . Cela a commencé à me questionner : pourquoi cet élève, capable de conjuguer un verbe au présent à l’oral n’est pas capable d’écrire la conjugaison de ce même verbe ? Là, où pour les autres élèves, l’écrit permet de construire, de s’approprier une connaissance, pour cet élève l’écrit semble une barrière. Comme s’il n’avait plus les connaissances dont il fait état à l’oral, une fois qu’il doit les écrire. Peu à peu, je me suis donc demandée si cet élève avait un trouble des apprentissages. Mes interrogations m’ont ainsi incitée à être encore plus observatrice vis-à-vis de cet élève.

Connaissances théoriques sur la dyspraxie et impact sur le quotidien dans la classe

La dyspraxie : définition

A l’heure actuelle, lorsqu’on regarde la classification internationale de référence des troubles, appelée Manuel Diagnostique Des Troubles Mentaux (DSM-IV), on ne parle plus de dyspraxies mais de TAC, c’est-à-dire de Troubles d’acquisitions de la coordination. Néanmoins, Michèle Mazeau, médecin spécialiste en neuropsychologie infantile, définit les dyspraxies comme « (…) des troubles du geste qui affectent l’habileté et la réalisation de certaines activités, en raison d’une anomalie de la gestion même du geste au niveau cérébral. C’est un trouble de la programmation gestuelle qui a des répercussions sévères dans l’ensemble du développement de l’enfant (en distordant ses premières expériences sensorimotrices), dans sa vie quotidienne (en affectant des gestes tels que se laver, manger, s’habiller) et dans son parcours scolaire, du fait de la dysgraphie, qui constitue d’ailleurs souvent le signe d’appel » . Lorsqu’une personne est atteinte de dyspraxie, il n’y a pas de lésions neurologiques avérées. La dyspraxie ne s’explique pas par un retard mental, un déficit sensoriel ou encore par un trouble du développement psychoaffectif. La définition de Michèle Mazeau met bien en avant le fait que la dyspraxie « touche spécifiquement la réalisation gestuelle et le traitement des informations visuospatiales » .

Il semble important de mentionner que l’on parle bien de dyspraxie au pluriel, car selon les chercheurs, il existe une typologie. Voici celle proposée par Laurence Vaivre-Douret, professeur des Universités en Neuropsychologie et Psychologie du Développement à l’Université Paris Descartes :
● « La dyspraxie idéatoire : trouble de la succession chronologique des différentes étapes dans la réalisation du geste pour manipuler l’objet.
● La dyspraxie idéomotrice : trouble de l’organisation du geste moteur en l’absence de manipulation réelle de l’objet (faire semblant de, imiter des gestes…).
● La dyspraxie visuoconstructive : troubles qui se révèlent dans les activités d’assemblage et de construction.
● La dyspraxie visuospatiale : trouble de l’organisation spatiale et de la structuration spatiale (reproduction de dessins…).
● La dyspraxie de l’habillage – se distingue d’un problème éducatif : difficultés pour s’habiller seul (boutonner par exemple).
● La dyspraxie bucco-linguo-faciale : difficultés pour réaliser les programmations motrices telles que souffler, siffler, tirer la langue… » .

A la lumière de cette typologie, la dyspraxie dite idéatoire et la dyspraxie visuospatiale sont celles qui semblent correspondre aux difficultés rencontrées par mon élève, notamment en ce qui concerne l’organisation de son travail et la succession des gestes graphiques. Toutefois, j’ai également noté que cet enfant rencontre des difficultés à faire ses lacets, ce qui pourrait laisser supposer qu’il y aurait peut-être également une dyspraxie de l’habillage. Enfin, mes lectures viennent corroborer une autre de mes observations. Effectivement, j’avais remarqué que mon élève, au fil des semaines, semblait de moins en moins impliqué et motivé dans son travail. Or le neuropsychologue B.P. Rourke a mis en avant l’idée de «troubles du comportement lié à la dyspraxie. Il peut être question de troubles réactionnels, secondaires à la souffrance et/ou aux distorsions induites par le trouble neuropsychologique dans les relations avec l’environnement affectif et/ou social : névrose d’échec, dépression marquée… » . Cela m’amène donc à m’intéresser aux manifestations de ce trouble au quotidien et à leurs répercussions sur les apprentissages.

Quelles sont les conséquences de la dyspraxie sur les apprentissages ? 

Les TAC ou dyspraxies ont de nombreuses conséquences sur le quotidien et les apprentissages. Ainsi, on peut noter des répercussions sur toutes les disciplines, notamment en mathématiques, mais aussi sur le comportement de l’élève.

Des répercussions sur toutes les disciplines

Comme le dit Michèle Mazeau, le premier signal de ce trouble est annoncé par les difficultés rencontrées à l’écrit, par ce que l’on appelle une dysgraphie. Et, en effet, c’est d’abord ce qui m’a alarmé chez mon élève. Toutes les activités relevant de l’écrit, du graphisme, de la coordination motrice fine sont extrêmement pénibles pour des enfants étant dyspraxiques et dysgraphiques. En effet, lorsqu’un enfant a des troubles de l’apprentissage tels que la dysgraphie, il se retrouve, dès qu’on passe à l’écrit, en double tâche et arrive très vite en saturation cognitive. C’est-à-dire que pour une personne qui a automatisé les gestes de l’écriture, il réalise cette action sans même y penser, par habitude et il peut alors se concentrer sur le sens de sa phrase, sur l’orthographe, la grammaire et la conjugaison. Mais pour une personne qui n’a pas automatisé ces gestes, cela devient difficile. On parle de «tâche déficitaire » qui « même de « bas niveau », non automatisée, prendra toute l’énergie de l’enfant aux dépens des tâches conceptuelles pour lesquelles, il est pourtant performant. Si l’on n’y prend pas garde, on place l’enfant en situation de double tâche, c’est-à-dire dans l’impossibilité de libérer des ressources attentionnelles et cognitives pour comprendre, réfléchir, raisonner» . Par conséquent, il me semble essentiel de réfléchir aux modalités de travail afin de limiter les écrits.

Concernant la lecture, la compréhension de consignes écrites et l’apprentissage de leçons écrites, les élèves dyspraxiques doivent faire face là aussi, à des difficultés du faite qu’ils peuvent confondre l’orientation des lettres, avoir des difficultés à se repérer sur la page. La mémorisation de l’orthographe de mots est également un point faible des élèves dyspraxiques, puisque la copie et la lecture leur posent problèmes. Tous les éléments soulevés ici sont handicapant pour l’élève dans son quotidien, peu importe la discipline, même s’il semble évident que ces difficultés vont être accrues lors des temps d’apprentissages de la langue française. Toutefois, les chercheurs expliquent que les enfants dyspraxiques sont souvent brillants et très à l’aise à l’oral. C’est d’ailleurs le cas de mon élève, et par conséquent, il semble évident que je dois me servir de cette aisance comme point d’appui.

Des répercussions en mathématiques 

Le domaine mathématiques n’est pas non plus épargné. Là encore, les difficultés de l’enfant dyspraxique à se repérer sur une page se font sentir. Pour ces élèves, il est donc compliqué de poser une opération en ligne en respectant l’ordre unité, dizaine, centaine . Le résultat écrit est souvent erroné alors que l’élève a trouvé le bon résultat. Il rencontre les mêmes difficultés lorsqu’il s’agit de construire des figures géométriques, des graphiques ou encore des tableaux. En effet, comment reproduire une figure ou un tableau, lorsque l’on ne parvient pas à se représenter l’espace de notre feuille ou de notre cahier ? De même la dyspraxie relevant de troubles de la coordination, ces élèves se retrouvent à devoir manipuler règle et équerre en même temps, tout en suivant des étapes pour construire chaque élément. Or nous avons présenté une typologie de dyspraxies qui met en avant qu’il s’agit là d’une des difficultés auxquelles doivent faire faces les dyspraxiques.

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Table des matières

Introduction
I/ Portrait d’un élève et de la relation enseignant/élève
II/ Connaissances théoriques sur la dyspraxie et impact sur le quotidien dans la classe
a. La dyspraxie : définition
b. Quelles sont les conséquences de la dyspraxie sur les apprentissages ?
1) Des répercussions sur toutes les disciplines
2) Des répercussions en mathématiques
3) Des répercussions sur le comportement
c. En quoi la recherche du bien être à l’école peut favoriser les apprentissages ?
III/ Les mises en œuvre dans la classe et les conséquences sur le travail de l’élève
a. Organisation du travail
1) Le bureau
2) Le cahier et la mise en activité
b. Le travail au quotidien
1) Les polycopiés
2) Le numérique
3) La dictée à l’adulte
c. La calligraphie
Conclusion
Bibliographie et sitographie
Annexes

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