Comment différencier les rituels en mathématiques pour qu’ils soient un moment d’apprentissage profitable à tous ?

Lors de mon premier stage en responsabilité dans ma classe de moyenne section constituée de 21 élèves, j’ai mis en place un rituel sur les étiquettes de présence. Les élèves devaient trouver leur étiquette et la placer sur une affiche soit dans la colonne fille soit dans la colonne garçon. Une fois tous les élèves arrivés, lors du 1er regroupement de la journée, j’utilisais cette affiche pour demander aux élèves de compter « d’une seule voix » les étiquettes et de m’indiquer sur quel nombre de la frise numérique placer la flèche pour nous rappeler le nombre d’élèves présents. Dans un deuxième temps, je désignais un élève pour qu’il vienne compter les étiquettes de la colonne des filles puis un autre élève pour la colonne des garçons. J’ai pu constater lors du comptage groupé que les élèves n’avaient pas tous la même maîtrise de la comptine numérique. Certains la maîtrisaient très bien, d’autres tentaient tant bien que mal de suivre le flot des nombres chantés, oubliant des nombres mais prêtant attention à la comptine récitée par les autres pour raccrocher le chant et un dernier groupe ne participait pas (timidité, crainte de se tromper ou ignorance de la comptine) ou chantait les nombres dans un langage très approximatif. Je me suis alors demandé comment faire pour adapter ce support ainsi que les exercices proposés pour permettre à tous les élèves de progresser en fonction de leur niveau de compétence.

Pour atteindre cet objectif j’ai compris qu’il convenait de différencier les rituels. La problématique suivante s’est alors dégagée : Comment faire pour différencier des rituels mathématiques afin qu’ils soient un moment d’apprentissage profitable à tous?

Ce mémoire aura pour but dans une première partie de faire un point sur les rituels : ce qu’ils sont, leur intérêt, leur place dans les textes officiels, ce sur quoi nous nous appuierons pour mesurer leur efficacité. Puis dans une deuxième partie d’expliciter les scénarios mis en place en période 1, la réflexion engagée suite à ma volonté de vouloir les rendre profitables pour tous ainsi que les modifications que j’ai apportées aux rituels initiaux. Il se terminera par une troisième partie dans laquelle je ferai état des données recueillies au cours des différentes périodes et tenterai d’analyser ces données ainsi que les modifications mises en place afin de dégager des pistes à suivre visant à résoudre la problématique exposée dans cet écrit.

Les rituels

Définition

En général / étymologie
Le terme rituel est construit sur le mot rite. La définition du mot rite qui vient du latin ritus (rite, cérémonie religieuse) dans le Larousse est : « Ensemble des règles et des cérémonies qui se pratiquent dans une Église particulière, une communauté religieuse ». Son utilisation première relevait donc du domaine religieux, comme nous le confirment les écrits du sociologue français Emile Durkheim où le rite est décrit comme un élément fondamental de ce qui constitue la religion, dans la mesure où il exprime et renforce le sentiment d’appartenance. Quant à lui, le mot rituel, qui vient du latin ritualis liber (livre rituel), a pour définition dans le Larousse : « Gestes, symboles, prières formant l’ensemble des cérémonies d’une religion ». La connotation religieuse est donc elle aussi présente dans la définition première de ce qu’est un rituel. Bien que les définitions premières de ces deux termes évoquent un caractère religieux, les mots rite et rituel ont aussi un sens plus global qui évoque l’idée d’un événement commun ou individualisé visant une célébration. Cette dernière peut être religieuse : baptême, circoncision, communion, l’Aïd, Yom Kippour …. ou « laïque » : anniversaire, fête nationale telle que le 14 juillet en France ou le 4 juillet aux Etats-Unis, perte d’une dent avec la venue de la petite souris, coucher des enfants le soir… Nous pouvons constater dans les exemples cités ci-dessus que les rituels peuvent être identifiés par l’association de deux éléments à savoir, comme défini par Emile Durkheim , « des règles de conduite » ou en d’autres termes une succession d’actions prédéfinies et porteuses de sens ainsi que leur répétition au fil du temps.

A l’école maternelle

Il est indiqué dans l’arrêté relatif au référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation du bulletin officiel hors-série du 25 juillet 2013 que la première des compétences du professeur des écoles est de savoir transmettre et faire partager les principes de la vie démocratique ainsi que les valeurs de la République : la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité, le refus de toutes les discriminations.

Cela implique, sans aucune dérogation possible, que lorsqu’un enseignant met en place un rituel dans le cadre de son enseignement, la définition de ce type de rituel ne fait en aucun cas référence à son sens premier mais bien seulement aux éléments qui le constituent. En effet, le rituel scolaire est totalement dénué d’un quelconque rapport au domaine religieux. Le rituel à l’école appartient donc à la « famille » des rituels laïques. Il est utilisé par les enseignants pour ce qu’il représente en termes d’application de règle et de répétitivité. Sophie Briquet-Duhazé écrit d’ailleurs que : « Le terme rituels désigne […] les règles, les habitudes qui organisent la vie de la classe au quotidien […] » ce qui rejoint la définition que nous avons établie suite à notre réflexion.

Outre ces deux éléments, un dernier point permet de définir le rituel à l’école maternelle. En nous appuyant sur la définition du rituel par Anne-Marie Gioux , Membre du Conseil scientifique de l’AGEEM, partie elle-même de la définition donnée par le philosophe Jean Maisonneuve : « C’est un système codifié de pratiques, sous certaines conditions de lieu et de temps, ayant un sens vécu et une valeur symbolique pour ses acteurs et ses témoins, en impliquant la mise en jeu du corps et un certain rapport au sacré ». Nous pouvons établir qu’il est essentiel que le rituel scolaire soit porteur de sens. Il ne faut pas qu’il soit, comme elle l’évoque, lié au conditionnement. Cette affirmation est renforcée par les réflexions de Catherine Dumas , Inspectrice de l’éducation nationale chargée de mission maternelle pour le département du Gard et Hélène Marquié-Dubié , Maître de conférences en psychologie puisqu’elles insistent sur le fait qu’un rituel ne doit pas être une activité figée, vide de sens, car il ne s’agit alors plus d’un rituel, mais d’une routine. René Amigues , Professeur des universités en sciences de l’éducation, les rejoint lorsqu’il parle de l’inutilité de « rituels creux, vidés de leur sens qui tournent à vide, de simulacres de rituels qui ne sont pas assez structurants ». La définition de la routine dans le Larousse étant la suivante : « Habitude mécanique, irréfléchie, et qui résulte d’une succession d’actions répétées sans cesse », la nécessité de donner du sens au rituel mis en place en classe devient alors évident. En effet, un rituel qui n’amènerait pas à un moment donné l’élève dans une réflexion ou dans un apprentissage ne remplirait plus son rôle puisqu’il ne serait alors que l’exécution mécanique d’actions sans sollicitation de l’intellect.

Les éléments complémentaires apportés par cette recherche m’ont permis de mieux cerner les caractéristiques primordiales des rituels à destination des élèves de maternelle. Ces rituels doivent être dénués de toute connotation religieuse, réalisés de manière régulière, être porteurs de sens et rester porteurs de sens malgré leur répétition. Il m’est alors paru nécessaire de vérifier les raisons qui justifiaient l’utilisation des rituels dans le cadre scolaire.

Pourquoi les rituels

Symbolique / Portée

Nous avons vu dans la définition que nous avons donnée du rituel scolaire les éléments essentiels qui le constituent (règles, répétition et porteur de sens). Cependant, au-delà de ce qui qualifie un rituel, il est essentiel de prêter attention à ce qu’il véhicule. En effet, en nous référant à nouveau à la définition d’Anne-Marie Gioux , nous pouvons constater que bien qu’un rituel en milieu scolaire soit dénué de toute connotation religieuse, il conserve son rapport au sacré de par la symbolique primitive, tel le passage d’un état à un autre (passage de l’état d’enfant à celui d’adulte), qui lui est attachée. Par exemple, l’enfant qui, chaque matin, quitte son parent pour rejoindre cette mini société qu’est l’école passe du statut d’enfant à celui d’élève. Changement de statut accompagné par une succession d’actions définies, individualisées et répétées quotidiennement. Cette idée de symbolique peut aussi être retrouvée chez Hélène Marquié-Dubié lorsqu’elle évoque l’ambiguïté que présente ce terme de par son origine religieuse « une activité rituelle est quelque chose de plus qu’une simple activité, c’est le lien établi grâce à cette activité entre le profane et le religieux. Le rituel est un pont entre deux mondes ». Cette  caractéristique du rituel est une nouvelle fois mise en avant par le sociologue Erwin Goffman lorsqu’il montre de quelle manière le rituel : « organise les rapports sociaux en ouvrant ou fermant un espace-temps aux règles particulières » rapprochant ainsi le rituel de la cérémonie, lui conférant ainsi une valeur symbolique extrêmement forte. Ces éléments nous permettent de comprendre à quel point le rituel peut être important du point de vue de l’élève puisqu’il lui permet de définir un espace-temps mais aussi de créer un lien entre des espaces différents dans lesquels il doit évoluer.

Grâce aux articles que j’ai pu lire afin de mettre à jour les informations exposées ci-dessus, j’ai pris la mesure de la forte valeur symbolique véhiculée par les rituels. Il m’est alors paru pertinent d’orienter mes recherches afin de répertorier les effets que pouvaient avoir les rituels sur les élèves. Le prochain paragraphe fera donc état des réponses que j’ai pu rassembler.

Effets

À la lecture des recherches qui ont été menées sur les rituels, force est de constater que leurs effets sont multiples. En effet, comme l’explique Hélène Marquié-Dubié, les rituels sont rassurants, ils permettent de créer un climat sécurisant et aident les enfants à prendre confiance dans cet environnement nouveau. Mais ils permettent également à l’élève en devenir de se créer des repères dans ce nouvel espace et d’en prendre ainsi possession. Le Docteur en sciences de l’éducation Marie-Thérèse Zernato-Poudou ajoute à ces effets le caractère collectif impliqué par les rituels. Propos soutenus par un autre Docteur en sciences de l’éducation Patrick Baranger lorsqu’il explique que « le rituel crée un sentiment d’appartenance, le sentiment d’être partie du groupe, dans un espace partagé ». Catherine Dumas partage elle aussi cet avis puisqu’elle explique que « le rituel crée du lien social, il relie au collectif ; il est de l’ordre de la rencontre et de l’alliance ». Le lien ainsi décrit entre les rituels et la socialisation entraîne à la fois la création d’un groupe classe, l’intégration de chaque élève dans cet ensemble pour obtenir l’unité de ce groupe ainsi que l’établissement de règles et de comportements permettant le bon fonctionnement de cette tribu/communauté. Il découle du cadre très strict des rituels la création d’un espace-temps propice à l’autonomie. En effet, n’ayant que très peu de marge de manœuvre, les élèves peuvent évoluer dans l’exécution de la tâche sans l’intervention d’un tiers. De plus, la répétition et la régularité des rituels permettent aussi de garantir aux élèves les plus fragiles une sécurité intellectuelle et affective qui leur permettra au fil du temps de se sentir de plus en plus en confiance et de concentrer ainsi leur attention sur les apprentissages.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. LES RITUELS
A. Définition
1. En général / étymologie
2. A l’école maternelle
B. Pourquoi les rituels
1. Symbolique / Portée
2. Effets
C. Leur présence dans les textes officiels
D. Sur quoi s’appuyer pour mesurer leur efficacité
II. EXPERIMENTATIONS
A. Description des rituels en période 1
1. L’appel
2. La boîte opaque
3. Le train et les voyageurs
B. Réflexions sur ces rituels
C. Description des nouveaux rituels
1. L’appel
2. La boîte opaque
3. Le train et les voyageurs
III. DONNEES ET ANALYSE
A. Données recueillies
1. Evaluation diagnostique – période 1 et 2
2. Evaluation formative – période 3 et 4
B. Analyse des données
C. Réflexion sur l’efficacité des rituels modifiés
CONCLUSION

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