« Ce qui est insupportable au fond, ça n’est pas le fait que des enfants s’interrogent, ce qui est insupportable c’est de constater combien l’école est aujourd’hui confrontée aux dérives du relativisme généralisé, à la perte de repères qui traverse notre société toute entière. De ce point de vue l’école n’est que le révélateur de ce qui se passe dans la société. » Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education Nationale, le jeudi 22 janvier 2015 à Matignon.
Comme l’affirmait ici la Ministre de l’Education Nationale, Mme Vallaud-Belkacem, l’école est un microcosme de la société. Les attentats de l’année 2015 et les questionnements qu’ils ont soulevés ont mis en lumière la fracture sociale qui grandit en France. Les inégalités sociales, territoriales, ont été pointées du doigt, l’importance d’une réaction au sein de l’Ecole a alors fait l’unanimité.
La diversité culturelle est un thème qui a largement été abordé dans les débats. Le sursaut collectif post-traumatique a voulu que des mains soient tendues, pour pouvoir vivre ensemble, pour montrer l’acceptation de toutes les cultures. Parallèlement à cela, plusieurs actes islamophobes, racistes et antirépublicains continuent d’entacher l’unité nationale. Ainsi, l’observation des faits de société traduit bien l’objet du problème que nous allons traiter tout au long de ce mémoire.
Apports théoriques
Qu’est-ce que l’interculturel ?
Définitions
Dans le langage courant, « interculturel » se recoupe souvent, comme le rappelle le Conseil de l’Europe , avec « multiculturel ». Cette institution nous explique que l’adjectif « multiculturel » fait le constat d’une hétérogénéité de la société, tant sur le plan confessionnel, que langagier ou culturel. En revanche, le terme «interculturel » met en lumière les interactions qui peuvent exister entre ces différents groupes. C’est ici la rencontre avec l’hétérogénéité qui est soulignée et on peut d’ailleurs, dans cette rencontre, créer des « identités communes», se rendre compte de similitudes. D’après le Larousse, « interculturel » est un adjectif décrivant ce « qui concerne les contacts entre différentes cultures ethniques, sociales, etc… ».
Mais, « Interculturel » est un adjectif composé à partir du préfixe « inter » et du nom « culture », nous pouvons donc nous interroger sur ce qu’est la culture. Daniel Cuche explique qu’elle est une notion qui s’est construite au fil des recherches dans les sciences sociales. Au départ utilisé pour caractériser le travail de la terre, ce terme est au fur et à mesure devenu polysémique pour indiquer la formation et l’éducation de l’esprit, puis la civilisation. Il définit alors l’ensemble des connaissances, des savoir-faire, des traditions et des coutumes propres à un groupe humain, à une civilisation. Le préfixe inter exprime la réciprocité, l’action mutuelle. Ainsi, dans la mesure où les institutions relevant du Conseil de l’Europe privilégient le terme d’interculturel et parce qu’il englobe cet aspect interactif, nous utiliserons l’adjectif interculturel ici, pour parler d’éducation interculturelle. Toutefois, dans la seconde partie notamment, qui comprend la recherche de terrain, « éducation à la diversité culturelle » sera également utilisé pour faciliter une compréhension par tous .
L’éducation interculturelle
L’éducation interculturelle fait écho à la définition que nous venons d’énoncer. Il s’agit finalement d’amener les générations futures à avoir un regard sur leur(s) culture(s) et sur les cultures, qui favorise les échanges, les interactions ainsi que les coopérations. Dans le cadre de l’école, il serait question de mettre à profit le cadre multidisciplinaire, mais aussi interdisciplinaire afin de mener les élèves vers des connaissances, des capacités et un état d’esprit qui vont s’avérer propices, voire nécessaires, aux échanges interculturels . C’est en comprenant et en allant vers la diversité culturelle que l’on pourra tendre à diminuer les attitudes de xénophobie, c’est-à-dire, étymologiquement, de peur de l’étranger. Ainsi, la démarche d’éducation interculturelle s’inscrit indéniablement dans le vivre ensemble.
De l’importance de la culture commune dans les valeurs républicaines françaises
La société française s’est construite et a construit son Ecole avec la conviction que pour vivre ensemble, il nous faut partager une culture commune, nationale. C’est à travers cela qu’elle pense développer le sentiment d’appartenance à la nation française. Cela est visible à la fois dans le système d’intégration français, mais aussi plus particulièrement dans l’institution scolaire.
Le système d’intégration français
Lorsque l’intégration des immigrés en France a commencé à être considérée, celle-ci s’est d’abord traduite par une volonté d’assimilation. En effet, selon Françoise Lorcerie , il était souhaité que les populations immigrées s’imprègnent de la culture dite française et « abandonnent » leur culture d’origine. On pensait qu’ainsi, les personnes immigrées feraient partie intégrante de la France et seraient acceptées comme des citoyens, désirant prendre part au projet de l’Hexagone. Finalement, ce modèle est controversé. L’assimilation n’empêche pas les discriminations, il n’y aurait donc pas de corrélation entre le rapprochement culturel et la considération en tant que français. Celle-ci créerait alors une catégorisation des personnes immigrées.
Toutefois, la France exprime aujourd’hui, et depuis les années 1960 une volonté politique d’intégration . Que doit-on entendre par ce terme ? Être intégré, c’est faire partie d’un ensemble, dans ce cas ce serait donc faire partie de la société. L’intégration à la française, contrairement à l’assimilation, respecte la diversité culturelle, pourvu que celle-ci soit exercée dans le domaine du privé ou familial, par opposition à l’espace public, afin de ne pas nuire à l’unicité du groupe. Elle se base sur une action forte des pouvoirs publics, qui, par le biais de leurs institutions, ou par la voie législative, doivent permettre cette intégration et cette étanchéité du domaine public aux différences culturelles. L’Hexagone, par ce biais, se distingue fortement de ses voisins britanniques qui se situent plutôt dans un modèle multiculturaliste où chacun peut exprimer sa culture, dans le domaine public y compris . Ainsi, le système d’intégration français prend peu en compte les échanges entre les cultures, puisque celles-ci ne s’expriment que dans le domaine privé.
Enfin, ces dernières années, on a vu dans le vocabulaire français, le substantif «inclusion » prendre une importance croissante. Alors, qu’entend-on par inclusion et quelle différence avec ce qui a été décrit auparavant ? C’est depuis les années 1990, sous l’impulsion de l’Europe que ce terme est apparu. Dans l’univers scolaire, on utilise dorénavant le terme d’inclusion et non plus d’intégration, dans le cadre de la scolarisation des élèves en situation de handicap et des élèves allophones . Par inclure, on entend faire partie d’un tout, être inclus dans un ensemble. Aujourd’hui le gouvernement utilise ce terme plutôt que celui d’intégration dans ses politiques publiques, à l’image du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. L’idée est de donner à chacun les moyens de pouvoir participer pleinement à la vie de la société, pour devenir une pièce du puzzle sociétal.
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Table des matières
Introduction
Matériel et méthode
Schéma de l’étude
Critères d’inclusions
Données recueillies
Analyse statistique
Résultats
Discussion
Conclusion
Biblioographie
Tableaux
Annexes