Comment améliorer la compréhension de l’oral en chinois ?

La compréhension de l’oral est devenue une compétence indispensable et fondamentale dans le processus d’apprentissage

   Afin de mieux étudier le problème de compréhension orale dans l’enseignement du chinois, il me semble tout à fait intéressant d’étudier la place de la compréhension de l’oral dans l’histoire des méthodologies d’enseignement des langues étrangères. La compréhension de l’oral a été longtemps négligée dans les méthodologies traditionnelles qui mettaient l’accent sur la traduction et la grammaire. Les apprenants s’entraînaient systématiquement avec les versions et les thèmes. Cette méthodologie ne permet pas de développer une réelle compétence à l’oral. L’importance de l’oral a été soulignée dans la suite des méthodologies et des approches. La méthodologie audio-orale permet d’ apprendre l’oral de façon automatique et non naturelle. L’activité de l’oral en classe est réduite au modèle de stimulus / réponse / renforcement. La méthodologie structuro- globale audio-visuelle a su considérer la langue comme un outil de communication et a intégré les éléments paralinguistiques dans l’enseignement. D’après Seara (2002), elle permettrait d’apprendre vite à communiquer oralement mais n’offrirait pas la possibilité pour un apprenant de comprendre deux locuteurs natifs parlant entre eux (avec un rythme normal d’élocution) et ou de comprendre des médias (TV, radios) destinés à des natifs. Elle a continué à préparer l’apprenant à travailler de manière mécanique pour faire acquérir des automatismes mais cela n’a pas permis de répondre au besoin de communication véritable des apprenants. L’approche naturelle considère l’apprentissage d’une langue étrangère de la même manière que l’acquisition de la langue maternelle; c’est à dire que l’apprenant doit être exposé massivement à la langue cible visant à favoriser l’acquisition. Elle ne doit jamais forcer l’apprenant à parler avant qu’il ne se sente prêt. Cependant les documents utilisés sont trop souvent modifiés afin de les rendre compréhensibles pour les apprenants. Ceux ci se trouvent handicapés en dehors de la classe car ils sont habitués à une information trop simplifiée qui ne correspond pas à la situation réelle de la vie courante. Dans l’approche communicative, l’apprenant doit être actif (au contraire de l’approche naturelle) et les compétences de la compréhension de l’oral ainsi que l’expression orale, en tant que composantes de la communication orale, sont mises en avant. Pour la compréhension de l’oral, l’apprenant est exposé aux dialogues ou documents qui représentent des situations de communication inspirées par celles du quotidien d’un touriste dans le pays cible (par exemple, faire des achats dans un supermarché ou demander son chemin). Pendant l’activité de compréhension, il s’agit avant tout, pour l’apprenant, de repérer le sens du dialogue. Pour mieux comprendre le contenu, il faut mettre en place des stratégies de compréhension. L’apprenant auditeur dans cette approche devient “un communicateur, un partenaire dans la négociation du sens ou du message communiqué”, Cornaire, 1998) Par rapport à l’approche communicative qui propose des situations réelles mais simulées, l’approche actionnelle met l’apprenant dans la situation d’apprentissage la plus authentique possible avec, pour finalité, de former l’élève à être un acteur social. Dans cette situation d’enseignement apprentissage des langues et des cultures, l’apprenant n’effectue plus une succession d’exercices, mais une suite de tâches liées à des activités sociales, fondées sur l’interaction et qui doivent être transposables en situation réelle de communication. La prise d’autonomie dans l’approche actionnelle est encore plus forte par rapport à l’approche communicative. L’apprenant doit être plus armé pour communiquer et agir dans les multiples situations. Je vais tenter ci-dessous de mettre en évidence, dans un tableau récapitulatif, un aperçu de l’évolution et de la place de la compréhension de l’oral dans l’histoire des méthodologies d’enseignement des langues étrangères.

Deux modèles différents dans le processus de la compréhension de l’oral

  Pour décrire le processus de la compréhension orale, on se réfère à l’article de M.J. Gremmo et H. Holec « La compréhension orale : un processus et un comportement » (1990), qui nous permet de décrire ce processus selon deux modèles différents. Dans l’un, la construction du sens d’un message est envisagée comme une démarche sémasiologique : de la forme au sens (ascendant), dans l’autre, elle est envisagée comme une démarche onomasiologique : du sens à la forme (descendant). Modèle ascendant ou approche bottom-up (“de bas en haut” en anglais) : de la forme au sens ; dans ce modèle, le processus de compréhension est décrit de la manière suivante :
– d’abord l’auditeur isole la chaîne phonique du message et identifie les “sons” qui constituent cette chaîne (phase de discrimination) ;
– puis il délimite les mots, groupes de mots, phrases que représentent ces sons (phase de segmentation) ;
– ensuite il associe un sens à ces mots, groupes de mots et phrases  (phase d’interprétation) ;
– enfin, il construit la signification globale du message en “additionnant’’ les sens des mots, groupes de mots et phrases (phase de synthèse).
Modèle descendant approche top-down (“de haut en bas” en anglais) : du sens à la forme ; dans ce modèle, le processus de compréhension est décrit de la manière suivante :
– d’abord, l’auditeur établit des hypothèses sur le contenu du message en se fondant sur les connaissances dont il dispose, et sur les informations qu’il tire de ce message au fur et à mesure de son déroulement ;
– parallèlement, l’auditeur établit, lors du défilement du message, des hypothèses formelles fondées sur ses connaissances des structures des signifiants de la langue dans laquelle est décodé le message ;
– ensuite l’auditeur procède à la vérification de ses hypothèses, cette vérification s’opère, non pas par une discrimination linéaire et exhaustive de la chaîne phonique, mais par une prise d’indices permettant de confirmer ou d’infirmer ses attentes formelles et sémantiques ;
– la dernière phase du processus, enfin, dépend du résultat de la vérification.
Je m’appuierai, dans le 2ème chapitre, sur ces deux modèles différents du processus pour analyser les problématiques que j’ai constatées sur le terrain ( d’enseignement ).

Complémentarité de deux processus

  Pour conclure, le processus ascendant et le processus descendant doivent se compléter dans l’activité de compréhension de l’oral. (y compris les exercices de l’intonation et la discrimination auditive…etc…). Le processus ascendant permet aux élèves de construire le sens à partir des éléments concrets des élèves . Tandis que le processus descendant peut aider l’apprenant à établir un cadre de référence mentale qui lui facilite l’anticipation pour ensuite descendre vers le lexique ou la grammaire de la langue cible. Ces deux processus sont indispensables dans la progression de l’apprentissage.

Conclusion générale

   L’augmentation de l’exposition de la langue cible n’est peut-être pas la seule condition pour que les élèves progressent. A travers cet entraînement, les élèves sont conscients de l’importance de l’anticipation, savent prendre en compte le contexte du document et s’approprient les stratégies qui leur conviennent pour construire une réelle compétence de compréhension de l’oral. L’objectif de cette recherche est également de rendre les élèves actifs, autonomes et de les aider à devenir de vrais acteurs dans leur processus d’acquisition – apprentissage. La notion de la carte mentale aide les élèves à mieux organiser et restructurer leurs acquis qui sont souvent stockés et accumulés tout simplement dans leur tête sans être triés et reliés. Cette expérimentation a montré son efficacité dans l’activité de compréhension de l’oral. La complémentarité des deux processus (ascendant et descendant) devrait être introduite dans la progression. La démarche ascendante est souvent privilégiée dans les méthodes traditionnelles. ce qui ne permet pas de développer les stratégies d’écoute (exemple : anticipation, faire des hypothèses …). L’enseignant devrait équilibrer les entraînements par la démarche descendante. Les stratégies proposées, certes, ne sont pas exhaustives. Mais j’espère que ces expérimentations pourront aider et inspirer autrui dans la réflexion autour de la compréhension orale. Les notions de chinois (oral, écrit) apprises en secondaire seront un outil culturel, linguistique et économique important pour ces adultes en devenir.

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Table des matières

1. Place de la compréhension de l’oral dans les différentes méthodologies d’enseignement des langues étrangères 
1.1. La compréhension de l’oral est devenue une compétence indispensable et fondamentale dans le processus d’apprentissage
1.2. Quatre innovations du CECRL
1.3. Compréhension orale dans les nouveaux programmes BO 2015 – développement des stratégies de la compréhension orale chez les apprenants
1.4. Deux modèles différents dans le processus de la compréhension de l’oral
2. Constats et expérimentation de l’anticipation et de la prise de notes dans les différentes étapes de l’écoute pour favoriser l’autonomie des élèves
2.1. Dans les institutions privées
2.1.1. Les méthodes utilisées
2.1.2. Le profil de l’apprenant
2.1.3. Avantages et inconvénients de cet enseignement
2.2. Dans les institutions publiques
2.2.1. Le profil de l’apprenant
2.2.2. Manuels utilisés
2.3. Problématiques
2.4. Mes investigations
2.4.1. La pré-écoute
2.4.1.1. Exemple d’une séance avec mes élèves de 5e
2.4.1.2. Exemple d’une séance avec mes élèves de 4e
2.4.2. L’écoute proprement dite
2.4.3. L’étape après écoute
2.5. Conclusion
3. Prise en compte, dans ses spécificités, de la langue chinoise et complémentarité de deux processus (ascendant et descendant) 
3.1. Une langue à tons
3.2. Système de transcription phonétique : Pinyin
3.3. Les types d’activités possibles de la compréhension orale
3.4. Complémentarité de deux processus
4. Problème d’hétérogénéité et exemple de pédagogie différenciée dans la compréhension de l’oral 
4.1. Constat sur le terrain
4.2. Mes expérimentations
5. Conclusion générale 
6. Bibliographie 
7. Annexes

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