Collaboration pédagogique entre professeursdocumentalistes et professeurs de disciplines

Formatrice à l’ESPE de Franche-Comté, investie dans la formation des professeursdocumentalistes (1e et 2e années) depuis 2001, responsable du Master MEEF second degré professeur-documentaliste de 2012 à 2015 et co-responsable depuis 2015, la possibilité offerte par l’ESPE à la rentrée 2015 de préparer un Master Recherche en éducation est devenue une opportunité que nous avons saisie en nous inscrivant en septembre 2015.Les raisons sont diverses : tout d’abord, inclure ce projet dans une démarche de trajectoire professionnelle et intellectuelle, puis, porter un autre regard sur notre pratique de formatrice en prenant l’habit de l’«apprenti-chercheur», enfin nous enrichir de l’apport de la recherche et hisser au grade de Master notre niveau de qualification.

La profession de professeur-documentaliste est un métier que nous avons choisi après des études littéraires et un passage par les bibliothèques.Profession à multiples facettes, elle relie deux champs disciplinaires différents : les sciences de l’information et de la communication et les sciences de l’éducation. Elle intègre l’éducation aux médias et à l’information, le numérique et ses potentialités en ce qu’il bouleverse l’accès aux savoirs et la construction de la connaissance, l’ouverture culturelle et artistique, la littérature de jeunesse et la lecture. C’est également un métier au cœur des évolutions sociétales qui touchent la jeunesse. La dimension enseignante de cette profession est pour nous fondamentale et incontournable et les valeurs portées par le métier de professeur-documentaliste conviennent à notre éthique et à notre perception de l’éducation.

Professeur-Documentaliste : une profession (encore) en construction

La profession de professeur-documentaliste est une profession récente qui s’est construite d’abord sur le terrain, à partir des pratiques professionnelles des acteurs des centres de documentation et d’information. L’institution, représentée par le Ministère de l’Education Nationale, a contribué également à sa construction à travers les textes officiels qui cadrent la profession mais c’est surtout l’apport des collectifs de professionnels et en particulier celui de la Fédération des Associations de Documentalistes et Bibliothécaires de l’Education nationale (FADBEN), devenue l’Association des Professeurs Documentalistes de l’Education Nationale en 2015 (APDEN) qui a permis la construction d’une identité professionnelle. Plus récemment, les apports de la recherche sur l’identité professionnelle des professeursdocumentalistes, sur la didactique de l’information-documentation et sur les pratiques professionnelles ont contribué à donner une légitimité scientifique à cette profession. Les différents aspects de cette construction professionnelle vont être abordés dans cette première partie.

La construction professionnelle des professeurs-documentalistes de l’Education Nationale en France est liée à différents facteurs dont le premier est, bien évidemment, celui de la création et de l’évolution des CDI (Centre de documentation et d’information) à partir des années 1960.D’après Maury (2010), le CDI, objet complexe, est à la fois un lieu documentaire, un lieu pédagogique, un lieu social et un lieu d’innovation, un lieu des savoirs et non d’un savoir ou d’une discipline. « Les CDI sont compris dans un sens large, comme des lieux habités et pratiqués : à la fois espaces d’information et de savoir(s) organisés autour d’une pluralité de fonctions constamment revisitées et objets de débats ; et, champ de pratiques, existant par les acteurs (professeurs-documentalistes, élèves, enseignants) et les activités qui les animent » (Maury, 2010, p.1).Le CDI a été depuis sa création un lieu d’innovations : innovation à travers l’espace particulier, différend d’une salle de classe, lieu d’autonomie pour le travail de l’élève, de lecture loisir, de travail de groupes, lieu d’innovation pédagogique avec la particularité de la relation éducative là encore différente des autres enseignants et enfin lieu d’innovation technologique avec l’intégration des TIC.

La profession de professeur-documentaliste est récente, méconnue, intégrant une dimension de bivalence, ce dernier étant à la fois un professionnel de l’information assurant la gestion, la diffusion et la communication de l’information au sein d’un établissement scolaire, responsable de la politique documentaire, de l’ouverture culturelle et un professeur construisant et menant des activités, des séances et des projets pédagogiques. La diversité de ses fonctions a rendu, dès le départ, difficile le positionnement du professeur-documentaliste. Dès le premier colloque de la FADBEN (Lille, 1980), la question de l’identité professionnelle, du positionnement pédagogique du professeur-documentaliste et de son rapport avec les autres disciplines est posée. Historiquement, le métier s’est construit à partir de différents axes (Chapron, 2011) que nous allons aborder dans la suite de cette présentation.

La construction d’un métier à partir des pratiques de terrain

L’identité des professeurs-documentalistes s’est construite essentiellement à partir des pratiques professionnelles des personnels affectés dans les CDI dans un processus de «Do it yourself» (Lehmans, 2012) que l’on peut traduire par « construis-toi, toi-même ».A partir de la création du CAPES en 1989, certification qui intègre donc le corps des documentalistes de l’Education nationale dans le corps des enseignants certifiés, certains d’entre eux ont privilégié plutôt le côté bibliothécaire de la profession, d’autres la dimension enseignante, travaillant avec des classes entières ou en collaboration avec les enseignants d’autres disciplines sur la formation à la culture de l’information : éducation aux médias, recherche et analyse de documents, évaluation de l’information, développement de l’esprit critique etc… Pourtant, malgré l’instauration de ce CAPES, subsiste un malaise identitaire que les textes officiels ne solutionnent pas. Ce malaise existe à l’intérieur de la profession (difficulté de construire une culture commune entre pairs) et à l’extérieur (manque de reconnaissance des enseignants et de l’ensemble de la communauté éducative).Il entraîne des difficultés d’exercice sur le terrain et a pour conséquence de générer une «mosaïque» de pratiques professionnelles, chaque professeur-documentaliste interprétant assez librement les textes institutionnels lui permettant ainsi de «colorer sa professionnalité» (Chapron, 2015). Ce flou est également persistant chez l’ensemble des collègues enseignants qui ne perçoivent pas véritablement le rôle et la fonction pédagogique de ces enseignants différents, exerçant dans un lieu autre qu’une salle de classe, peu ou pas utilisé par eux. Le CDI est alors souvent considéré comme un palliatif éducatif, un service et non ayant une fonction pédagogique (Maury, 2010). Cette non-reconnaissance des enseignants de discipline est renforcée par un positionnement professionnel de l’enseignant, dans le système éducatif français, légitimé à travers l’appartenance à une discipline scolaire et dans le « respect » de la hiérarchie des disciplines. De la même manière, pour les élèves, la reconnaissance d’un enseignant passe par la détention d’un savoir légitimé par l’institution.

Le positionnement officiel de l’Education Nationale

Du côté institutionnel, le flou identitaire sera partiellement levé par les textes officiels tout d’abord à travers la publication en 1986 d’une circulaire de missions qui vient d’être réécrite et publiée au Bulletin officiel de l’Education Nationale le 30 mars 2017 (Annexe 1), puis par la création du Capes de Sciences et techniques documentaires en 1989 et enfin par le Référentiel de compétences de 2013 qui intègre les professeurs-documentalistes dans le Référentiel commun à tous les enseignants et précise également leurs compétences spécifiques. Depuis la Loi de Refondation de l’école (13 juillet 2013), le Référentiel de compétences des enseignants détermine 14 compétences communes à tous les professeurs et personnels d’éducation, puis 5 compétences communes à tous les professeurs, 8 compétences spécifiques aux conseillers principaux d’éducation et 4 compétences propres aux professeursdocumentalistes (Annexe 2). D’après ce référentiel, le professeur-documentaliste d’un établissement scolaire est également un enseignant qui doit « savoir définir une stratégie pédagogique permettant la mise en place des objectifs et des apprentissages de l’éducation aux médias et à l’information, en concertation avec les autres professeurs et faciliter et mettre en œuvre des travaux disciplinaires ou interdisciplinaires qui font appel à la recherche et à la maîtrise de l’information. » Donc, les professeurs documentalistes enseignent, construisent des séquences pédagogiques « dans le but d’amener leurs élèves à construire des savoirs propres à l’information-documentation à partir de tâches fondées sur l’analyse et le traitement de matériaux informationnels ». (Duplessis, 2015, para. 5).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 -L’IDENTITE PROFESSIONNELLE DES PROFESSEURS-DOCUMENTALISTES
1. PROFESSEUR-DOCUMENTALISTE : UNE PROFESSION (ENCORE) EN CONSTRUCTION
1.1. LA CONSTRUCTION D’UN METIER A PARTIR DES PRATIQUES DE TERRAIN
1.2. LE POSITIONNEMENT OFFICIEL DE L’EDUCATION NATIONALE
1.3. L’APPORT ESSENTIEL DES COLLECTIFS DE PROFESSIONNELS
2 ENTRE IDENTITE POUR SOI ET IDENTITE POUR AUTRUI
2.1. LE CONCEPT D’IDENTITE
2.2. LES SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION : UN ANCRAGE IDENTITAIRE INDISPENSABLE
2.3. UNE IDENTITE POUR AUTRUI A LEGITIMER
3. S’APPUYER SUR LES REPRESENTATIONS POUR AGIR
3.1. LES REPRESENTATIONS SOCIALES
3.2. LES REPRESENTATIONS PROFESSIONNELLES
4. LA PROFESSIONNALISATION DES ENSEIGNANTS
5. ACQUERIR DES COMPETENCES PROFESSIONNELLES EN SITUATION
5.1. LA DIDACTIQUE PROFESSIONNELLE DANS LE CADRE DE CE TRAVAIL DE RECHERCHE
6. LE PARI DE LA COLLABORATION ENTRE LES ENSEIGNANTS
6.1. LA COLLABORATION ENTRE LES ENSEIGNANTS : REALITES DU TERRAIN
6.2. LA COLLABORATION ENTRE PROFESSEURS DE DISCIPLINES ET PROFESSEURS-DOCUMENTALISTES
7. SYNTHESE DU CHAPITRE 1
CHAPITRE 2 PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE ET HYPOTHESES
1. ELABORATION DE LA PROBLEMATIQUE
2. PRESENTATION DU DISPOSITIF DE FORMATION
2.1. LES INDICATEURS DE REUSSITE
CHAPITRE 3 – METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Véronique Lonchampt – Mémoire – Master2 – Recherche en éducation
1. PROTOCOLE DE RECHERCHE
1.1. LE FOCUS GROUP : UNE METHODE DE RECUEIL DE DONNEES
2. METHODE D’ANALYSE DU CORPUS
2.1. IRAMUTTEQ : LOGICIEL POUR L’ANALYSE DE NOTRE CORPUS
2.2. ANALYSE DU CORPUS DE SVT
2.3. ANALYSE DU CORPUS DOC-PHYSIQUE-CHIMIE
CHAPITRE 4 DISCUSSION
1. L’ABSENCE D’UN NOUVEAU CHAMP LEXICAL
1.1. L’EVOLUTION DES REPRESENTATIONS : DES RESULTATS PARADOXAUX ET INATTENDUS
1.2. RETOUR SUR LA PROBLEMATIQUE ET LES HYPOTHESES
1.3. CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
CONCLUSION

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