La préeclampsie se définit par l’association d’hypertension artérielle durant la grossesse à une protéinurie de plus de 300mg / 24h. Elle est retrouvée dans 10 à 15 % des grossesses dont 10 à 20% présentent une protéinurie. Cette pathologie est la préoccupation majeure des obstétriciens aussi bien à Madagascar que dans la plupart des pays africains. Souvent, elle touche les femmes primigestes avec une fréquence de 7 %
Cette préeclampsie représente une menace sur le pronostic vital fœtal et maternel. Ses complications peuvent toucher différents organes : sur le fœtus par un retard de croissance intra-utérine (RCIU) ou mort fœtale in utero (MFIU) ; sur le placenta par les hématomes rétro placentaires (HRP) ; sur le cerveau par la constitution d’éclampsie ; sur les reins par une installation d’insuffisance rénale par nécrose tubulaire ou parenchymateuse ; sur le foie conduisant au Hellp syndrome, les hématomes sous capsulaire du foie, la rupture hépatique, la stéatose hépatique. Ce Hellp syndrome peut se compliquer d’un trouble de la coagulation qu’est la coagulation intra vasculaire disséminée (CIVD).
RAPPELS
Historique
L’apparition d’une hypertension artérielle au cours de la grossesse n’a pas une signification univoque. Une première classification rationnelle a été publiée en 1972 sous l’égide de l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG). Par la suite, certaines modifications ont été effectuées aboutissant à la classification proposée en 1988 par le Comité de la Société internationale pour l’étude de l’hypertension artérielle gravidique (ISSHP) . Récemment, la National High Blood Pressure Education Program (NHBEP) classifie l’hypertension artérielle au cours de la grossesse en quatre grandes catégories.
Definitions terminologiques
❖ L’hypertension artérielle gravidique (HTAG)
Elle est aussi appelée HTA gestationnelle. Il s’agit d’une hypertension artérielle (HTA) induite par la grossesse, isolée, apparaissant au delà de la 20 ème semaine d’aménorrhée (SA), laquelle HTA disparaissant avant le 42ème jour du post-partum. Elle se définit par l’existence d’une pression artérielle systolique (PAS) supérieure à 140 mmHg et / ou une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mmHg.
❖ L’hypertension artérielle chronique
Si l’HTA existait avant la grossesse, et/ou avant la 20ème SA, et/ou persiste après le 42ème jour post-partum, on parle alors d’HTA chronique.
❖ La préeclampsie (PE)
Elle se définit par l’association de l’HTA gravidique et d’une protéinurie. La préeclampsie est modeste lorsque les chiffres tensionnelles sont modérément élevés et facilement contrôlables et la protéinurie de moins de 1g/24 h.
❖ La préeclampsie sévère
Il s’agit soit d’une association d’ HTA ayant une PAS > 160 mmHg et/ou une PAD ≥ 110 mmHg à une protéinurie de plus de 300 mg / 24h, soit l’association de l’HTA gravidique à un signe de souffrance d’organe : oligurie inférieure à 500 mL / 24h, ou hellp syndrome, ou des signes neurologiques (céphalée, flou visuel, bourdonnement des oreilles) voire une éclampsie, ou des signes fœto-placentaires (retard de croissance intra-utérine, oligoamnios).
❖ La préeclampsie surajoutée
La PE surajoutée se définit par l’existence de protéinurie chez une femme enceinte atteinte d’une hypertendue chronique
❖ L’éclampsie
L’éclampsie est la survenue de crise convulsive tonico-clonique généralisée chez une femme présentant une PE.
❖ Le syndrome HELLP
Le syndrome HELLP se définit par l’existence simultanée d’une triade biologique : hémolyse, élévation des enzymes hépatiques, thrombopénie. La coagulation intra vasculaire disséminée (CIVD) est l’évolution spontanée et grave du syndrome HELLP.
❖ La coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
La CIVD est l’évolution ultime et spontanée du syndrome HELLP.
❖ La protéinurie
Elle se définit comme, une présence anormale des protéines dans les urines qui est supérieur à 100mg/24H.
Epidémiologie
L’incidence de l’HTAG est de 10 à 15% des grossesses en Europe et aux EtatsUnis, dont 2 à 3% sont des prééclampsies graves. Cette incidence est nettement plus élevée dans les pays en voie de développement.
La prééclampsie est responsable d’une mortalité maternelle avec 0,1 et 5 pour 1000 cas. L’évolution vers le syndrome HELLP constitue le principal facteur de décès car l’éclampsie devient de plus en plus rare actuellement (0,56% à 5% des cas) à cause de la prise en charge thérapeutique disponible actuellement. Les facteurs de risques de l’apparition de l’HTAG retrouvés actuellement sont : la primiparité, les femmes ayant une activité physique et intellectuelle importante (la profession libérale et cadre supérieur, les personnels de service, les employées de bureau et de commerce, les ouvrières), les femmes appartenant à une classe sociale défavorisée, l’obésité, les femmes non tabagiques.
L’âge maternel et l’ethnie ne semble pas constituer un facteur de risque de l’HTAG en Europe. Aux Etats-Unis la race constitue un des facteurs de risque.
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Table des matières
I- INTRODUCTION
II- RAPPELS
II.1. Historique
II.2. Definitions terminologiques
II.3. Epidémiologie
II.4. Physiopathologie de la préeclampsie
II.5. Diagnostic clinique de la prééclampsie
II.6. Diagnostics paracliniques
II.7. Complications de la préeclampsie
II.8. Signes de gravité de la PE
II.9. Prise en charge de la forme grave de prééclampsie
II.10. LE SYNDROME HELLP
II.11. LA COAGULATION INTRA-VASCULAIRE DISSEMINEE (CIVD)
III- OBSERVATION
III.1. MOTIF D’HOSPITALISATION
III.2. ANTECEDENTS
III.3. HISTOIRE DE LA MALADIE
III.4. SUITES OPERATOIRES EN SOINS INTENSIFS REANIMATION
IV- COMMENTAIRES ET DISCUSSION
IV.1.EPIDEMIOLOGIE
IV.2. DIAGNOSTIC
IV.3. EVOLUTION CLINICO-BIOLOGIQUE
IV.4.TRAITEMENT
V- SUGGESTIONS
V.1. Mesures préventives
VI- CONCLUSION