Le Brain Gym
Pour effectuer du mouvement au quotidien, il existe notamment le Brain Gym avec ses 26 activités et les mouvements de l’ECAP (cf. annexe 6 p. 9) pour bien commencer la journée en mouvement. Le Brain Gym est une méthode utilisée depuis de nombreuses années déjà et semble convaincre ses utilisateurs. Les pionniers de cette méthodologie sont le Docteur Paul Dennison et sa femme Gail Dennison. Selon le couple Dennison (1992) “ le programme ne s’adresse pas seulement aux enfants, mais à toute personne intéressée à améliorer sa capacité d’apprentissage, que ce soit à l’école, à l’université, dans l’entreprise, dans le sport ou encore en thérapie “ (p. 5). Ainsi, ce programme est utilisée bien au-delà du cercle scolaire. De plus, le couple Dennison (1992) avance que “ la récompense pour celui qui applique les exercices Brain Gym ne se limite pas au seul niveau d’apprentissage scolaire, mais va bien plus loin, jusqu’à un meilleur apprentissage de la vie et donc un mieux-être “ (p. 5). Les effets du Brain Gym semblent être prometteurs ; en revanche ils n’ont pas été mesurés sur l’attention des élèves. La méthode possède bien des mouvements ayant un but précis avec pour objectif de développer des compétences scolaires précises ; en revanche, on ne fait jamais part des effets mesurables que ces mouvements peuvent avoir notamment sur l’attention. C’est la raison pour laquelle il nous semble intéressant d’effectuer une recherche afin de savoir si les effets du Brain Gym sur l’attention des élèves sont effectifs, voire mesurables.
Signaux de perte d’attention
Nous connaissons maintenant les différentes causes des pertes d’attention chez les élèves ; nous pouvons désormais chercher à percevoir ces pertes d’attention. Mais alors comment les pertes d’attention se traduisent-elles ? Sont-elles visibles chez tous les élèves ? Y a-t-il des éléments qui se distinguent chez tous les élèves, ou est-ce différent pour chacun ? Nous allons tenter de répondre à ces questions. Lors de nos différents stages, nous avons pu constater différents gestes et attitudes prouvant une diminution, voire une perte de l’attention chez les élèves : Au niveau corporel, nous avons pu remarquer que certains élèves bougent sur leur chaise ou se lèvent sans raison apparente. De plus, il arrive que certains élèves jouent avec un quelconque objet présent sur leur banc. Au niveau des distractions par des stimuli externes, tels que bruits dans la classe, sonnerie, bruit extérieur, etc. nous avons pu constater que les élèves réagissent tous différemment. En revanche, ils sont nombreux à se déconnecter de l’activité en cours et à perdre leur attention en raison de ces distractions. Comme le dit Caron (2002), “la capacité à conserver son attention sur la tâche principale est la résistance aux distractions“ (p. 23).
Lussier (2011) soutient ces propos en affirmant qu’un enfant qui “est facilement distrait par ce qui se passe autour de lui “ (p. 28), est un enfant qui est inattentif. Un autre signe apparent de la perte d’attention a lieu au niveau de l’attitude de l’élève. En effet, un élève qui “évite, exprime de la réticence ou de la difficulté à faire les tâches qui exigent un effort mental soutenu“ (Lussier, 2011, p. 27) est un élève qui est en perte d’attention. On remarque également cette attitude lorsqu’un élève peine à se concentrer sur les tâches qui lui ont été demandées. Toujours d’après Lussier (2011), une perte d’attention peut également se remarquer lorsque l’enseignant donne les consignes. En effet, un élève qui n’écoute pas les consignes jusqu’à la fin peut être un élève qui manque d’attention. Dans ce cas précis, on vérifiera évidemment que la cause ne soit pas l’incompréhension de la consigne, ou que l’élève ait un comportement qui soit en opposition avec tout ce que l’enseignant peut dire ou faire. De plus, lors des consignes ou lors d’explications, un élève qui n’est pas attentif ne semblera pas écouter ce qu’on lui dit, il regardera ailleurs, discutera avec un camarade, etc… Lussier (2011) avance également qu’un élève inattentif “a des difficultés à organiser ses tâches ou ses activités, de plus il n’a pas le souci du détail et fait des fautes d’inattention lors des activités “ (p. 27).
L’ECAP Venons-en maintenant à l’ECAP (cf. annexe 6), appelé PACE par les anglophones. L’ECAP représente les quatre mouvements les plus importants du Brain Gym, parmi les 26 qu’il compte. Ces mouvements sont particulièrement recommandés pour être en accord avec son propre rythme d’apprentissage et de ce fait permettraient de développer plus aisément son potentiel. L’acronyme ECAP est composé des quatre initiales des mouvements (Energétique, Clair, Actif, Positif). Il est recommandé d’effectuer ces quatre mouvements dans l’ordre, en position debout, le matin avant de commencer sa journée. Ils permettraient de penser clairement, d’être actif et positif et d’avoir de l’énergie et ce dès le réveil. Ils devraient donc être pratiqués comme un rituel quotidien pour bien débuter sa journée. Dennison (2006) énonce que les mouvements de l’ECAP sont principalement utilisés par les apprenants dans les moments de stress.
Ces mouvements permettraient apparemment d’accéder plus facilement à son potentiel et donc d’améliorer ses performances en diminuant le stress. Pour ce travail, les quatre activités de l’ECAP ont été utilisées quotidiennement avec les élèves. Elles ont été instaurées comme un rituel que les enfants pratiquent ensemble dès leur arrivée en classe. En résumé, “les activités ECAP sont un exercice préparatoire destiné à mettre votre esprit et votre corps dans un état énergétique, clair, actif et positif, afin que vous puissiez apprendre en mode automatique et mettre l’ECAP sur l’apprentissage !“ (Dennison, 2006, p. 304). Les mouvements de l’ECAP ont été utilisés quotidiennement dans la classe qui a réalisé l’expérience. Chaque matin, les enseignants ont effectué les quatre mouvements de l’ECAP avec leurs élèves, le but étant qu’en fin d’expérience les élèves soient capables d’effectuer l’ECAP quotidiennement de manière autonome.
Controverses
Comme nous venons de le voir, nombreux sont les auteurs qui défendent les bienfaits du Brain Gym sur le corps et sur le cerveau. Le couple Dennison, Baureis et Wagenmann sont persuadés que le Brain Gym améliore les apprentissages et permettrait même de surmonter des troubles de l’apprentissage. Au contraire, Pasquinelli (2016) définit le Brain Gym comme un mythe sur le cerveau et ayant un but commercial. Elle compare le mythe sur le Brain Gym à l’effet Mozart. Dans les années 1990, des recherches ont été effectuées et il en est ressorti que les enfants qui écoutaient Mozart, avant même qu’ils soient nés, auraient un QI plus élevé que les autres ; c’est ce qu’on a appelé l’effet Mozart. Pasquinelli (2016) considère l’effet Mozart ainsi que le Brain Gym comme étant des neuromythes. Elle avance que les exercices du Brain Gym ressembleraient très fortement aux gestes qu’un humain effectue quotidiennement sans même s’en rendre compte.
Elle explique par exemple que le Cross Crawl, qui aurait pour objectif de consolider les liens entre les deux hémisphères, n’est apparemment pas très utile car ces liens existeraient déjà chez tous les êtres humains ne souffrant pas d’anomalies cérébrales. Elle précise ses propos en avançant que “les liens sont assurés par une structure du cerveau, le corps calleux, constitué de fibres qui connectent les deux hémisphères“ (Pasquinelli, 2016, p. 32). Ceci entre alors en contradiction avec le Brain Gym. En effet, selon Dennison (2006), les exercices de la ligne médiane auraient pour but de faire travailler les deux hémisphères cérébraux simultanément et de rétablir les connexions entre ceux-ci. Nous remarquons alors qu’un certain nombre de controverses existent concernant les effets du Brain Gym sur le corps et sur le cerveau et que tous les auteurs ne sont pas du même avis. Avec ce travail, le but serait de pouvoir démontrer que les exercices de Brain Gym peuvent avoir un effet bénéfique sur l’attention des élèves. Nous avons tenté donc de le démontrer grâce aux expériences qui ont été effectuées en classe.
Influence du mouvement
Comme le préconise le schéma de l’OFSPO (cf. figure 1, p. 2), chaque être humain devrait effectuer au moins une heure de mouvement par jour. De plus, il faudrait effectuer plusieurs fois durant la semaine des mouvements qui permettent d’entretenir la souplesse, d’améliorer l’habileté, de stimuler le système cardio-vasculaire, de renforcer les os ainsi que les muscles. Il semble donc évident que le mouvement produit de nombreux bienfaits sur les enfants à l’école. Il va notamment permettre de développer la psychomotricité, aider à l’intégration sociale, augmenter les performances cognitives, prévenir des dépendances, éviter le surpoids et le diabète, et il va également permettre une stimulation et améliorer la santé psychique de nos élèves. Nombreuses sont donc les raisons qui poussent à pratiquer le mouvement de manière quotidienne dans nos classes. De plus en plus d’enseignants intègrent le mouvement dans leurs classes. Certains utilisent des méthodes bien connues comme le Brain Gym, “l’école en mouvement“, “l’école bouge“ et bien d’autres encore. En revanche, d’autres enseignants inventent leurs propres mouvements et les appliquent à leur façon dans leur classe. De plus, les élèves suivent obligatoirement trois leçons d’EPS par semaine et ont également l’occasion de se mouvoir en extérieur lors de la grande récréation. Tout cela prouve donc que le mouvement est déjà très présent dans les écoles, mais pas forcément dans toutes les classes. Ce qui va nous intéresser maintenant, ce sont les influences que le mouvement peut avoir tant sur le corps que sur le cerveau de nos élèves.
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Table des matières
Chapitre 1. Problématique
1.1 Importance de l’objet de recherche
1.1.1. L’attention
1.1.2. L’influence du mouvement
1.1.3. Le Brain Gym
1.1.4. Les principes d’animation
1.1.5. Plan d’intervention
1.2 État de la question
1.2.1. L’attention
1.2.1.1. Définitions
1.2.1.2. Processus attentionnel au cycle 1
1.2.1.3. Facteurs de perte d’attention en classe
1.2.1.4. Signaux de perte d’attention
1.2.1.5. Favoriser et développer l’attention
1.2.2. Le Brain Gym
1.2.2.1. Les activités
1.2.2.2. L’ECAP
1.2.3. Controverses
1.2.4. Influence du mouvement
1.2.4.1. Influence du mouvement sur le corps
1.2.4.2. Influence du mouvement sur le cerveau
1.2.5. Facilitateurs
1.3 Transmission du dispositif à l’enseignant
1.4 Coaching d’un enseignant pour optimiser sa pratique
1.5 Observation de la pratique par vidéoscopie
1.6 Question de recherche et objectifs
Chapitre 2. Méthodologie
2.1 Fondements méthodologiques
2.1.1. Type de recherche
2.1.2. Type d’approche
2.1.3. Enjeu
2.1.4. Type de démarche
2.2 Nature du corpus
2.2.1. Récolte des données
2.2.1.1. Grilles d’observation
2.2.1.2. Entretiens semi-directifs
2.2.2. Procédure et protocole de recherche
2.2.3. Échantillonnage
2.3 Méthodes et techniques d’analyse des données
2.3.1. Transcription
2.3.2. Traitement des données
2.3.2.1. Observations
2.3.2.2. Entretiens
2.3.3. Méthodes et analyse
Chapitre 3. Analyse et interprétation des résultats
3.1 Traitement des données
3.1.1. Présentation des résultats des entretiens
3.1.2 Présentation des résultats des observations
3.2 Interprétation des données
3.2.1. Objectif 1
3.2.1.1. Interprétation objectif 1
3.2.2. Objectif 2
3.2.2.1. Interprétation objectif 2
3.2.3. Objectif 3
3.2.3.1. Interprétation objectif 3
3.2.4. Objectif 4a
3.2.4.1. Enseignants
3.2.4.2. Observations
3.2.4.3. Interprétation objectif 4a
3.2.5. Objectif 4b
3.2.5.1. Interprétation objectif 4b
Chapitre 4. Conclusion
4.1 Présentation des principaux résultats
4.2 Autoévaluation de la démarche
4.3 Perspectives d’avenir
Bibliographie
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