Classification des sols
Pour une meilleure performance, les diverses méthodes de classification des sols, des valeurs des terres, des méthodes antiérosives, du dressement des cartes (cartes pédologiques, d’aptitude des sols, d’érosion) ont été combinées. La classification des sols associe donc la méthode américaine basée sur le profil actuel de diagnostic (Pedon) (Sol Taxonomy, USA, cité par DUCHAUFOUR, 2001) et la méthode française fondée sur l’évolution du profil, l’altération des éléments minéraux, le type de la matière organique et l’hydromorphie promulguée par DUCHAUFOUR en 1956 (DUCHAUFOUR, 1965). Cette notion de profil caractérisé par une succession verticale d’horizons a servi de base à la plupart des classifications (DUCHAUFOUR, 2001).
D’ailleurs, la classification récente adoptée par le Soil Taxonomy (USA) a un caractère mixte : effectif et génétique (DUCHAUFOUR, 2001). Selon DUCHAUFOUR en 2001, le caractère effectif du sol adopté par Schlichting en 1986, donne privilège aux propriétés fonctionnelles. Ces dernières forment de ce qu’on entend par les faits pédologiques (FOURNIER, MOULINIER, MOUREAUX, 1955). Par ailleurs, la plupart des classifications de sols récentes donnent la priorité au caractère des sols traduisant les processus évolutifs, plutôt qu’aux circonstances ou causes extérieures de l’évolution (DUCHAUFOUR, 1965). Cette classification de sols a été reprise par BOURGEAT et AUBERT (1972) sur les sols ferrallitiques de Madagascar ainsi que par RANDRIAMBOAVONJY dans » l’étude des pédopaysages dans 4 zones tests de Madagascar » (1996).
Classifications des terres selon leurs valeurs
Différentes classifications des terres selon leurs valeurs sont données ou proposées dans la littérature parmi lesquelles figurent :
– la classification de la F.A.O.,
– la classification de l’ORSTOM par RIQUIER,
– la classification américaine,
– la classification de FOURNIER, MOULINIER, MOUREAUX.
Classification de la FAO des terres selon l’aptitude
La FAO classe les terres, en deux grands ordres :
– les terres aptes pour une utilisation déterminée, désignés par le symbole S.
– les terres non aptes pour une utilisation déterminée, désignées par le symbole N (GIL N., 1986). Ces deux ordres sont divisés en classes, qui expriment le degré d’aptitude ou de non-aptitude des terres.
Les terres aptes sont divisées en trois classes à savoir :
– Classe S1 = Hautement aptes – sans limitations notables pour une utilisation donnée.
– Classe S2 = Moyennement aptes – avec des limitations modérées pour une utilisation donnée.
– Classe S3 = Marginalement aptes – avec de sérieuses limitations pour une utilisation donnée. Les terres non aptes sont divisées en deux classes telles que :
– Classe N1 = Non apte dans les conditions actuelles – avec des limitations pour une utilisation donnée, qui peuvent cependant être surmontées par des pratiques adaptées, propres à convertir ces terres en terres d’aptitude « S »
– Classe N2 = Inaptes de façon permanente – avec de sérieuses limitations rendant impossibles d’en changer les conditions pour les faire passer en classe « S » pour une utilisation donnée.
Chaque classe peut être subdivisée en sous-classes et chaque type d’utilisation par des symboles représentant les raisons de leurs limitations. Si nécessaire est, les sous-classes peuvent également être subdivisées en unités. Chaque unité permet de résumer les caractéristiques de zones ayant les mêmes limitations et les mêmes pratiques correctives à mettre en œuvre. Pourtant toute subdivision supplémentaire aux sous-classes n’est pas nécessaire sauf dans des cas très particuliers. Par ailleurs, la détermination des classes d’aptitude des terres nécessite les études suivantes : une prospection pédologique complète ou des recherches sur la texture et la structure des sols, leur profondeur, la pente, le drainage interne, l’érosion, la proportion de pierres, le pH, la salinité, la teneur en matière organique, le drainage externe, les disponibilités de l’eau d’irrigation, et surtout sur les conditions climatiques d’ensemble de la ou des zones agro écologiques que l’on trouve dans le bassin versant.
De ce fait, les grands groupes d’utilisation des terres à considérer sont au nombre de quatre, et désignés par les symboles suivants :
• F : – sols forestiers,
• P : – terres prairiales et de parcours,
• H et B : – terres hautes et terres basses de cultures annuelles ou pérennes,
• W : – terres incultes et improductives.
Comme les trois premiers groupes sont aptes pour la production, ils sont classés en « S ». Par contre, le quatrième étant un groupe de terres inaptes est classé en « N″. Il y a lieu de noter dans chaque unité cartographique l’utilisation actuelle des sols et ses classes d’aptitude. La classe d’aptitude et l’utilisation actuelle peuvent ne pas correspondre.
Classification générale des sols selon l’aptitude par RIQUIE en 1956 (RANDRIAMBOAVONJY, 2005)
Les sols sont divisés en groupes d’aptitude à savoir :
– les sols aptes pour la culture,
– les sols aptes pour la plantation arbustive,
– les sols aptes pour le pâturage,
– et les sols aptes pour le bois.
Pour ces quatre (04) groupes d’aptitude les sols sont divisés en 15 classes suivant leurs types et leurs caractéristiques propres à chaque classe. Cette dernière attribue un symbole de classification alfa numérique de I-a, I-b, I-c,….., à VII-b. Le premier groupe d’aptitude répartit le sol en quatre (04) classes, le second groupe ne dispose qu’une classe tandis que le troisième et le quatrième groupe en possèdent deux chacun. Les caractéristiques de classification désignent une qualification de sol et sa vocation. Les types de sol indiquent l’état ainsi que le degré de l’érosion, la pente du terrain, la fertilité du sol, la localisation suivant la toposéquence, et la classe ou la sous-classe du sol. Par ailleurs, certains types de sol nécessitent des travaux antiérosifs. En général, la classification de RIQUIER est plutôt fondée sur certains éléments de l’unité fonctionnelle du sol (la toposéquence et la pente), l’état d’érosion et les travaux antiérosifs à adopter. L’avantage de cette classification donne une lecture générale de la classe de sol, sa vocation ainsi que les interventions ultérieures à apporter.
Classification américaine des terres selon leurs valeurs
Comme toute classification, la classification des terres selon leur valeur a de l’échelon, à savoir :
– le groupe des terres,
– la classe des terres,
– la sous-classe des terres,
– et l’unité d’aménagement.
Le groupe des terres est l’échelon supérieur, il se répartit en deux catégories : – le groupe des terres aptes à la culture et le groupe des terres impropres à la culture. Chaque groupe est divisé en classes selon le degré d’aptitude des terres. La classe des terres est subdivisée en sous-classes. Chaque sous-classe désigne un groupe de types de terres présentant la même caractéristique limitant leur emploi. Les sous-classes peuvent ellesmêmes être subdivisées en » unité d’aménagement ». Chaque unité d’aménagement est un groupe de types de Terres, dont les caractéristiques commandent l’emploi de mêmes pratiques ou méthodes culturales et/ou de conservation. La détermination de la valeur des terres est tributaire de la connaissance des types de terres. En fait, avant toute classification des terres, la détermination de ces derniers est nécessaire. La connaissance de la capacité de production du sol, de ses possibilités et limite d’utilisation ainsi que les pratiques et méthodes d’aménagement qui lui conviennent sont tributaires même de sa valeur. La classification y afférente résulte de la distinction des différents types de sols inventoriés. Les types de terres de même valeur sont groupés dans une même <>, et les terres sont classées en fonction de leur valeur. Elle est un groupement systématique de ces différents types de terres en fonction des propriétés qu’ils présentent, propriétés qui déterminent leur capacité d’emploi ou de production. Elle est le résumé et l’interprétation agronomique de faits pédologiques (FOURNIER, MOULINIER, MOUREAUX, 1955).
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Table des matières
INTRODUCTION
ETAT DE CONNAISSANCE
a) Classification des sols
b) Classification des terres (sols) selon leur valeur
c) Fertilité du sol
d) Planification régionale
PREMIERE PARTIE : METHODOLOGIE
1.1 Problématique et hypothèse de recherche
1.1.1 Problématique
1.1.2 Hypothèse de recherche
1.2 Objectif de la recherche
1.3 Discussion méthodologique
1.3.1 Classification des sols
1.3.2 Classifications des terres selon leurs valeurs
1.3.2.1 Classification de la F.A.O. des terres selon l’aptitude
1.3.2.2 Classification générale des sols selon l’aptitude (RIQUIER, 1956)
1.3.2.3 Classification américaine des terres selon leurs valeurs
1.3.2.4 Classification selon FOURNIER, MOULINIER et MOUREAUX ( 1950-1951) des terres selon leurs valeurs
1.3.2.5 Comparaison de ces quatre méthodes de classification des terres selon leurs valeurs
1.3.3 Valeurs caractéristiques du sol
1.3.4 Sensibilité du sol à l’érosion
1.3.4.1 Groupement selon la F.A.O.
1.3.4.2 Groupement selon FOURNIER, MOULINIER et MOUREAUX, 1950-1951
1.3.5 Cartographie des sols
1.3.6 Représentation des légendes
1.3.6.1 Représentation synthétique
1.3.6.2 Représentation analytique
1.3.6.3 Représentation mixte
1.3.6.4 Représentation des pédopaysages (Jamagne et King, 1991)
1.4 Méthodes
1.4.1 Préparation des travaux de terrain
1.4.2 Reconnaissance de terrain
1.4.3 Enquête socio-économique
1.4.4 Diagnostic du milieu
1.4.5 Analyse au laboratoire
1.4.6 Traitement des données
1.4.6.1 Utilisation du Système d’Information Géographique (SIG)
1.4.6.2 Technique d’interprétation
1.4.7 Méthode d’élaboration des cartes
1.4.7.1 Carte pédologique
1.4.7.2 Carte d’occupation des sols
1.4.7.3 Carte d’érosion subie et de sensibilité des sols à l’érosion
1.4.7.4 Carte d’aptitude des sols
1.5 Matériels
1.5.1 Matériels de terrain
1.5.2 Matériels de laboratoire
1.6 Schéma méthodologique
1.7 Contraintes, limites et avantages de la méthodologie
1.7.1 Contraintes
1.7.2 Limites
1.7.3 Avantages
1.8 Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS, INTERPRETATIONS ET DISCUSSIONS DE LA CARACTERISATION DES SOLS DU BASSIN VERSANT DU LAC ITASY
2.1 Milieu Naturel conditionnant la formation des sols
2.1.1 Climat
2.1.2 Géologie
2.1.2.1 Séries gneissico-migmatitiques
2.1.2.2 Roches volcaniques prépléitocènes et pléistocènes
2.1.2.3 Granites migmatitites et migmatites granitoïdes
2.1.2.4 Gneiss micaschistes
2.1.2.5 Granites
2.1.2.6 Formations superficielles
2.1.3 Géomorphologie
2.1.4 Hydrologie
2.1.5 Végétation
2.2 Sols du bassin versant du lac Itasy
2.2.1 Différents types de sols de Madagascar
2.2.2 Description et classification des unités pédologiques
2.2.2.1 Classe de sols à minéraux bruts et peu évolués
a) Sous-classe de sols non climatiques
2.2.2.2 Classe des Sols à « mull » (matière organique évoluée)
a) Sous classe des sols à « mull » des pays tropicaux, à pédoclimat chaud et humide
2.2.2.3 Classe des sols ferrallitiques
a) Sous-classe de sols ferrallitiques tronqués
b) Sous-classe de sols ferrallitiques rajeunis
c) Sous-classe des sols ferrallitiques pénévolués ou fortement rajeunis
2.2.2.4 Classe de sols hydromorphes
a) Sous-classe de sols hydromorphes organiques ou humifères
b Sous-classe de sols hydromorphes moyennement organiques
c) Sous-classe de sols hydromorphes peu humifères à gley
2.2.2.5 Conclusion partielle
2.3 Erosion
2.3.1 Définition
2.3.2 Formes d’érosion et ses manifestations
2.3.2.1 Erosion nulle ou légère
2.3.2.2 Erosion modérée
2.3.2.3 Erosion sévère
2.3.2.4 Erosion forte ou très sévère
2.3.2.5 Erosion spectaculaire ou extrêmement sévère
2.3.2.6 Erosion de berge
2.3.3 Facteurs d’érosion
2.3.3.1 Facteur naturel
2.3.3.2 Facteur anthropique
2.3.4 Carte de pentes, d’érosion et de sensibilité des sols à l’érosion
2.3.5 Conclusion partielle
2.4 Utilisation de sols
2.4.1 Caractéristiques des bassins versants élémentaires
2.4.2 Systèmes d’utilisation des terres et pratiques agricoles
2.4.2.1 Zones de bas-fonds
2.4.2.2 Tanety cultivés
2.4.2.3 Tanety boisés
2.4.2.4 Pâturage
2.4.2.5 Carte d’occupation de sols
2.4.3. Différentes classes de sols selon leur valeur
2.4.3.1 Classe I : terres de très bonne qualité, utilisables pour la culture
2.4.3.2 Classe II : terres de bonne qualité moyennant quelques mesures de conservation,
2.4.3.3 Classe III : terres à emploi limité par suite de sa pente topographique moyenne à forte et/ou zone plane peu perméable ou trop humide
2.4.3.4 Classe VIII : terres d’assez bonne qualité pour le pâturage
2.4.3.5 Classe X : terres à vocation forestière ou de pâturage limité sous forêts
2.4.3.6 Classe XII : terres rocheuses ne répondant ni à la culture ni à la forêt
2.4.3.7. Carte d’aptitude des sols
2.4.4 Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : PROPOSITION D’AMENAGEMENT
3.1 Généralité
3.2 Aménagement de sols selon la toposéquence
3.3 Système de protection et de conservation des terrains cultivables
3.4 Aménagement et gestion de pâturage
3.5 Reboisement et aménagement de forêts
3.5.1 Reboisement
3.5.2 Aménagement de la forêt de « Tapia » (Uapaca bojeri)
3.6 Protection et fixation de « lavaka » et de berge
3.6.1 Protection et fixation de « lavaka »
3.6.2 Protection de berge
3.7 Protection et conservation des bas-fonds
3.8 Critère prioritaire d’intervention d’aménagement du bassin versant
3.9 Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES