Classifications de la déficience visuelle

Classifications de la déficience visuelle

La définition légale de la cécité spécifie des seuils de vision objectifs au-dessous desquels les personnes qui en sont atteintes bénéficient d’aides sociales. Par exemple, en France, les personnes dont l’acuité visuelle au meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/10 peuvent légalement utiliser une canne blanche (Code de l’action sociale et des familles – Article Annexe 2-4, 2007). En France, une personne est considérée comme étant atteinte de cécité légale lorsqu’elle a une acuité visuelle inférieure à 1/20 et comme étant atteinte de malvoyance lorsqu’elle a une acuité visuelle comprise entre 4/10 et 1/20 ou un champ visuel compris entre 10 et 20 degrés (mesure d’acuité pour le meilleur œil après correction ; Décret n°93-1217 du 4 novembre 1993 modifiant le code de la sécurité sociale, troisième partie, 1993). Ces seuils, basés sur l’acuité visuelle et/ou la taille du champ visuel, sont variables d’un pays à l’autre.

Afin de permettre la comparaison entre différents pays et différentes époques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie et met à jour régulièrement la Classification Internationale des Maladies (CIM ). D’après la version 10 de la CIM mise à jour (CIM-10, mises à jour cumulées de 1996 à 2015) :
– une acuité visuelle (mesurée avec la correction portée) comprise entre 3/10 et 1/10 est considérée comme une déficience visuelle modérée (catégorie 1),
– une acuité visuelle comprise entre 1/10 et 1/20 est considérée comme une déficience visuelle grave (catégorie 2),
– une acuité visuelle comprise entre 1/20 et 1/50 (ou un champ visuel du meilleur œil inférieur ou égal à 10 degrés) est considérée comme une cécité de catégorie 3,
– une acuité visuelle inférieure à 1/50 avec au minimum une perception lumineuse est considérée comme une cécité de catégorie 4,
– l’absence de perception lumineuse est considérée comme une cécité de catégorie5.

La définition légale française de la cécité est utile pour l’attribution d’aide sociale. En revanche, elle est inadaptée à l’étude en psychologie cognitive. Par exemple, une personne légalement aveugle en France peut être capable de compter des doigts à un mètre, de percevoir des obstacles ou de gros caractères, tout comme n’avoir aucune perception lumineuse. Hatwell (2003b) propose de faire une distinction entre les personnes aveugles complètes, qui n’ont pas de perception visuelle ou uniquement une perception lumineuse, et celles qui ont des résidus visuels (personnes aveugles partielles) pour mieux appréhender les effets de l’absence de vision sur le fonctionnement cognitif.

Ainsi, une grande hétérogénéité au niveau de la sévérité de l’atteinte visuelle existe, même chez les individus légalement aveugles. Nous allons voir, au cours de ce contexte théorique, que les auteurs des études décrites ne font pas toujours de distinction entre cécité complète et cécité légale, et parfois même entre cécité et malvoyance (catégorie 1 ou 2 de la CIM). En revanche, dans le cadre de ce travail de thèse, les expérimentations menées porteront sur des personnes atteintes d’une cécité telle que définie par Hatwell (2003b), c’està-dire n’ayant pas de perception visuelle ou uniquement une perception lumineuse.

Quelques données démographiques 

Puisque la loi interdit de dénombrer les personnes porteuses d’un handicap lors du recensement de la population française, aucune donnée précise concernant le nombre de personnes ayant une atteinte visuelle en France n’est disponible. Néanmoins, Sander et al. (2005) ont analysé les résultats de l’enquête Handicaps-Incapacités-Dépendance (HID) accomplie par l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques ; Goillot & Mormiche, 2003) qui a permis d’obtenir des estimations concernant le nombre de personnes atteintes de déficience visuelle en France. Ainsi, environ 1,7 millions de personnes seraient atteintes d’une déficience visuelle en France métropolitaine, dont 61000 seraient aveugles complets (Sander et al., 2005). Dans cette enquête, l’atteinte visuelle était définie selon les déclarations des personnes, en fonction de réponses à des questions relatives aux difficultés rencontrées dans la vie quotidienne, ce qui rend ces chiffres seulement indicatifs.

Les causes d’acquisition de la cécité

De nombreux évènements et affections peuvent donner lieu à une cécité. Ainsi se distinguent les cécités d’origine génétique, d’origine accidentelle, liées à une maladie ou au vieillissement, et enfin celles liées à des erreurs de réfractions non corrigées. Les principales causes de la cécité d’origine génétique sont la rétinite pigmentaire, qui apparaît à tout âge mais est la cause d’un tiers des cas de cécité chez l’enfant, la cataracte congénitale et le glaucome congénital. Des accidents multiples causant des contusions, des plaies ou des brûlures, peuvent également être à l’origine de déficience visuelle, voire de cécité. Ces cécités d’origine accidentelle peuvent être précoces, comme c’est le cas avec le syndrome des bébés secoués, pouvant entraîner des hémorragies intravitréennes, ou tardives, causées par des accidents de la vie quotidienne (de la route, du travail ou domestique). La rétinopathie des prématurés (ou fibroplasie rétrolentale) est causée par un accident qui a lieu pendant la période périnatale. Il s’agit d’une atteinte de la rétine des nouveau-nés prématurés, résultant d’une concentration excessive en oxygène causée par une oxygénothérapie (placement en couveuse) intensive et non contrôlée. Les cécités peuvent également être causées par une maladie, comme une encéphalopathie, une tumeur cérébrale ou le diabète (causant la rétinopathie diabétique), ou liées au vieillissement. Les trois principales affections de l’œil liées à l’âge sont la cataracte, le glaucome et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA ; West, 2013). Les défauts de réfraction les plus courants sont la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie. Diagnostiqués à temps, ils peuvent être corrigés par le port de verres correcteurs, de lentilles de contact ou par un acte chirurgical. Non corrigés, ces défauts de réfraction peuvent entraîner des déficiences visuelles importantes et irréversibles, pouvant aller jusqu’à la cécité. Selon l’OMS, 120 millions de personnes dans le monde auraient une atteinte visuelle en raison de défauts de réfraction non corrigés, elles concerneraient 43 % de la déficience visuelle mondiale (Pascolini & Mariotti, 2012). La prise de conscience récente de l’importante prévalence des déficiences visuelles liées à des erreurs de réfractions non corrigées a entraîné la modification de la mesure de l’acuité visuelle indiquée dans la CIM-10 (West, 2013). En effet, comme préconisé par Dandona & Dandona (2006), l’acuité visuelle est actuellement mesurée avec la correction portée plutôt qu’avec la meilleure correction possible comme c’était le cas auparavant.

Certaines pathologies visuelles apparaissent durant la période périnatale ou pendant l’enfance, telles que la fibroplasie rétrolentale ou le glaucome congénital alors que d’autres peuvent survenir plus tardivement, parfois même au cours du vieillissement, comme c’est le cas avec la DMLA. Par ailleurs, beaucoup d’affections de l’œil apparaissent de façon progressive. La vision se dégrade au cours du temps, et après avoir été malvoyantes pendant plusieurs années, certaines personnes deviennent aveugles. Quand l’atteinte visuelle est progressive, les difficultés visuelles ressenties ne sont pas toujours les mêmes selon la cause. Par exemple, dans le cas du glaucome, c’est la vision périphérique (impression de tunnel) et la vision nocturne qui sont affectées en premier, avec une hyper-sensibilité à la lumière et des difficultés d’adaptation aux changements d’éclairage. Au contraire, dans la DMLA, c’est la vision centrale qui est touchée, alors que la vision périphérique n’est jamais dégradée, n’entraînant donc jamais de cécité totale. Dans le cas de la cataracte, elle débute par une vision qui devient floue, des couleurs difficiles à distinguer, et parfois une hyper sensibilité à la lumière. Dans d’autres cas, après la survenue d’un accident par exemple, des personnes deviennent aveugle de façon brutale, d’un jour à l’autre. En outre, il est important de garder à l’esprit que deux individus avec une atteinte visuelle liée à la même origine, qui présentent une même acuité visuelle et un même champ visuel, peuvent avoir des comportements et des difficultés différents. Ces variations peuvent, entre autres, être liées au niveau de prise en charge de l’atteinte visuelle et au contexte familial de l’individu, importants à prendre en compte (Hatwell, 2003b).

De plus, dans certains cas de cécité, tels que celui des bébés secoués, ou lorsque la cécité est causée par une encéphalopathie ou une tumeur cérébrale, des troubles associés peuvent être présents. Quatre cinquièmes des personnes avec une atteinte visuelle (malvoyants ou aveugles) présenteraient des troubles associés ; avec, par ordre d’importance en termes de fréquence : les déficiences viscérales ou métaboliques, les déficiences motrices, les déficiences intellectuelles ou du psychisme, les déficiences auditives et les déficiences du langage ou de la parole (Sander et al., 2005). La présence d’un trouble associé à l’attente visuelle augmente fortement les difficultés ressenties par les personnes. Dans le cadre de ce travail, les personnes aveugles présentant un trouble associé identifié ne seront pas étudiées.

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Table des matières

Introduction Générale
Chapitre 1 : Contexte Théorique
I. La cécité
1. Généralités
1.1. Classifications de la déficience visuelle
1.2. Quelques données démographiques
1.3. Les causes d’acquisition de la cécité
1.4. Cécité précoce, cécité tardive
2. Le vieillissement des personnes aveugles
2.1. La population des personnes avec atteinte visuelle, une population vieillissante
2.2. Etre aveugle et vieillir
3. Cécité, qualité de vie et autonomie
II. Se déplacer sans voir
1. La mobilité des personnes aveugles
1.1. Les habitudes de déplacement des personnes aveugles
1.2. Le déplacement des personnes aveugles âgées
2. Analyse fonctionnelle de l’activité de déplacement du piéton aveugle
2.1. Les avantages de la vision pour le déplacement
2.2. Pallier l’absence de vision
a. L’apprentissage de la locomotion
b. Les informations issues des sens résiduels
c. Les aides techniques
2.3. Locomotion du piéton aveugle
2.4. Navigation du piéton aveugle
3. Se déplacer sans voir, un coût cognitif important
III. L’attention et la mémoire de travail des personnes aveugles
1. Les concepts d’attention et de mémoire de travail : rappels théoriques
2. Capacités attentionnelles et de mémoire de travail des personnes aveugles
2.1. Attention
2.2. Mémoire de travail
3. Vieillissement, déclin cognitif et déficience visuelle
Chapitre 2 : Problématique, Objectifs de la Recherche et Hypothèses
I. Problématique
II. Objectifs et hypothèses générales
Chapitre 3 : Partie Expérimentale
I. Etude 1 : Evaluation des capacités attentionnelles et de la mémoire de travail des personnes aveugles
1. Introduction
2. Méthode
2.1. Participants
2.2. Matériel et méthode
a. Les tests conçus pour l’étude
b. Les tests standardisés
c. Questionnaire d’habitudes de déplacement
3. Résultats
3.1. Comparaison des participants aveugles et voyants : effets de la cécité et effets de l’âge
a. Test d’attention sélective
a. Test d’attention soutenue
b. Test d’attention divisée
c. Tâche de n-back
d. Sous-test Mémoire des chiffres
e. Tâche du plus-minus auditive
f. Tâche de Hayling
a. L’échelle verbale de la WAIS-R
b. La tâche de temps de réponse simple
3.2. Participants aveugles : effets des facteurs inter-individuels
a. Facteurs sociodémographiques
b. Facteurs liés à la cécité
c. Facteurs liés à la mobilité
4. Discussion
4.1. Des capacités cognitives améliorées chez les personnes aveugles
4.2. Des effets de facteurs inter-individuels sur les capacités cognitives des personnes aveugles
4.3. Apports et limites de l’étude
II. Etude 2.a : La charge cognitive de la marche des personnes aveugles
1. Introduction
2. Méthode
2.1. Participants
2.2. Matériel
2.3. Conditions
a. Essais de marche
b. Tâches secondaires
2.4. Procédure
2.5. Mesures et Indices de performance
a. Performances de marche
b. Performance à la tâche secondaire
c. Interférence de la double tâche
d. Evaluation subjective de la charge mentale
3. Résultats
3.1. Performance de marche
a. Durée de l’essai et arrêts
b. Paramètres de marche
c. Gestion des obstacles
d. Gestion de la trajectoire
3.2. Performance à la tâche secondaire
3.3. Interférence de la double tâche
a. Interférence de la tâche cognitive sur la marche
b. Interférence de la marche sur la tâche cognitive
3.4. Evaluation subjective de la charge mentale
3.5. Effet de facteurs inter-individuels
a. Effet de l’âge
b. Effet du sexe
c. Effet de l’antériorité de la cécité
d. Effets de l’aisance de déplacement
e. Effet des capacités attentionnelles
4. Discussion
4.1. Effets de la double tâche
4.2. Effets de facteurs inter-individuels
4.3. Apports et limites de l’étude
Conclusion Générale

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