Classification des systèmes agroforestiers

AGROFORESTERIE

Définition

Le problème de la définition de l’agroforesterie se pose depuis sa naissance au point que cela en est devenu un sujet que l’on préfère souvent éviter pour ne pas s’enliser dans d’interminables et stériles discussions (ALEXANDRE, 2002). Mais de bonnes définitions, comme des fondations, nous paraissent indispensables pour édifier une science. Voici, parmi d’autres, quelques définitions de l’agroforesterie.

Le centre international de recherche en agroforesterie (ICRAF : International Centre for Research in Agroforestry) connu aujourd’hui sous le nom de World Agroforestry Centre, définit l’agroforesterie comme un terme collectif pour des systèmes et des technologies d’utilisation des terres où des ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux sous arbrisseaux et par assimilation palmiers et bambous) sont cultivés délibérément sur des terrains utilisés par ailleurs pour la culture et/ou l’élevage dans un arrangement spatial ou temporel, et où existent des interactions à la fois écologiques et économiques entre les ligneux et les autres composantes du système.

NAIR (1989) : « L’agroforesterie est un système de mise en valeur du sol qui fait intervenir une intégration sociologiquement et écologiquement acceptable d’arbres avec des cultures et/ou des animaux, de façon simultanée ou séquentielle, de façon à produire plus et d’une manière durable, surtout dans des conditions de technologie à faibles intrants et de terres marginales. » ALEXANDRE (1983) « L’agroforesterie est la discipline scientifique qUI vIse à étudier, créer et enseigner des systèmes agricoles permanents, à rendement optimisé par l’intégration d’espèces forestières à l’agroécosystème, lequel comprend l’homme et ses traditions. » .

SOMARRIBA, (1992) présente une réflexion plus poussée sur ce sujet. Se basant sur les critères de plusieurs spécialistes en agroforesterie, l’auteur réussit à faire ressortir trois idées généralement considérées comme fondamentales dans la définition de l’agroforesterie :

– au moins une des composantes est une espèce ligneuse et pérenne;
– présence d’au moins deux espèces végétales qui ont des interactions biologiques significatives;
– au moins une des espèces est utilisée pour produire du fourrage ou obtenir des produits agricoles provenant d’espèces pérennes ou annuelles.

Panni ces définitions, celle de SOMARRIBA (1992) qui essaye d’éliminer tout ce qui peut être subjectif ou inutile, nous paraît la meilleure.

Classification des systèmes agroforestiers

Selon ALEXANDRE (2002), tout système de classification est justifié, pourvu qu’il réponde à la fois à trois critères:

– être techniquement utilisable, c’est-à-dire que les critères de classification soient obtensibles avec les moyens disponibles;
– être discriminant vis-à-vis des systèmes étudiés;
– être capable de répondre aux questions qu’on se pose ou mieux à celles que se posent et les chercheurs et les paysans.

Dans diverses publications, un des grands spécialiste de la classification des SAF, NAIR (1993) indique que les SAF peuvent être catégorisés suivant des bases : structurelles, fonctionnelles, socio-économiques et écologiques. La classification structurelle se décompose en deux blocs: l’arrangement spatial et la séquence temporelle. Le premier cas réfère aux dispositions entre les différents éléments dans l’espace, tandis que pour le second, le temps y est inclus comme facteur principal de classification.

Les trois composantes principales retrouvées en agroforesterie sont la strate arborée, les cultures agricoles et les animaux d’élevage. Selon le type d’association entre les différentes composantes, on retrouve quatre systèmes agroforestiers principaux: l’agrosylviculture, le syl »9’opastoralisme, l’agrosylvopastoralisme et les autres sysrèmes (Figure 1). Cette dernière catégorie a été ajoutée afin de ne pas exclure des systèmes agroforestiers moins fréquents tels que l’apisylviculture, mais aussi des systèmes plus simples comme les haies brise-vent utilisées pour réduire l’érosion et la vélocité du vent.

La structure temporelle a aussi son importance dans la classification agroforestière basée sur la structure des composantes. Généralement, lorsque le terme agroforesterie est invoqué, il est courant d’imaginer une parcelle où sont cultivés conjointement arbres et plantes herbacées. Cependant, l’occurrence temporelle de chacune des strates de végétation n’est pas nécessairement la même  . Selon cette classification, autant les arrangements coïncidents que séparés dans le temps peuvent être considérés comme des exemples d’agroforesterie.

Le deuxième type de classification est basé sur les fonctions des composantes du système agroforestier. Ainsi, il est possible de classer les différents systèmes agroforestiers selon la nature de leurs produits (céréales, fruits, bois, fourrage) et le type d’actions entreprises pour préserver et restaurer l’intégrité des écosystèmes (conservation de la fertilité du sol, diminution de l’érosion, maintien de la biodiversité).

Le dernier type de classification est basé sur les facteurs socioéconomiques et les conditions climatiques. En plus de la structure et des fonctions des composantes, certains auteurs s’intéressent aux facteurs socioéconomiques et aux conditions climatiques associés aux systèmes agroforestiers pour les classifier. En effet, l’agroforesterie peut être catégorisée selon le type de technologie, la quantité d’intrants utilisés et le niveau de production (de subsistance, intermédiaire ou commercial). D’autres chercheurs s’intéressent aux contraintes climatiques telles que la température et la quantité de précipitations, car elles peuvent empêcher l’implantation de certains types de systèmes agroforestiers dans des écosystèmes particuliers. Compte tenu de ces différentes descriptions, nous retenons pour l’étude des SAF à base de manguier et d’anacardier une classification structurelle basée sur l’arrangement spatial.

Rentabilité des systèmes agroforestiers

Des recherches ont confirmé que les associations de cultures arboricoles pérennes et annuelles créent une rapide récupération du capital investi, et génèrent des revenus immédiats à court et moyen termes et tout le long de la durée du système, avec la vente de divers produits (VOST! et OLIVEIRA, 1997 ; SANTOS, 2000 ; SILVA, 2000, cités par EDNA, 2007). L’analyse économique des systèmes agroforestiers est alors une grande priorité et représente un défi pour la recherche. L’importance de cette analyse relève du rôle que joue la rentabilité dans la prise de décision par un paysan de l’adoption d’un système nouveau (NAIR, 1990). Ainsi, une exploitation ne serait apte à modifier sa pratique culturale en adoptanf un système nouveau que lorsqu’en comparant les avantages des deux systèmes il trouve le nouveau plus rentable, sur le plan financier ou social (DAANE et al., 1992).

L’analyse économique des exploitations agricoles distingue la rentabilité économique de la rentabilité financière L’analyse financière utilise les prix directement payés ou reçus par le producteur alors que l’analyse économique prend en compte les effets exercés par des décisions de politique générale sur des individus, l’environnement et l’économie de la localité, et aussi les effet secondaires et indirects des investissements (FAO, 2006).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE 1: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. AGROFORESTERIE
1.1. Définition
1.2. Classification des systèmes agroforestiers
1.3. Rentabilité des systèmes agroforestiers
II. PRÉSENTATION DU MANGUIER ET DE L’ANACARDIER
2.1. Présentation du manguier
2.2. Présentation de l’anacardier
PARTIE II: PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
1. SITUATIONS GÉOGRAPHIQUE, ADMINISTRATIVE
1.1. Situation géographique
1.2. Situation administrative
II. MILIEU PHYSIQUE ET NATUREL
2.1. Climat et pluviométrie
2.2. Végétation
2.3. Hydrographie
2.4. Relief et sols
III. SITUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE
3.1. Caractéristiques de la population
3.2. Situation économique
PARTIE III: MATERIEL ET MÉTHODES
1. CHOIX DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Justification du choix de la zone d’étude
1.2. Choix du village
1.3. Choix des producteurs
1.4. Collecte des données
1.5. Analyse des données
II. ÉVALUATION DE LA RENTABILITÉ FINANCIÈRE
2.1. Critères d’évaluation économique
2.2. Estimation des coûts et bénéfices
PARTIE IV: RÉSULTATS ET DISCUSSION
1. RÉSULTATS
1.1. Caractéristiques des exploitations agricoles
1.1.1. Identification des producteurs
1.1.1.1. Répartition des producteurs en fonction du sexe
1.1.1.2. Niveau d’instruction des producteurs
1.1.1.3. Age, statut de résidence et mode de tenure foncière des producteurs
1.1.2. Ressources et activités économiques dans les exploitations
1.1.2.1. Ressources humaines en présence dans les exploitations
1.1.2.2. Potentiel foncier des exploitations
1.1.2.3. Activités économiques
1.2. Description et caractéristiques des SAF à manguier et à anacardier
1.2.1. Étendue des SAF à manguier et anacardier
1.2.2. Espèces pérennes rencontrées dans les plantations de manguier et d’anacardier
1.2.3. Animaux élevés par les producteurs
1.2.4. Cultures annuelles associées aux plants de manguier et d’anacardier
1.2.5. Types de SAF identifiés
1.3. Analyse financière des SAF à manguier et à anacardier
1.3.1. Analyse de la rentabilité financière des SAP à manguier
1.3.1.1. Compte d’exploitation par type de SAF
1.3.1.2. Analyse de la rentabilité
1.3.2. Analyse de la rentabilité financière des SAF à anacardier
1.3.2.1. Compte d’exploitation par type de SAF
1.3.2.2. Analyse de la rentabilité
1.4. Point de vue des paysans sur la place et le rôle social et économique des SAP à manguier et à anacardier
1.4.1. Contribution économique du manguier et de anacardier au revenu des unités
1.4.2. Contribution alimentaire du manguier et de l’anacardier
1.4.3. Vertus du manguier et de l’anacardier
1.4.2. Avantages du manguier et de l’anacardier en agriculture
1.5. Contraintes liées à la pratique de l’agroforesterie du manguier et de l’anacardier
II. DISCUSSION
CONCLUSION

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