Classification des Plasmodium
Laveran appela l’organisme qu’il observa le 6 novembre 1880, Laverania falcipara qui est devenu plus tard P. falciparum. Dans la classification de Garnham, ce sont surtout des caractères morphologiques et des particularités du cycle biologique qui ont été utilisés comme critères taxonomiques. Aujourd’hui, P. falciparum prend place dans le règne des protistes et appartient au Phylum des organismes parasites obligatoires, les Apicomplexa, à la classe des Aconoidasida, à l’ordre des Haemosporida, à la famille des Plasmodiidae et enfin au genre Plasmodium.
Agents pathogènes
Le paludisme est transmis par un protozoaire appartenant au genre Plasmodium. Seules quatre espèces plasmodiales sont retrouvées en pathologie humaine. Il s’agit de Plasmodium falciparum, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium malariae. Ces quatre espèces sont différentes par des critères biologiques, cliniques, par leur répartition géographique et par leur capacité à développer des résistances aux antipaludiques. En effet :
• Plasmodium falciparum (Welch, 1897) est l’espèce la plus pathogène. Elle domine en Afrique sub-saharienne où elle est responsable de 90 % des cas (Jafari-Guemouri et al., 2006). Elle peut entraîner la mort en se multipliant dans les micro vaisseaux de certains organes profonds (cerveau, reins, poumons).
• Plasmodium vivax (Grassi & Felleti, 1890) très répandu dans le monde (mais moins que P. falciparum) ne tue pas mais est responsable des fièvres tierces bénignes et peut entraîner des rechutes 4 à 5 ans après la primo-infection (Picot, 2006).
• Plasmodium malariae (Grassi & Felleti, 1890), moins fréquent que les deux premières espèces, est responsable de la fièvre quarte et des troubles rénaux ; il ne tue pas, mais provoque parfois des rechutes jusqu’à 20 ans après la primo-infection (Joseph et al., 1998).
• Plasmodium ovale (Stephens, 1922) ne tue pas, mais provoque les mêmes accès cliniques que P. vivax (Sethuraman et al., 2003).
Les vecteurs du paludisme
Les vecteurs du paludisme humain appartiennent tous au genre Anophèles. Les anophèles appartiennent au phylum des Arthropodes, à la classe des Insectes, à l’ordre des Diptères, au sous-ordre des Nématocères, à la famille des Culicidae à la sous famille des Anophelinae et au genre Anophèles. On compte environ 400 espèces anthropophiles et zoophiles d’anophèles dans le monde. Mais seules 60 d’entres elles sont des vecteurs de paludisme dans les conditions naturelles. Les mâles se nourrissent uniquement de jus sucrés, ils ne piquent pas. Les femelles ont besoin de protéines pour assurer le développement de leurs ovaires ; elles le puisent dans le sang des vertébrés dont l’homme. Seules les femelles sont donc capables de transmettre le paludisme. En Afrique tropicale les vecteurs majeurs sont : Anopheles gambiae qui est un complexe d’espèces : Anopheles arabiensis, Anopheles melas, Anopheles gambiae (ss). Anopheles funestus. Anopheles moucheti. Anopheles nili. La plupart des anophèles ne s’éloignent guère de leur lieu d’émergence ; ils sont parfois entraînés sur de grande distance par les avions, les automobiles et à un moindre degré par les vents car les anophèles sont très fragiles. La transmission anophélienne est la principale voie de contamination mais d’autres modes de contamination (congénitale, parentérale, accident de laboratoire…) sont également à l’origine de la transmission de Plasmodium à l’homme .
Répartition mondiale du paludisme
Le paludisme concerne actuellement les deux tiers de la population mondiale. C’est une maladie à focalisation vectorielle, la présence d’anophèles ainsi que celle d’une eau stagnante pour le développement des stades larvaires des vecteurs est primordiale. Il faut aussi des conditions climatiques favorables à la sporogonie et une population humaine réceptive à l’infestation plasmodiale. En zone tempérée, le paludisme est éradiqué mais des cas d’importation (paludisme du voyageur) ou survenant aux alentours des aéroports internationaux ont été rapportés. La zone tropicale constitue la zone la plus favorable au développement du parasite.
Facteurs favorisant la transmission
La température, l’eau, l’humidité de l’air et les phénomènes anthropiques constituent des facteurs favorisant la transmission anophélienne.
● La température : le cycle sporogonique des Plasmodium nécessite une température optimale qui se situe autour de 27 °C.
● L’eau et l’humidité : les eaux stagnantes constituent des gîtes larvaires potentiels et l’humidité relative influe sur la longévité du vecteur qui diminue quand elle baisse.
● Les facteurs anthropiques : Les modifications du réseau hydrographique (barrage et irrigation) entraînent la prolifération des vecteurs. Le développement des transports entraîne une dissémination des vecteurs.
Transmission et notion de faciès épidémiologique
Un faciès est un ensemble de régions où les conditions climatiques imposent un certain mode de transmission qui se traduit par un certain niveau d’endémie de la parasitose et une incidence particulière de ses manifestations cliniques modulées par l’acquisition d’une immunité. À l’intérieur de chaque faciès, des facteurs naturels ou anthropiques apportent des variations limitées dans l’espace. Trois principaux faciès épidémiologiques ont été identifiés en Afrique Sub-saharienne : faciès équatorial, tropical et sahélien (Mouchet et al., 1993). À l’intérieur de chacun d’eux, des particularités géographiques ou des interventions de l’homme créent des situations particulières où l’expression de la maladie présente des caractéristiques différentes de celles du faciès dominant. Le paludisme est stable dans les faciès Equatorial et Tropical et instable dans les faciès urbain, montagnard, lagunaire, subdésertique et désertique. (Mouchet et al., 1993).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I GENERALITES
I. Historique
II. Classification des plasmodiums
III. Agents pathogènes
IV. Les vecteurs du paludisme
V. Répartition mondiale du paludisme
VI. Facteurs favorisants la transmission
VII. Transmission et notion de faciès épidémiologique
VIII. Cycle évolutif de P. falciparum
1. Cycle chez l’anophèle
2. Cycle chez l’homme
IX. Diversité parasitaire de P. falciparum : mécanismes et méthode de mise en évidence
1. Polymorphisme allélique
a) MSP-1 (merozoite surface protein 1)
b) MSP-2 (merozoite surface protein 2)
2. Variation antigénique
3. Recombinaison sexuée
X. Symptomatologie du paludisme
1. Accès palustre simple
2. Accès palustre compliqué
3. Paludisme viscéral évolutif
4. Accès de reviviscence
XI. Diagnostic biologique
1. Diagnostic direct
1.1. Goutte épaisse
1.2. Frottis sanguin
1.3. Quantitative Buffy Coat (QBC)
1.4. PCR
1.4.1. Principe de la PCR
1.4.2. Composantes de la PCR
1.4.2.1. ADN
1.4.2.2. ADN polymérase
1.4.2.3. Amorces
1.4.2.4. Nucléotides
1.4.2.5. Tampon
1.4.3. Cycles d’amplification
1.4.3.1. Dénaturation
1.4.3.2. Hybridation
1.4.3.3. Elongation
1. 5. Utilisation de la sonde à ADN
2. Diagnostic indirect
2.1. Immunofluorescence indirecte
2.2. Hémagglutination indirecte
2.3. Test Elisa
2.4. Les tests rapides de diagnostic
2.4.1. Le test de détection de l’Histidin Rich Protein 2 : HRP2
2.4.2. Le test de détection de la lactico déshydrogènase plasmodiale
XII. Protection
XIII. Lutte antipaludique
1. Lutte antivectorielle
2. Chimioprophylaxie ou chimiothérapie
3. Traitement préventif intermittent (TPI)
CHAPITRE II GENERALITES SUR LE NIGER
1. Présentation physique du Niger
2. Climat
3. Hydrologie
4. Population
5. Economie
6. Situation de l’endémie palustre au Niger
6.1. Ampleur du paludisme au Niger
6 .2. Faciès épidémiologiques du paludisme au Niger
6 .3. Parasite
6. 4. Vecteurs
6. 5. Chloroquinorésistance
6. 6. Lutte antipaludique
6. 7. Traitement
CHAPITRE III : MÉTHOLOGIE GÉNÉRALE
I. Zones d’étude
1. Communauté urbaine de Niamey
2. Village de Banizoumbou
3. Zone de Gaya
4. Zone de Tahoua
II. Étude de la diversité parasitaire
III. Extraction de l’ADN des isolats de P. falciparum
IV. PCR primaire
V. PCR secondaire ou Nested-PCR
VI. Détection et analyse des produits de PCR
1. L’électrophorèse
2. Révélation des produits de PCR
3. Séquençage automatique
VII. Analyse statistique
CONCLUSION