Classification des chiens et place du Spaniel

Classification des chiens et place du Spaniel

L’origine d’un nom Gaston III dit Gaston Fébus

était comte de Foix et vicomte de Béarn (figure 1). Il tenait une partie de ses terres à la fois du royaume de France et de celui d’Angleterre, lesquels le ménageaient afin d’éviter qu’il ne bascule dans le camp adverse. Gaston Fébus épousa Agnès de Navarre, soeur de Charles II dit Charles le Mauvais, roi de Navarre, qu’il répudia le lendemain de son accouchement de manière peu galante.

Connu comme grand guerroyeur, il n’était pas moins un grand passionné de chasse et écrivit entre 1387 et 1389 ce qui restera jusqu’au XIXème siècle un manuel de référence : le Livre de chasse. Ce manuscrit, dicté en langue d’oc et traduit directement en langue d’oil par le copiste, regroupe toutes les techniques de chasse de l’époque en détaillant les chiens utilisés. Ce livre est considéré comme la première référence au « spaniel » dans la littérature moyenâgeuse (figure

Personne, aujourd’hui, n’irait avancer que les lévriers aient une quelconque origine bretonne et il semble bien que la deuxième partie de la phrase, celle qui avance l’origine espagnole des « chiens d’oysel », soit à prendre dans le même sens : les « épagneuls » n’ont pas plus une origine espagnole que les lévriers, une origine bretonne. Fébus associe au comportement des chiens d’oysel celui des Espagnols mais la comparaison s’arrête là (IRVING, 2000). Au XIVème siècle, deux types de chasse se côtoyaient : la vénerie et la fauconnerie. La vénerie utilisait les chiens courants, la fauconnerie les chiens couchants (MACLOC, 1820). Plusieurs traités de chasse virent le jour aux XIVème et XVème siècles : Le art de venerie de William Twici, composé avant 1328, Le livre du Roy Modus d’Henri de Ferrières, composé en 1360 et publié en 1486, La venerie de Jacques du Fouilloux publié pour la première fois en 1561 et plus tard, courant XVIIème, The book of hunting de Georges Tuberville. Du Fouilloux répertorie diverses sortes de chiens par leur couleur : blanc, fauve, gris, noir. Le chien d’oysel n’y est que vaguement mentionné : « Et qui veut avoir bonne garanne de Connils1, il les doit deux ou trois fois la semaine faire chasser aux Espagnols (Chiens d’oyseaux) & les faire encotter. » L’ouvrage le plus connu et le plus souvent cité est celui d’Edward of Norwich, second d’York, petit-fils d’Edward III roi d’Angleterre, intitulé The master of game. Ecrit entre 1406 et 1413, cet ouvrage est en grande partie une traduction en anglais du livre de Gaston Fébus. Curieusement, à part Tuberville qui semble l’avoir allègrement recopié, les autres auteurs contemporains de Fébus ne mentionnent ni l’épagneul ni le spaniel dans leurs ouvrages, lesquels traitent en grande majorité de vénerie. Même lorsqu’ils font allusion à la fauconnerie, ces appellations n’y figurent pas. Du Fouilloux mentionne le chien sans préciser son origine, bien qu’il ait également recopié mot pour mot Fébus.

Des trouvailles archéologiques

Des restes de chiens dont la morphologie semble correspondre à celle du Spaniel ont été retrouvés entre autres en Autriche, en Bretagne et dans le Sud de l’Angleterre. Ces restes dataient environ de 3 000 à 6 000 ans avant Jésus Christ. D’aucuns pensent également que, quelques 3 000 ans avant Jésus Christ, existaient déjà trois types de chiens dans les Îles Britanniques : le lévrier de chasse (type Deerhound), le Terrier et le Spaniel (TOBIAS, 1983). Ainsi, il y aurait présence du type morphologique qui nous intéresse bien longtemps avant les invasions Celtes et l’ère chrétienne, et ce dans diverses régions d’Europe. Il est possible que l’existence de ces chiens ait comme point de départ les côtes méditerranéennes et l’Europe du Nord, des migrations de peuplades du sud et de l’est étant notées en Bretagne autour du cinquième millénaire avant Jésus-Christ. Cependant, si l’on s’intéresse à l’émergence du type braccoïde en Europe, aucune différence ne peut être faite avec le type spaniel si ce n’est la longueur des oreilles, détail évidemment absent sur un crâne fossilisé (LICARI, 2009). Il est donc probable qu’aucun type morphologique particulier ne différenciait les chiens de chasse avant l’ère chrétienne et jusqu’au début du premier millénaire. Toute race de chiens de chasse actuelle semble donc être issue d’un pool de chiens de chasse originel aux caractéristiques semblables. Les différenciations morphologiques ne se marqueront que beaucoup plus tardivement.

Dans l’Antiquité

Les écrits grecs et romains relatent la présence récurrente de chiens de chasse. En effet, la chasse était très prisée dans l’Antiquité, tout d’abord par les Grecs. Autour du IIème siècle avant Jésus-Christ, les Romains, d’abord très méprisants vis-à-vis de cette activité dévolue aux esclaves, furent conquis à leur tour par l’attrait de la chasse au contact des Grecs qui y voyaient un entraînement à la guerre. Il n’était pas rare qu’un officier de légion romaine emmène ses chiens de chasse en campagne (TOBIAS, 1983). Dans les régions conquises, les légionnaires prenaient alors en main les bons chiens et leur élevage. Parmi ces régions se trouvaient les Îles Britanniques et plus particulièrement le Pays de Galles (TOBIAS, 1983).

Dans les Îles Britanniques, stationnèrent des légions formées de cohortes ibériques, gauloises, germaniques qui ont probablement introduit le type de chien de chasse antique tant dans leurs régions d’origine respectives que dans les pays où ils ont séjourné. Ces chiens se croisèrent alors avec des races locales (TOBIAS, 1983). Xénophon, en – 400 avant Jésus-Christ, ravive par son Traité de chasse l’amour des Grecs épuisés par les guerres du Péloponnèse pour cette activité. Il décrit la chasse au filet et mentionne des chiens débusquant les lièvres et d’autres les prenant à la course. Ce ne sont pas les mêmes chiens, mais ils sont choisis non pour leur morphotype mais pour leurs qualités olfactives (BAUDRILLART, 1834). Arrien, quant à lui, prend 500 ans plus tard le contre-pied de Xénophon en détruisant l’image de la chasse au filet dans les 36 chapitres de son Traité de chasse. Il entend montrer, sous l’empire d’Hadrien, lequel élevait des tombeaux à ses chiens et chevaux préférés, que la chasse avec les chiens et les chevaux est beaucoup plus amusante et plus noble. Il fait la description du chien de chasse idéal, celui-ci a entre autres des oreilles pendantes. L’appellation qu’il donne aux chiens se réfère à leur provenance géographique (NISARD, 1864).

Au Moyen-âge

Comme nous l’avons vu précédemment, divers manuscrits de chasse furent écrits pendant cette période. La totalité des ouvrages rédigés au Moyen-âge étaient enluminés, quel que soit le sujet dont ils traitaient. On y retrouve donc diverses illustrations de chiens de l’époque dans lesquelles nombre d’auteurs des siècles suivants y ont trouvé une preuve de l’existence de telle ou telle race de Spaniel dans les temps anciens. Les enlumineurs de cette époque savaient représenter un ou deux types de chiens qu’ils reproduisaient dans les manuscrits qu’ils devaient illustrer. Le chien dans lequel tout un chacun reconnaît le Spaniel n’est en fin de compte qu’un type de chien très commun : longues oreilles, corps fin et assez haut sur pattes, poil relativement fourni (figure 4).

La vénerie, avant l’apparition et la régularisation des armes à feu, était la façon la plus usitée de chasser car la plus noble. Ainsi, le chien courant était le chien de chasse du Moyenâge, les autres types de chiens n’étant pas réellement différenciés et estimés. L’utilisation d’armes à feu pour la chasse à partir du règne de François Ier (XVIème siècle) va révolutionner son fonctionnement et ses codes (BAUDRILLART, 1834). Il ne sert plus de n’avoir que des faucons et des chiens courants, et le chien couchant devient le parfait chien pour chasser devant soi avec une arme à feu. Cette diffusion de son utilisation va participer à l’accélération de sa différenciation (SPANIEL CLUB FRANÇAIS, 1996).

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Table des matières

Table des illustrations
Introduction
Première partie : Les origines des Spaniels
I. Le Spaniel, un chien d’origine espagnole
1. L’origine d’un nom
2. L’origine d’un type
a. Des trouvailles archéologiques
b. Dans l’Antiquité
c. Au Moyen-âge
3. Les différentes théories
a. La piste russe
b. La piste française
c. La piste espagnole
II. Le Spaniel apparaît dans les écrits
1. Les lois du Pays de Galles
2. Les traités de chasse moyenâgeux
3. La poésie
III. Classification des chiens et place du Spaniel
1. Une première classification des chiens
2. Une classification qui évolue peu jusqu’au XIXème siècle
3. Les premières classifications établies selon des « critères scientifiques»
Deuxième partie : La distinction des variétés
I. Le Clumber spaniel
1. Théories sur l’émergence de la race
2. La popularisation du Clumber spaniel
II. Le Sussex spaniel
1. Théories sur l’émergence de la race
2. Le Sussex : un spaniel de travail « foie doré »
III. L’Irish water spaniel
1. Water dog et water spaniel
2. Trois variétés de water spaniels en Irlande
3. Des origines incertaines
4. L’English water spaniel (figure 24)
IV. Le Cocker
1. Un spaniel sélectionné pour chasser la bécasse
2. Obo : un pilier de la race
3. Un engouement tardif
V. Le Field spaniel
1. Le « black spaniel »
2. Le « coloured field spaniel
VI. Les Springers spaniel
1. Un nom générique
2. Le Norfolk spaniel
3. L’English springer spaniel : une reconnaissance tardive
4. Le Welsh springer spaniel
Troisième partie : Diffusion et évolution des différents types de spaniels de la fin du XIXème siècle au XXIème siècle
I. Evolution des spaniels en Europe
1. Dans leurs pays d’origine
a. Création du Kennel Club
b. Les « parent clubs » de races
c. Les spaniels au Royaume-Uni
2. En France
a. Structuration de la cynophilie 3
b. Le Spaniel Club français
c. Les spaniels en France
3. Dans le reste de l’Europe
II. Evolution des spaniels sur les autres continents
1. Sur le continent américain
a. L’American Kennel Club
b. Les spaniels sur le continent américain
c. Le Cocker américain
2. En Australie
a. L’Australian National Kennel Council (ANKC)
b. Les spaniels en Australie
III. Les spaniels aujourd’hui
1. Le Cocker anglais, le Springer anglais et le Cocker américain : des variétés populaires
2. Les autres variétés sont qualifiées de rares
Conclusion
Annexes
Bibliographie

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