La santé : définition
L’OMS (1986) définit la santé comme étant «un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité». Le bien-être physique et mental abordé en sciences médicales dépend d’un environnement social équilibré. Ce qui rejoint la conception de Jolivet. La santé est « la relation entre les individus, et entre individu et son environnement ». Cette relation permet à l’individu de produire convenablement. C’est aussi un comportement et une responsabilité pour une bonne condition de vie. (Jolivet 2014) . La charte d’Otawa de 1986 a introduit le terme « promotion de la santé » qui vise à attribuer aux populations les moyens de prendre en main le contrôle de leur propre santé. Elle est basée sur l’autonomisation de l’individu pour qu’il entretienne sa santé lui-même. Selon cette charte la santé est la « ressource de la vie quotidienne ». Il ne s’agit donc pas d’une fin en soi, mais d’un moyen, d’une richesse même dans le but de produire, de créer. La santé est aussi la relation qu’entretient un individu avec le monde extérieur. Ce qui lui permet d’acquérir le bien-être physique, mental, et surtout social complet. Ainsi qu’une bonne condition de vie dans laquelle il peut produire convenablement et répondre par lui-même ses besoins (et ceux des siens) matériels et immatériels. Cette production contribue à son développement économique, cependant, le développement humain est d’autant plus important. Le tableau suivant offre une vision plus synthétique sur cette relation entre le développement et la santé, en mettant la prévention comme action inhérente à la santé.
Les acteurs dans la pratique de l’automédication
Dans un système d’acteurs sur la santé, les origines ainsi que l’aboutissement des informations sont difficiles voire même impossible à déterminer. La circulation d’informations permettant la pratique de l’automédication est complexe. Les acteurs rencontrés dans cette pratique ne sont pas seulement les dirigeants. Effectivement, elle est dynamisée par différents types de relations entre les acteurs qui font qu’une pratique est bien plus considérable qu’une autre. Ces relations se passent dans diverses situations et dans diverses conditions. Et les acteurs ainsi que les informations qu’ils produisent sont tout autant influents sur la pratique de l’automédication. Les « décideurs » en termes de politique nationale de santé, comme l’Etat, les organismes internationaux et supranationaux sont ceux qui optent pour des actions globales en termes de santé. Ils agissent en adoptant des stratégies à l’échelle nationale. Les actions de ces décideurs portent sur la politique nationale de santé, y compris la réglementation législative des médicaments et des divers procédures thérapeutiques, qu’il s’agisse de savoirs locaux (intérieur) ou de savoirs venus de l’étranger (extérieur comme la médecine chinoise). Cette politique concerne surtout la structure formelle de la santé. La légalisation et la formalisation des différentes méthodes thérapeutiques par l’établissement de cadre réglementaire sont les moyens utilisés par l’Etat répondant aux recommandations émises par l’OMS. Ils informent dans l’objectif d’empêcher la pratique de l’automédication. Les professionnels de la santé, qui renferme les personnels de santé publics et privés quant à eux, disposent des savoirs dits savants en matière de santé. Leurs savoirs faire relèvent de plusieurs années d’études et de pratiques dans les soins. Dans la plupart des cas, notamment pour les personnels de santé publics, ils suivent les directives données par les décideurs et rendent compte régulièrement de leurs activités. L’ordonnance médicale ou le carnet médical est un support par lequel les informations et les savoirs se transmettent entre le médecin et son patient. Le médecin est producteur d’informations pour le patient qui va en user selon sa convenance. Les tradipraticiens et les guérisseurs traditionnels sont des recours pour certaines communautés. Ils conseillent surtout à leurs patients des méthodes thérapeutiques naturelles basées essentiellement sur la croyance. Sont considérés comme acteurs commerciaux les vendeurs de médicaments légaux ou illicites. Les acteurs sociaux sont la communauté et ses membres, composés des familles et des individus. La figure qui suit montre globalement les relations se tenant entre les divers acteurs dans la pratique de l’automédication. Ces relations peuvent être de nature sociale comme pour l’individu et son entourage ; structurelle, comme les personnels de santé et l’Etat ; ou encore professionnelle, si on parle de la relation entre tradipraticien et individu.
Nécessité d’approche globale du système d’acteurs dans la pratique de l’automédication
Dans le système de communication sur la santé, les différents acteurs sont en relation. De Rosnay a proposé une façon de voir et d’appréhender le monde dans son ensemble qu’il développe dans son ouvrage Le Macroscope (1975). Cette vision macroscopique se base sur la complexité de l’environnement dans lequel l’être humain se trouve en le considérant comme un tout composé de diverses parties. Les éléments composant le système sont en interaction permanente. Ces interactions sont diversifiées selon la variété d’éléments. Une variété des acteurs humains dans le cas du présent travail. Pour pouvoir leur attribuer du sens ou saisir leurs rôles dans le système il est nécessaire d’adopter un regard global, c’est-à-dire voir les relations, les interactions entre les éléments du système et les contenus de ces interactions. Pour le cas du système humain, la différenciation d’ordre fonctionnel est constatée dans les attributions de chaque individu du système. Premièrement, il y a le niveau hiérarchique qui caractérise ces attributions. Le cas du patient dans le système de santé, face aux personnels de santé, ou face à sa famille illustre bien ce propos. Leurs fonctions sont complémentaires (Y. Winkin, 1996). Tout cela caractérise ce que de Rosnay appelle « complexité » du système (1975 : 92). Ces interactions dites sociales, sont à la base de la circulation des informations dans une communauté. Et ces informations influent sur la société et sur l’individu de trois manières telles que de Rosnay montre à partir de trois visions de la communication :
– Communication montante : Cette forme de communication s’explique par le circuit d’information partant de la base vers la pointe de la pyramide sociale. En de simples mots, il s’agit des actions des communautés de base vers les dirigeants. Le cas des savoirs sur les plantes médicinales provenant des communautés locales et utilisés par les industries de médecine traditionnelle comme Homeopharma et Imra ; ou par l’OMS illustre bien ce schéma qui est désigné « Bottom-up » (J. de Rosnay, 2006 : 33).
Le corpus : discours des divers acteurs
Il s’agit bien entendu du système d’acteurs dans la pratique de l’automédication. En se basant sur la prémisse que l’automédication est une pratique qui se perpétue par une circulation d’informations par l’interaction sociale, les données recueillies sur le terrain se composent d’interaction entre divers acteurs. Toutefois, les discours des autres acteurs influant sur la pratique de santé et de soins, malgré qu’ils ne fassent pas partie des interactions sociales, se doivent aussi d’être considérés. Ainsi, les acteurs dans le système communicationnel lié à la pratique de l’automédication ont été consultés par l’usage d’approche participative telle que l’entretien individuel et l’entretien de groupe. La théorie de la communication de Bateson et Ruesch précise que l’action de l’être humain est conditionnée par les contextes socio-culturels ainsi que les relations qu’il entretient avec son entourage. C’est-à-dire que l’individu se ressource en informations et élargit ses savoirs en entrant en contact avec son environnement. Ce qui nous amène à prendre en compte l’environnement dans lequel les interactions et les discours ont lieu.
– Sous-corpus 1 : Les conversations quotidiennes : Il s’agit des situations réelles dans la vie quotidienne des communautés observées. Leurs discussions de tous les jours Dans un premier temps, l’approche conversationnelle renvoie à deux situations : la première concerne les situations réelles où les acteurs entre en interaction et l’observateur n’y intervient pas ; et la seconde implique le chercheur directement, par des entretiens avec les acteurs.
– Sous-corpus 2 : Les discours institutionnels : Sont considérés comme discours institutionnels toutes sensibilisations et mobilisations provenant des acteurs institutionnels de santé, à savoir les organismes internationaux et nationaux, l’Etat et ses démembrements au niveau local. Ces discours sont notamment composés de panneaux spécifiquement pour la Ville de Fenoarivo Atsinanana, d’affiches pour les autres zones ainsi que des diffusions radiophoniques.
– Sous-corpus 3 : Les discours médiatiques : Ce sont les productions médiatiques sur la santé et ayant trait éventuellement à l’automédication. Parmi les six (6) stations radios approchées à Ambohibe, Fenoarivo Atsinanana et Soanierana Ivongo (dont 2 radios nationales), une seule produit des séquences sur la santé dans leurs plages d’émission, cela n’est pas encore systématique. Il y a lieu de souligner que les discours à prendre en compte dans ce cas-ci concernent les initiatives et créations des médias locaux et non les contenus de la part des ONG ou autres organismes à diffuser simplement à la radio. Ainsi, les discours des médias locaux seront représentés par une transcription d’un théâtre radiophonique de 2min 12s produit par la Radio Forum à Fenoarivo Atsinanana. Le choix de cette production a été fait parmi 347 enregistrements dont quatre (4) concernent la santé, notamment la relation médecin-malade. L’objectif de ces productions est d’encourager les individus et les ménages à fréquenter les centres de santé. Cette transcription est accompagnée d’entretien avec les responsables des radios locales des sites respectifs. En dehors de ces trois principaux sous-corpus, des transcriptions d’entretiens avec différents acteurs tels qu’un (1) tradipraticien, un vendeur illicite de médicaments, deux (2) accoucheurs traditionnels, un (1) agent communautaire et un (1) médecin privé viennent compléter le corpus ; ainsi qu’un exemplaire de l’hebdomadaire Santé Hebdo de l’Homeopharma disponible à Fenoarivo Atsinanana tiré au pif parmi les productions de Novembre 2014.
Langage interactif
L’interactivité est la base de la circulation d’informations. C’est le fondement même de la co-construction de l’information. Nous allons donc mettre au point une émission qui va permettre cette interactivité. Elle peut être usée et présentée par diverses façons en journalisme. Cela peut être par des interventions téléphoniques, des témoignages, des micros-trottoirs, des interviews, ou pour les médias interactifs, cela se passe instantanément. Tout cela dans l’optique de faire émerger la participation des acteurs dans la construction des informations sur la santé, à partir de laquelle ils pourront aussi construire des savoirs sur la santé. L’interaction que nous allons privilégier consiste à mettre en échange divers savoirs sur la santé et l’automédication, qui va nous permettre aux acteurs en présence discuter sur le sujet et construire ensemble une information qui cons Néanmoins, il est aussi primordial que les contenus soient en interaction tout comme les acteurs qui les produisent. Aussi, il est crucial de repérer les acteurs qui détiennent des contenus à partager ou à faire circuler.
CONCLUSION GENERALE
Les informations sur la santé liées à la pratique de l’automédication présentent des enjeux cruciaux au vu du contexte. Ces informations méritent une attention particulière de la part des professionnels de l’information, spécifiquement les journalistes, lors des traitements. Leur tâche première serait de faire une lecture des réalités sociales en matière de santé, donner la parole à différentes catégories d’acteurs dans la société avant de les confronter aux points de vue des spécialistes. Cette démarche nécessite la considération et l’adoption de nouvelles méthodes journalistiques privilégiant l’interaction sociale. Cette recherche a ainsi démontré l’importance des interactions qui se tiennent entre les individus dans la circulation d’informations liées à la pratique de l’automédication. Ces interactions leur permettent d’acquérir, d’échanger et même de construire des connaissances sur la pratique de l’automédication. L’objectif est de penser à fournir des informations sur la santé permettant au public de renforcer davantage leur compréhension des avantages et des inconvénients de l’automédication. Face à l’évolution des TIC, les médias tant locaux que nationaux sont invités à intégrer différentes formes d’interactivités dans leurs productions. Cela dans l’optique de pouvoir toucher les facettes de la société et du système de santé en général. La responsabilité des médias consiste à ne pas bâcler les informations en se penchant vers des tiers, mais d’ouvrir l’espace de discussion à tous les acteurs pouvant y contribuer. Cette contribution témoigne de l’implication des acteurs médiatiques et du domaine de la santé et d’attirer de plus en plus leur attention sur des sujets qui les touchent. La langue et le langage sont les conditions sine qua non d’une interaction langagière. Aussi, ils sont incontournables et doivent être considérés dans le traitement des informations sur la santé afin de pouvoir mettre en interaction les acteurs. Il ne s’agit plus donc pour les médias de relayer, transmettre ou diffuser seulement les productions toutes faites de la part des instances de santé. Il incombe aux professionnels des médias de considérer le contexte local, les existants sociaux afin d’éviter que toutes communications sur la santé venant de l’extérieur viennent les contrecarrer. Enfin, dans ce langage inclusif, les savoirs locaux sont des richesses sociales pour les communautés qui les détiennent. Il revient aux professionnels des médias de les considérer dans le traitement de l’information. Toutefois, ces dits professionnels ne sont pas là pour seulement donner la parole mais aussi les rendre compréhensibles par le public.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE
1. LA SANTE ET L’AUTOMEDICATION A MADAGASCAR
1.1. La santé : base du développement humain et économique
a. La santé : définition
b. L’automédication : points de vue de différents acteurs
1.2. Circulation d’informations liées à la pratique de l’automédication
a. Les acteurs dans la pratique de l’automédication
b. Productions d’informations permettant la pratique de l’automédication
c. Circulation d’information sur la santé et l’automédication à Analanjirofo
1.3. Les différentes formes d’automédication
a. L’automédication pour une société médicalisée
b. L’automédication et la vente illicite de médicaments
c. L’automédication par l’usage des remèdes naturels
2. CADRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
2.1. Choix théorique
a. Nécessité d’approche globale du système d’acteurs dans la pratique de l’automédication
– Communication montante
– Communication descendante
– Communication horizontale
b. Interactions entre les éléments
2.2. La communication basée sur l’interaction sociale
a. Concept d’interaction/Interaction sociale
b. Concept de circularité
2.3. Les fonctions du langage dans les interactions sociales
3. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
3.1. Le terrain d’étude
a. Localités diverses : Va et vient sur le terrain
b. Hypothèse de recherche
3.2. Méthodologie de terrain
a. Démarche participative
b. Profilage des acteurs
c. Objectif du terrain
CONCLUSION PARTIELLE DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE
1. ANALYSE DE L’EXISTANT
1.1. Le corpus : discours des divers acteurs
– Sous-corpus 1 : Les conversations quotidiennes
– Sous-corpus 2 : Les discours institutionnels
– Sous-corpus 3 : Les discours médiatiques
2. PREMIER NIVEAU D’ANALYSE : EXPLICATIVE
– Approche linguistique, langagière et culturelle de l’automédication
2.2. Aspect économique lié à la santé et à la pratique de l’automédication
– Santé
– Automédication
3. DEUXIEME NIVEAU D’ANALYSE : TRAITEMENT DU CORPUS
3.1. Les fonctions du langage dans les discours institutionnels
3.2. Les discours des institutionnels
3.3. Relation entre « médias » et « acteurs institutionnels »
3.4. Limite du relais médiatique
3.5. La confiance envers les dépositaires de médicaments
3.6. Relation dépositaire-client
CONCLUSION PARTIELLE DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE
1. DEMARCHE DE CONCEPTION D’UNE EMISSION RADIOPHONIQUE SUR LA SANTE
1.1. Typologie d’informations issues des interactions sociales
1.2. Les médias comme influence de la pratique de l’automédication
a. La circulation d’information sur les remèdes naturels
1.3. Langage interactif
1.4. Langage inclusif
1.5. Langage de médiation
1. Aspect technique du produit
1.1. Description du produit
1.2. Fiche technique du produit
a. Partenariat
b. Les objectifs
CONCLUSION PARTIELLE DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIOBLIOGRAPHIQUES
Télécharger le rapport complet