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Importance socio-économique
L’aviculture traditionnelle joue un rôle socio-culturel très important dans nos populations.
En effet, en Afrique en général et en particulièrement en Côte d’Ivoire, le poulet intervient dans diverses cérémonies rituelles et religieuses (naissances, baptêmes, circoncisions, mariages, décès…) (SAVANE, 1996). De plus, les produits avicoles sont faciles à offrir à des parents ou à des amis comme présents lors des fêtes ou des visites. Dans certaines sociétés africaines, le poulet est entouré de mythes. Il est considéré comme un plat exceptionnel qui n’est offert qu’aux personnes auxquelles on attache une importance particulière comme les jeunes mariés, les femmes qui viennent d’accoucher, les hôtes à honorer. Aussi, est-il le symbole d’une hiérarchisation au sein des familles car les parties nobles (cuisses, gésier, bréchet) sont servies aux personnes âgées ou au chef de la famille, la partie dorsale aux femmes et les jeunes partagent le reste (pattes, têtes) lors des repas. Le poulet sert également à la réparation d’un tort, le nombre à donner étant proportionnel à la gravité de la faute commise (BEBAY, 2006). La robe du poulet (blanche, noire ou blanche tachetée de noir) et l’aspect du plumage (normal ou plissé) sont des critères importants à considérer pour ces sacrifices (TRAORE et al., 2006).
Sur le plan économique, elle offre la possibilité aux paysans pauvres, même démunis de capital foncier, de générer des ressources financières. Ainsi, les revenus des ventes de la volaille permettent d’entretenir la famille toute l’année et surtout en période de soudure (KONDOMBO, 2007).
Conduite de l’élevage
L’espèce la plus exploitée est la poule domestique, appelé Gallus gallus domesticus dont l’ancêtre est G. ferrugineus. Il s’agit d’un oiseau de petite taille, très rustique et à la chair bien appréciée. Son poids moyen adulte en 6 mois est d’environ 1 kg chez la femelle et 1,5 kg chez le mâle adulte (GUEYE et BESSEIW, 1995).
En Afrique de l’Ouest elle est communément appelée «poulet bicyclette», et ce en rapport avec le mode de transport vers les centres urbains :
(http://agriculture.wallonie.be/apps/spip_wolwin/ecrire/Dossiers/Troupeaux/Broc h2/ActuInternat.pd)
mais aussi en rapport avec son aptitude à la course (ADAMA, 1990).
La conduite de l élevage en aviculture familiale est une pratique assez rudimentaire. En effet, la volaille villageoise ne fait l’objet que de peu d’attention et les animaux vivent en divagation pour la plupart. Dans la basse-cour, des volailles de plusieurs âges et de plusieurs espèces cohabitent entre elles ou avec d’autres espèces sauvages et domestiques. Les oiseaux passent le jour à la recherche de l’aliment et les adultes se chargent d’élever les jeunes. Ils vivent d’insectes, de sous-produits agricoles, et de déchets de cuisine. Parfois les poussins reçoivent dans les 2 ou 3 premiers mois, 10 à 20 g de mil par jour en plus des termites (ADAMA, 1990). Certains paysans distribuent parfois le matin comme le soir quelques poignées de céréales à la basse-cour. Après la divagation, les volailles passent la nuit dans des poulaillers ou perchés sur des branches d’arbres ombragés ou encore dans un coin des maisons, partageant très souvent la même pièce avec les habitants de la maison. L’eau consommée par les volailles est de qualité médiocre. Les effectifs par concession sont très variables et vont de 5 à 10 poules. Ils peuvent atteindre en moyenne 25 à 60 animaux (DANHO et al., 2000).
Sur le plan sanitaire, les oiseaux ne reçoivent pratiquement pas de soins. Dans ce contexte, les pertes sont très importantes, notamment chez les jeunes. C’est particulièrement le cas des pintadeaux pour lesquels les mortalités peuvent atteindre 90% des jeunes (BEBAY, 2006). Les agriculteurs sont ainsi confrontés aux mortalités élevées, principalement due à la maladie de Newcastle (COUACY-HYMANN, 1991 ; N’GUETTA et al., 1993 ; BOYE, 1990) et actuellement à l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) dans de nombreux pays depuis son apparition, en Asie à la fin de 2003 (GUEYE, 2009).
DANHO et al. (2000) ont aussi montré que les mortalités sont plus élevées en saison sèche (40 à 60%) qu’en saison de pluies (10 à 15%).
Les pertes peuvent aussi être dues au vol, à la pression des prédateurs, aux pertes par noyade, par accident ou encore par égarement.
Production
La productivité en aviculture familiale est très faible, de l’ordre de 4 à 6 poulets commercialisables par an et par poule avec une production de 60 à 80 œufs par an contre 90 œufs par an chez la pintade. Cependant les coûts de production sont quasiment nuls. Le poids moyen adulte de la poule et du coq est compris respectivement entre 0,6- 1,2kg et 1,5-2kg. Le renouvellement de la volaille s’appuie essentiellement sur les poussins issus de la même basse-cour, les œufs étant aussi bien couvés que consommés.
Le taux d’éclosion des œufs varie entre 50 et 80% (ADAMA, 1990). Les volailles et les produits qui en dérivent sont pour la plupart destinés à l’autoconsommation, parfois vendus ou donnés en cadeaux. En 2000, le cheptel villageois était estimé à 21 630 000 têtes, ce qui fait près de 74% de toute la volaille produite en Côte d’Ivoire (http://www.firca.ci/pdf/pdf_news_07_elevaqua.pdf).
L’aviculture moderne
Importance socio-économique
L’aviculture moderne dans la sous-région Ouest Africaine est une filière qui a pris son essor à partir des années 80. Elle se développe beaucoup plus rapidement dans les pays côtiers disposant d’un marché urbain important ; les deux pays où cette aviculture connaît un essor important sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal (UOFAO/UEMOA, 2008).
En Côte d’Ivoire, elle est une source de revenu très importante pour des populations vivant en zone urbaine et périurbaine. Elle offre plus de 30 000 emplois directs et représente un chiffre d’affaire de 40 milliards de FCFA par an (DJE, 2007).
Au Sénégal ce système d’élevage est le plus souvent pratiqué par des salariés, des personnes de professions libérales ou exerçantes dans le secteur tertiaire, qui engagent des fermiers pour s’occuper de la gestion de leurs exploitations. Cela représente un chiffre d’affaire de 30 milliards de FCFA (TRAORE et al., 2006).
Conduite de l’élevage
L’aviculture moderne s’est particulièrement développée en fonction du marché potentiel des villes. Les aviculteurs sont plus ou moins spécialisés soit dans l’élevage des poules pondeuses, soit dans l’élevage des poulets de chair ; ou parfois on à des élevages mixtes. Ainsi, dans la zone d’Abidjan, plus de la moitié des unités sont spécialisées dans l’élevage des poulets de chair et à Agnibilékro, les spéculations « ponte » sont les plus utilisées (KONE, 2007).
Le système semi-industriel de l’aviculture moderne ivoirienne se compose d’élevages de très grande taille ayant un ou plusieurs sites de production et un cheptel important de plus de 10 000 volailles. Les volailles sont hébergées dans des abris spécialement construits et reçoivent un aliment industriel parfois fabriqué sur place. Certaines exploitations possèdent leurs propres abattoirs modernes et couvoirs pour fournir des poussins de remplacement. La production de souche parentale est encore au stade de démarrage. En Côte d’Ivoire, la taille des élevages de poulets de chair varie de 60.000 à 120.000 poulets par bande avec en moyenne 100.000 poulets. Et celle des élevages de poules pondeuses varie de 20.000 à 120.000 poussins ponte avec en moyenne 50.000 poussins ponte.
Dans le système moderne amélioré, l’aviculteur utilise des poussins de souches améliorées d’un jour, importés ou produits sur place par les accouveurs. Il nourrit les volailles avec des aliments complets produits par une industrie spécialisée ou par les aviculteurs eux-mêmes. La taille des élevages de poulets de chair dans ce système varie de 300 à 2.000 poulets par bande avec en moyenne 1000 poulets. Par contre, celle des élevages de poules pondeuses varie de 100 à 1.200 poussins ponte avec en moyenne 700 poussins ponte. Certains éleveurs utilisent leur propre bâtiment, situé pour la plupart sur le terrain de la maison du propriétaire, et d’autres utilisent des bâtiments en location. Le nombre des éleveurs augmente à des périodes de l’année, surtout à l’approche des grandes fêtes: c’est le phénomène des éleveurs occasionnels qui pratiquent la vente spéculative aux périodes de vente favorable (ADAMA, 1990). La volaille peut être vendue soit directement par les aviculteurs sur les marchés locaux d’oiseaux vivants, soit indirectement par des intermédiaires et des prestataires de services ou à un contractant (grossiste).
Structures d’encadrement
Cadre institutionnel
Depuis avril 2004, le Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques (MIPARH) a en charge au plan institutionnel, les productions animales en remplacement du Ministère de l’Agriculture (MINAGRI) (CÔTE D’IVOIRE/ NEPAD–PDDAA, 2005). Par ailleurs, le MIPARH assure ces différentes tâches à travers diverses directions. La Direction de la Planification et des Programmes (DPP) qui a en charge la conception de la politique de développement des productions animales dont l’aviculture, la Direction des Productions d’Elevage (DPE) qui quant à elle a un rôle purement organisationnel dans le secteur avicole et enfin la Direction des Services Vétérinaires (DSV) qui, à travers sa sous direction chargée de la santé animale, intervient dans la lutte contre les pathologies aviaires dont la récente épizootie de Grippe Aviaire (GA). A côté du MIPARH, l’Agence Nationale d’Appui au Développement Agricole (ANADER), structure privée, a pour rôle la vulgarisation des nouvelles méthodes d’élevage et travail beaucoup avec le milieu rural. Le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD) a pour sa part en charge les études de projets de développement (validation et appui à la recherche et la négociation de financement). Le CNRA (Centre National de la Recherche Agronomique) créé en avril 1998, a pour principales missions d’initier et d’exécuter les recherches en vue d’assurer l’amélioration de la productivité de toutes les spéculations du domaine de l’Agriculture (au sens large du terme). Le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA), créé le 11 décembre 2002, intervient dans le système avicole à plusieurs niveaux. Il participe au financement des programmes, à la formation aux métiers de l’élevage et au renforcement des capacités des organisations professionnelles avicoles.
Le secteur avicole bénéficie aussi des services des laboratoires qui assurent l’appui scientifique et qualitatif aux productions avicoles (analyses virologique, bactériologique et nutritionnel).Ces laboratoires concourent ainsi à la production en quantité et en qualité de viande de volailles en Côte d’Ivoire (KONE, 2007). Il existe trois grands laboratoires : Laboratoire Central de Nutrition Animale (LACENA),
Laboratoire de Pathologie Animale (LPA) et l’Institut Pasteur (IP). Les deux premiers appartiennent au Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole (LANADA).
Organisation professionnelle avicole
La filière avicole ivoirienne regroupe à son sein quatre (4) associations professionnelles. Il s’agit de l’UACI (Union des Aviculteurs de Côte d’Ivoire) et l’ANAVICI (association nationale des aviculteurs de Côte d’Ivoire) et l’INTERAVI (association des industriels de la filière avicole ivoirienne). Ces trois associations sont regroupés au sein de l’interprofessionnelle avicole ivoirienne (IPRAVI) ; Cette dernière intègre tous les maillons de la filière avicole (DJE, 2008). Malheureusement, aucune organisation des volaillers n’appartient à l’IRAVI. La figure 3 montre le schéma de l’organisation de la filière avicole.
Cas de la volaille moderne
En aviculture commerciale, le circuit de distribution de la volaille vivante fait également intervenir plusieurs acteurs ou intermédiaires dont les producteurs, les grossistes, les commerçants sur les marchés, les consommateurs. Les espèces concernées sont dans la majorité des cas, les poules de réforme, les poulets de chair et les coquelets. Les oiseaux sont vendus soit vivants (circuit du vif), soit tués (circuit mort) (ADAMA, 1990). Selon ESSOH (2006), 95,5% des éleveurs mettent entièrement sur le marché des poulets vivants.
Dans le premier cas (circuit du vif), les volailles sont vendues vivantes par des revendeurs sur les marchés ou directement à la ferme par les fermiers, aux consommateurs. Au niveau des marchés les oiseaux arrivent par l’entremise des grossistes qui les revendent aux petits détaillants ; ceux-ci les vendent à leur tour aux consommateurs (NGATCHOU et NGANDEU, 2006). Le consommateur achète la volaille sur pied. Près de 50% des volailles vendus sur pied sont tuées et éviscérées sur place par des abatteurs dans les tueries particulières (BARKOK, 2007). L’on note toutefois que cette activité s’exerce dans des conditions d’insalubrité inquiétantes et les abatteurs sont exposés aux zoonoses.
Au Sénégal le circuit du vif est dominé par des acheteurs-revendeurs appelés les banabanas. Ceux-ci maintiennent les poulets dans des cages de fortune, où ils reçoivent de l’eau et un peu d’aliment essentiellement composé de son de mil ou de riz de qualité médiocre. Le cycle de renouvellement de stock dépasse rarement une semaine, en moyenne, il est de trois jours (TRAORE, 2007).
Une autre stratégie de vente est celle pratiquée par de petits vendeurs ambulants qui promènent les animaux (une dizaine) à travers la ville, de quartiers en quartiers. Dans ce cas, les animaux sont transportés sur la tête ou alors dans une charrette poussée par le vendeur. Enfin, des lieux de vente illicites sont parfois créés sur les trottoirs de quelques axes routiers des grandes villes (BEBAY, 2006).
Cependant, il arrive très souvent que les acteurs du circuit vif subissent des pertes sévères, par suite de mortalités provoquées par des coups de chaleur ou des maladies qui étaient en état de latence voire en incubation et que le stress des mauvaises conditions de vente auraient révélées (ADAMA, 1990).
Dans le circuit mort, les volailles transitent par des abattoirs ou ateliers d’abattage. Les produits sont ensuite livrés dans les supermarchés, restaurants, particuliers etc. En effet, certains éleveurs signent des contrats spécifiques de vente avec les opérateurs en aval tel que la SIPRA (COQIVOIRE). Ces derniers font abattre les poulets et les conditionnent pour les revendre aux supermarchés, aux restaurants, à des particuliers dans des points de vente spécifiques. Dans ce type d’échange c’est la volaille moderne qui est le plus souvent utilisée, le plus souvent issue des grandes unités de production (SIPRA, FOANI, COCO Service). Ce circuit a l’avantage de présenter moins de risque de santé publique et de propagation d’agents pathogènes. Malheureusement, l’on note une insuffisance de structures d’abattage, de transformation, de conservation et de conditionnement des volailles (TOURE, 1995).
Quelque soit le système d’élevage, l’analyse des flux commerciaux montre que les zones de production sont éloignées des zones de consommation et la prédominance du circuit vif accentue les risques de propagation des pathologies aviaires. Les moyens et matériels de transport et de vente de la volaille sont rarement désinfectés. Un point critique majeur est le caractère particulièrement insalubre des sites d’abattage et de plumaison présents dans les marchés des grandes villes. Les règles d’hygiène sont à peine connues, les outils et équipements des abatteurs sont sommaires, l’évacuation des déchets n’est pas systématique et le respect du principe de la marche en avant est inconnu (BADJE, 2007).
TYPOLOGIE DES MARCHES DE VOLAILLES VIVANTE
De nombreuses études ont décrits les marchés de volailles vivantes (BRAILLON cité par BADJE (2007) ; KONDOMBO (2007) ; KALLO (2007a)). Sur la base de ses études, les marchés peuvent être classés en trois (3) types :
Marchés primaires
De tailles modestes, ces marchés sont les lieux où les collecteurs locaux (collecteurs primaires) et les paysans se rencontrent pour les échanges. Ils sont également appelés marchés de collectes. Une trentaine voire plus de poulets sont collectés par jour (ADAMA, 1990) et acheminé jusqu’aux marchés soit à bicyclette, soit à motocyclette, soit à la main. Les acheteurs sont essentiellement des collecteurs régionaux (collecteurs secondaires). Il est rare que ces marchés s’animent plus d’une fois par semaine. Ce sont les marchés des petites villes et villages dans les sous-préfectures et mairies. La spéculation y est très souvent faible et ne concerne que la volaille villageoise le plus souvent. La figure 8 ci dessous illustre ce type de marché.
Marchés régionaux
Ce sont des marchés de tailles plus importantes avec une fréquence d’animation au minimum hebdomadaire. Les volailles qui y sont vendues proviennent essentiellement des collecteurs primaires. Les oiseaux arrivent par camions ou utilisant le transport en commun (autocar). On trouve dans cette catégorie, les marchés frontaliers (pour les pays d’exportation) et les marchés des villes importantes (capitales de région et de préfectures). La spéculation y est moyennement élevée. La volaille traditionnelle mais parfois de la volaille moderne produite localement est vendue sur ces marchés. La volaille est transportée dans des cageots en bois contenant une centaine de poulets et acheminée jusqu’aux marchés terminaux (ADAMA, 1990). Ces marchés sont aussi appelés marchés intermédiaires ou marchés de regroupement.
Marchés terminaux
Dans ce dernier cas, ce sont essentiellement les grossistes qui approvisionnent les marchés en volaille. Ici, la volaille subit sa dernière opération marchande. Ils sont encore appelés marchés de débouchés terminaux. Ces marchés sont animés tous les jours et sont ceux des grands centres urbains. Ce sont les lieux de rencontre de volaille de toutes espèces et de tous âges. Les commerçants de volaille occupent le plus souvent des aires rarement aménagées pour la vente et disposent de cages pouvant contenir trente à cent poulets selon leurs capacités (KONE, 2007) (figure 9). Un stock de 100 poulets peut mettre 2 à 7 jours à s’écouler et même plus; ce qui pousse parfois les commerçants à déplacer la volaille sur plusieurs marchés (ADAMA, 1990).
MESURES DE BIOSECURITE
DEFINITION ET PRINCIPE DE LA BIOSECURITE
Concept et définition de la biosécurité
La biosécurité est une approche stratégique et intégrée de l’analyse et de la gestion des risques pesant sur la vie et la santé des personnes, des animaux, des plantes et des risques associés pour l’environnement. Elle suscite un intérêt grandissant depuis une dizaine d’années, lorsqu’apparaissent de nouvelles épidémies de maladies transfrontières touchant des animaux, des plantes et des personnes (FAO, 2007a). C’est ainsi que le terme « biosécurité » a été largement utilisé dans le débat sur la lutte contre la grippe aviaire (FAO, 2007b). Les mesures regroupées sous le terme «biosécurité» sont définies de manière très large ou plus étroite, et peuvent être appliquées à tous les niveaux, depuis les politiques nationales jusqu’à la gestion d’une unité de production individuelle. Elle est aussi définit de nombreuses manières.
Ainsi, la FAO (2008c) lors de la conférence interministérielle sur la grippe aviaire et la grippe pandémique à New Delhi en décembre 2007, a défini la biosécurité comme suit : « le terme biosécurité désigne l’ensemble des mesures visant à réduire le risque d’introduction du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène dans les unités de production individuelles (bioexclusion) ainsi que le risque de transmission à l’extérieur (bioconfinement) et de propagation ultérieure par le biais de la filière de production et de commercialisation ». Quant à GUEYE (2008), c’est un ensemble de pratiques et de mesures mises en œuvre pour prévenir l’introduction, le maintien et la dissémination d’agent(s) pathogène(s) dans un pays/une région/une ville/un village/une exploitation avicole/un marché de volailles. selon BAKAYOKO(2007), c’est un ensemble de bonnes pratiques d’hygiène qui comprend les mesures de bioexclusion, afin de limiter au maximum les risques d’introduction des agents pathogènes, et les mesures de bioconfinement pour empêcher leurs circulations. KABORET (2007a) présente la biosécurité, dans un cadre plus restreint, comme étant un ensemble de pratiques et de mesures mises en œuvre pour prévenir l’introduction, le maintien et la diffusion des agents pathogènes dans une exploitation avicole.
Elle peut être considérée comme un ensemble des mesures que l’on prend afin de préserver la santé des oiseaux si la maladie est absente, empêcher la propagation de la maladie si elle est présente, et également assurer la protection des personnes exposées au risque de contamination a dit SANOGO (2008).
D’une manière générale, elle consiste à la protection de la vie aussi bien des Hommes que des animaux (GEUYE, 2008).
Principe de la biosécurité
La biosécurité repose sur trois principes fondamentaux (FAO, 2008c) : l’insolement ou ségrégation, le nettoyage et la désinfection.
Isolement
Elle consiste à la mise en place et au maintien de barrières visant à limiter les possibilités d’introduction d’animaux infectés ou d’objets contaminés dans une unité de production non infectée. Elle aide à protéger les volailles de l’exposition aux virus et autres agents pathogènes. Il ne s’agit pas de séparer les espèces, mais de tenir éloignés les animaux susceptibles d’être contaminés de ceux qui ne le sont pas (FAO, 2008c).
Elle repose sur deux notions fondamentales qui sont le «bioexclusion» (garder les vecteurs des maladies à l’extérieur d’une unité de production saine) et le «bioconfinement» (garder les vecteurs des maladies à l’intérieur d’une unité de production déjà contaminée) (FAO, 2007b). En pratique, seules les mesures de « bioconfinement » sont faciles à mettre en ouvre dans les marchés de volailles vivantes.
En somme, l’isolement est la première ligne de défense. C’est l’étape la plus importante et la plus efficace dans la mise en œuvre des mesures de biosécurité (GEUYE, 2008).
Nettoyage
C’est la deuxième étape la plus importante en termes d’efficacité. Il consiste à éliminer toutes les souillures visibles. En effet les objets sont en général contaminés par les matières fécales des animaux infectés ou par leurs sécrétions respiratoires qui adhèrent aux surfaces. Au niveau des marchés, il s’agit du matériel de vente (cages, mangeoires, abreuvoirs, etc.) mais aussi des moyens et du matériel de transport de la volaille vivante. Tous les matériels avant de franchir la barrière sanitaire doivent être nettoyés à fond. Ainsi, les petits objets peuvent être nettoyés avec du savon, de l’eau et une brosse, mais il faut utiliser un système de nettoyage à haute pression (110-130 bars) pour les véhicules de transport de la volaille (FAO, 2008c).
Notons que le nettoyage, lorsqu’il est bien mis en œuvre, permet de détruire une grande partie des agents pathogènes. C’est pourquoi un bon nettoyage sans désinfection vaut mieux qu’une désinfection sans nettoyage.
Désinfection
La désinfection est la troisième et dernière étape. C’est l’étape la moins fiable. Son efficacité va dépendre de beaucoup de facteurs, y compris la qualité du nettoyage (GUEYE, 2008). En effet, après un nettoyage méthodique, la désinfection, lorsqu’elle est correctement appliquée, inactive tous les agents pathogènes encore présents. Son efficacité dépend, en plus du nettoyage, de la qualité du produit utilisé. Dans tous les cas, il faut tenir compte des prescriptions du fabricant. Beaucoup de produits existent sur le marché (annexe II). Mais le désinfectant virucide, bactéricide et fongicide à spectre large le plus souvent utilisé en Côte d’Ivoire est le VIRKON®. C’est un agent oxydant présenté sous forme de poudre colorée vendue dans des boîtes de 1 Kg. Elle est dosée à 1 % (soit 10 grammes de poudre par litre d’eau). La poudre est dissoute dans de l’eau pour obtenir une solution qui peut rester stable pendant 7 jours (SANOGO, 2008).
En outre la désinfection peut se faire par trempage de l’objet à désinfecter dans la solution préparée ou encore utiliser un pulvérisateur. La figure 10 montre l’utilisation d’un pulvérisateur sur le marché d’Abengourou lors du vaste programme de nettoyage et désinfection des marchés de volailles vivantes en Côte d’Ivoire, cela dans le cadre de la lutte contre l’influenza aviaire.
MISE EN OEUVRE DES MESURES DE BIOSECURITE
La mise en œuvre des mesures de biosécurité se fait suivant un plan bien établi. Premièrement, il faut déterminer les facteurs de risques, ensuite mettre en œuvre un plan de biosécurité et enfin, faire de manière périodique le suivie et l’évaluation des mesures mises en place.
Facteurs de risques de biosécurité
Risques liés aux pathologies aviaires
Dans toutes les productions animales, et particulièrement en aviculture, la productivité, la rentabilité de l’élevage et la qualité des produits sont conditionnées par l’état sanitaire du cheptel (FAO, 2005). Ainsi, les pathologies sont des contraintes majeures pour le développement de l’aviculture. En aviculture familiale, la volaille ne bénéficie d’aucune couverture sanitaire (KONE, 2007). On note une absence de prophylaxie sanitaire contre l’ensemble des maladies aussi bien infectieuses que parasitaires. Aussi, les oiseaux jouissent très rarement de la surveillance du propriétaire (GUEYE, 1999). Les quelques rares soins se résument à l’administration de préparations issues de la pharmacopée traditionnelle, notamment des vermifuges comme des extraits de piments ou de feuilles et d’écorce d’Azadirachta indica dilués dans de l’eau de boisson (BULGEN, 1992). Les pathologies aviaires les plus courantes sont dans l’ordre d’importance la maladie de Newcastle, la variole aviaire et les parasitoses internes (BEBAY, 2006).
En aviculture commerciale, malgré l’existence de programme de prophylaxie, certaines maladies sont fréquemment rencontrées surtout dans les élevages mal entretenus. Les maladies de GUMBORO, de Newcastle et la coccidiose sont les plus fréquentes chez les poulets de chair et les poulettes (M’BARI, 2000).
D’ailleurs, dans ces dernières année, l’IAHP constitue un risque majeur car en plus d’être très pathogène pour la volaille, elle est une zoonose majeure tant par sa fréquence que par sa gravité chez l’homme. Cette maladie aviaire a causée dans le monde, de 2003 au 10 septembre 2007, 326 cas d’infection chez l’Homme dont 200 cas de mortalité avec un taux de létalité de 61% (OMS cité par COULIBALY, 2007).
En somme, ces maladies constituent des facteurs de risque de biosécurité car les oiseaux sont le plus souvent commercialisés très loin de leurs lieux de production.
Risques liés à la pratique commerciale
Les marchés d’oiseaux vivants et les systèmes de transport utilisés pour acheminer la volaille depuis les exploitations jusqu’aux marchés présentent chacun des risques particuliers de propagation des maladies aviaires. Les risques sont nombreux mais nous ne montrerons que les risques majeurs.
Les conditions sanitaires et hygiéniques sur les marchés sont parfois précaires. Les oiseaux arrivent et partent chaque jour en un flux continu dans les deux sens, ce qui permet aux agents pathogènes de persister et de s’accumuler au fil du temps, transformant les marchés en des sites hautement contaminés (FAO, 2008c). De même, la traçabilité des oiseaux n’est pas faite sur bon nombre de marché, ce qui fait qu’aucune information sur l’état de santé des oiseaux n’est fournie. Sur tous les marchés, le matériel susceptible d’être mis au contact de la volaille devrait être nettoyé et désinfecté. La prédominance du circuit du vif (volaille vivante), est un risque de propagation des maladies hors des marchés (BARKOK, 2007). Aussi, les aires d’abattage et de plumage des oiseaux ne sont pas contrôlables, et le matériel et les équipements sont inadaptés, difficile à nettoyer et à désinfecter (KABORET, 2007c). Ces aires sont particulièrement très insalubres et les règles élémentaires d’hygiène sont à peine connues de tous (BEBAY, 2006).
De plus d’après CIRAD (2006), les petits éleveurs et commerçants vivent souvent en contact étroit avec les volailles sont ainsi exposés aux zoonoses aviaires. L’inexistence de jour de fermeture des marchés (vide sanitaire) rend difficile la mise en œuvre d’un plan de nettoyage et de désinfection dans les marchés de volailles. Les volailles issues des élevages modernes et de l’aviculture familiale se trouvent souvent mélangées sur ces marchés. Les marchands et d’autres intermédiaires et prestataires de services fréquentent les lieux et peuvent facilement emporter des objets contaminés qui seront introduits dans les unités de production des divers secteurs. Aussi, les oiseaux vivants achetés à des fins de production peuvent être un vecteur de la maladie entre les divers secteurs de la filière de la volaille et de celle des oiseaux en captivité (FAO, 2008c).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : FILIERE AVICOLE EN CÔTE D’IVOIRE
1.1. CARACTERISTIQUES DES SYSTEMES D’ELEVAGE
1.1.1. Historique
1.1.2. Typologie des systèmes d’élevage
1.1.2.1. Typologie selon le système avicole ivoirien
1.1.2.1. Typologie selon la FAO
1.1.3. Systèmes d’élevage avicole
1.1.3.1. Aviculture traditionnelle
1.1.3.1.1. Importance socio-économique
1.1.3.1.2. Conduite de l’élevage
1.1.3.1.3. Production
1.1.3.2. L’aviculture moderne
1.1.3.2.1. Importance socio-économique
1.1.3.2.2. Conduite de l’élevage
1.1.3.2.3. Production
1.1.2.4. Structures d’encadrement
1.1.2.4.1. Cadre institutionnel
1.1.2.4.2. Organisation professionnelle avicole
1.2. CIRCUIT DE COMMERCIALISATION DE LA VOLAILLE
1.2.1. Commercialisation de la volaille vivante
1.2.1.1. Cas de la volaille traditionnelle
1.2.1.2. Cas de la volaille moderne
1.2.2. Circuit de commercialisation des autres produits avicoles
CHAPITRE II : MARCHES DE VOLAILLES VIVANTES
2.1. GENERALITES
2.2. TYPOLOGIE DES MARCHES DE VOLAILLES VIVANTE
2.2.1. Marchés primaires
2.2.2. Marchés régionaux
2.2.3. Marchés terminaux
CHAPITRE III : MESURES DE BIOSECURITE
3.1. DEFINITION ET PRINCIPE DE LA BIOSECURITE
3.1.1. Concept et définition de la biosécurité
3.1.2. Principe de la biosécurité
3.1.2.1. Isolement
3.1.2.2. Nettoyage
3.1.2.3. Désinfection
3.2. MISE EN OEUVRE DES MESURES DE BIOSECURITE
3.2.1. Facteurs de risques de biosécurité
3.2.1.1. Risques liés aux pathologies aviaires
3.2.1.2. Risques liés à la pratique commerciale
3.2.1.3. Risques liés à l’insuffisance d’encadrement des acteurs
3.2.2. Plan de mise en œuvre des mesures de biosécurité
3.2.2.1. Isolement
3.2.2.2. Contrôle des mouvements
3.2.2.3. Mesures sanitaires
3.2.3. Suivi et évaluation des mesures mises en place
3.3. CONTRAINTES DE BIOSECURITE DANS LES MARCHES DE VOLAILLES VIVANTES
3.3.1. Facteurs liés au transport de la volaille vivante
3.3.2. Facteurs liés aux marchés
3.3.3. Facteurs liés aux commerçants et aux abatteurs sur les marchés
3.3.4. Facteurs liés à l’encadrement des vétérinaires dans les marchés
DEUXIEME PARTIE : PRATIQUE DES MESURES DE BOSECURITE DANS LES MARCHES DE VOLAILLES VIVANTES DU DISTRICT D’ABIDJAN
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
1.1. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
1.2. MATERIEL
1.3. METHODES D’ETUDE
1.3.1. Recherche documentaire
1.3.2. Enquête de terrain
1.3.2.1. Elaboration des questionnaires
1.3.2.2. Echantillonnage
1.3.2.3. Administration des questionnaires
1.3.3. Analyse des données
CHAPITRE II : RESULTATS
2.1. TYPOLOGIES
2.1.1. Typologie des marchés de volailles vivantes
2.1.2. Typologie des tueries de volailles vivantes
2.2. PRATIQUES DES MESURES DE BIOSECURITE
2.2.1. Caractéristiques des marchés de volailles vivantes
2.2.2. Organisation des volaillers
2.2.3. Pratiques commerciales des volaillers et rôle des consommateurs
2.2.4. Mesures d’hygiène dans les marchés et gestion sanitaires des volailles
2.2.5. Caractéristiques et hygiène du matériel utilisé par les volaillers
2.2.6. Gestion des déchets animaux provenant des marchés de volailles
2.3. SYSTEMES D’ENCADREMENT DES VOLAILLERS
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
3.1. DISCUSSION
3.1.1. Discussion de la méthodologie
3.1.2. Discussion des résultats
3.2. RECOMMANDATIONS
3.2.1. A l’ endroit des autorités étatiques
3.2.2. A l’ endroit des organisations professionnelle
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