Cicéron et la république romaine

La République romaine est la période entre 509 et 27 avant Jésus-Christ, après l’expulsion du dernier des rois de Rome, Tarquin le Superbe. Cette période a connu de multiples dissensions, ce qui a entraîné une crise socio – politique et conduit de la République à l’empire. Pour Polybe, la République c’est l’Etat dans lequel le pouvoir appartient à l’ensemble des citoyens, ou à une partie d’entre eux, et non à une seule personne, on dit qu’elle est démocratique, car le pouvoir appartient à l’ensemble des citoyens .

A ses débuts, la République romaine était la cité avec son peuple libre, se donnant ses magistrats et ses lois, conduites par ces mêmes magistrats-rois qui le consultent, sans jamais sortir des barrières légales. Autour de la cité, gravitaient, dans leur double orbite, les fédérés italiques, avec leur système de cités particulières, libres aussi, pareilles et apparentées à la ville de Rome ; et les alliés extra-italiques, composés des villes franches de la Grèce, des peuples et des souverainetés barbares, sous la tutelle, plutôt que sous la domination de Rome. Résultat dernier et fatal de la Révolution à laquelle, les deux partis conservateurs et démocrates ont travaillé de part et d’autre, et comme d’entente ; au commencement de l’ère nouvelle, l’édifice vulnérable, ébranlé et lézardé en bien des endroits, était debout encore, à la fin de la période, il n’en reste que pierre sur pierre.

A la fin, le détenteur du pouvoir est ou un monarque ou un oligarque fermé. Le peuple a perdu la part qu’il avait au gouvernement. Les magistrats ne sont plus que des instruments passifs dans la main du maître. La cité de Rome s’est brisée sous l’effort d’un accroissement contraire à sa nature. La fédération italique s’est absorbée dans la cité romaine et celle extra italique, en pleine voie de transformation, elle tombe dans la sujétion absolue. Tout le système politique enfin gît par terre : il n’en reste, qu’une masse confuse d’éléments plus ou moins disparates. L’anarchie est imminente et l’Etat, au-dedans et au dehors s’en va en pleine dissolution. Le courant emporte tout pouvoir vers le despotisme ; on ne dispute plus que sur le point de savoir qui sera le despote, ou d’un seul homme, ou de la petite coterie des grandes familles, ou d’un sénat de financer.

Cicéron et la république romaine 

Né le 3 janvier 106 av. J-C, Marcus Tullius Cicero, francisé en Cicéron, a vécu sous la République au moment où la hiérarchie sociale était fondée sur la richesse. A cette période la constitution de la république reposait sur une organisation tripartite avec l’équilibre de trois organes politiques qui se contrôlaient mutuellement à savoir : les magistrats, le sénat et l’assemblée du peuple. Un regard rétrospectif sur l’histoire de la Rome républicaine, nous montre que Cicéron a marqué de ses empreintes indélébiles la civilisation de l’Urbs.

Auteur latin par excellence, on parle de la langue de Cicéron. Il vécut presqu’à la fin de la République, caractéristique d’une période troublée et instable, marquée par une vie politique menaçante et par une série de proscriptions où on pouvait même payer de sa vie. A cette époque, la République était à coup sûr en crise. Toutefois, Rome était au contact de la Grèce et produisait les meilleurs orateurs de son histoire qui, pour la plupart se perfectionnaient en Grèce. C’est aussi l’épanouissement du théâtre latin et la naissance de la prose.

Il faut noter aussi que pendant cette période, régnait au sein du sénat la discorde, les frères Gracques, deux tribuns de la plèbe (Tibérius et Caius) sont respectivement assassinés en 133 et 123 av. J.-C. à cause des réformes qu’ils prônaient en faveur des plébéiens. Le peuple en fut affecté et s’enchaînèrent successivement la guerre sociale, les guerres civiles et la fameuse conjuration de Catilina. A cette époque, Cicéron songeait à constituer une troisième force politique intermédiaire, celle des « viri boni » (hommes de bien), entre le conservatisme des optimates et le réformisme des populares.

Pour lui, le meilleur régime qui vaille est le régime mixte avec comme idéal politique le « consensus virorum et bonorum. » Pour cela, il aménagea un programme de réformes politiques avec sa célèbre phrase « arma togae cedant » . Son idéal est de substituer la parole aux armes pour ensuite s’assurer de la « concordia ordinum », de l’harmonie et de la concorde entre les citoyens. Jean BAYET nous dit dans son œuvre que : « la vie de Cicéron embrasse presque strictement une période de maturation littéraire, d’une puissance et d’une saveur singulière ; mais son œuvre, déjà classique par l’unité et l’équilibre, n’en révèle que quelques aspects. Il suffit de citer Lucrèce et Catulle, César et Salluste et ce Varron qui, plus âgé qu’eux tous, leur survécut encore (116-27), pour évoquer la diversité et même la lutte ardente des tempéraments et des doctrines qui caractérisent ce demi-siècle » .

Toujours selon J. BAYET : « A cette période, l’Etat et la société recherchent vainement l’équilibre que leur a fait perdre la tentative des Gracques ; il faut une guerre civile (guerre sociale, 90-88) pour préparer l’unité italienne ; des proscriptions et une tyrannie (dictature de Sylla, 82-79) pour rétablir, et pour peu de temps, l’autorité du Sénat, des émeutes et des coups de force pour donner au parti démocrate ou au parti sénatorial la direction fugitive des affaires » .

Cette instabilité assure la puissance et développe les ambitions de grands seigneurs, vrais féodaux de race ou de fortune foncière ou de finance, un César, un Pompée, un Crassus ; par le Sénat ou le peuple, ils aspirent aux provinces, aux armées, aux triomphes et enfin au pouvoir personnel . Le sénat s’adonne à un parlementaire de plus en plus bavard et roué, d’habiles et riches avocats le dominent : Hortensius, Cicéron, qui se donnent l’illusion d’être des maîtres de la politique. La plèbe même, pauvre, fainéante et séditieuse est entre les mains d’agitateurs de haut vol, Catilina, Clodius, Milon dont la personnalité s’épanouit sans pudeur.

Cicéron : VIE 

La mère de Cicéron s’appelait Helvia, elle était d’une famille distinguée et elle soutint, par sa conduite, la noblesse de son origine. On a, sur la condition de son père, des opinions très-opposées : les uns prétendent qu’il naquit et fut élevé dans un atelier de foulon ; les autres le font descendre de Tullus Attius qui régna sur les Volsques avec tant de gloire, et qui lutta sans trop de désavantage contre les Romains . Du reste, le premier de cette famille qui eut le surnom de Cicéron parait avoir été un homme fort recommandable ; et c’est pour cela que ses descendants, loin de rejeter ce surnom, se firent un honneur de le porter, bien qu’il fût une occasion de continuelles moqueries.

Du latin cicer, vient d’un mot latin qui signifie pois chiche ; et le premier à qui on le donna avait à l’extrémité du nez une excroissance qui ressemblait à un pois chiche, et qui lui en fit donner le surnom. Cicéron, celui dont nous écrivons la vie, lorsqu’il brigua la première fois une charge, et qu’il mit la main aux affaires publiques, fut sollicité par ses amis de quitter ce nom et d’en prendre un autre mais il répondit avec une noble fierté : « Je ferai tous mes efforts pour rendre le nom de Cicéron plus célèbre que ceux des Scaurus et des Catulus . » Pendant sa questure en Sicile, il fit aux dieux l’offrande d’un vase d’argent, sur lequel il fit graver ses deux premiers noms, Marcus Tullius ; mais à la place du troisième, il commanda par plaisanterie à l’artiste de graver un pois chiche. Voilà ce qu’on rapporte à propos de son nom.

On dit que sa mère le mit au monde sans douleur et sans travail : c’était le 3 de janvier, jour auquel les magistrats de Rome font des vœux et des sacrifices pour la prospérité de l’empereur. On rapporte qu’un fantôme apparut à sa nourrice, et lui dit que l’enfant qu’elle allaitait serait le soutien de Rome. Ces prédictions, qu’on taxe ordinairement de rêves et de folie, Cicéron fut à peine en âge de s’appliquer à l’étude, il prit la tâche d’en démontrer la réalité. L’excellent naturel qui brillait en lui le rendit si célèbre entre ses camarades, que les pères de ces enfants allaient aux écoles pour voir Cicéron de leurs propres yeux, et pour être témoins par eux-mêmes de tout ce qu’on racontait de son grand sens et de sa vivacité de conception.

Table des matières

Introduction
Première partie : Cicéron et la république romaine
Chapitre I : Cicéron : Vie
1- Cicéron, défenseur du peuple
2- Cicéron, sauveur de la république
Chapitre II : Les caractéristiques de Cicéron
1- Cicéron, homme politique
2- Cicéron, orateur
Deuxième partie : La république romaine : organisation et fonctionnement
Chapitre I : L’organisation du système politique
1- Les questeurs
2- Les édiles
3- Les préteurs
4- Les consuls
5- Le sénat
Chapitre II : Fonctionnement du système politique
1- L’organisation des élections
2- Les comices
3- Les équestres
Troisième partie : La corruption à Rome sous la république
Chapitre I : La corruption : quelques aspects définitionnels
1- Définitions du concept
2- Définitions dans les sciences sociales
3- Autres définitions
Chapitre II : Les formes de corruption à Rome
1- La corruption politique
2- La corruption électorale
3- La corruption judiciaire
Conclusion
Bibliographie
Tables des matières

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