Une multiplicité d’approche
Pour définir la notion de pauvreté, nous allons entamer diverses approches dont la première est une approche par le négatif. Prenons deux termes à savoir le développement et la croissance. Par définition «le développement correspond à l’ensemble des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la prolongation de la croissance économique. Quant à la croissance, c’est une condition nécessaire pour le bon déroulement du processus de développement, mais celui-ci est aussi indispensable à la poursuite de la croissance »5 Pour mieux comprendre la pauvreté, nous allons prendre comme seconde approche celles de l’approche par des concepts proches. Ainsi, nous allons nous référer sur des termes proches de la notion de pauvreté à savoir la notion de seuil de pauvreté. C’est en quelques sortes une limite en dessous de laquelle un individu est considéré comme pauvre. Nous pouvons également ajouter la notion d’indice de pauvreté utilisé dans la phase d’agrégation qui est censé résumer l’information sur au moins l’un des aspects suivants de la pauvreté : nombre de pauvres, l’intensité de pauvreté et des caractéristiques liées à la distribution de revenu par exemple. Enfin, deux notions accompagnent la pauvreté, le premier étant la précarité et la seconde c’est la nouvelle pauvreté. La première désigne un certain nombre de situations qui se placent juste audessus de l’état de pauvreté. Quant à la seconde, elle désigne les catégories de personnes touchées par des difficultés croissantes d’insertion sur le marché du travail (chômage de longue durée en particulier)après une crise économique.
Qu’est ce que la pauvreté?
Apres avoir entamer une analyse de la pauvreté sous deux angles extrêmement différents, nous allons essayer de définir ce qu’est la pauvreté. Avant tout, il faut remarquer qu’on est confronté au problème de définition de la pauvreté(suivant le type de société dans laquelle on se trouve ou selon le type d’approche qu’on utilise). Effectivement, chaque pays tout comme chaque communauté et chaque individu a son propre terme pour expliquer la notion de pauvreté. Selon les normes internationales, « les pauvres sont les individus dont les ressources pour consommer les éléments non alimentaires indispensables sont insuffisantes. En fait, une ration alimentaire de 2133 cal/j est censé être le minimum pour entretenir une vie normale et active. Ainsi donc, la pauvreté se traduit par les manques et les difficultés enregistrées au niveau de revenu, de l’éducation et de la santé. C’est en quelque sorte un phénomène social qui touche les pays dits en voie de développement ». A travers son analyse la Banque Mondiale propose une autre définition comme quoi« Les pauvres sont celles dont le revenu moyen reste en dessous d’un certain seuil préalablement fixé»6 , ce seuil étant fixé à 400 $ par an au début des années 90; 7000$ par an pour les Américains. En France, l’INSEE mesure la pauvreté en fonction d’un niveau de revenu relatif moyen de 50% du SMIC pour une seule personne. Enfin, dans un pays similaire à Madagascar, la pauvreté correspond à un état permanent de besoins. Elle est assimilée à une absence de surplus apte à entrer dans le circuit économique productif. Dans cette démarche, l’INSTAT à travers l’EPM(Enquête Périodique auprès des Ménages) a donné une autre vision «on définit par pauvre toute personne qui se trouve dans un état de privation se manifestant par l’impossibilité de subvenir aux besoins alimentaires quotidiens de 2133 kcal. A ce seuil de pauvreté alimentaire vient s’ajouter un seuil de pauvreté non alimentaire étant donné qu’une personne doit aussi subvenir à des besoins essentiels qu’alimentaire »7 dans la mesure monétaire de la pauvreté.
Inégalité et pauvreté Inégalité et pauvreté Inégalité et pauvreté
L’analyse de la pauvreté selon Sen nous guide sur une autre piste, celui de la mise en relief de l’inégalité et la pauvreté14. Apparemment ce sont deux notions tout à fait différentes mais qui se complètent mutuellement car l’une serait à la fois la cause et la conséquence de l’autre. Effectivement, des niveaux d’inégalité élevés favorisent, de diverses façons, des niveaux de pauvreté élevés. Premièrement, pour un niveau de développement économique ou de revenu moyen donné, un fort niveau d’inégalité s’accompagne d’une forte pauvreté, car les individus qui se situent tout en bas de l’échelle de la répartition du revenu ou de la consommation reçoivent une plus petite part des ressources. Deuxièmement, lorsque le niveau d’inégalité de départ est élevé, il peut en résulter une croissance future plus faible et, par conséquent, une réduction moindre de la pauvreté. De ce fait, l’impact négatif de l’inégalité sur la croissance peut provenir de plusieurs facteurs. L’accès au crédit et à d’autres ressources, par exemple, peut être concentré entre les mains de groupes privilégiés, ce qui empêche les pauvres d’investir. Troisièmement, des niveaux plus élevés d’inégalité peuvent réduire les bénéfices de la croissance pour les pauvres parce qu’un fort niveau initial d’inégalité peut abaisser la part de bénéfices que les pauvres peuvent tirer de la croissance. L’inégalité de revenu, de consommation et d’autres indicateurs de bien-être préoccupent aussi les décideurs. De même qu’avec la pauvreté, la littérature fait état de diverses mesures de l’inégalité. Les professionnels utilisent trois mesures principales de l’inégalité : les indices de Gini, de Theil et d’Atkinson. Prenons d’abord l’indice de Gini dans la présente section ensuite nous élargissons la discussion sur coefficient de Gini. Le principal raison de notre choix est que l’indice de Gini est la mesure de l’inégalité la plus couramment utilisée, et aussi parce qu’elle possède des propriétés intéressantes qui renseignent l’analyse politique. Quant au coefficient de Gini, elle est une statistique de résumé qui varie le plus souvent entre zéro et un(1). Un indice de Gini égal à zéro indique une égalité parfaite des revenus: tous les individus ou ménages ont exactement le même revenu par habitant ou par équivalent-adulte. En fait, un indice de Gini égal à un est synonyme d’inégalité complète; en d’autres termes, un individu ou un ménage détient tout le revenu, et que les autres n’en ont aucun.
Théorie de développement de Myrdal et Lewis
En ce qui concerne Myrdal et Lewis, ils ont été les fondateurs de la théorie de développement. Le premier Gunnar Lewis est un économiste Suédois nobélisé en 1974. Dans son ouvrage « Asian Drama (1968) ». Il a souligné qu’il faudra tenir compte de plusieurs facteurs pour expliquer un phénomène économique d’où l’approche « multifactorielle »26 . Il a insisté sur le fait qu’il y a une interdépendance entre les phénomènes économiques, sociaux et institutionnels d’où la lutte pour un nouvel ordre économique international. Le second fondateur de la théorie de développement est un économiste britannique originaire des Antilles, Arthur Lewis (1915-1991, prix Nobel 1979). Dans sa théorie, il a évoqué la théorie des échanges inégaux, la théorie de dépendance et la théorie du dualisme. En fait dans l’échange international la règle d’or de la loi « à travail égal, salaire égal »a été violée car les pays riches se trouvent toujours bénéficiaire de l’échange international au détriment des pays pauvres. Quant à la théorie de dépendance, Arthur Lewis s’oppose à la théorie des avantages comparatifs en affirmant que les relations internationales entre un pays dominant et un pays dominé constitue un blocage pour le développement du pays les plus pauvres. Enfin, concernant la théorie du dualisme, selon Lewis, les pays de la périphérie sont constitués d’une « économie duale »composé d’un secteur capitaliste et d’un secteur traditionnel. Le premier est orienté vers le profit, consacré au financement de l’investissement et comprend des activités manufacturières et minières et d’agriculture commerciale. Le second est orienté vers la subsistance incluant l’agriculture traditionnelle. Dans les pays en développement, le secteur traditionnel se caractérise par une main d’œuvre abondante, la tradition occupe une place importante et les individus ne sont pas motivés par la maximisation. Ainsi la croissance provient du secteur capitaliste qui absorbe les excédents de main d’œuvre du secteur traditionnel. D’où la nécessité d’un nouvel ordre économique international. « Le jeu des termes de d’échange est défavorable aux seuls produits tropicaux, que ceux-ci viennent de l’agriculture ou de l’industrie, parce que dans cette partie du monde, la main d’œuvre non qualifiée reçoit sur le marché indépendamment de ce qu’elle produit, un salaire fondé sur l’existence d’une réserve illimitée d’agriculteurs faiblement productifs »
Théorie de dépendance de Raul Prebisch, des Marxistes et Néomarxistes
Apres avoir analyser les théories de développement de quelques auteurs, nous allons focaliser la suite de notre étude sur la théorie de dépendance. Ainsi, un économiste argentin(1901-1987) Raul Prebisch, et les économistes de la Commission économique pour l’Amérique Latine (CEPAL) représenté par Celso Furtado et Raul Prébish créée en 1948 la théorie de dependance. Ils ont parlé des blocages de la croissance et du système « centre /périphérie »Raul Prebisch a dénoncé la mauvaise insertion dans la division de travail comme causse du blocage de la croissance de l’Amérique Latine. Ce blocage se présente de différente façon, ainsi une partie importante de revenu national est absorbée par la détérioration des termes de l’échange dont sont victimes les produits primaires ensuite l’économie reste duale. De plus on assiste à une répartition inégale des revenus favorisant les importations de produits de luxe et en cas d’industrialisation, il y a une dépendance technologique vis à vis des pays développés en matière de biens d’équipement et des biens intermédiaires. Enfin, la compensation de la détérioration de terme de l’échange par l’augmentation de l’importation de produit primaire se fait au détriment de la production vivrière. Quant au système « centre /périphérie »selon Prebisch, chaque pays est soumis à un système de relations économiques internationales (REI). Souvent au profit des pays développés car ils sont les propres organisateurs. Ce système s’appelle « centre périphérie ». Ainsi non seulement la production des pays en developpemnt est orientée en fonction des besoins des pays du Centre mais aussi et surtout ils sont obliger d’acheter à un prix exorbitant les produits venant du Centre. Ceci fait que la périphérie est dominée par le Centre au niveau Commercial, technologique, financière et culturel. La solution proposée est la politique d’industrialisation par substitution aux importations et reformes agraire mais ils sont voués à l’échec par la forte concurrence des pays riches qui nécessite un protectionnisme modéré« Le sous développement est un processus historique autonome et non pas une étape par laquelle seraient nécessairement passées les économies ayant déjà atteint un degré supérieur de développement »30 En dépit des explications données par Raul Prebisch, les théoriciens marxistes et néomarxistes de la dépendance analysent à fond la situation des pays pauvres face à la domination du Nord. Plusieurs auteurs se sont succédés pour expliquer, analyser et étudier la cause de la pauvreté dans les pays du Sud, on peut citer Lénine, Samir Amin, André Gunder Frank, Arghiri Emmanuel, les Tiers Mondistes. En fait Lénine dans son livre « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme » analyse l’internationalisation de l’exploitation capitaliste. En fait « l’exploitation de l’homme par l’homme » de Karl Marx est substitué par « l’exploitation de la nation par la nation » et qu’un pays ne peut s’enrichir qu’au détriment de l’autre. Avec le temps, la théorie Néomarxiste explique la dépendance et le capitalisme comme source « du developpemnt du sous développement » selon le terme d’André Gunder Frank. Cette idée fut partagée par l’économise égyptien Samir Amin et l’économiste français Pierre Salama. Effectivement, ces auteurs sont unanimes à admettre que le sous développement provient de la colonisation au sens stricte et au sens large du terme (Néocolonialisme), ces derniers engendrent la dépendance (orientation de la production en fonction du besoin des pays du Centre). Vienne ensuite l’échange inégal qui favorise l’exploitation du tiers monde par les pays développés. Cet échange inégal est surtout développé par un économiste français Arghiri Emmanuel dans son livre intitulé « l’échange inégal (1969) ». Il a repris l’idée de David Ricardo sur le fait que la source de la valeur provient de la quantité de travail nécessaire à la production tout en ajoutant que toutefois le prix du bien du travail n’est pas semblable dans tout les pays.
Faiblesse des indicateurs macro économique
Selon les estimations de l’INSTAT (2003), environ 85% des pauvres à Madagascar vivaient en zone rurale en 2001(tandis que la population rurale représente 77% de la population totale de Madagascar). En outre, ces pauvres dans les zones rurales travaillent dans le secteur agricole qui n’est pas encore développés d’où la faiblesse des indicateurs macro économique. Tout d’abord nous allons voir la situation d’épargne et d’emprunt alors que nous savons parfaitement que le système bancaire n’est pas tellement développé dans ses régions. De plus, les paysans préfèrent encore s’investir dans le troupeau que de mettre l’argent en banque, vienne ensuite l’analphabétisme qui les mettent récalcitrant vis à vis des services administratifs et bancaires. Cette situation est visible sur le taux d’épargne très bas avec 38 % à Ambovombe contre 45 % à Tsivory en 2004 (Voir tableau N°12). Quant aux taux d’épargne dans des institutions financière, elle se situe entre 0% à1% dans la région d’Ambovombe et de 1% à 3 % dans la région de Tsivory entre 2000 à 2004.
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Table des matières
AVANT PROPOS
INTRODUCTION
Partie I : COMPRENDRE LA PAUVRETE
I1- IDENTIFICATION DE LA PAUVRETE
11- Définition de la pauvreté
111- Une multiplicité d’approche
112- Qu’est ce que la pauvreté?
113- Qui est concerné par la pauvreté ?
12- Différentes approches de la pauvreté
121- Analyse d’Amartya Sen
122- Pauvreté et inégalité
123- Pauvreté et croissance
13- Analyse de la pauvreté selon les organismes internationales
131- PNUD
132- Banque Mondiale
I2- INDICATEUR DE PAUVRETE
21- Mesure de pauvreté
211- Indicateur de Foster, Greer, Thorbecke
212- Dominance stochastique de 1er ordre
213- Dominance stochastique de 2nd ordre
22- Dimension économique de la pauvreté
221- Pauvreté monétaire ou « de revenu »
222- Pauvreté des conditions de vie
223- Autres formes de pauvreté
I3- APPROCHE THEORIQUE DE LA PAUVRETE
31- Théories qui expliquent le sous développement par le retard
311- Théorie des étapes de croissance de ROSTOW
312- Théorie de développement d’Alfred Sauvy et SIMON Kuznet
313- Thèse de retard d’Alexander GERSCHENKRON
32- Théorie de développement
321- Théorie de développement de Myrdal et Lewis
322- Théorie de développement de Prebish et François PERROUX
323- Théorie de développement des Marxistes et Néomarxistes
33- Le renouveau théorique des années 80-90 à nos jours
331- Le retour des préoccupations libérales avec la politique d’ajustement du FMI
332- De nouvelles préoccupations : développement durable et ecodéveloppement
333- Théorie des besoins essentiels
Partie I : PAUVRETE DANS LA PARTIE SUD MALAGASY
I1- DIAGNOSTIC REGIONAL
11- Description physique
111- Morphologie
112- Climat et environnement
113- Ressource en eau
12- Description sociaux culturelles
121- Démographie
123- Ethnies du sud
123- Coutume et tradition
23- Description économique
131- Activité économique
132- Infrastructure
133- Institution et service
I2- MANIFESTATION DE LA PAUVRETE
21- Profil de pauvreté
211- Contexte socio-politique
212- Condition de vie médiocre
213- Faiblesse des revenus des paysans
22- Traits distinctifs de la pauvreté
221- Absence de surplus
222- Faiblesse des indicateurs macro économique
223- non respect de l’environnement
23- Insuffisance des services offerts au monde rural
231- Service de santé
232- Service d’éducation
233- Service de sécurité
I3- APPROCHE THEORIQUE DE LA PAUVRETE
31- Au niveau régional
311- Enseignement des échecs passés
312- Valorisation des potentialités de la région
313- Application de l’écodeveloppement
32- Au niveau de l’Etat
321- Améliorer le système de sécurisation
322- Renouveler des infrastructures
323- Amélioration des conditions de vie de la population
33- Au niveau de la communauté
331- Prise de conscience nationale
332- Réflexion sur la tradition
333- abandon de la mentalité d’attentisme
RESUME ANALYTIQUE
CONCLUSION
ANNEXES
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