CHRISTIANISME ET VALEURS CULTURELLES TRADITIONNELLES DANS LES STRATEGIES EDUCATIVES FAMILIALES

Fait social dans la perspective de la sociologie explicative

                   Le fait social possède ses propres manifestations et caractéristiques vis-à-vis de la société ou des individus mêmes. Il constitue, plus précisément, l’explication des faits sociaux qui demeure l’objet de la sociologie. A ce propos, le pionnier du paradigme holistique dans le cadre de la sociologie explicative et, en même temps, le grand fondateur de l’école sociologique française très connue, Emile Durkheim tente de constituer l’objet de recherche et les méthodes propres en sociologie. A travers ses analyses sur le fait social, ce sociologue essayait de mettre en relief le poids du social dans l’action ou le comportement individuel ; c’est le social qui détermine le comportement individuel, mais non l’individu en tant que tel. Toute la théorie durkheimienne se gravite autour de l’influence du social dans l’action individuelle. Dans ce sens, Durkheim stipule que le mot social n’a de sens défini qu’à condition de désigner, uniquement, des phénomènes qui ne rentrent dans aucune des catégories de faits déjà constitués et dénommés. Ces phénomènes constituent donc le domaine propre de la sociologie. Les faits sociaux, selon l’idée de ce sociologue, sont considérés comme des types de conduite ou de pensée qui pourraient être extérieurs à l’individu, plus précisément, à sa conscience mais, en partie, ils sont doués d’une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s’imposent à l’individu qu’il le veuille ou non. Tous les faits ne sont pas donc sociaux, sinon la sociologie ne possède pas son propre champ d’investigation, et leur explication demeure le centre d’intérêt de la sociologie. Ce fondateur de l’école sociologique française, à travers ses analyses, essaie de dégager sa propre définition sur le fait social : « Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles. ». Les faits sociaux présentent des caractères spéciaux considérés comme des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu et qui, en même temps, sont douées d’un pouvoir de coercition, en vertu duquel ilss’imposent à l’individu. Par la suite, ils ne sauraient se confondre avec les phénomènes organiques, puisqu’ils consistent en représentations et en actions, ni avec les phénomènes psychiques, lesquels n’ont d’existence que dans la conscience individuelle et par elle. Ils constituent donc une espèce nouvelle et c’est à eux que doit être donnée et réservée la qualification de sociaux. Ainsi, la fonction d’un fait social, selon la conception durkheimienne doit toujours être recherchée dans le rapport qu’il soutient avec quelque fin sociale et, cette optique ne peut expliquer un fait social de quelque complexité qu’à condition d’en suivre son développement intégral à travers toutes les espèces sociales. A travers les analyses durkheimiennes, il va être essayé de déterminer que les faits sociaux présentent des aspects contraignants dans l’action individuelle. Ceux-ci ne sont que la conception durkheimienne relative aux faits sociaux, quelle en la position weberienne sur les démarches sociologiques ?

Perspective de l’individualisme méthodologique

                         Nous pouvons placer le courant individualiste méthodologique dans le paradigme compréhensif, et sociologique tel que Weber l’a conçu au cours de son analyse. L’individualisme méthodologique repose sur trois prémisses : l’individualisme, la compréhension et la rationalité. Raymond Boudon12 avance que le postulat individualiste réclame ; en tout cas ; que tout phénomène social résulte de la combinaison d’actions, de croyances ou d’attitudes individuelles ; il convient d’évoquer ici l’effet de l’agrégation d’actions individuelles qui peut amener l’effet pervers. L’important dans toute analyse sociologique ’est de comprendre le pourquoi des actions individuelles, des croyances ou des attitudes individuelles responsables du phénomène à expliquer. L’individualisme méthodologique place pour expliquer un phénomène qu’il serait indispensable avant tout de comprendre les actions individuelles, en tant que sources de tous phénomènes sociaux. Dans tous ces cas, le courant individualiste met l’accent sur la rationalité de l’action individuelle. L’individu est rationnel, tel que l’affirme Boudon, s’il dispose des bonnes raisons d’agir. Mais la problématique provient de ce qu’il n’expose pas ses bonnes raisons d’agir pour que l’action soit rationnelle. Il affirme seulement qu’une explication est dite individualiste, au sens méthodologique, lorsqu’un phénomène social explique la conséquence du comportement des individus appartenant au système social dans lequel il est observé. L’individualisme méthodologique rejoint, en partie, la démarche interactionniste de l’Ecole de Chicago, cela nécessite une observation du comportement de l’individu et place les phénomènes sociaux résultant des actions individuelles chez les individus qui agissent en toute rationalité.

Acceptions du terme : Etymologie du mot

                      Pour essayer d’analyser ce propos avec la vision de quelques auteurs en sociologie, Ill serait opportun de donner la définition du mot éducation avant d’entamer l’analyse sociologique et les matrices de l’éducation même, selon la vision des sociologues pionniers dans la branche de l’éducation. Partant de l’étymologie du mot Education, il tire son origine du mot latin Educatio, qui signifie « mise en œuvre des moyens propres pour assurer la formation et le développement d’un être humain », ainsi le mot Educere, signifie « conduire un être non social à devenir social ». D’après cette étymologie, Education renferme alors deux matrices : les moyens propres d’action et la conduite d’un être humain, toutes ces deux matrices visent un but commun, celui de préparer le futur d’un être humain par le biais de différents moyens d’actions. Dans cette optique, le philosophe français André Lalande24 partage le même positon avec l’étymologie du mot éducation que nous venons d’évoquer. Selon ce philosophe, l’éducation englobe deux volets : l’un axé sur le processus consistant en ce qu’une ou plusieurs fonctions se développent d’une façon graduelle, et l’autre concentrée sur le résultat du processus grâce à ces actions. En analyse, primo, ces actions (les moyens et le processus de la conduite de l’être humain) pourront être volontaires, c’est-à-dire sous l’égide d’une personne comme l’instituteur, le professeur, etc. ; ce contexte, parlera mieux de l’enseignement par l’intermédiaire de divers systèmes de pédagogie en tant que manière d’enseigner plutôt que de l’éducation tout court. Dans ce même sillage, nous partageons le même avis que Moore25 sur le concept de « Formal Learning », selon lequel une partie de l’éducation consiste à renforcer les habilités et aptitudes par le biais d’une partie de connaissances enseignées d’une manière organisée à l’exemple des leçons. Et secundo, ces actions pourront aussi être quasi – non volontaires, c’est-à-dire spontanées ou produites en elles-mêmes ; dans ce contexte, il convient d’évoquer le mot « socialisation » qui fait partie de l’ « Informal Learning » dans l’analyse du même auteur cité ci-dessus, selon lequel une part du processus de la socialisation est à la fois inorganisée où l’individu apprend les habilités et valeurs sociales au sein de la société. Dans ce contexte, il semble indispensable d’évoquer l’éducation par la rue, dans la vie quotidienne de l’individu au sein d’une société, et ceci se manifeste sous forme d’imitation ; tout cela s’ajoute à l’effet du groupe au sein duquel l’individu appartient (nous parlerons mieux ici des adolescents plutôt que des adultes), tel que le groupe d’adolescents du même groupe d’âge, les divers phénomènes au sein desquels les individus imitent, les relations amicales, etc. ; dans ce cas, sans être dans le domaine institutionnel, il convient d’évoquer le concept d’ « éducation par la société » au sens durkheimien du terme. En un mot, l’éducation consiste à conduire un être non social à devenir social par l’intermédiaire des moyens propres d’action. Ce vaste domaine permet d’assurer cette conduite de l’état inculte à l’état de culture que l’individu doit avoir pour accéder au système social existant. Les sous sections suivantes vont essayer d’analyser les diverses conceptions de l’éducation à travers l’analyse des sociologues pionniers de l’éducation.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE:PRESENTATION DU CADRE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I :CONSIDERATIONS THEORIQUES
I. Dualité théorique entre sociologie explicative et compréhensive
1. Fait social dans la perspective de la sociologie explicative
2. Activité sociale dans la logique de la sociologie compréhensive
3. Contradiction entre démarche explicative et démarche compréhensive
II.Tendances théoriques dans le cadre de la sociologie contemporaine
1. Fonctionnalisme dans la perspective de la sociologie américaine
2. Interactionnisme symbolique sous le regard de l’Ecole de Chicago
3. Perspective de l’individualisme méthodologique
III.Outils conceptuels saillants dans le cadre de la sociologie moderne
1. Habitus
2. Capital symbolique et culturel dans la conception bourdieusienne
3. Concept de culture
CHAPITRE II : RUBRIQUES EPISTEMOLOGIQUES IMPLIQUEES DANS LA RECHERCHE
I. Religion dans le cadre sociologique
1. Acceptions du terme religion
2. Essai d’approche sociologique de la religion
3. Religion et Société : Phénomène d’extrémisme religieux
II.Conception de l’éducation à travers l’analyse sociologique
1. Acceptions du terme :’Etymologie du mot
2. Modèle gérontocratique : Conception durkheimienne de l’éducation
3. Eduction libertaire par nature : Une vision rousseauiste
III.Diverses perspectives déterminantes dans le cadre de la sociologie politique
1. Essais de définition du mot politique
2. Parti politique : Caractéristique et Fonction
3. Démocratie : Entre égalité et Liberté
CHAPITRE III : PRESENTATION DES TRAITS CARACTERISTIQUES DU LIEU D’INVESTIGATION 
I. Cadre géographique et historique du lieu d’investigation
1. Orientation géophysique du milieu de recherche
2. Historique du lieu d’investigation
3. Emplacement administratif de la Commune
II.Sphère socioculturelle et sanitaire de la Commune urbaine de Mahajanga
1. Démographie et religion de la population
2. Milieu éducatif de la Commune
3. Sphère sanitaire
III.Situation économique de la Commune d’investigation
1. Chômage dans la ville de Mahajanga
2. Activités économiques au sein de la Commune
3. Structure et dynamique des emplois
DEUXIEME PARTIE: ASPECTS DES STRATEGIES EDUCATIVES FAMILIALES
CHAPITRE IV : POSITION DU CHRISTIANISME PAR RAPPORT AUX VALEURS TRADITIONNELLES DANS LES SYSTEMES EDUCATIFS FAMILIAUX
I. Influences du christianisme dans les stratégies éducatives familiales
1. Impact du christianisme dans les stratégies éducationnelles familiales
2. Dynamique du christianisme et contact culturel dans les familles chrétiennes
3. Enjeux du christianisme dans les institutions scolaires de confessions chrétiennes
II.Position des valeurs culturelles traditionnelles au niveau de la socialisation dans les diverses couches sociales
1. Système éducatif familial et valeurs culturelles traditionnelles dans les strates sociales « supérieures » dans les quartiers modernes
2. Stratégie éducative et valeurs culturelles traditionnelles dans les strates sociales en situation de vulnérabilité dans les bas quartiers
3. Aspects psychosociologiques des rapports entre stratification sociale et processus de scolarisation de l’individu
III.Christianisme et valeurs culturelles traditionnelles devant la modernisation de la vie sociale dans le contexte d’interculturalité
1. Christianisme et stratégie éducative familiale dans la dynamique interculturelle
2. Tendance de modernisation des valeurs culturelles traditionnelles dans le processus de socialisation familiale dans les diverses couches sociales
CHAPITRE V : IMPACTS DU MODERNISME DANS LES STRATEGIES EDUCATIONNELLES FAMILIALES AU SEIN DES DIVERSES COUCHES SOCIALES
I. Enjeux des nouvelles technologies dans le processus éducatif
1. Impacts de la technologisation dans les systèmes éducatifs familiaux
2. Vers la nouvelle stratégie éducative devant le multiculturalisme
3. Changement du système d’administration de la cellule familiale et modernisation de la vie sociale
II.Christianisme et changement des stratégies éducationnelles face à la dynamique de la modernité
1. Stratégie éducative à tendance libertaire devant la propagation des droits humains dans le contexte moderne
2. De la remise en cause du modèle gérontocratique en tant que norme traditionnelle de processus éducatif
3. Dynamique de transculturation dans les systèmes éducatifs familiaux
III.Difficultés psychosociologiques des parents sur les stratégies éducatives face aux normes traditionnelles
1. Difficulté de responsabilité
2. Difficulté du processus communicationnel familiale
3. Position des parents face à ces difficultés psychosociologiques
CHAPITRE VI : ASPECTS DE LA PROBLEMATIQUE SUR LES STRATEGIES EDUCATIVES FAMILIALES DANS LE CONTEXTE DE MULTICULTURALITE
I.Dynamique de l’enculturation dans la vie sociale malgache
1. Dynamique des différentes idéologies
2. De la restriction de l’autorité parentale face à la modernisation
3. Vers le déclin des valeurs éducatives traditionnelles face à la domination du christianisme dans la vie sociale
II.Aspects de la situation problématique provenant de la cellule familiale
1. Classes sociales et dynamique de situation économique
2. Situation des familles monoparentales dans la logique de socialisation
3. Enjeux de niveau éducatif des parents dans les diverses couches sociales
III.Aspects des conséquences du phénomène d’interculturalité dans le processus de socialisation familiale
1. Tentative d’imitation dans les diverses activités sociales
2. Vers l’individuation des rapports sociaux
3. Vers les diverses mobilités sociales dans une société à deux vitesses
TROISIEME PARTIE: APPROCHE PROSPECTIVE
CHAPITRE VII : IDENTITE CULTURELLE DANS LE CONTEXTE POST MODERNE
I. Aspects d’identité culturelle face au modèle culturel émanant de la mondialisation
1. Problématique du phénomène de contact culturel
2. Perte de repère culturel, une réalité existante
3. Vers l’abandon des valeurs traditionnelles dans la vie sociale
II.Phénomène de transculturation dans le processus de socialisation
1. Socialisation familiale et phénomène de transculturation
2. Effet de l’appartenance de classe dans la socialisation familiale
3. Réflexions sur les influences de la mondialisation dans les systèmes sociaux
CHAPITRE VIII : PERSPECTIVES DE LA PLACE DE LA RELIGION DANS LES SPHERES SOCIOPOLITIQUES
I. Dynamique de l’appartenance religieuse dans le processus démocratique
1. Du mouvement religieux et existence de collaboration
2. Domination des leaders politiques dans les grandes églises chrétiennes
3. Réflexions sur les influences du christianisme dans les troubles sociopolitiques : Une réalité existante
II.Instrumentalisation et politisation des institutions religieuses dans les contextes sociopolitiques
1. Attitudes des leaders ecclésiastiques et politiques face aux diverses manifestations
2. Rapport entre dynamique de l’appartenant et nature psychologique
3. Importance du christianisme dans les troubles sociopolitiques
III.Analyses sociologiques de l’évolution des superstructures religieuses
1. Analyse des systèmes religieux face au multiculturalisme
2. Tendances de l’évolution religieuse dans le contexte de transculturation
3. Dynamique du système religieux dans la vie sociale
IV.Diverses recommandations
1. Positon des leaders ecclésiastiques
2. Recommandation des individus enquêtés dans les diverses couches sociales
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
ANNEXES

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