Où l’on découvre que l’ésotérisme n’est pas absent de la vulgarisation scientifique
A la question : Comment vulgarise-t-on ? , Raichvarg et Jacques répondent par cinq façons :
-la vulgarisation par l’écrit,
-la vulgarisation par la parole,
-la vulgarisation par l’image,
-la vulgarisation en trois dimensions,
-Poésie et théâtre scientifique.
Dans le cadre de notre travail, nous nous restreignons bien évidemment à la vulgarisation par l’écrit. Raichvarg et Jacques signalent d’ailleurs que :
Les revues et les livres – la vulgarisation par l’écrit – représentent, en quantité, le genre le plus commun : c’est aussi celui qui a laissé le plus de traces pour l’historien.
Dans le genre de la vulgarisation scientifique par l’écrit, les auteurs avaient ainsi étudié l’apport :
-des revues,
-des rubriques scientifiques dans la presse quotidienne,
-des livres de science vulgarisée,
-des dictionnaires et encyclopédies.
Le catalogue et la bibliographie analytique n’ont pas ici été envisagés comme un moyen possible de vulgarisation. C’est que revues, articles, livres et dictionnaires sont des documents primaires plus à même de toucher directement le lecteur profane souhaitant s’approprier des savoirs. La bibliographie et le catalogue constituent, eux, des documents secondaires.
Le catalogue répertorie et localise des documents, en l’occurrence pour Bibliotheca Esoterica, les livres qui étaient mis en vente chez le libraire Dorbon.
La bibliographie est le plus souvent vue comme un outil de spécialiste, de chercheur, de libraire ou de bibliothécaire. A priori, les bibliographies d’ésotérisme semblent donc être peu accessibles au lecteur profane, d’abord en tant que bibliographie, et ensuite, parce que traitant d’ésotérisme.
Toutefois, dès 1900, l’historien Charles Victor Langlois (1863-1929)43 soulèvent des questions intéressantes à propos du problème bibliographique.
Pour voir quels rapports l’ésotérisme et les sciences occultes entretenaient avec les sciences, nous avons utilisé le Dictionnaire des principaux vulgarisateurs présent dans l’ouvrage La science pour tous.
Ce « dictionnaire » répertorie une trentaine de vulgarisateurs français de la fin du 19ème siècle pour la plupart. Nous avons donc tenté de vérifier si certains de ces vulgarisateurs étaient présents dans le Dorbon ou la Caillet que nous nous proposions d’utiliser.
Sur la trentaine de noms cités, nous avons pu en recenser dix qui étaient répertoriés dans le catalogue Dorbon ou la bibliographie Caillet. Il s’agit de :
-Samuel-Henri Berthoud,
-Louis Figuier,
-Camille Flammarion,
-Wilfrid de Fonvielle,
-Henri Lecouturier,
-Arthur Mangin,
-Victor Meunier,
-l’abbé Théophile Moreux,
-J. Rambosson,
-Frédéric Zurcher,
Il paraissait donc intéressant de voir à quel titre ces auteurs figuraient dans le catalogue Dorbon ou la bibliographie Caillet.
Les exemples les plus caractéristiques sont ceux de deux grands noms de la vulgarisation scientifique française : Louis Figuier et Camille Flammarion.
En effet, l’un et l’autre sont restés célèbres pour leurs ouvrages de vulgarisation scientifique :
-Les merveilles de la sciences (1873-1877) entr’autres pour Figuier;
-la fameuse Astronomie populaire (1880) pour Flammarion.
Ce que l’on sait moins – ou que l’on passe peut-être sous silence… – c’est que Figuier et Flammarion étaient également passionnés par les sciences occultes ou l’ésotérisme et qu’ils ont publié de nombreux ouvrages sur la question :
•L’Alchimie et les alchimistes (1854), Histoire du merveilleux dans les temps modernes (1860) repris sous le titre Les mystères de la science (1893), Le lendemain de la mort ou la vie future selon la science (1871), Kepler ou l’astrologie et l’astronomie (1889), Les bonheurs d’outre-tombe (1892) pour Figuier.
REECRIRE & TRANSFORMER DES BIBLIOGRAPHIES ANALYTIQUES DE LIVRES ANCIENS D’ESOTERISME POUR VULGARISER LES SAVOIRS ESOTERIQUES
Présentation et analyse
Présentons donc le principal catalogue et les deux plus courantes bibliographies d’ésotérisme. Il s’agit de 50 :
Bibliotheca Esoterica
Catalogue annoté et illustré de 6707 ouvrages anciens et modernes qui traitent des sciences occultes comme aussi des sociétés secrètes.
Paris : Dorbon Aîné, 1939. Réédité par Coulet et Faure, Paris, 1988. 658 p.
-Caillet, Albert. Manuel bibliographique des sciences psychiques et occultes.
Paris : Dorbon, 1912. 3 tomes. A-D : LXVII-531 p., E-L : 533 p., M-Z : 767 Réédité par De Graaf, Pays-Bas, 1989.
-Fesch, Paul. Bibliographie de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes.
Bruxelles:Georges A. Deny, 1976. 730 p. – 1459 col
Face à ces documents, nous pouvons nous poser plusieurs questions : Par qui et pourquoi ont-ils été écrits ou publiés ? La liste d’ouvrages retenus dans chaque document est-elle exhaustive ou au contraire sélective sur le domaine annoncé ?
Quelles influences les idées de l’auteur ont-elles pu avoir sur le contenu des analyses bibliographiques ?
•Le catalogue Bibliotheca Esoterica est couramment appelé le Dorbon du nom de son éditeur qui était spécialisé en ésotérisme. L’entrée se fait par auteur de A à Z jusqu’au n° 5336 puis s’ajoute un supplément de A à Z des numéros 5637 à 6707, ce qui est, avouons-le, guère pratique puisque, lorsqu’on cherche un auteur ou un titre, il faut procéder à une vérification à deux endroits dans le catalogue. Il n’y a aucun index. Les ouvrages publiés sous un pseudonyme sont répertoriés au pseudonyme même lorsque le nom de l’auteur est connu.
Il s’agit en fait d’un catalogue commercial qui était destiné à la vente des ouvrages disponibles chez l’éditeur-libraire Dorbon-Aîné. Un certain nombre de notices sont dépourvues d’analyse ou de commentaire. D’autres font référence à la table des matières de l’ouvrage ou à certains titres de chapitres. D’autres encore contiennent des commentaires ou des jugements de valeur soit sur le contenu de l’ouvrage (illustrations, idées de l’auteur, etc.), soit sur l’aspect bibliophilique de l’exemplaire en vente (reliure, état, envoi de l’auteur, exlibris, etc.). D’autres enfin ne font que citer un passage de l’ouvrage ou le commentaire d’un occultiste connu (Eliphas Lévi, Stanislas de Guaïta, etc).
D’autres encore sont un mélange des types précédents : titres de chapitres, commentaire, jugement de valeur, citation. Cela rend l’ensemble du catalogue peu homogène puisque la notice va du minimum de la collation seule à la notice de plus d’une colonne (par exemple, Dorbon 1327 ou Dorbon 4496).
Le catalogue mentionne certains manuscrits, en particulier de Dorbon 2889 à Dorbon 2928. Il contient des illustrations extraites des ouvrages en vente : soit des figures dans le texte, soit des planches hors-texte (p. 28, 49, 65, 71, 113, 129, 145, 161, 177, 193, 225, 229, 238, 241, 243, 246, 273, 289, 353, 369, 397, 417, 443, 482).
•La bibliographie Caillet est couramment appelée « la Caillet ». Son auteur, Albert Louis Caillet, est un ingénieur civil né à Paris en 1869 qui a, semble-t-il, peu écrit dans le domaine de l’ésotérisme.
On lui doit : Traitement mental et culture spirituelle. La santé et l’harmonie dans la vie humaine. Paris : Vigot Frères, 1912, in-8° de XIII-399 p. (Caillet 1924); (L’ouvrage aborde les techniques orientales de traitement mental telles que le yoga ainsi que le mesmérisme, l’hypnotisme, la suggestion mentale) Aperçu général sur le traitement mental. Paris : Hector et Henri Durville, s.d. [1912], in-8° de 25 p. (Il s’agit du texte d’une conférence faite à la Société Magnétique de France le 20 juin 1911)
L’auteur semble, de par les commentaires présents dans certaines notices et de par la classification décrite en tête de bibliographie, avoir un intérêt marqué pour l’orientalisme (hindouisme, yoga, théosophie, etc) et le magnétisme.
L’entrée se fait par auteur de A à Z du numéro 1 à 11609 et à nouveau de A à Z dans un petit supplément du numéro 11610 à 11648. Il n’y a pas d’index proprement dit mais l’auteur a conçu un système de classement par matières qu’il expose après la préface (p. V à LXVII). Il donne la liste des auteurs ayant écrit des ouvrages relatifs à la matière considérée en mettant en capitales les auteurs les plus importants. La classification est divisée en trois parties : ordre divin, ordre naturel et ordre humain.
Méthodologie
Critères de sélection des ouvrages et auteurs retenus dans le système de bases de données
L’ensemble des deux bibliographie
s et du catalogue étudiés regroupant à eux trois plus de 15 000 ouvrages, nous ne pouvions avoir l’ambition d’informatiser en peu de temps l’ensemble des notices existantes ! Il nous fallait donc opérer un choix d’auteurs et d’ouvrages afin de couvrir l’ensemble des sujets de l’ésotérisme et d’avoir une base d’auteurs allant de A à Z. Explicitons les critères qui nous ont permis d’opérer ce choix d’abord pour les auteurs. Nous avons ainsi sélectionné :
-les auteurs de l’ésotérisme connus, incontournables52 (H.P. Blavatsky, R. Steiner, Collin de Plancy, Encausse dit Papus, Saint-Yves d’Alveydre, l’Abbé Constant dit Eliphas Lévi, Stanislas de Guaïta, R. Bacon, F. Bacon, J. Cardan, F. Mesmer, Fabre d’Olivet, Louis Claude de Saint-Martin, P. Sédir, J. Bois, Paracelse, Bohme, Robert Fludd, Nicolas Flamel, Nostradamus, Péladan, Swedenborg, Wronski, etc.)
-les auteurs littéraires, philosophiques ou scientifiques connus ayant un lien à l’ésotérisme (Balzac, Barbey d’Aurevilly, Barrés, Baudelaire, Bulwer-Lytton, Cervantès, Dante, De Nerval, Dumas, Edgar Poe, P. Féval, Goethe, Hugo, Huysmans, Lerouge, Maeterlinck, Mallarmé, Meyrinck, Nodier, Rabelais, Rimbaud, Sand, Shakespeare, J. Verne, Villiers de l’Isle Adam, H.G. Wells, etc);
-les auteurs présents dans les trois ouvrages ;
-les auteurs ayant une notice biographique dans la Caillet ;
-les auteurs vulgarisateurs ayant un lien à l’ésotérisme (cf. tableau p.22-24: C. Flammarion, L. Figuier, S.-H. Berthoud, M. Berthelot, Paul Lacroix dit Jacob le Bibliophile, etc.)
-les auteurs ayant écrit de nombreux ouvrages dans un domaine restreint comme la franc-maçonnerie ou la médecine (magnétisme, etc), perçus comme des spécialistes du sujet (Ragon, H. Durville, P. Zaccone, etc)
-les auteurs dont au moins cinq ouvrages sont répertoriés dans la Caillet.
-les auteurs ayant consacré une grande partie de leur vie à une seule oeuvre majeure faisant autorité dans un domaine donné (N. Deschamps, J. Bizouard, etc).
Nous n’avons au contraire – sauf exception – pas retenu les nombreux auteurs n’apparaissant qu’une seule fois dans un ouvrage, pour un seul titre peu connu.
Cette première approche conduit à garder environ 500 auteurs.
Choix et caractéristiques du logiciel documentaire Superdoc
L’un des éléments essentiels du projet résidait bien sûr dans le choix du logiciel documentaire retenu pour développer le thésaurus et créer le système de bases de données.
L’ouvrage de Bourdin et Lénart53 nous avait déjà permis de repérer le type de logiciel documentaire nécessaire à la création d’un thésaurus.
Deux logiciels pouvaient correspondre aux besoins de ce projet : le logiciel Alexandrie et le logiciel Superdoc que nous avions pu découvrir lors d’une séance de TD. Après avoir contacté la société Aidel, nous avons pu expérimenter une version de démonstration d’un mois du logiciel Superdoc, en particulier pour voir fonctionner l’indexation par des termes descripteurs, les différents modes de recherche (équations booléennes, etc.) et l’utilisation du thésaurus en autopostage. Les côtés simples, efficaces et modulaires ainsi que les différentes caractéristiques du logiciel Superdoc nous ont convaincu de choisir la plate¬ forme Superdoc Open accompagnée du module Gestion de Thésaurus. L’ensemble revenait environ à 10000 F, ce qui peut paraître déjà représenter une somme importante mais semble être le minimum pour acquérir un logiciel documentaire permettant de créer son propre thésaurus.
Module Gestion de thésaurus
Le module Gestion de thésaurus permet de créer la structure arborescente du thésaurus, de la modifier, d’y circuler en cliquant sur le terme retenu. Quatre types de relations sont gérés : hiérarchie (10 niveaux), synonymie, association et note d’application.
L’organisation multi-fenêtrée de l’interface permet de visualiser simultanément la liste alphabétique des termes ou la liste permutée (fenêtre du haut); la hiérarchie dans laquelle s’insère le terme choisi (fenêtre de gauche) et l’environnement sémantique du terme (fenêtre de droite).
Toute action dans l’une des fenêtres actualise automatiquement les contenus des autres fenêtres. Un simple clic suffit pour déployer ou réduire un noeud dans l’arborescence.
L’ajout/ modification / suppression de termes dans les hiérarchies sont soumis à des contrôles de cohérence afin de préserver l’intégrité du thésaurus. Le clic droit sur un terme donne accès à toutes les fonctions disponibles pour ce terme (copier-coller, création de termes spécifiques, établissement de relations, etc.).
Lorsqu’on utilise le thésaurus en indexant une notice, il est possible de visualiser l’environnement sémantique d’un terme. On peut relier jusqu’à quatre thésaurus par base. En saisie, il existe un contrôle total qui empêche la saisie d’un mot-clé hors thésaurus. Le fait de choisir dans la liste alphabétique un terme non-descripteur conduit automatiquement à l’environnement du terme descripteur correct.
Il est possible après avoir retenu un terme descripteur, de faire porter la recherche de manière automatique sur tout ou partie des termes spécifiques de sa branche (autopostage).
Transformation et réécriture des messages
L’une des questions souvent rencontrées lors de notre travail a été celle de la transformation et de la réécriture des messages. Notre projet impliquait de fait de partir de textes déjà écrits – un catalogue, des bibliographies, un thésaurus sur papier – pour les transformer et les réécrire. Notre approche documentaire nécessitait en effet de la réécriture avec un nouveau dispositif matériel (utilisation d’un logiciel documentaire, changement de support, etc.) et une activité créatrice. Nous avons par exemple été amené à transformer les parties analytiques des notices originales pour séparer dans la base bibliographique ce qui relève des champs description, descripteurs, résumé, commentaire, etc.
Pour s’approprier un savoir, il faut bien souvent passer par la réécriture et par une transformation permettant de multiples réinterprétations et l’introduction de métatexte.
Le catalogue et la bibliographie constituent déjà en soi des formes de réécriture et des métatextes. Transformés par l’utilisation d’un logiciel documentaire et d’un thésaurus, ils rendront encore plus accessibles les savoirs contenus dans des résumés, des commentaires, autres formes de réécriture.
La réécriture occupe ainsi une fonction épistémologique dans l’acquisition du savoir : on ne peut connaître sans réécrire.
Il nous faut lire pour écrire, et écrire pour lire.
Tel le Pierre Ménard57 de Borges plagiant le Don Quichotte en lui donnant un sens nouveau, nous avions l’ambition de réécrire des textes quasiment à l’identique tout en les combinant, en multipliant les sens possibles d’interprétation et en rendant les textes originaux plus riches par des renvois à une bibliographie moderne, en introduisant des notices biographiques, des explications sur des personnages et des symboles, etc.
Ainsi, on a pu avoir affaire aux différents types de réécriture répertoriés par Genette :
-l’intertextualité (citation d’un auteur dans le commentaire d’un ouvrage)
-la paratextualité (champs descriptifs de la notice bibliographique)
-l’architextualité (type d’écrit, genre de texte : dictionnaire, essai, traité, roman, brochure, etc.)
-la métatextualité (résumé, commentaire);
-l’hyper et l’hypo-textualité (certains textes étant déjà des compilations de textes antérieurs ou en ayant inspiré d’autres par la suite).
Précisons maintenant les questions plus spécifiquement rencontrées dans la réécriture et la transformation du thésaurus et des résumés ainsi que dans la pratique d’indexation et le commentaire.
La version informatisée du thésaurus Lingua Esoterica
Pour utiliser les différents champs indexés sur le thésaurus, il nous a donc fallu créer la forme informatisée du thésaurus papier Lingua Esoterica. Nous avons dans l’ensemble conservé la même structure globale en procédant à des modifications, en particulier en créant davantage de branches que dans la première version sur papier Le micro-thesaurus « fondement de l’ésotérisme » contient les termes de base pouvant intervenir dans l’ésotérisme : le vocabulaire relatif à l’être humain (parties du corps, etc.), les noms des animaux, les nombres, les couleurs, des termes abstraits ou « outils », etc.
Le micro-thesaurus « noyau de l’ésotérisme » contient les termes les plus spécialisés et les plus rares par sous-domaine (alchimie, astrologie, magie, sorcellerie, etc.). C’est la partie du thésaurus qui a la plus grande profondeur.
La structure du micro-thesaurus « rapport ésotérique aux savoirs » est inspirée de la classification Dewey pour couvrir l’ensemble des connaissances.
Pour valider les termes de la version papier, nous les avons gardés lorsqu’ils apparaissaient fréquemment dans les textes analytiques de la bibliographie Caillet ou du Dorbon. Au contraire des termes qui ne nous étaient pas utiles pour indexer les ouvrages répertoriés ont pu être éliminés.
Les coupes et les ajouts
Un autre aspect de la réécriture concerne les coupes et les ajouts qui peuvent être faits dans une notice bibliographique.
Pour les coupes, cela a pu se faire en particulier en abrégeant les titres de plus de 5 lignes et en supprimant des jugements de valeur ou des citations dans le texte de l’analyse d’un ouvrage.
De par la comparaison de certaines notices entre le catalogue Dorbon, la bibliographie Caillet et la bibliographie Fesch et des recherches dans des ouvrages différents (encyclopédies, dictionnaires d’ésotérisme, catalogues de libraires, etc.), nous avons pu être amené à enrichir les données bio¬ bibliographiques de départ. Nous avons par exemple pu préciser les prénoms de certains auteurs, la collation de certains ouvrages (en particulier suivant l’édition), les différentes éditions, l’existence éventuelle d’une réimpression moderne (dans le champ notes), des éléments de résumé et de commentaire, des éléments biographiques sur les auteurs ou des personnages, des titres modernes de biographie, des explications sur les symboles, etc
Le discours
Il nous a donc paru utile d’introduire un champ commentaire dans la base bibliographique en particulier pour distinguer dans les analyses critiques bibliographiques ce qui relève du contenu documentaire et du jugement de valeur. De plus, nous avons pu récupérer à partir du Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue française des analyses critiques d’oeuvres littéraires pouvant avoir un rapport avec l’ésotérisme. Enfin, il est toujours intéressant de pouvoir disposer d’un champ permettant de donner un point de vue critique sans interférer avec le champ résumé.
Cela soulève bien sûr la question du discours adopté pour porter un jugement critique sur des ouvrages qui ont souvent un contenu en rapport avec les idées, les croyances, les traditions, la philosophie, la spiritualité, les religions ou les sectes, la Bible, des pratiques occultes (divination, magie, sorcellerie, culte satanique, spiritisme, etc.), des courants de pensée (francmaçonnerie, humanisme, orientalisme, etc.), des arts occultes comme l’alchimie, des techniques paramédicales ou prétendument thérapeutiques (magnétisme, etc.), des médecines douces (homéopathie, etc.), des événements historiques comme la Révolution française ou des personnages historiques.
Il est évident que les commentaires et le discours ne seront pas du tout les mêmes suivant que l’auteur des commentaires se définit comme philosophe (de tel ou tel courant), athée, gnostique, musulman, bouddhiste, juif, catholique (oecuménique ou traditionaliste), de la mouvance new âge, chrétien évangélique, Mormon, scientologue, membre d’une secte satanique ou adepte de la magie, franc-maçon (de telle ou telle obédience), membre d’une société secrète, chimiste, médecin allopathe ou homéopathe, psychanalyste (de telle ou telle tendance), sans compter le point de vue idéologique ou politique (marxiste, royaliste, etc.) ou psycholinguistique et sociologique (sémantique, réception des messages, représentations sociales, interprétation, etc.).
Ainsi, il nous était impossible de reprendre à notre compte – en tout cas sans justification – le discours d’Albert Caillet dans sa bibliographie au sujet de certains livres touchant à l’orientalisme (bouddhisme, yoga, etc.), au magnétisme, au christianisme ou à la franc-maçonnerie.
A propos de l’interprétation des textes sacrés, c’est Umberto Eco qui nous signale l’importance du paradigme du voile développé par certains auteurs au sujet d’oeuvres littéraires à contenu ésotérique comme celles de Rabelais, de Shakespeare ou de Dante. A ce sujet, Eco signale et critique, par exemple, des interprétations et relectures rose-croix ou maçonniques de l’oeuvre de Dante qui ne lui paraissent pas pertinentes.
Le commentaire, parce qu’il est constitué d’éléments d’explication, d’interprétations et de jugements de valeur ou de critiques, n’est jamais neutre, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un commentaire d’ouvrage en ésotérisme.
C’est une lecture possible de l’ouvrage à travers un certain prisme de valeurs.
Nous aurions pu adopter une approche « philosophique » du type de celle du siècle des Lumières, une approche « historique », « scientifique » ou encore « sociologique » mais il nous a semblé que l’approche la plus pertinente sur le plan du commentaire était une approche proprement spirituelle, voire eschatologique. Etant donné l’histoire judéo-chrétienne de la civilisation occidentale et les conflits ayant pu exister entre le christianisme et l’ésotérisme, ne pouvait-on pas faire une lecture des ouvrages en ésotérisme au regard de la Bible ?
Le Livre par excellence – répertorié à la fois dans le catalogue Dorbon et dans la bibliographie Caillet – est bien la Bible dont les aspects ésotériques et symboliques sont nombreux (multiples prophéties, miracles, symboles, ésotérisme du livre de VApocalypse, etc.).
Il nous a donc paru utile et riche d’adopter dans un commentaire, le cas échéant, une approche chrétienne et biblique67, en particulier dans le champ commentaire de la base symboles.
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Table des matières
INTRODUCTION
I – LA BIBLIOTHEQUE DE LILLE & L’ORIGINE DU SUJET DE STAGE
1) La Bibliothèque Municipale de Lille
2) La Bibliothèque Marx Dormoy
3) Origine du sujet de stage
II- LES SCIENCES OCCULTES POUR TOUS ESOTERISME, SCIENCE & VULGARISATION
1) Paradoxe de la vulgarisation : peut-on vulgariser l’ésotérisme ?
2) Pourquoi vulgariser des savoirs sur l’ésotérisme ?
3) Où l’on découvre que l’ésotérisme n’est pas absent de la vulgarisation scientifique
III – REECRIRE & TRANSFORMER DES BIBLIOGRAPHIES ANALYTIQUES
DE LIVRES ANCIENS D’ESOTERISME POUR VULGARISER LES SAVOIRS ESOTERIQUES
1) Présentation et analyse
2) Méthodologie
a) Critères de sélection des ouvrages et auteurs retenus dans le système
de bases de données
b) Choix et caractéristiques du logiciel documentaire Superdoc
c) Système de bases de données relationnelles
d) Module Gestion de thésaurus
3) Transformation et réécriture
a) Thésaurus Lingua Esoterica informatisé
b) Résumé
c)Indexation
d) Coupes et ajouts
e) Discours
f) Vulgarisation et accès à l’information
IV APPLICATIONS, MODES D’INTERROGATION & SITUATIONS DE RECHERCHE
1) Création des notices. Navigations intra et inter-bases
2) Modes d’interrogation
3) Exemples de situations de recherche et d’équations booléennes
V – AMELIORATIONS & EVOLUTION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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