Chimiothérapie ambulatoire et complications à domicile

Chimiothérapie ambulatoire et complications à domicile

Traitements du cancer

La chimiothérapie est l’un des traitements possibles pour traiter le cancer. (Ligue contre le cancer, 2018.) Pour cette revue de littérature, seul ce traitement a été choisi. Cela dans le but de cibler les interventions et le jugement clinique infirmier. De plus, il est estimé que 50% des patients atteints de cancer reçoivent une chimiothérapie à un stade quelconque de leur maladie cancéreuse. (Langohorne, Fulton & Otto, 2007.) Ce traitement est associé à des effets secondaires importants et des souffrances assez significatives. (Hassett, O’Malley, Pakes, Newhouse & Earle, 2006). La chimiothérapie est un agent anticancéreux qui peut être curatif ou palliatif. Il va compléter une prise en charge chirurgicale ou radio-thérapeutique (traitement néo-adjuvant ou adjuvant). Par ciblage précis et sélectif, il va empêcher la prolifération des cellules cancéreuses ou les détruire. (Caruba & Jaccoulet, 2015). La chimiothérapie a un effet systémique qui va agir dans pratiquement tout le corps. Cet effet lui permet d’atteindre les cellules cancéreuses, quelle que soit leur localisation. Son mode d’action cible les mécanismes qui sont impliqués dans la division de la cellule, qu’elle soit normale ou néoplasique. (INCa, 2013). En règle générale, ce traitement va être administré par perfusion, mais aussi par injection ou sous forme de comprimés. Selon les doses et le type de médicament, le traitement est administré en ambulatoire, lors d’un séjour hospitalier ou à domicile. (Vuillet-ACiles, Lagarde, & Buxeraud, 2014). Les cures sont administrées sous forme de cycles à des intervalles de trois ou quatre semaines, sur une période qui varie entre trois et six mois. (Honea, Brant, & Beck, 2007). Le degré de toxicité va dépendre de la molécule concernée mais aussi du patient, ce qui signifie que les effets secondaires et leur gravité peuvent varier d’une personne à l’autre. (Livingston, Craike, & Considine, 2011).

Effets secondaires et conséquences pour le patient La chimiothérapie est aussi toxique pour les cellules à renouvellement rapide (cellules médullaires, phanères, épithélium digestif, spermatozoïdes). (Demoré & Aulagner, 2016). La littérature montre que les patients sous chimiothérapie rapportent entre dix et trente-deux symptômes concomitants. Cette variation peut être dûe à un certain nombre de facteurs : le stade du cancer, le traitement, les comorbidités, l’instrument d’évaluation des symptômes utilisé et le moment où ils ont été évalués (Miaskowski et al., 2014). Parmi les symptômes les plus communs de la chimiothérapie, nous retrouvons les atteintes gastro-intestinales (nausées, diarrhées, constipation, vomissements et inflammation des muqueuses de la bouche, de la gorge ou de l’oesophage), perte d’appétit, l’aplasie médullaire (thrombopénie, neutropénie), la fatigue, les troubles du sommeil, la dépression et l’anxiété (Ward Sullivan et al., 2017). Ces effets indésirables, qu’ils soient immédiats ou à long terme, peuvent se manifester d’une manière violente. Ils sont pour la plupart temporaires, et peuvent être gérés avec des soins appropriés (Barbera et al., 2010). Toutefois, le cas échéant, l’état du patient peut empirer au point de nécessiter une consultation ou/et une hospitalisation (Vandyk, Harrison, Macartney, Rose-White, & Stacey, 2012). Un contrôle inadéquat peut inciter le patient à vouloir diminuer le dosage du traitement, voire l’interrompre. D’autre part, en plus des ces manifestations physiques, ils peuvent aussi entraîner une détresse psychologique et avoir un impact néfaste sur la qualité de vie de la personne (Esther Kim, Dodd, Aouizerat, Jahan, & Miaskowski, 2009 ; Mitchell, 2006).

Groupe de symptômes (Symptom Clusters) Toutefois, il est rare que les patients n’éprouvent qu’un seul symptôme à la fois. L’expérience la plus commune est de présenter un ensemble, ou un groupe de symptômes (symptom cluster) qui vont s’influencer les uns les autres (Sullivan, Leutwyler, Dunn & Miaskowski, 2017). En 2001, Dodd et al. ont publié la première étude sur les groupes de symptômes chez les patients en oncologie. Dans cet article, un groupe de symptômes a été défini comme : « trois symptômes concomitants ou plus qui sont reliés, mais dont l’étiologie n’est pas nécessairement la même» (p. 468). En 2005, Kim, McGuire, Tulman et Barsevick ont révisé la définition d’un groupe de symptômes de la façon suivante : deux symptômes ou plus, qui sont liés et qui vont se manifester ensemble. Les clusters sont composés de groupes de symptômes qui sont stables, relativement indépendants des autres groupes et qui peuvent être caractérisés par différentes dimensions spécifiques. Les associations entre les symptômes d’un même groupe doivent être plus fortes que les liens avec les autres symptômes existants. Ils peuvent partager ou pas la même étiologie [traduction libre] (p. 270).

Chimiothérapie ambulatoire et complications à domicile Les progrès de la chimiothérapie orale et systémique permettent une administration de plus en plus fréquente dans les centres ambulatoires (Daly et al., 2018). En Suisse, un transfert des soins oncologiques vers le domaine ambulatoire est de plus en plus courant, notamment en raison de l’introduction des DRG (Diagnosis Related Groups, groupes homogènes de diagnostic). (Bachmann-Mettler et Eicher, 2010). Selon les mêmes auteures, on demande de plus en plus aux patients de gérer eux-mêmes les conséquences de la maladie, de surveiller et de traiter les effets indésirables de la maladie et des traitements. En Suisse, les coûts des soins ambulatoires ont augmenté deux fois plus vite ces cinq dernières années que ceux du secteur stationnaire. En 2016, le secteur ambulatoire a coûté 7,4 milliards de francs, soit une augmentation de 6,8% par rapport à l’année précédente, selon les nouveaux chiffres (OFS, 2017). Il représente 29% des coûts des hôpitaux. Au total, l’OFS a dénombré 18,3 millions de consultations ambulatoires.

Pour les infirmières en oncologie ambulatoire, cela signifie qu’elles doivent former davantage les patients et leurs proches à la surveillance, l’évaluation et la gestion des symptômes. Cette formation des patients et de leurs proches n’est toujours pas suffisamment proposée par les infirmières en oncologie (Bachmann- Mettler & Eicher). Gibson et McConigley (2016) soulignent qu’une conséquence négative des chimiothérapies ambulatoires est que les patients ont moins de contact avec les professionnels de la santé. Ce fait réduit les évaluations, les surveillances et les interventions en cas de besoin. Selon des recherches récentes, un niveau élevé de détresse émotionnelle résultant d’une mauvaise gestion des symptômes est lié à la réduction du taux de survie (Edmonds, Karlsen, Khan & Addington-Hall, 2001). La détresse émotionnelle des patients augmente si l’on ne considère pas leurs symptômes ; par conséquent, leur qualité de vie en est amoindrie (Singer, Martin, & Kelner, 1999). L’incidence et la sévérité des effets secondaires liés à une chimiothérapie sont sous-estimées, par le fait que les complications surviennent à domicile et sont souvent sous-déclarées (Fromme, Eilers, Mori, Hsieh, & Beer, 2004). Certains patients, ne sachant pas comment les gérer, vont s’adresser aux services des urgences le plus proche (Gibson & McConigley, 2016 ; Vandyk et al., 2012). Environ 40% des patients sous chimiothérapie se présenteront deux fois ou plus aux urgences. Plus de la moitié de ces consultations aboutissent à une hospitalisation, les autres sont évaluées comme non urgentes et donc potentiellement évitables. (Considine et al., 2009.) Plus de 60% des patients rentrent à domicile, ne nécessitant pas une hospitalisation (Henretta, Scalici, Engelhard, & Duska, 2011). Des symptômes tels que les nausées, les vomissements, la douleur, l’insomnie, l’anxiété, les diarrhées peuvent être gérés à domicile grâce à une éducation thérapeutique appropriée. Consulter les services des urgences pour ces symptômes mal gérés ne fait qu’augmenter les coûts liés au cancer (McKenzie et al., 2011).

Métaparadigme infirmier Chaque discipline a des connaissances propres qui guident sa pratique, son développement et qui la distingue des autres disciplines. Le progrès d’une discipline est marqué par des changements de paradigmes (Kuhn, 1983). Il vont influencer les pratiques professionnelles et développer les connaissances et la réflexion. Selon Levy, un paradigme est « un cadre conceptuel général reflétant un nombre de croyances et de valeurs reconnues par une communauté » (1994, cité dans Champagne, 2016). Les soins infirmiers se sont structurés autour d’un paradigme particulier à l’origine de différents modèles et théories de soins. Une théorie de soins ou un modèle conceptuel définit la conception de l’homme et des soins. Elle a des valeurs explicites et propose une manière de soigner. L’exercice infirmier consiste à faire l’évaluation de l’état de santé d’une personne, à appliquer une surveillance clinique, à initier des examens diagnostics, à déterminer un plan de soins et de traitements et à l’appliquer pour maintenir la santé ou la recouvrer (Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec, 2011). Florence Nightingale, infirmière et pionnière de la profession, fut une des premières à conceptualiser le soin et à le relier à quatre dimensions : la personne, le soin, la santé et l’environnement. C’était au XIXe siècle. Plus tard, ces concepts seront repris par Fawcett en 1984, sous forme de métaparadigme infirmier (Formarier & Jovic, 2012). Pour Fawcett, le métaparadigme infirmier constitue l’armature de la discipline. Il met en avant quatre concepts centraux :

La personne Ce concept correspond à tout bénéficiaire des soins. Il peut donc s’agir d’individus, de familles ou d’une communauté (Goulet & Dallaire, 2002). Ce qui lie ce concept et la thématique de ce travail est que chaque personne va expérimenter les symptômes selon des variables intrinsèques (caractéristiques dermographiques, psychologiques, physiologiques, sociologiques et développementales). Toutes ces variables influencent la manière dont la personne perçoit et répond à l’expérience des symptômes liés au cancer et à la chimiothérapie. Cette dimension prend en compte que l’expérience du symptôme est un processus personnel, unique et qui demande une approche individualisée de la part du personnel infirmier (Eicher, 2013, p. 18). De plus, le cancer et le traitement chimiothérapeutique affectent profondément la personne atteinte et ses proches. Ils peuvent diminuer significativement la qualité de vie de même que l’intégrité physique. Pour l’infirmière, la personne et ses proches sont au centre de la prise en charge.

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Table des matières

Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
Introduction
Problématique
Epidémiologie du cancer
Traitements du cancer
Effets secondaires et conséquences pour le patient
Groupe de symptômes (Symptom Clusters
Chimiothérapie ambulatoire et complications à domicile
Question de recherche
Cadre théorique
Métaparadigme infirmier
La personne
La santé
L’environnement
Les soins
Théorie de la gestion des symptômes
Les trois concepts clés de la TGS
L’expérience des symptômes
Stratégies de gestion des symptômes
Les résultats obtenus sur l’état du symptôme
Le rôle infirmier dans la TGS
Concepts
Qualité de vie
Partenariat
Méthode
Devis de recherche
Mots clés et termes MeSH
Critères d’inclusion et d’exclusion
Les bases de données sélectionnées
Stratégies de recherche pour Pubmed/Medline (voir Appendice B)
Les stratégies de recherche pour CINHAL (voir Appendice C
Résultats
Tableau récapitulatif des articles (voir Appendice D)
Caractéristiques et qualité méthodologique
Date de publication et pays d’origine
Population et type de cancers
L’expérience personnelle et stratégies de gestion des symptômes
L’évaluation des symptômes
Identification des clusters de symptômes
Clusters de symptômes identifiés dans les articles transversaux (voir Appendice E)
Clusters de symptômes identifiés dans les articles longitudinaux (voir Appendice F )
Interventions complexes visant plusieurs symptômes
Discussion
Interprétation des résultats
L’expérience du symptôme
L’évaluation
Identification de clusters grâce à l’évaluation des symptômes
Implications pour la pratique – Évaluation des symptômes
Les stratégies de gestion du symptôme
Implications pour la pratique – Stratégies de gestion des symptômes
Les effets obtenus sur l’état du symptôme.
Implications pour la pratique – Effets obtenus sur l’état du symptôme
Recommandations pour la formation
Recommandations pour la recherche
Les limites
Les forces
Conclusion
Références
Liste des références bibliographiques
Appendices
Appendice A
Déclaration d’authenticité
Appendice B
Diagramme de flux
Appendice C
Stratégies de recherches – Pubmed
Appendice D
Stratégies de recherches – CINHAL
Appendice E
Tableau récapitulatif des articles
Appendice F
Clusters identifiés – Articles transversaux
Appendice G
Clusters identifiés – Articles longitudinaux
Appendice H
Grilles d’analyse des articles scientifiques

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