Le paludisme demeure encore la plus importante maladie parasitaire affectant l’humanité [1]. En 2015 le nombre de cas de paludisme dans le monde était estimé à 212 millions avec 429 000 décès [2] et ce nombre est augmenté à 216 millions de cas en 2016 [2]. La plupart de ces décès étaient survenus en Afrique (92 %) [3]. Chez les enfants de moins de 5 ans, le nombre de décès dus au paludisme avait été estimé à 70% (303 000) du total mondial. Ce nombre serait en baisse de 29 % depuis 2010 [3]. Au Sénégal la mortalité liée au paludisme en 2015 était de 526 décès dont 158 chez les enfants de moins de 5 ans, soit 30% du total national [4]. Cette situation a incité la mobilisation de nombreux moyens et efforts pour la lutte contre le paludisme. C’est ainsi que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande depuis plusieurs années de nombreuses stratégies pour le contrôle du paludisme. Au Sénégal la mise en œuvre de celles-ci s’est faite comme suit : le traitement préventif intermittent (TPI) à la Sulfadoxine Pyriméthamine (SP) chez la femme enceinte en 2003 [4], la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA) en 2005 [4], le déploiement des Combinaisons Thérapeutiques à base de dérivés d’Artemisinine (CTA) en 2006 et la mise à échelle des TDR (Test de Diagnostic Rapide) en 2007. Ces différentes stratégies implantées ont fortement contribué à une modification du faciès épidémiologique du paludisme qui demeure toujours un véritable fléau pour les nourrissons, les jeunes enfants et les femmes enceintes [5]. Le contrôle du paludisme devrait désormais s’articuler autour de nouvelles stratégies plus ciblées. Une nouvelle intervention appelée Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) a alors été recommandée pour les enfants de 3 à 59 mois et vivant dans des zones de forte transmission saisonnière [5]. L’OMS recommande le recours à la CPS à la SP et à l’Amodiaquine (AQ) dans les zones comme la sous-région du Sahel de l’Afrique sub-saharienne, où Plasmodium. falciparum est sensible à ces deux antipaludiques .
Le Sénégal a adopté et commencé la mise œuvre de la CPS depuis 2013, chez les enfants de 3 à 120 mois. Cet élargissement de la cible avait été motivé par les données de surveillance de la morbidité et mortalité palustre générées par le service de parasitologie et mycologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et le programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du pays. Ces données montraient que les enfants de 5-10 ans étaient tous aussi vulnérables que ceux 3-59 mois .
GENERALITES
Définition
Le paludisme est une parasitose fébrile endémo-épidémique due à la présence et au développement d’un hématozoaire du genre Plasmodium dans l’organisme humain, transmis à l’homme par la piqure infectante de moustiques femelles du genre Anophèles .
Rappels
Agents pathogènes
Protozoaires découverts en 1880 par Laveran sous le nom d’Oscillarie malaria, les Plasmodii appartiennent à :
➤ Phylum des Apicomplexa
➤ Classe des Sporozoea
➤ Ordre des Hemosporidida
➤ Sous-ordre des haemosporina
➤ Famille des Plasmodiidae
➤ Genre Plasmodium.
Cinq espèces de Plasmodii sont susceptibles d’infecter l’homme [7]:
➨ P. falciparum, espèce la plus dangereuse et la plus répandue dans les régions chaudes d’Afrique sub-saharienne, d’Asie, d’Océanie, d’Amérique Centrale et du Sud. Elle est responsable de la majorité des cas mortels du paludisme ;
➨ P. vivax responsable de la fièvre tierce bénigne en Asie, en Amérique du Sud et du Centre, est peu représentée en Afrique [7] ;
➨ P. ovale surtout présente en Afrique et de façon sporadique en Amazonie, en Océanie et en Asie. Elle n’est pas mortelle mais peut être quiescente 4 à 5 ans après la première infection. Depuis peu on distingue : Plasmodium ovale wallikeri et Plasmodium ovale curtisi dans le même faciès épidémiologique [8];
➨ P. malariae présente en Afrique, n’est pas mortelle mais peut être responsable des cas de rechute de la maladie une vingtaine d’années après la première infection;
➨ P. knowlesi responsable du paludisme du singe, a été retrouvé chez l’homme et est responsable de la fièvre quarte à Bornéo (Asie du Sud-est). Son évolution est potentiellement grave : elle doit être traitée comme P. falciparum [9].
Une nouvelle espèce, Plasmodium cynomolgi, a été récemment isolée chez l’Homme. Du point de vue morphologique elle est identique à P.ovale ce qui rend très difficile son diagnostic par les méthodes conventionnelles [10]. Le plasmodium a une forme et une dimension variables en fonction du stade de développement, mais aussi de l’espèce.
Vecteurs
La transmission de la maladie à l’homme se fait principalement par la piqûre infectante d’un moustique, l’anophèle femelle hématophage [11].Ce moustique appartient à l’ordre des Diptères, à la famille des Culicidae, à la sous famille des Anophelinae et au genre Anopheles [12]. Au Sénégal, les espèces : Anopheles gambiae ss, Anopheles funestus, Anopheles arabiensis et Anopheles coluzzii jouent un rôle majeur dans la transmission de la maladie. Anopheles nili, Anopheles pharoensis et Anopheles melas y sont des vecteurs secondaires .
Réservoir de parasites
L’homme infecté et l’anophèle femelle constituent les réservoirs de parasites pour les principales espèces. Cependant, Plasmodium malariae peut être aussi retrouvé chez le singe.
Modes de contamination
Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre de l’anophèle femelle, infectée. La transmission peut également se faire à travers la barrière hématoplacentaire et accidentellement par transfusion sanguine .
Cycle évolutif
Il comporte trois stades dont deux se déroulent chez l’homme (hôte intermédiaire) et un chez le moustique :
➤ 1er stade : Stade tissulaire, exo-érythrocytaire ou de Schizogonie Hépatique L’anophèle femelle infecté, inocule lors d’un repas sanguin sur l’homme les parasites sous formes de sporozoites. Ces derniers gagnent le foie en moins de trente minutes et se transforment en trophozoites qui se multiplient dans les cellules hépatiques pour former des schizontes. Les schizontes mûres contiennent 10 à 30000 noyaux autour desquels s’individualisent des fragments cytoplasmiques pour donner naissance aux mérozoites. L’éclatement des hépatocytes parasités libère des milliers de mérozoites qui passent dans le sang et initient la deuxième étape. Cette étape cliniquement latente dure une à deux semaines. Pour Plasmodium vivax ou Plasmodium ovale, il y a possibilité de persistance dans le foie de formes parasitaires latents : les hypnozoites. Ces hypnozoites peuvent à tout moment amorcer une nouvelle phase tissulaire responsable de rechutes cliniques
➤ 2eme stade : Stade sanguin ou de Schizogonie érythrocytaire Les mérozoites provenant du foie envahissent les hématies, chaque mérozoite pénètre dans une hématie, se charge de pigment malarique ou hémozoine. Après éclatement du globule rouge, les mérozoites jeunes libérés recolonisent d’autres hématies, s’y multiplient réalisant un autre cycle. Le cycle de maturation endoérythrocytaire dure 48 heures sauf pour Plasmodium malariae chez qui il dure 72 heures. Chaque cycle se termine par la destruction d’hématie et d’une poussée fébrile réalisant ainsi une fièvre soit tierce, soit quarte. Après plusieurs cycles érythrocytaires, certains mérozoites vont se différencier en éléments sexués : les gamétocytes mâles et femelles. Ce sont ces gamétocytes qui seront prélevés par l’anophèle lors d’un repas sanguin
➤ 3eme stade : Stade sporogonique, sexué ou Sporogonie Lors d’une piqûre chez un paludéen, le moustique ingère les éléments figurés sanguins. Les gamétocytes ainsi absorbés se transforment en gamètes. Le gamète mâle subit une ex flagellation et chaque élément issu de ce gamète peut féconder un gamète femelle : c’est la gamogonie. Cette fécondation donne naissance à un œuf d’abord mobile l’ookinète puis fixe l’oocyste dans lequel s’individualisent des sporozoites. Après éclatement de l’oocyste, les sporozoites libérés gagnent les glandes salivaires de l’anophèle et seront réinoculés chez l’homme lors d’un nouveau repas sanguin. La durée du cycle sporogonique varie de 1 à 40 jours selon la température et l’espèce plasmodiale. Ce cycle s’arrête lorsque la température moyenne est inférieure à 16°c pour Plasmodium vivax et à 18°c pour Plasmodium falciparum.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I.GENERALITES
I.1. Définition
I.2. Rappels
I.3. Intéret
II. EPIDEMIOLOGIE
II.1. Epidémiologie descriptive
II.2. Epidémiologie analytique
III.PREVENTION DU PALUDISME
III.1. Prévention primaire
III.2. Prévention secondaire
III.3. Prévention tertiaire
IV. CHIMIOPREVENTION DU PALUDISME SAISONNIER
IV.1. Définition
IV.2. Mis en œuvre
IV.3. Généralités sur les Connaissances, attitudes et pratiques des mères ou gardiennes en matière de CPS
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. OBJECTIFS DE L’ETUDE
I.1. Objectif général
I.1. Objectif spécifique
II.CADRE DE L’ETUDE
II.1. Contexte géographique
II.2. Contexte démographique
II.3. Contexte économique
II.4. Contexte socioculturel
II.5. Contexte éducatif
II.6. Offre de service de santé
6.1. Infrastructures
6.2. Le personnel
6.3. Stratégies de lutte contre le paludisme au niveau communautaire dans le district de Bounkiling
III. METHODOLOGIE
III.1. Période d’étude
III.2. Type d’étude
III.3. Population d’étude
III.4. Protocole d’échantillonnage
III.5. Méthode de collecte
III.6. Analyse de données
III.7. Considérations éthiques
IV. RESULTATS
IV.1. Etude descriptive
IV.2. Etude analytique
V. DISCUSSION
V.1. Couverture thérapeutiques adéquate des enfants âgés de 3 à 120 mois
V.2. Caractéristiques socioprofessionnelles des mères ou gardiennes d’enfants liées à la couverture thérapeutique adéquate des enfants âgés de 3 à 120 mois en matière de CPS
V.3. Connaissance des mères ou gardiennes d’enfants de 3 à 120 mois sur la CPS
V.4. Attitudes des mères ou gardiennes d’enfants de 3 à 120 mois sur la CPS
V.5. Pratique des mères ou gardiennes d’enfants de 3 à 120 mois sur la CPS
CONCLUSION et RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES