Cheminement de la pensée scientifique

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LE PROBLEME DU PARADIGME ET DE SON APPLICATION

Rappelons que le paradigme nécessite une analyse et un choix de modèle épistémologique . Comme tout travail de recherche exige une démarche critique, il serait plus indiqué d’accentuer cette réflexion sur la base de ses prin-cipes méthodiques.
Pour essayer de clarifier des thèmes choisis, nous avons effectué une vision transversale. Leur lecture nous a introduit à des interprétations contro-versées. Comme l’œuvre épistémologique de Bachelard se caractérise par son historicité circonscrivant une continuité dynamique de la philosophie des sciences, celle-ci se veut néanmoins d’être critique sans pour autant accorder du crédit aux acquis antérieurs considérés comme des obstacles à surmonter.
De là, s’explique l’expression « rupture épistémologique». Le terme rup-ture implique qu’il y a quelque chose à rompre, c’est ce que Bachelard qualifie-ra de « obstacles épistémologiques». Ces obstacles sont décrits par Bachelard en termes psychologiques ou anthropologiques, ce que déploieront ensuite Georges Canguilhem et Michel Foucault.
La diversité de l’œuvre de Bachelard inclut la disp ersion des problèmes qu’elle sous-entend et où figure les moments d’une recherche liée à l’inquiétude d’une pensée qui recherche son point d’appui. De ces moments, il n’est pas toujours possible, dans le cas de Bachelard, d’en faire le couronnement d’une histoire de la logique. Ces moments circonscrivent le cadre de l’évolution chro-nologique de sa pensée à l’intérieur de la structure même de ses textes où se dessinent les concepts évoquant la mobilité des problèmes mis à l’étude. Par conséquent, nous ne devons pas lire ces textes sur le même plan, étant donné l’incidence d’une pensée logique liée à l’imagination : « quand il s’agit d’écrire des sottises, il serait vraiment trop facile de faire un gros livre11 ». Voilà pour-quoi Bachelard s’attache à l’incertitude posée par le cadre méthodologique.

LA PROBLEMATIQUE ET LA METHODE

La conséquence de ces options méthodologiques est que, à l’instar de Bachelard lui-même, nous sommes plus attentif à la problématique qu’à tout principe systématique de la science déterministe. S’il est vrai que le point de départ de la science réside dans l’étonnement faceaux pseudo évidences des phénomènes, c’est de la lecture des divers passagesdes textes à réduire que nous devions partir.
Nous pensions ainsi que l’analyse opérée par Bachelard a inversé l’ordre déterministe des recherches scientifiques. Il est parti d’un lieu où se glissent des « ruptures épistémologiques». L’étude de la démarche bachelardienne ouvre la voie à un examen judicieux des processus expérimental traditionnel où se trouvent associés les faits suivants : Selon Claude Bernard, un bon observateur est un photographe des phé-nomènes : enregistrement des faits observés pour en tirer une hypothèse cons tituant pour Bachelard « l’idée première » à vérifier. Cette vérification s’effectue par l’expérience pour la science déterministe soucieuse d’en dégager des lois, l’expression de la vérité. Mais Bachelard estime que cette vérité dégagée forme l’incarnation de l’hypothèse qui nourrit et enrichit la pensée imaginante.

Vers une approche de la culture scientifique

– La pensée scientifique est une construction métaphorique.
– Le déchiffrement de l’univers physique sur le modèle physico-mathématique.

Le primat de l’intelligible

– La pensée scientifique incorpore l’esprit philosophique.
– La science au service de la technique.

Typologie du nouvel esprit scientifique

La typologie du nouvel esprit scientifique veut que toute pensée scienti-fique s’interprète à la fois dans le langage réaliste et dans le langage de ratio-nalité. Cette impureté métaphysique est entraînée arp le double sens de la preuve scientifique qui s’affirme à la fois dans l’expérience et dans le raisonne-ment dans une référence à la raison.

L’expérience scientifique comme raison confirmée

– Les vérités soumises à des rectifications.
– L’observation scientifique est polémique.

Le simple et le complexe

– Les vérités de la science naturelle.
– La science suscite l’existence d’un monde immanent à l’esprit.

Cheminement de la pensée scientifique

Le cheminement de la pensée scientifique n’a ni réalisme, ni rationalisme absolus. De ce fait, on ne peut pas partir d’une attitude philosophique générale pour juger la pensée scientifique. Celle-ci conduit à substituer, aux métaphysiques intuitives et immédiates, les métaphysiques discursives objectivement rectifiées.

Une épistémologie à tendance géométrique

– Les carrefours de la pensée scientifique.
– Les statuts de la philosophie du non.

Le dilemme de la pensée géométrique

– Opposition entre connaissance commune et connaissance scientifique.
– Quelques aspects d’obstacles épistémologiques.

L’univers de la connaissance

Les créateurs de la philosophie moderne, dont Bacon et Descartes ont assigné à la science le but d’atteindre des lois ayant le double caractère de l’universalité et de la réalité. Dépasser le pointde vue ancien, suivant lequel les lois n’étaient que générales et idéales, c’est s’élever au-delà du vraisemblable et du possible. Connaître le réel d’une façon certaine, telle fut en dépit d’ap-parences parfois mal interprétées, leur ambition commune.

CONSTITUTION DE LA CITE SCIENTIFIQUE

Selon Bachelard, la science ne progresse pas de façon continue. Elle est construite à partir des ruptures successives. Ces ruptures épistémolo-giques, qui sont des mutations brusques effectuées par l’esprit pour ajuster les cadres rationnels de l’expérience nouvelle sont autant de changements de mé-thodes et de concepts à l’intérieur même du devenir scientifique. De là, naît en lui l’idée que « La cité scientifique » est un monde de devenir où s’établit une rectification des erreurs. Dans son ouvrage intitulé : Le nouvel esprit scienti-fique, Bachelard affirme ceci : « La science est un produit de l’esprit humain, pro duit conforme aux lois de notre pensée et adapté au monde extérieur. Elle offre donc deux aspects, l’un subjectif, l’autre objectif,tous deux également nécessaires car il nous est impossible de changer quoi que se soit aux lois de notre esprit qu’à celle du monde. » 20
On constate que Bachelard utilise la loi des trois états d’Auguste Compte pour désigner les trois grandes étapes du devenir scientifique21. L’ère du nouvel esprit scientifique aurait débuté en 1905 avec la théorie de la relativité einstei-nienne. Elle constitue notre actualité. On s’aperçoit que l’état d’analyse de nos intuitions communes est trompeur. C’est pourquoi les idées simples, comme celles du choc de rupture, incluent des réactions qui imposent les instruments scientifiques pour être révisés. Le simple est une illusion, et des natures pré-tendues simples, révèlent un tissu de relation « complexe » qui suscite la nou-velle pensée scientifique ne cessant d’affirmer et de différencier les structures. En ce sens Bachelard avance : « si le réel immédiat est un simple prétexte de pensée scientifique et non plus un objet de connaissance, il faudra passer du comment de la description au commentaire théorique. Cette explication prolixe étonne le philosophe qui voudrait toujours q’une explication se borne à déplier le complexe, à montrer le simple dans le composé »22.
Cette troisième période est l’ère d’une prise de conscience réflexive pour la science. C’est pourquoi celle-ci se définit, non comme un simple étape, mais comme un état d’esprit qui évolue. Dans son ouvrage intitulé : Epistémologie, Bachelard réclame aux philosophes le droit de nous servir d’éléments philoso- phiques, détachés des systèmes où ils ont pris naissance. Ce logicien estime ainsi que la force philosophique des systèmes est quelquefois circonscrite dans sa fonction particulière. Pourquoi hésiter à proposer cette fonction particulière à la pensée scientifique qui a tant besoin de principes d’informations philoso- phiques ? À cette question purement d’ordre méthodologique Bachelard récuse l’usage d’une pensée fixiste : « Nous demandons aux philosophes de rompre avec l’a mbition de trouver un seul point de vue fixe pour piger l’ensemble d’une science aussi vaste et aussi changeante que la physique. Nous aboutirons alors pour caractériser la philosophie des sciences à une pluralisme philosophique seul capable d’informer les élé-ments si divers de la théorie, si éloigné d’être tous au même degré de maturité philosophique. »

APPROCHE DIALECTIQUE DAES FAITS SCIENTIFIQUES

Comme nous l’avons souligné au début de notre travail, notre souci est de savoir le fondement réel de la conception bachelardienne du réel sous l’angle philosophique. Dans l’esprit d’un logicien conséquent, Bachelard entend expliquer l’univers physique en mêlant sa rigueur l ogique avec une pensée imaginante. C’est cette seconde phase d’une pensée simple de Bachelard que nous allons étudier dans cette partie.
On pourrait ainsi mettre face à face le philosophe et le poète. Ce pas-sage de L’intuition de l’instant en témoigne quand Bachelard écrit : « « philosophe, tu sursauteras à ce mépris pour une organisa-tion si nécessaire, cependant que poète, tu triompheras, et tu croiras à bon compte le faire ». Cependant que moi, « rêveur des mots, rêveur des mots écrits », je vous entraînerai l’un et l’autre dans la poursuite méthodique du non méthodique imagi-naire […] toi, philosophe, tu apprendras à écouter le poète, ce « phénoménologue né », toi, le poète, tu devras discerner les raisons et les chemins difficiles par lesquels il est possible de dégager la poésie des scories, des réminiscences qui la tuent, et de faire en sorte qu’un homme « malgré la vie » devienne poète. Car on ne naît pas poète, mais on le devient» » 27
L’œuvre de la science, associée à celle de l’imagin ation, participe d’une même dialectique qui commande en chacune d’elle la dénégation et l’écartement des obstacles. L’une et l’autre se base sur la rupture et la purifica-tion que surmontent les audaces généreuses de la philosophie du non. C’est en ce sens qu’il nous fait rappeler l’intérêt porté par Bachelard sur l’imagination et constituant le fruit du hasard : cette dernière mêm e est à l’œuvre dans les deux directions opposées des activités scientifiques et oniriques, lesquelles ne sont pas simplement juxtaposés à la lumière d’une impression psychanalytique. Se-lon le logicien Bachelard, la connaissance objective procède d’une chaîne de raisons, établie au prix d’un arrachement au narcissisme rêveur et aux voluptés de l’imagination. La psychanalyse de la connaissance objective consiste à lire, dans les erreurs, les piétinements de la pensée savante. Nous retrouvons ici deux démarches : celle du « Nouvel Esprit Scientifique » et celle du « Nouvel esprit littéraire », cette dernière entend établir la même tonalité affective 28.
Sans trahir cette pensée dialectisante, nous sommes tentés d’y voir avec Jean Hyppolite, le primat de la valeur accordée à l’imagination, conjuguée avec la raison connaissante :« Nous sentons bien que ces deux thèmes sont déve-loppés à partir d’une même pensée, d’un même projet imaginatif qui est un su-jet d’ouverture initiale. » .
Avec Bachelard, la dialectique réside dans l’art de construire une con-naissance vraie : il faut avoir été certain d’une opinion dont le bien fondé se construit à l’aide d’une logique de l’opinion contraire. Il s’ensuit une vérité lo-gique que l’on peut soumettre à une rectification sans cesse renouvelée par des mesures instrumentales. De ce fait, la quantification des liaisons internes des faits observés provoquent d’autres phénomènes afférant aux faits scientifiques. C’est dans cette perspective qu’un savoir scientifique constitue l’expression dia-lectique30.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CHOIX DU THEME ET MOTIFS DU CHOIX
I.1 LES DIFFICULTES D’APPROCHE
I.2. L’OBSCURANTISME DES TEXTES
DEUXIEME PARTIE : PLAN DETAILLE DE LA THESE
II.1.1. Rupture épistémologique
II.1.2. Typologie du nouvel esprit scientifique
II.1.3. Cheminement de la pensée scientifique
II.2.1. L’univers de la connaissance
II.2.2. Les questions de l’épistémologie
II.2.3. La raison scientifique s’élève par delà l’immédiat
II.3.1. De la dialectique de la durée
II.4.1. Evolution scientifique
II.4.2. Problème éthique de la science
TROISIEME PARTIE : RESUME DE LA THESE
BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
BIBLIOGRAPHIE LISTEE
GLOSSAIRE

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