Chanter des lieder de Schumann : un projet interdisciplinaire au service de l’apprentissage de l’allemand 

Cadre de l’étude : s’inscrire dans une démarche interdisciplinaire pour élargir le champ des connaissances

Faire le pari de l’interdisciplinarité

Genèse du projet

Les leçons de piano que j’ai reçues étant enfant remontent à tant d’années que je me refusais à entraîner mes élèves à l’expression chantée en allemand. Par-delà ce blocage, je garde néanmoins le souvenir du plaisir que je ressentais dans mes jeunes années lorsque je répétais mes exercices de solfège chanté devant cette professeure de musique qui ne manquait pas de souligner la justesse de ma voix. Si l’adolescence a eu raison de cette prédisposition vocale, je reste cependant persuadé que l’impact du chant s’est avéré déterminant sur mes orientations futures. De plus, j’ai remarqué à quel point les élèves français, généralement peu enclins à l’expression orale en langues étrangères, perdent toute inhibition lorsqu’ils fredonnent, avec un plaisir non feint, un air rythmé en anglais, et manifestent une aisance à retenir la phraséologie et les ressources lexicales qui accompagnent ces productions musicales. Comme le souligne un rapport du ministère de l’Éducation nationale d’août 2007, « la pratique de la chanson favorise l’acquisition de la musicalité de la langue. Elle permet d’identifier les composantes sonores du langage. La syllabisation et les rimes indiquent le rythme interne de la phrase et aident l’enfant à restituer la courbe mélodique d’une phrase. » . Mon choix pédagogique se portait donc — sans surprise — sur un projet qui alliait l’expression chantée à la pratique de l’allemand pour un groupe d’élèves qui baignaient dans un environnement musical encouragé par la mise en place d’un programme scolaire aménagé.

De l’importance d’un savoir transversal pour mutualiser les connaissances

Compte tenu de mes compétences musicales limitées, je ne pouvais donc envisager de prendre seul cette initiative qui nécessitait l’appui d’un – e de mes collègues de musique.
Prônant l’intelligence collective, je crois qu’il est essentiel de pouvoir travailler en étroite collaboration avec des professeurs volontaires dans les autres matières afin d’offrir aux élèves l’enseignement qui stimulera leurs apprentissages dans un cadre pluridisciplinaire.
La mutualisation des connaissances permet de jeter des passerelles entre les savoirs, amenant ainsi les apprenants à appréhender le tissu complexe du monde qui les entoure.
De même, il est intéressant de travailler à partir de la langue allemande sur une thématique transversale : les élèves peuvent établir des parallèles entre les disciplines, qu’elles soient artistiques, historiques, scientifiques ou littéraires. Ils prennent ainsi conscience de l’existence d’une culture commune dont ils sont les dépositaires. Il est d’autant plus essentiel de s’engager dans cette approche que la langue allemande — qui a rayonné sur la littérature, la philosophie, les arts tout en marquant l’histoire et les sciences — est susceptible de se rapprocher des autres disciplines dans le cadre d’une démarche favorisant le croisement des regards, ce qui évitera aussi de la classer hâtivement au rang de matière « élitiste ». Quand l’éducation musicale intervient dans l’acquisition linguistique, « […] l’apprentissage et l’imitation de chansons en langue étrangère […] permet de développer les compétences d’écoute et d’assimilation du matériau sonore de la langue étudiée. ».

De l’approche interdisciplinaire par opposition à la polyvalence pluridisciplinaire

L’interdisciplinarité s’imposa donc comme une évidence dans la mise en œuvre de ce projet alliant expression chantée et apprentissage linguistique. Encore faut-il s’entendre sur l’acception de ce concept et comprendre précisément ce qu’il recouvre. Il est en effet simpliste de l’assimiler à une forme de « polyvalence pluridisciplinaire » que maîtrisent parfaitement les enseignants des cycles 1 à 3. L’interdisciplinarité fait appel à un ensemble de stratégies qui visent à articuler les apprentissages pour les rendre plus cohérents, permettant de ce fait d’appréhender l’acte d’apprendre dans sa globalité et d’ouvrir la voie à un patrimoine culturel envisagé non plus comme une juxtaposition de compétences fragmentaires, mais comme un ensemble de compétences émergeant des interactions de ces savoir-faire.
L’approche interdisciplinaire permet ainsi aux enseignants d’opérer des transferts de compétences susceptibles d’être réinvesties sous la forme de nouvelles ressources en vue d’atteindre des objectifs de formation plus ambitieux et faire accéder les élèves à de nouvelles compétences.
Selon la définition du Dictionnaire actuel de l’éducation de Renald Legendre, l’interdisciplinarité constitue « un mode d’établissement de relations entre des disciplines ». Du point de vue de la didactique, ces relations sont mises en évidence à travers une démarche pédagogique qui place l’enseignement autour d’un thème ou d’un projet servant à l’étude de plusieurs disciplines intégrées. Comme le résument Maryse Clary et Pierre Giolitto, « l’interdisciplinarité doit se comprendre comme l’utilisation, l’association et la coordination des disciplines appropriées, dans une approche intégrée des problèmes. ».

Les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)

Depuis 2017, les enseignants sont invités à intervenir dans le cadre d’Enseignements pratiques interdisciplinaires ou « EPI » dès la classe de sixième. Cette initiative a eu, sans nul doute, un effet d’aubaine sur la mise en place de mon projet. Grâce aux « EPI », les collégiens ont accès à un savoir observé sous plusieurs angles disciplinaires, favorisant leur développement intellectuel et culturel. Comme le précise Catherine Reverdy dans « L’utilisation de l’interdisciplinarité dans le secondaire », pour avoir des effets efficaces et durables, l’EPI « nécessite une complémentarité des approches, à niveau égal, sur un sujet précis qui répond bien aux programmes et préoccupations de chaque matière. Ces questions complexes ont souvent également besoin pour être abordées d’un certain degré d’engagement des enseignants et d’une formation à un point de vue global, au-delà de leurs matières. ».
Par ailleurs, elle insiste sur la nécessité de travailler dans le cadre de projets bien délimités : « […] De fait, c’est bien d’apprentissage par projet qu’il s’agit ici, puisque l’objectif pédagogique est de répondre à une problématique en se servant des savoirs de plusieurs matières et d’arriver à une production finale. » . Le projet constitue donc le noyau dur de l’EPI, car il en est la finalité. Jean Piaget considère que la pédagogie de projet contribue à accroître l’autonomie des apprenants qui s’appuient sur un référentiel d’activités pour bâtir leur projet. Indépendamment du sens qu’ils donneront à celui-ci, les élèves s’engagent avant tout dans une pratique qui les place en situation d’entière autonomie. « La production a été choisie parce qu’elle permettra de donner du sens au savoir, de développer à la fois des compétences documentaires, sociales et orales. » . On ne soulignera donc jamais assez l’importance de cette pédagogie de projet dans la démarche interdisciplinaire d’autant qu’elle permet de souligner le rapport existant entre perception et production — une notion également usitée en éducation musicale.
Une étude dirigée par Anne S. Lowe, professeure à l’Université de Moncton au Canada, renforce le bien-fondé de l’approche interdisciplinaire des enseignements musical et linguistique. Dans la « Revue des sciences de l’éducation », l’universitaire a publié un article sur les avantages que l’on peut tirer de l’intégration de la musique à l’apprentissage du français langue étrangère pour un public d’élèves anglophones. L’expérimentation ainsi proposée montre que langue et musique partagent des similitudes au niveau métalinguistique15. Elle a ainsi pu mettre en évidence que l’apprentissage musical et linguistique s’appuie sur un même mécanisme générateur et récepteur de « patrons » (patterns) mélodiques rythmiques, comme le montre le schéma que je reproduis ci-après.

Pourquoi le Liederkreis, opus 24 de Schumann ?

Indépendamment du caractère interdisciplinaire de notre démarche pédagogique, je laissais à ma collègue de musique le choix du répertoire adapté à cette classe de cinquième.
De nombreux paramètres, notamment la maturité de ces élèves, m’échappaient sur le plan de la didactique du chant et ne m’autorisaient pas, en ma qualité de professeur d’allemand, à émettre un avis tranché sur le plan musical. Au cours de nos échanges sur la construction de cette séquence, j’évoquais le lied comme expression ultime du romantisme allemand et je soulignais la place particulière qu’il occupe, aujourd’hui encore, dans l’espace culturel germanophone. Le lied est une musique vocale accompagnée le plus souvent au piano. Le chant est tiré de poèmes romantiques et ce style permet de rapprocher le plus possible la voix des sentiments.
S’engageant dans cette voie pour ses recherches, madame Zanutto me suggéra rapidement de nous appuyer sur les compositions de Robert Schumann pour notre approche commune. Deux chants strophiques simples du Liederkreis — le « Cycle des chants », composé en 1840 — de l’opus 24 ont finalement retenu notre attention : le premier lied, « Morgens steh’ ich auf » — chaque matin, je me lève— ainsi que le huitième lied — « Anfangs wollt’ ich fast verzagen »— au début, j’étais sur le point de me laisser abattre.
Alors que l’œuvre de Robert Schumann s’était jusqu’ici limitée à un répertoire pour piano, 1840 se caractérise par une production prolifique de 150 lieder, année au cours de laquelle il compose son Liederkreis sur les poèmes de Henri Heine tirés du « Buch der Lieder » — le « Livre des chants » paru en 1827. C’est également une période marquée par un événement majeur dans la vie du musicien allemand : son mariage tant espéré avec Clara Wieck, compositrice et pianiste de renom au XIXe siècle.
À la fois empreint de sentimentalité et d’ironie, l’univers poétique de Henri Heine trouve écho dans l’âme du compositeur allemand, en proie au tourment. En dépit d’un sujet central récurrent en plein cœur de cette période romantique — les souffrances résultant des amours malheureuses — qui répond aux affres du compositeur, le traitement musical proposé par Robert Schumann frappe par une approche radicalement différente. Le compositeur abandonne le piano pour offrir par le lied une expression lyrique et explicite de ces passions déçues. Contrairement à Henri Heine, submergé dans ses poèmes par l’amertume et la noirceur d’un pessimisme tenace, le compositeur allemand met au service de l’œuvre du poète tout son génie pour exalter musicalement une légèreté, une douceur, voire un enthousiasme, de fait entièrement absent de la poésie de Heine — des sensations particulièrement perceptibles dans les lieder 1 et 8 du Liederkreis, opus 24.
C’est ce lyrisme chantant les sentiments humains et des paysages magnifiant la beauté de la nature à travers une langue limpide et colorée qui nous a incités à porter notre choix sur ces deux lieder de Robert Schumann. Ils nous ont paru correspondre en partie à l’univers de sens d’adolescents d’une classe de cinquième, prêts à investir tout leur énergie et leur enthousiasme dans un projet où ils devraient relever le défi d’une expression chantée dans une langue pas ou peu maîtrisée pour la plupart.

Fondements théoriques de l’étude : le chant, outil de stimulation cognitive

Des études corroborant le fait que l’expression musicale favorise l’apprentissage des langues

Au cours de ces vingt dernières années, les effets de la pratique et de l’écoute musicale sur les mécanismes de l’acquisition cognitive ont fait l’objet de nombreuses études. Ainsi, les sciences comportementales et la neuro-imagerie sont parvenues à mesurer une activité cérébrale importante chez les sujets exposés à des stimulations musicales. De même, elles ont mis en évidence les nombreuses interactions anatomiques et fonctionnelles qui se chevauchent entre le traitement musical et les compétences non musicales, qu’elles soient linguistiques, motrices ou émotionnelles.
D’autres études ont démontré l’avantage des musiciens dans la perception des modulations fines des stimuli linguistiques. Ainsi, dans un article dans la revue spécialisée « Frontiers in Human Neuroscience » , les chercheurs suisses Mathias Oeschlin, Adrian Imfeld, Thomas Loenneker, Martin Meyer et Lutz Jäncke observent, dans leurs travaux menés à partir des techniques d’imagerie à résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), que les musiciens qui possèdent l’oreille absolue ont une activation plus importante du sulcus temporal supérieur dans une tâche de perception de phrases manipulées sur le plan lexical ou prosodique. Dans leurs conclusions, les auteurs affirment que les modifications neuroanatomiques observées ne permettent pas seulement aux musiciens d’optimiser leurs performances en matière de traitement musical, mais aussi de développer des capacités de segmentation acoustiques dont le bénéfice va bien au-delà du champ des compétences musicales.

Des interactions indéniables entre musique et mémoire

De nombreux travaux de recherche ont souligné le rôle central de la pratique de la musique dans certaines zones cérébrales. Ainsi, un cerveau régulièrement soumis à des stimulations musicales opère des transformations qui sont notamment déterminantes dans l’acquisition et l’apprentissage de nouvelles langues.
Menée à l’Université de Hong Kong en 2003, une étude sur la mémoire verbale — citée par Silvia Bencivelli dans son ouvrage « Pourquoi aime-t-on la musique ? » démontre que les enfants qui apprennent la musique mémorisent mieux et plus durablement le nouveau vocable.
L’entraînement musical permettrait une meilleure structuration de l’organisation de la région temporale gauche du cerveau, siège de la mémoire verbale. L’exercice de la musique stimulerait ainsi les fonctions de l’hémisphère gauche où est localisée la plus grande partie des aires mobilisées par l’écoute et la pratique musicales.

La musique rend-elle plus intelligent ?

Pour Frances Rauscher, professeur en psychologie de l’Université du Wisconsin (Oshkosh) , l’enseignement musical devrait être considéré comme un outil de tout premier plan dans la pratique pédagogique pour stimuler l’intelligence des apprenants. S’il est a priori difficile de définir la notion d’intelligence, l’universitaire américaine la mesure dans ses travaux sur la base des tests réalisés sur un groupe d’enfants musiciens. Frances Rauscher en conclut que les cours de musique devraient être accessibles à tous les élèves, indépendamment de leur niveau scolaire. Pour étayer cette affirmation, elle s’appuie sur l’étude menée par Eugenia Costa-Giomi, sa consoeur de l’Université de l’Ohio, qui a mis en évidence des capacités motrices supérieures chez les enfants ayant suivi un enseignement musical au Conservatoire. Frances Rauscher a étendu le spectre de l’étude initiale à soixante-deux enfants issus de quatre classes différentes. Les apprenants de deux de ces classes suivaient des cours de piano tandis que les autres avaient pour tâche d’écrire un journal intime. Après six mois de pratique, les élèves ayant bénéficié d’un enseignement musical obtinrent de bien meilleurs résultats aux tests, alimentant ainsi la thèse qu’elle défendait selon laquelle la pratique musicale développait l’intelligence des enfants Intrigué par les conclusions de cette étude, Glenn Schellenberg, professeur au département de psychologie de l’Université de Toronto, a repris la même expérience en l’élargissant à un public de cent quarante-quatre enfants âgés de six ans. Pendant près d’un an, un certain nombre des élèves a bénéficié, à titre gracieux, de cours de musique et de théâtre contrairement à d’autres apprenants pour qui la scolarité était « classique ». L’ensemble de ces enfants a passé le même test d’intelligence au début et à la fin de cette étude. Les résultats consolidés ont ainsi démontré que le quotient intellectuel des enfants ayant bénéficié d’un enseignement musical était, de fait, légèrement supérieur à celui des autres enfants — des résultats qui, pour Glenn Schellenberg, ne sont pourtant pas suffisamment significatifs sur le plan statistique pour tirer des conclusions définitives. Au vu de ces résultats mitigés, on se gardera d’associer intelligence et pratique musicale même s’il est vrai que, sur la même période, le cerveau des enfants musiciens s’est développé davantage sous l’effet des stimuli musicaux.

La musique peut-elle être assimilée à un langage ?

Pour William T. Fitch, alors professeur en psychologie à l’Université de St Andrews en Écosse, il existe bel et bien un rapport entre musique et langage. La musique peut être désignée comme un véritable « protolangage ».
Quant au neurologue suédois Steven Brown, il emploie le terme de « musico-langage » pour désigner l’ancêtre commun à la musique et au langag  . Dans la structure de la phrase, la hauteur des sons aurait tout autant de sens que le vocable utilisé. Ceci est particulièrement édifiant dans la pratique des langues tonales comme le chinois et les langues non tonales comme le français dès lors qu’il s’agit de transmettre une émotion par le biais d’une intonation.
Selon Noam Chomsky, le cerveau humain est capable d’assimiler toutes les règles grammaticales et syntaxiques, ce qui justifierait le fait que les enfants possèdent cette aptitude, souvent enviée, à maîtriser une nouvelle langue en l’espace de quelques années. Pour le linguiste américain, il existerait une « grammaire universelle ». Cette théorie qu’il a développée dans plusieurs de ses ouvrages peut aussi s’appliquer à la musique. En effet, la plupart des êtres humains sont capables d’interpréter certains stimuli sonores comme une production musicale, indépendamment du fait qu’ils ne connaissent ni la mélodie ni les instruments. Il ne serait donc pas nécessaire de passer par un apprentissage formel — comme le solfège — pour reconnaître la musique. Cette capacité étant innée chez l’homme, il serait facile pour les enfants d’intégrer à la fois musique et langage.
Dans ses travaux de recherche sur la perception de la parole, le psycholinguiste Franck Ramus s’est, quant à lui, penché sur les rythmes linguistiques. Il a ainsi fondé une théorie selon laquelle toute langue possède son propre rythme . Dans le cadre de ses recherches, il a utilisé deux langues bien distinctes sur le plan rythmique — le japonais et le néerlandais — et a mené des expériences réalisées avec des nouveau-nés humains et des bébés singes tamarins. Il a observé que les deux espèces étaient capables de faire la distinction entre les deux langues selon le rythme propre à chacune d’entre elles. Afin d’analyser les manifestations de reconnaissance chez les bébés singes et les bébés humains exposés aux rythmes des deux langues, le chercheur a pris comme étalonnage le hochement de tête pour les bébés tamarins et le nombre de sucions sur une tétine pour les nouveau-nés humains.

Le projet : renforcer l’apprentissage de l’allemand à travers les lieder de Schumann

Les lieder de Schumann : un choix raisonné

L’intérêt pédagogique de l’expression chantée

Au cours des mois qui ont précédé la rédaction du présent travail, les articles scientifiques que j’ai consultés dans une littérature prolixe sur le sujet, m’ont confirmé que la pratique du chant permet non seulement d’exercer la prononciation et l’intonation de l’apprenant – e, mais l’aide aussi à développer une pratique fluide du discours dans la langue d’étude. L’intérêt phonologique et prosodique du chant est une composante d’autant plus importante dans l’enseignement des langues vivantes que les paroles chantées sont généralement prononcées à un débit réduit de moitié par rapport à l’expression parlée.
En mariant ce rythme ralenti à une structure mélodique qui s’accorde à l’intonation naturelle de la langue, la technique du chant peut s’avérer particulièrement efficace dans l’enseignement de la prononciation, de la grammaire et du lexique.
Par conséquent, l’enseignant – e veillera à choisir des chants dont la mélodie et le rythme se prêtent à cet exercice. Il est important de débuter avec une matière mélodique accessible aux jeunes apprenants qui, dans le cas contraire, ne manqueront pas de faire part de leur insatisfaction face aux difficultés qu’ils rencontrent.
L’expression chantée puise dans un fonds lexical extrêmement riche que l’enseignant – e peut exploiter pour sélectionner le support adapté à l’âge et au niveau des élèves. Le chant regorge de structures syntaxiques et d’expressions imagées dont le maniement entraîne les jeunes chanteurs à aborder une langue authentique. Il s’avère aussi être une méthode efficace pour appréhender l’exercice grammatical de façon moins académique. Les textes assimilés à travers le chant peuvent ainsi être exploités dans le cadre d’exercices de grammaire à la fois structurants et captivants pour les élèves.
Libérée de certaines contraintes formelles de langue, l’expression chantée se distingue par une créativité telle qu’elle aide les apprenants à lâcher prise en laissant s’exprimer leur imagination — ce qui favorise un apprentissage hors cadre. De fait, un grand nombre d’élèves éprouvent des difficultés à parler dans leur langue d’étude en salle de classe, son cadre anxiogène ajoutant un stress à l’élève. Le recours à l’expression chantée et la voie musicale peut alors réduire cette tension dans l’enceinte scolaire, parfois jugée « hostile », et avoir un effet désinhibant et relaxant sur l’apprenant – e.

Chanter des lieder de Schumann : un projet interdisciplinaire au service de l’apprentissage de l’allemand

Aborder les lieder de Schumann pouvait sembler une gageure pour ce projet pédagogique mené avec une classe de cinquième CHAM dont le niveau linguistique atteignait à peine le niveau A2 aux termes des descripteurs du Cadre européen commun pour l’enseignement des langues. Le choix d’un compositeur issu de la plus pure tradition romantique du XIXe siècle allemand était avant tout le fruit d’un pari commun : après mûre réflexion, ma collègue de musique et moi avons considéré que ces élèves, enthousiastes à l’idée de plonger dans un univers débordant de sentiments, de paysages et de métaphores entièrement inédits pour eux, étaient capables de dépasser les difficultés présumées de cette langue classique, que d’aucuns jugeront désuète dans l’enseignement contemporain de l’allemand.
Défendant le principe que le plaisir de chanter renforce le plaisir d’apprendre, nous nous sommes engagés avec conviction — quoiqu’animés par certaines appréhensions — dans ce partenariat interdisciplinaire, conçu comme une véritable gestion de projet pédagogique.

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Table des matières
Introduction : l’expression chantée au service de l’universalité de l’émotion 
1. Cadre de l’étude : s’inscrire dans une démarche interdisciplinaire pour élargir le champ des connaissances
1.1. Faire le pari de l’interdisciplinarité
1.1.1. Genèse du projet
1.1.2. De l’importance d’un savoir transversal pour mutualiser les connaissances
1.1.3 De l’approche interdisciplinaire par opposition à la polyvalence pluridisciplinaire
1.1.4. Les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)
1.2. Pourquoi le Liederkreis, opus 24 de Schumann ?
2. Fondements théoriques de l’étude : le chant, outil de stimulation cognitive 
2.1. Des études corroborant le fait que l’expression musicale favorise l’apprentissage des langues
2.1.1. Des interactions indéniables entre musique et mémoire
2.1.2. La musique rend-elle plus intelligent ?
2.1.3. La musique peut-elle être assimilée à un langage ?
2.1.4. Une oreille par définition musicale
2.1.5. L’expression chantée pour une remédiation linguistique efficace
3. Le projet : renforcer l’apprentissage de l’allemand à travers les lieder de Schumann
3.1. Les lieder de Schumann : un choix raisonné
3.1.1. L’intérêt pédagogique de l’expression chantée
3.1.2. Chanter des lieder de Schumann : un projet interdisciplinaire au service de l’apprentissage de l’allemand
3.1.3. Un projet à quatre mains, sur des périmètres délimités par domaine de compétences
3.1.4. Une double sollicitation sur le chant et la recherche documentaire
3.1.5. Une énergie créatrice au service d’un projet transmédiatique
3.1.6. Des séances filmées pour mesurer la progression des jeunes chanteurs
3.1.7. Une expérience sollicitant les expressions orale, chantée et écrite des participants
4. Interprétation des données : des thèses partiellement vérifiées à travers le spectre de
cette étude
4.1. Une étude entravée par un contexte d’alerte sanitaire généralisée et des conditions de confinement inédites
4.1.1. « L’oreille musicale », un avantage dans l’acquisition phonétique de l’allemand ?
4.1.2. L’expression chantée, un outil de motivation à l’enrichissement lexical ?
4.1.3. Le chant au service de la correction prosodique de l’allemand ?
4.1.4. Une bonne expression chantée peut-elle contribuer à la maîtrise des règles grammaticales de l’allemand ?
Conclusion : des possibilités encore inexploitées 
Bibliographie 
1. Monographies
2. Articles spécialisés
3. Article de presse
4. Thèse
5. Ressources institutionnelles
Sitographie
Annexes

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