Changements globaux et conservation de la biodiversité végétale

Le Burkina Faso est un pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 274300 km2 , il compte une population de 14 017 262 habitants (ISND, 2008). Le pays appartient à une zone climatique de type soudano-sahélien caractérisée par d’importants aléas pluviométriques et un environnement naturel fragile à risques. Cette situation physique et climatique rend vulnérables les ressources naturelles (les terres, les ressources végétales, l’eau …). Dans les savanes de la région d’Orodara (Ouest du Burkina Faso), la végétation naturelle s’amenuise à un rythme accéléré au profit des champs et vergers. Pour la satisfaction de leurs besoins quotidiens (alimentaires, financiers, médicinaux, etc.) les hommes utilisent les ressources naturelles, ce qui cause des dommages dans leur milieu de vie. Le présent travail s’insère dans le programme RADICEL-K financé par la Région Centre de la France, mené notamment par une équipe de l’IRD. Ce programme se fixe comme objectifs de décrire des langues non décrites (le sèmè et le tagba) à partir des cultures locales du territoire afin de permettre leur enseignement et leur usage dans une appropriation des politiques scolaires et écologiques et d’interpréter le feu de végétation comme outil de gestion environnementale et support de représentations humaines. Dans ce programme, on nous a confié un volet de description de la végétation d’un terroir et de recueil de perception de l’environnement par ses habitants. La langue sèmè, peu connue, est en cours de description; nous avons pu transcrire certains termes avec l’aide des linguistes, mais d’autres sont provisoirement présentés de manière phonétique en attendant les transcriptions correctes (travaux en cours).

GENERALITES

Problématique et objectifs de l’étude

Au Burkina Faso tout comme dans les autres pays sahéliens, les conditions climatiques, écologiques et environnementales sont en continuelle dégradation (FAO, 1996; Mahé et Pâturel, 2009). Depuis les années 1970, ces pays connaissent des déficits hydriques et pluviométriques dont les conséquences se traduisent par le tarissement précoce des plans d’eau de surface, l’abaissement du niveau général des nappes et la dégradation de l’environnement (Thiombiano et al., 2009). A cette sévérité du climat s’ajoute une démographie galopante qui exerce une pression importante sur le milieu. Toutefois, l’effet conjugué du changement climatique et des activités humaines, a de façon concomitante contribué à l’appauvrissement des sols et à une dégradation accélérée des formations végétales (MECV, 2007 ; PANA, 2007). Le facteur humain déterminant est plutôt caractérisé par une densité et croissance démographique importante. L’ensemble de ces facteurs constitue un souci majeur dans la mesure où ils provoquent une dégradation progressive des écosystèmes naturels. De nombreuses espèces végétales sont menacées par la transformation des habitats, la surexploitation, les espèces exotiques envahissantes, la pollution et sont maintenant en danger d’extinction. La menace sur cette diversité biologique vitale représente l’un des plus grands défis pour la communauté mondiale: mettre fin à l’appauvrissement de la diversité des plantes, essentielle pour répondre aux besoins présents et futurs de 1’humanité (COB, 2009). Selon les auteurs du rapport COB, plusieurs milliers de plantes sauvages ont une grande importance économique et culturelle, en fournissant de la nourriture, des médicaments, du carburant, des vêtements et des abris pour l’homme dans le monde entier. Les plantes jouent également un rôle clé dans le maintien de l’équilibre écologique de la Terre et de la stabilité des écosystèmes. Elles fournissent des habitats pour les animaux et les insectes. En Afrique de l’Ouest comme partout dans le monde, la préservation de cette biodiversité végétale se présente comme un véritable challenge (Mbayngone et al. 2008 ; FEM, 2010). Ainsi, l’étude des menaces écologiques liées aux changements globaux est devenue l’un des thèmes prioritaires pour la communauté scientifique internationale. Les facteurs généraux de la dégradation des ressources naturelles plus précisément la végétation, leurs causes et conséquences ont été décrits par de nombreux auteurs (FAO, 1996; 2012 ; Nikiema et al., 2001; PNUE, 2006; Anthelme et al., 2006; Belemvire et al., 2008, Gomgnimbou et al., 2010) et continuent de l’être. Cependant les publications sur les pratiques locales qui peuvent permettre de mieux cerner les menaces qui pèsent sur les espèces végétales et dans quelle direction se fait la dynamique de la végétation restent rares. Il est important de comprendre les mécanismes en jeu et les relations qui lient la structure de cette diversité et les usages anthropiques du milieu. Dans ce contexte, la présente étude se place dans une perspective d’approfondissement de la réflexion sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité végétale face au changement global en pays sèmè. La question est abordée sous deux angles complémentaires, une approche écologique de la végétation et une étude des perceptions et des pratiques des habitants. Il s’agit d’abord de préciser selon les méthodes classiques de l’écologie quels sont les types de formations végétales et leur contenu botanique dans le village. Ensuite les différents modes d’exploitation, de gestion, voire de conservation, assocIes aux unités distinguées sont identifiées afin de déceler leurs usages et aspirations en ce qui concerne le végétal et l’utilisation des milieux. La valeur de ces milieux pour les habitants en termes économiques, historiques, religieux, etc. est évaluée ainsi que la perception qu’ils ont de leur vulnérabilité. Ensuite, on examine dans quelle mesure la valeur accordée aux espaces naturels est liée à leur composition botanique ou à d’autres caractéristiques de la végétation. Une liste des espèces à haute valeur pour les habitants est établie et comparée à celle fournie par la Monographie nationale du Burkina Faso sur la diversité biologique (1999). Enfin on en tire des conclusions en termes de conservation de la biodiversité. Les objectifs spécifiques de cette étude se résument en quatre points principaux: approfondir la connaissance de l’état de la diversité végétale (espèces et milieux) à Kotoudéni; identifier de manière participative les différents espaces naturels et leurs usages; identifier les espaces et espèces à haute valeur pour les habitants; identifier les espèces et les espaces vulnérables ou menacés.

Définitions et terminologies

Changements globaux 

Le changement global désigne l’ensemble des changements induits dans la dynamique de la biosphère par les activités humaines, directement ou non. Il concerne toutes les modifications environnementales engendrées tant par les changements d’usage des écosystèmes à travers les activités anthropiques que par les facteurs naturels (climat). Le changement climatique est corrélé à une augmentation de la température résultant de l’activité humaine (augmentation de la production de gaz à effet de serre) (Cury & Morand, 2005). Le changement social est la résultante d’importantes modifications liées aux modes d’usage des terres et des comportements. Ces deux notions sont étroitement liées car les changements climatiques impliquent des modifications dans la gestion du sol. Mais il est plausible que les activités anthropiques (intensification agricole, déforestation, pollutions, urbanisation croissante et développement industriel) influent fortement en retour sur le climat. Ce sont des processus qui déterminent la structuration, la dynamique et le fonctionnement des écosystèmes. Ce changement global (climatique et social) prend des traits propres en savane soudanienne et affecte particulièrement la biodiversité.

Biodiversité

Selon la définition de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 2010, la diversité biologique ou biodiversité est «la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ». Cette variété et variabilité des organismes vivants et des écosystèmes est aussi organisée à trois niveaux; à savoir, génétique, spécifique et écosystémique (GIEC, 2002). La communauté internationale affiche sa conservation comme une priorité à mettre en œuvre dans les processus de développement. Cependant, les mécanismes permettant son maintien et les facteurs responsables de son évolution sont peu connus. Le changement global précédemment défini reste la principale cause de cette évolution.

Paysage
Il existe maintes définitions du mot «paysage », selon des disciplines académiques avec d’une part les sciences des lieux et des êtres (géographie, architecture, urbanisme, sociologie, psychologie ) et d’autre part l’espace étudié par les sciences dites dures (mathématiques, physique, ). «C’est un terme désuet et imprécis, donc commode, que chacun utilise à sa guise, le plus souvent en y adjoignant un qualificatif de restriction qui en altère le sens (paysage géomorphologique, paysage végétal, etc.)…. Etudier un paysage, c’est avant tout poser un problème de méthode» (Georges 1968, in Filleron, 1998). Le paysage, celui des naturalistes et géographes classiques, tel que nous l’abordons dans le présent document s’intéresse au domaine végétal (typologie des formations végétales et perception immédiate du paysage). Ce paysage est donc considéré comme l’interface visible entre la nature et l’homme. Il résulte de l’interaction entre un support géographique, des dynamiques naturelles physiques ou biologiques et des pratiques humaines (Gamache et al., 2004). Pour la Convention européenne du Paysage, « Le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations» (Partoune, 2004). De ces définitions il ressort que trois notions essentielles interviennent dans la notion de paysage: 1’Homme, la nature et leur interaction. Le paysage peut donc être assimilé à un système complexe défini par l’interaction entre le social et le naturel, c’est-à-dire le jeu entre des dynamiques naturelles physiques ou biologiques et des pratiques humaines. L’approche qui lie sujet et objet telle que présentée par exemple par le site d’indicateur du paysagé s’intéresse aux relations entre un type concret de paysage et les représentations qu’il suscite. L’appréhension de la dimension sociale du paysage fait donc appel à la notion de représentation. De quoi s’agit-il? « Une représentation est un phénomène mental qui correspond à un ensemble plus ou moins conscient, organisé et cohérent d’éléments cognitifs, affectifs et du domaine des valeurs concernant un objet particulier. On y retrouve des éléments conceptuels, des attitudes, des valeurs, des images mentales, des connotations, des associations, etc. C’est un univers symbolique, culturellement déterminé, où se forgent les théories spontanées, les opinions, les préjugés, les décisions d’action, etc. » (Garnier, 2008). Dans le contexte de mutations sociales en relation avec la dynamique des ressources végétales, intégrer et comprendre la perception et les pratiques des habitants est d’une grande importance dans les processus de gestion et de conservation de la diversité végétale. En définissant l’« espace» (Larousse 2010), comme étant l’étendu de lieu, nous pouvons l’assimilé au paysage villageois.

Services écosystémiques

D’une façon générale, les écosystèmes sont le cadre de toute vie et de toute activité humaine. Les biens et services qu’ils nous fournissent sont indispensables à la durabilité de notre bien-être ainsi qu’au développement économique et social. Les nombreux services dits « services écologiques» ou « services écosystémiques» sont étroitement liés aux valeurs et comportements humains. Leur perception peut donc être très différente d’un individu à l’autre ou d’une communauté à l’autre. Dans le rapport du Centre d’analyse et stratégique (2009), le MEA (Millennium Ecosystem Assessment) a proposé une typologie en quatre groupes subdivisés en deux ensembles. Tout d’abord sont identifiés des « services de support », non directement utilisés par l’homme mais qui conditionnent le bon fonctionnement des écosystèmes: par exemple la formation des sols. Ensuite, découlant de ces services de support, sont caractérisés des services au sens strict, utilisés par l’homme et répartis en trois groupes:
– des «services d’approvisionnement » (ou de prélèvement), qui conduisent à des biens «appropriables » (aliments, matériaux et fibres, eau douce, bioénergies), que ces biens soient autoconsommés, troqués ou mis sur marché ;
– des «services de régulation », c’est-à-dire la capacité à moduler dans un sens favorable à l’homme des phénomènes comme le climat, l’occurrence et l’ampleur des maladies ou différents aspects du cycle de l’eau (crues, étiages, qualité physico chimique) et enfin;
– des « servIces culturels », à savoir l’utilisation des écosystèmes à des fins récréatives, esthétiques et spirituelles ou éducatives. Selon le MEA, il faut distinguer les fonctions écologiques d’un écosystème (processus de bon fonctionnement d’un système) des services écologiques (résultat du bon fonctionnement) rendus par celui-ci. Ces services des écosystèmes sont le résultat des fonctions des écosystèmes qui contribuent directement au bien-être humain.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. GENERALITES
1.1. Problématique et objectifs de l’étude
1.2. Définitions et tenninologies
1.3. Contexte de l’étude
1.4. Synthèse de l’étude précédente menée dans le village
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Choix du site d’étude
2.2. Collecte de données écologiques sur la végétation naturelle
2.3. Analyse des données écologiques
2.4. Déroulement et analyses des données de l’enquête
III. RESULTATS
3.1. Étude de la végétation de Kotoudéni
3.2. Perception locale et l’état de la végétation
IV. DISCUSSION
4.1. Synthèse sur la végétation naturelle de Kotoudéni
4.2. Dynamique de l’espace et de la végétation
4.3. Interprétation des propos recueillis auprès des habitants en tennes de service . s’ecosyst »emiques
4.4. Pertinence des classifications des services écosystémiques
4.5. Perceptions locales et dynamique de la végétation
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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