CHAMPS ELECTROMAGNETIQUES
LES CHAMPS STATIQUES
Il existe deux types de champs statiques : les champs electriques statiques (ou champs electrostatiques) et les champs magnetiques statiques. Leur frequence est nulle et leur longueur dโonde infinie puisquโils ne varient pas dans le temps (OMS, 2006). Lโintensite du champ electrique statique sโexprime en V/m et le champ magnetique statique en A/m que lโon associe souvent a lโinduction magnetique exprimee en Tesla ou anciennement en Gauss (1 gauss correspond a 10-4 tesla). On retrouve ces deux champs naturellement sur Terre : 10 a 150 V/m pour le champ electrique et 30 a 70 ฮผT pour le champ magnetique. Plus on sโeloigne de ces champs, plus leur intensite et leur induction magnetique diminuent (ICNIRP, 2009). La principale utilisation โช a risque โซ de ces champs a lieu pour lโimagerie par resonance magnetique (IRM) utilisee a des fins diagnostiques medicales. Dans ce cas, le champ magnetique statique possede une valeur de plus de 100000 fois superieure a la valeur du champ naturel terrestre.
Cas de lโimagerie par rรฉsonance magnรฉtique Lโimagerie par resonance magnetique ou IRM est une technique de diagnostic medical utilisant les proprietes magnetiques de lโatome dโhydrogene, plus precisement de son ion H+ present dans les molecules dโeau. En effet, le corps humain etant constitue pour 60 a 80% dโeau, lโatome dโhydrogene y est present dans sa quasi-totalite. Lโion H+ est compose dโun noyau constitue dโun proton tournant sur lui-meme. Ce proton etant charge electriquement positivement et etant en mouvement, il provoque lโapparition dโun champ magnetique. Le moment magnetique induit appele ฮผ depend dโune part du spin (I) qui est un sens de rotation du proton et dโautre part de la constante gyromagnetique du proton ฮณ selon : ฮผ = ฮณ.I Le moment magnetique est represente sous forme dโun vecteur, dans le meme axe que celui du sens de rotation du proton (figure 4).
Lors dโune seance dโIRM, le patient est place dans une cuve exposee a un puissant champ magnetique statique. Celui-ci est genere par un aimant supraconducteur baignant dans de lโhelium liquide a -269ยฐC, ce qui signifie quโil y aura dissipation de la chaleur et que seul sera utilise le champ magnetique presentant une intensite allant de 0.1 a 7 Tesla, voire jusquโa une douzaine de Tesla pour les IRM experimentaux. Une fois ce champ cree, les moments magnetiques de tous les ions hydrogene vont sโorienter dans le meme axe que celui du champ magnetique (figure 5). On expose ensuite le corps du patient a des radiofrequences specifiques sous forme dโimpulsions permettant de sortir les moments magnetiques des protons de leur etat dโequilibre. Ainsi ils ne sont plus dans lโaxe du champ magnetique, cโest le phenomene de resonance. Le retour a lโequilibre des atomes dโhydrogene apres chaque impulsion prendra plus ou moins de temps, et provoquera lโapparition de courants qui seront mesures par des capteurs. Cโest le phenomene de relaxation (McRobbie DW, 2007). En fonction des resultats obtenus, et sachant que les differents tissus biologiques nโont pas la meme densite en atomes dโhydrogene, on peut cartographier de maniere tres precise les differents tissus du corps humain (sauf les os et calcifications, ne contenant pas assez dโeau et donc pas assez dโatomes dโhydrogene). (Elster & Burdette, 2000)
Dosimรฉtrie et effets sur la santรฉ
En theorie, lors dโune analyse IRM, un champ magnetique de lโordre du Tesla peut provoquer une legere hausse de la tension arterielle du patient mais qui reste suffisamment faible pour ne pas etre perceptible ou dangereuse. En effet, le champ magnetique peut influencer dโautres ions en mouvement (induction magnetique), ceci ayant pour effet de ralentir le flux sanguin. On appelle ce phenomene lโeffet magnetohydrodynamique. A haute intensite, celui-ci provoquerait de legeres arythmies. Cependant, il nโexiste pas dโetudes fiables pour confirmer ou non un risque reel pour la sante a ce niveau dโintensite (Lehericy, 2010). Lโinduction magnetique serait egalement responsable de nausees et de vertiges notamment lorsque le sujet est en mouvement. Certains patients ressentiraient egalement un gout metallique dans la bouche. Ces effets seraient dus a une perturbation des courants electriques presents dans des liquides de lโoreille interne (ICNIRP, 2014) (Dale C. Roberts, 2011). Pour les personnes portant des stimulateurs cardiaques, ceux-ci peuvent etre abimes, voire deplaces en presence de puissants champs magnetiques, mettant en danger la sante du patient. De plus, des signaux parasites peuvent etre emis, faussant les resultats de lโIRM. Sans oublier que tout element ferromagnetique soumis a un fort champ magnetique peut etre projete a grande vitesse et devenir potentiellement dangereux.
On appelle ca lโeffet missile. En se basant sur ces etudes et sur lโintensite des champs, la Commission Internationale de Protection Contre les Rayonnements non ionisants (ICNIRP) a propose des valeurs limites dโexposition afin de limiter ces risques (ICNIRP, 2009). Cette commission considere quโune densite de flux magnetique inferieure a 2 T est sans risque pour lโhomme, et que cette limite peut etre augmentee jusquโa 8 T en presence dโun personnel competent pour surveiller le patient. La commission precise cependant que des sensations desagreables peuvent apparaitre, notamment si la personne est en mouvement, comme indique precedemment. La limite de 400 mT est egalement conseillee pour nโavoir aucun risque sanitaire dans les lieux publics. La commission souligne egalement quโune limite de 0.5 mT doit etre respectee pour les personnes portant des implants susceptibles dโinteragir avec le champ magnetique. Pour la femme enceinte, aucun risque nโa ete demontre, mais il lui est tout de meme deconseille de sโexposer. Si lโexamen sโavere necessaire, la realisation necessite lโaccord de la patiente qui aura ete informee. Il est techniquement interdit a une travailleuse enceinte de penetrer dans lโespace dโexamen.
Exposition
En France, les valeurs limites dโexposition sont definies par des directives europeennes (la directive 1999/519/CE pour les particuliers et la directive 2004/40/CE pour les professionnels). Ces directives sont edictees a partir dโetudes menees par la commission internationale pour la protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP). Il s’avere que les directives europeennes se rapportent a des donnees plus anciennes tandis que de nouveaux resultats sont apportes par la commission. Dans la suite de cette these, nous nous baserons sur les dernieres publications emises par cette commission. On rappellera que la limite dโexposition a un champ magnetique en France est officiellement de 100 ฮผTesla pour une frequence de 50 Hz. Apres avoir pris en compte un grand nombre dโetudes, lโICNIRP a etabli les valeurs maximales dโexposition concernant les champs electriques et magnetiques de basses frequences ainsi que leurs courants induits. La methode de calcul est telle que ces valeurs dโexpositions dependent de la frequence des champs (ICNIRP, 2010). Pour calculer les valeurs maximales dโexposition des champs electriques et magnetiques, lโICNIRP propose les deux tableaux suivants : un tableau 3 destine aux travailleurs, un tableau 4 destines a la population generale.
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Table des matiรจres
LISTE DES ABREVIATIONS
LISTE DES UNITรS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
1.RAPPELS PHYSIQUES A PROPOS DES CHAMPS ELECTROMAGNETIQUES
1.1 DEFINITION
1.1.1. Modele ondulatoire
1.1.2. Modele corpusculaire
1.1.3. Dualite onde-corpuscule
1.1.3.1. Le modele de Newton
1.1.3.2. Le modele de Huygens et Young
1.2 CLASSIFICATION
1.2.1 Spectre electromagnetique
1.2.2 Notion de rayonnement ionisant
1.3 INTERACTIONS AVEC LA MATIERE
2.LES DIFFERENTS RNI : PRESENTATION, DOSIMETRIE ET EFFETS
2.1. LES CHAMPS STATIQUES
2.1.1. Presentation
2.1.2. Cas de lโimagerie par resonance magnetique
2.1.3. Dosimetrie et effets sur la sante
2.1.4. Signalisation
2.1.5. Conclusion
2.2. LES CHAMPS DโEXTREMEMENT BASSE FREQUENCE
2.2.1. Presentation
2.2.2. Interactions avec la matiere, dosimetrie
2.2.2.1. Seuil de perception des champs
2.2.2.2. Seuil de perception des courants induits
2.2.3. Cas du reseau electrique francais et champs basses frequences
2.2.3.1. Presentation
2.2.3.2. Exposition
2.2.3.3. Mesures et interpretation
2.2.3.3.1. Le reseau de transport electrique aerien
2.2.3.3.2. Appareils electromenagers
2.2.3.4. Signalisation
2.2.4. Effets biologiques
2.2.4.1. Effets sur la reproduction et le developpement
2.2.4.2. Systeme cardiovasculaire
2.2.4.3. Cancer
2.2.4.3.1. Les etudes in vitro
2.2.4.3.2. Les experimentations animales
2.2.4.3.3. Le cas de la melatonine
2.2.4.3.4. Les etudes epidemiologiques : Le cas de la leucemie de lโenfant
2.2.5. Conclusion
2.3. LES CHAMPS DE FREQUENCE INTERMEDIAIRE (300 Hz a 10MHz)
2.3.1. Presentation
2.3.2. Principales utilisations
2.3.2.1. Cuisson par induction
2.3.2.2. La radiodiffusion
2.3.2.3. Les autres sources
2.3.3. Exposition
2.3.4. Le cas des implants medicaux actifs
2.4. LES RADIOFREQUENCES (10MHZ A 300GHZ
2.4.1. Presentation
2.4.2. Classification
2.4.2.1. Le reseau sans fil longue distance
2.4.2.2. Le reseau sans fil courte distance
2.4.2.3. Le reseau audiovisuel
2.4.2.4. La radio FM
2.4.3. Interaction avec la matiere, dosimetrie
2.4.3.1. Appareils mobiles, Wi-Fi
2.4.3.1.1. Un indicateur universel : le DAS
2.4.3.1.2. Legislation
2.4.3.1.3. Limites du DAS
2.4.3.2. Antennes relais (stations de base), TV, FM et Wi-Fi
2.4.3.2.1. Propagation dans lโespace et mesure du champ electrique
2.4.3.2.2. Legislation
2.4.4. Signalisation
2.4.5. Effets biologiques
2.4.5.1. Effets sur la reproduction et le developpement
2.4.5.1.1. Fertilite
2.4.5.1.2. Teratogenicite et effet sur le developpement in utero
2.4.5.2. Effets sur le systeme cardiovasculaire
2.4.5.3. Effets sur lโexpression genetique et sur la synthese des proteines
2.4.5.4. Effets sur le stress oxydant
2.4.5.5. Effets sur le systeme nerveux
2.4.5.5.1. Effets sur les neurones
2.4.5.5.2. Effets sur la barriere hematoencephalique
2.4.5.5.3. Effets sur lโactivite electrique cerebrale
2.4.5.5.4. Effets sur les fonctions cognitives
2.4.5.5.5. Effets sur le sommeil
2.4.5.5.6. Effets sur les maladies neurologiques
2.4.5.5.6.1. Sclerose en plaque
2.4.5.5.6.2. Epilepsie
2.4.5.5.6.3. Maladie dโAlzheimer
2.4.5.6. Cancerogenese
2.4.5.6.1. Effets sur les mecanismes cellulaires de la cancerogenese
2.4.5.6.2. Effets sur le risque de cancer chez lโhomme
2.4.5.6.2.1. Les tumeurs cerebrales
2.4.5.6.2.1.1. Gliomes
2.4.5.6.2.1.2. Meningiomes
2.4.5.6.2.1.3. Neurinomes du nerf acoustique
2.4.5.7. Lโhypersensibilite aux ondes electromagnetiques
2.4.6. Conclusion
2.5. LE RAYONNEMENT INFRAROUGE
2.5.1. Presentation
2.5.2. Interactions avec la matiere, dosimetrie
2.5.2.1. Au niveau de lโoeil
2.5.2.2. Au niveau de la peau
2.5.3. Conclusion
2.6. LE RAYONNEMENT VISIBLE
2.6.1. Presentation
2.6.2. Interactions avec la matiere, dosimetrie
2.6.2.1. Au niveau de lโoeil
2.6.2.2. Au niveau de la peau
2.6.3. Conclusion
2.7. LE RAYONNEMENT ULTRA-VIOLET
2.7.1. Presentation
2.7.2. Interactions avec la matiere, dosimetrie
2.7.2.1. Effets sur la peau
2.7.2.1.1. Effets non nocifs
2.7.2.1.2. Erytheme actinique
2.7.2.1.3. Phototoxicite, photoallergie
2.7.2.1.4. Cancers de la peau
2.7.2.1.5. Exposition et protection
2.7.2.2. Effets sur lโoeil
2.7.2.2.1. Photokeratites, photoconjonctivites
2.7.2.2.2. Cataracte, DMLA
2.7.2.2.3. Exposition et protection
2.7.3. Conclusion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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