De nos jours, la modélisation des chaînes d’approvisionnement est devenue un critère concurrentiel entre les entreprises. On ne parle plus d’entreprise vs entreprise, mais de chaîne logistique vs chaîne logistique. Les succès des chaînes d’approvisionnement de Wal-Mart et de Dell démontrent l’énorme avantage concurrentiel que les chaînes d’approvisionnement bien conçues et bien gérées peuvent donner à une société (Bassett et Gardner, 2013).
La gestion d’une chaîne d’approvisionnement internationale est un problème complexe, mais qui prend de l’ampleur dans le domaine de la recherche suite à l’intérêt des cadres à avoir un outil d’aide à la décision pour avoir des résultats immédiats en ce qui concerne la gestion des flux de matière et d’information. Au niveau de la gestion de la chaîne d’approvisionnement internationale, les entreprises font face à plusieurs défis (Skjøtt-Larsen et al., 2007) dont :
1- Fourniture d’une proposition de valeur unique aux clients à travers le monde.
2- Intensification de la concurrence du monde entier.
3- Adaptation aux contextes nationaux multiples avec des cultures, systèmes politiques et économiques, pratiques commerciales, systèmes fiscaux et juridiques différents.
4- Disponibilité et niveau d’infrastructure des transports et des télécommunications.
5- Complexité de la gestion d’un réseau étendu de fournisseurs, usines de production, intermédiaires et clients dans la chaîne d’approvisionnement.
6- Impact de la géographie : le temps, la distance et l’emplacement des marchés.
7- Répondre à l’évolution des taux de change monétaires en déplaçant la production vers des sites à moindre coût, avec les changements qui en résultent dans les configurations de réseau et des itinéraires.
Pour aider les entreprises à faire face aux défis cités ci-dessus, les chercheurs travaillent à développer des modèles et des outils d’aide à la décision pour la gestion des chaînes d’approvisionnement internationales. Ceci est rendu possible grâce à trois éléments essentiels (Skjøtt-Larsen et al., 2007) : 1) les changements dans la politique économique mondiale et les révolutions technologiques dans 2) les transports et 3) les télécommunications. La tendance à la baisse des tarifs et la suppression des barrières non tarifaires ainsi que le développement des communautés commerciales régionales, comme l’Union européenne et l’ASEAN, encouragent le commerce et les investissements internationaux.
Le développement du fret aérien, du transport automobile et du transport maritime de conteneurs étend la portée du système à de nouveaux domaines et rend le mouvement physique des marchandises plus facile et moins cher que jamais. De plus, les technologies de l’information et des télécommunications, y compris les systèmes ERP, la documentation électronique, et les systèmes de suivi, permettent de coordonner les opérations à travers le monde (Bassett et Gardner, 2013).
La complexité de la chaîne d’approvisionnement internationale est due aux facteurs qui l’entourent et qui participent explicitement ou implicitement à son évolution. Les facteurs les plus indicatifs sont les questions politiques et culturelles, les technologies de l’information et de la communication, les systèmes juridiques et les marchés du travail. Les questions politiques se constituent de trois-points : protectionnisme, libéralisation du commerce par l’organisation mondiale du commerce, développement du commerce régional et son unification.
Les économies émergentes ont souvent recours à un protectionnisme à travers des barrières tarifaires élevées et des contrôles directs pour limiter la concurrence interne et encourager une technologie basée localement. Ils peuvent également chercher à attirer l’industrie par des subventions directes et des mécanismes de financement spéciaux. L’organisation mondiale du commerce (OMC) est un accord entre les pays pour libéraliser le commerce et l’investissement. L’OMC offre potentiellement une base pour éliminer la discrimination et d’autres obstacles rencontrés par le commerce. Cet accord a remplacé l’accord général sur les tarifs douaniers et du commerce qui a permis de pratiquer le commerce mondial dans les années suivant la deuxième guerre mondiale. Les pays qui font partie de l’accord doivent accepter de poursuivre la baisse des tarifs, un écoulement libre du capital et l’application des droits de propriété intellectuelle. Un autre point important est la pression des taux de change qui oblige les chaînes d’approvisionnement à répondre aux incitations économiques de subvention et de protection tarifaire. Les taux de change sont d’une importance majeure car ils changent les relations financières des pays et régions et donc, changent les mouvements des produits physiques.
Plusieurs regroupements ont vu le jour, dont le but de développer le commerce régional. Par exemple l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui est un arrangement entre le Canada, le Mexique et les États-Unis pour développer le libre-échange et l’industrie dans la zone combinée. L’ALENA implique des réductions tarifaires et la facilité de circulation des marchandises et des capitaux à travers les frontières.
Les questions culturelles s’intéressent généralement à la protection des droits de l’homme afin d’éviter les abus aux pratiques de travail, y compris la négociation collective, à l’élimination du travail forcé, à l’abolition du travail des enfants et l’élimination de la discrimination, à l’appui de l’environnement pour des mesures de précaution en prenant la responsabilité environnementale et en soutenant le développement et la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement (Skjøtt-Larsen et al., 2007).
Les cultures influencent les chaînes d’approvisionnement de plusieurs façons : les institutions, les organisations, la collecte de données et d’interprétation, les pratiques contractuelles, les niveaux d’enseignement, les attitudes à l’égard du travail et les pratiques de travail. La partie recherche et développement a été favorisée par l’éducation, comme un aimant pour les investissements par des industries particulières. Les universités et les instituts locaux deviennent une base pour l’innovation. Dans la pratique de gestion, plusieurs dimensions influent sur le comportement organisationnel international : la langue, le contexte, l’orientation des tâches et le temps, la puissance et le flux d’information. Ensemble, ils définissent la culture de gestion.
La technologie de l’information (TI) joue un rôle crucial dans la coordination opérationnelle. Elle requiert des données standard et les pratiques d’exploitation, exigeant l’uniformité des pratiques de gestion. Au-delà de la problématique générale des systèmes d’information de la chaîne d’approvisionnement, il existe des problèmes spécifiques liés au passage de frontières nationales. Le système global comprend des réseaux, des liens de communication et des logiciels. Les zones à problèmes se concentrent sur le contrôle gouvernemental, la capacité d’accéder au système, le taux et l’étendue de l’adoption de la technologie, la nature et le volume de données et la coordination de temps (Skjøtt-Larsen et al., 2007).
Définitions de la chaîne d’approvisionnement
Il existe dans la littérature plusieurs définitions de la chaîne d’approvisionnement. Nous pouvons la définir comme étant une séquence linéaire d’opérations organisées autour du flux des matières depuis la source d’approvisionnement jusqu’à la distribution finale des produits finis pour les utilisateurs finaux. En général, ceci inclut les sources des ressources matérielles, et l’organisation des transformateurs, distributeurs et utilisateurs. Il s’agit aussi de soutenir les entreprises à fournir le transport, la communication et d’autres fonctions spécialisées. Ensemble, ils deviennent une seule entité coordonnée qui transcende les frontières organisationnelles (Skjøtt-Larsen et al., 2007).
Il est important aussi de prendre en compte l’impact de la chaîne d’approvisionnement sur l’économie, l’environnement et la société, autrement dit, la durabilité de la chaîne d’approvisionnement. Skjøtt-Larsen et al. (2007) définissent la chaîne d’approvisionnement durable comme étant la collaboration entre les membres de la chaîne d’approvisionnement dans toutes les activités qui sont reliées à la délivrance d’un produit ou à la prestation de service écologiquement et socialement responsable au client final, ainsi que l’obtention d’information et de profits acceptables dans la chaîne d’approvisionnement. Morali et Searcy (2013) reprennent une panoplie de définissions de la gestion de la chaîne d’approvisionnement durable de différents travaux dont Seuring et Müller (2008) qui définissent la gestion de la chaîne d’approvisionnement durable comme étant la gestion du matériel, l’information et les flux de capitaux ainsi que la coopération entre les entreprises de la chaîne d’approvisionnement, tout en tenant en compte les objectifs des trois dimensions du développement durable, c’est-à-dire, économique, environnemental et social, qui sont dérivés des exigences des clients et des intervenants.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE
1.1 Chaîne d’approvisionnement internationale
1.1.1 Introduction
1.1.2 Chaîne d’approvisionnement internationale
1.1.3 Problèmes de planification des livraisons dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement
1.1.4 Problème de dimensionnement des lots dans la chaîne d’approvisionnement internationale
1.2 Collaboration horizontale et verticale dans le transport
1.2.1 Mise en contexte
1.2.2 Collaboration horizontale
1.2.3 Collaboration verticale
1.2.4 Collaboration horizontale et verticale
1.2.5 Conclusion
CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
2.1 Introduction
2.2 Étapes de résolution
2.3 Conclusion
CHAPITRE 3 MODÈLE DE COLLABORATION HORIZONTALE ENTRE LES CLIENTS
3.1 Introduction
3.2 Présentation de la configuration du réseau de CAI étudié
3.3 Modèle mathématique
3.3.1 Ensembles et indices
3.3.2 Paramètres du modèle mathématique
3.3.3 Variables de décision du modèle mathématique
3.3.4 Fonction-objectif du modèle mathématique
3.3.5 Contraintes du modèle mathématique
3.4 Étude de cas et résultats
3.4.1 Collecte de données
3.4.2 Scénario de base
3.4.3 Collaboration entre les clients
3.4.4 Impact de la collaboration horizontale entre les clients sur la GCAI
3.4.5 Impact de la consolidation des livraisons sur les clients
3.5 Analyse de sensibilité
3.5.1 Variation du rapport de densité des produits
3.6 Conclusion
CHAPITRE 4 MODÈLE DE COLLABORATION VERTICALE ET HORIZONTALE ENTRE LES CLIENTS ET LES FOURNISSEURS
4.1 Introduction
4.2 Modèle mathématique
4.2.1 Ensembles et indices
4.2.2 Paramètres du modèle mathématique
4.2.3 Variables de décision du modèle mathématique
4.2.4 Fonction objectif du modèle mathématique
4.2.5 Contraintes du modèle mathématique
4.3 Étude de cas
4.3.1 Collecte de données
4.3.2 Scénario de base
4.3.2.1 Configuration de base
4.3.2.2 Configuration de la collaboration horizontale et verticale
4.3.3 Impact de la collaboration horizontale et verticale sur la GCAI
4.4 Analyse de sensibilité
4.4.1 Variation du coût unitaire de stockage
4.4.2 Variation du rapport de densité des produits dans le cas de la collaboration horizontale et verticale
4.5 Conclusion
CONCLUSION
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