En vertu de ses excellentes qualités de conservation, la vaisselle céramique forme le matériau manufacturé de loin le plus abondant mis au jour sur les chantiers de fouilles. Elle offre à l’archéologue un champ d’investigations extrêmement vaste, comme suffisent à le montrer la variété des études qui lui sont consacrées. Malheureusement, cette abondance est également une pierre d’achoppement qui explique le nombre relativement faible de synthèses disponibles à l’heure actuelle, toutes périodes confondues.
Pour la Gaule interne et la fin du IIème. Age du Fer, c’est-à-dire La Tène finale, le développement des études céramologiques est un phénomène récent, en partie lié à l’adoption de méthodes de tri et de statistiques (facilitées par l’emploi de l’outil informatique) qui rendent possible d’exploiter la masse énorme de fragments de poteries exhumées sur les chantiers de fouilles. Les synthèses qui se font jour se situent nettement dans une optique de recherches à échelle géographique restreinte et visent à mettre en évidence des faciès régionaux (ou microrégionaux), correspondant à des entités culturelles et économiques, voire politiques, précises. La Bourgogne accuse dans ce domaine un retard certain et le manque d’études spécialisées, d’outils de référence, se fait de plus en plus sentir, par comparaison avec les régions voisine. Il est vrai que contrairement à ces dernières, où des fouilles récentes et d’envergure ont livré des ensembles mobiliers importants et de qualité, la Bourgogne fournit une documentation disparate, dominée par des ensembles quantitativement restreints, exhumés dans des conditions précaires. Les lots de mobiliers autorisant une analyse poussée restent encore très peu nombreux. Au regard de cet état de fait, quelques zones géographiques apparaissent mieux pourvues que les autres, pour des raisons diverses. La vallée de la Saône, en particulier dans sa partie moyenne, comprise entre Mâcon et Pontailler, fournit une documentation intéressante, avec des lots importants, inédits ou n’ayant fait l’objet que d’études restreintes, bien qu’ils soient issus parfois de sites fondamentaux pour la période envisagée (Mâcon, Verdun-sur-le-Doubs par exemple). De fait, il est clair que la Saône joue à La Tène finale un rôle de premier plan. Elle apparaît d’abord comme une rivière navigable jalonnée d’agglomérations importantes tournées vers l’artisanat et le négoce et comme un axe de communication privilégié entre Gaule Narbonnaise et Gaule chevelue, par lequel transitent aussi bien les marchandises que les personnes et les idées. C’est également une frontière délimitant les territoires de peuples puissants et rivaux (Eduens et Séquanes principalement).
La vallée de la Saône à La Tène finale : état des connaissances et de la documentation
Trois données principales peuvent être soulignées. En premier lieu, on peut mettre en évidence le caractère très limité et lacunaire de la documentation fournie par les fouilles archéologiques. Les sites explorés sont peu nombreux, inégalement répartis et localisés dans quelques secteurs restreints. Certaines zones, dont le rôle est essentiel à La Tène finale, sont extrêmement mal documentées. Dans le même ordre d’idée, les principaux sites d’oppidum connus ou supposés restent largement dans l’ombre, en l’absence d’exploration méthodique. La distorsion entre sites potentiels et sites documentés est donc très importante à tous points de vue (nombre, importance supposée, répartition). Les données de la prospection aérienne, confortées par l’inventaire des découvertes mobilières forment l’image d’une occupation globalement dense de la vallée de la Saône à La Tène finale. Deux remarques peuvent être faites sur la répartition des sites. Tout d’abord, les sites de rive gauche sont sensiblement moins nombreux que les sites de rive droite, ce qui peut sans doute être relié, au moins en partie, au caractère répulsif de la plaine de Bresse (terres lourdes, marécageuses). Par ailleurs, on observe l’existence de zones de concentrations de sites, de densité de peuplement, qui peuvent être reliées à la présence d’un confluent important, de voies de communications transversales essentielles, ou d’un site majeur exerçant un pouvoir attractif .
Valeur relative des sites et des ensembles mobiliers
Les sites de la vallée de la Saône peuvent être séparés en deux groupes distincts en fonction de la qualité des données et des ensembles mobiliers qui en sont issus. Un premier groupe, restreint, rassemble les sites qui ont livré des ensembles relativement conséquents de matériel (dont l’intérêt varie en fonction de plusieurs facteurs : voir cidessous). Un second groupe, plus important, réunit les sites « secondaires » ayant fourni des lots restreints de céramiques, à l’occasion de découvertes fortuites ou de sondages limités. Dans cette seconde série entrent des sites dont le mobilier a partiellement ou entièrement disparu et n’est connu que par une publication . On peut donc discerner deux catégories de lots et de données céramiques qui ne sont pas susceptibles d’apporter le même genre d’informations, ni de faire l’objet du même type d’analyse. Il est important de noter enfin que cette distinction entre gisements principaux (ou de référence) et gisements secondaires (ou documentés) est fondée sur la qualité des ensembles mobiliers mis au jour et sur l’intérêt des données disponibles, qui résulte de facteurs essentiellement circonstanciels et par conséquent se trouve détachée de la valeur intrinsèque des sites .
Contraintes liées aux contextes de découvertes et aux données de fouilles
Les sites ayant livré des lots céramiques conséquents ne forment pas un groupe homogène, en raison des spécificités propres à chacun d’entre eux (nature et chronologie de l’occupation, types de contextes mis au jour). En revanche, un certain nombre de traits récurrents, liés aux conditions de fouilles et d’enregistrement, peuvent être mis en évidence. Ces facteurs conditionnent en partie la méthode d’analyse des ensembles adoptée. La majorité des sites concernés a été explorée entre 1965 et 1980, dans le cadre généralement de fouilles de sauvetage, souvent restreintes et réalisées dans des conditions précaires. Dans l’ensemble, il s’agit de fouilles déjà anciennes, au regard de l’évolution des méthodes d’exploration de terrain de sites protohistoriques. L’absence de décapages extensifs est particulièrement sensible dans la détermination de l’extension et de l’organisation de l’occupation, mais aussi dans la connaissance de la genèse et de l’évolution des sites. On ne dispose le plus souvent que de données partielles, fragmentaires, difficiles à relier entre elles de surcroît.
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Table des matières
Introduction
1ère partie : cadres de l’étude, problématique, méthode d’analyse
1.1. Cadres de la recherche
1.2. Problématique
1.3. Composition du corpus
2ème partie : corpus documentaire
La vallée de la Saône
Les sites du Mâconnais et du Tournugeois
St.-Symphorien et Varennes
Crèches-sur-Saône
Mâcon
Azé
Uchizy
Tournus
Boyer
Les sites du Chalonnais et du Verdunois
Chalon-sur-Saône
St.-Marcel
Crissey
Chenôves
Cersot
St.-Désert
Mellecey
Verdun-sur-le-Doubs
Verjux
La Saône entre Mâcon et Seurre
Les sites du Beaunois et du Dijonnais
Vignolles
Nuits-St.-Georges
Genlis
Mirebeau
Les régions voisines
Le Bas-Morvan : Gueugnon
Le Nivernais : Decize
Le Haut-Morvan : Glux-en-Glenne / Saint-Léger-Sous-Beuvray
Le Beaunois : St.-Romain
Le Dijonnais : Mâlain
L’Auxois
Alise-Sainte-Reine / Alésia
Braux
Villaines-Les-Prévôtes
Le Châtillonnais
Villiers-le-Duc
Essarois
L’Avallonnais : Avallon
Le Tonnerrois : Tonnerre
L’Auxerrois : Chichery, Guerchy, Gurgy
Le Sénonais : St.-Denis-lès-Sens
Le Jura : Lons-le-Saunier
La moyenne vallée du Doubs : Besançon
Le plateau de Langres : Langres
3ème partie : synthèse, confrontation des données
3.1. Typologie de la céramique indigène
3.2. Productions, répertoire et chronologie
3.3. Conclusion
3.4. Perspectives de recherche
Abréviations bibliographiques
Bibliographie
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