Technique de la rachianesthรฉsie
Prรฉparation du patient La rรฉalisation d’une rachianesthรฉsie ne se conรงoit que dans un site d’anesthรฉsie, le patient est surveillรฉ comme pour toute anesthรฉsie, avec une voie veineuse fonctionnelle. L’administration d’oxygรจne par voie nasale est recommandรฉe. Lโinstallation correcte et l’utilisation d’une table inclinable est recommandรฉe. La ponction se fait avec le patient en position assise ou en dรฉcubitus latรฉral, en positionnant le patient en lordose pour dรฉrouler au maximum les vertรจbres lombaires. La prรฉparation de la peau est indispensable, avec un badigeonnage comme pour un acte chirurgical. Pour une rachianesthรฉsie en injection unique, l’opรฉrateur doit รชtre gantรฉ et doit, porter un masque et un calot. Le port d’une casaque est nรฉcessaire pourย la pose d’un cathรฉter intrathรฉcal ou pรฉridural selon la technique utilisรฉe (6).
Facteurs ayant une influence sur l’extension de la rachianesthรฉsie L’extension du bloc est imprรฉvisible et dรฉpend du type d’anesthรฉsique local injectรฉ. La distribution dans le LCR dรฉpend de nombreux facteurs liรฉs au patient, ร laย solution et ร la technique d’injection (tableau I).
Mรฉdicaments injectables En pratique clinique, seuls les anesthรฉsiques locaux et leurs adjuvants ayant une AMM sont autorisรฉs pour l’injection intrathรฉcale.
Anesthรฉsiques locaux Ils bloquent la conduction nerveuse au niveau mรฉdullaire. La cinรฉtique de blocage provoque un bloc sensitif puis un bloc moteur. Parmi les anesthรฉsiques locaux, certains ont un profil d’action de courte durรฉe, d’autres de longue durรฉe d’action. Du fait de l’incidence des effets toxiques locaux (7), la lidocaรฏne est contre-indiquรฉe en rachianesthรฉsie. La mรฉpivacaรฏne a une durรฉe d’action courte, mais des syndromes d’irritation radiculaire sont รฉgalement rapportรฉs (8). Actuellement, il est recommandรฉ d’utiliser de petites doses d’anesthรฉsiques locaux de longue durรฉe d’action pour remplacer la lidocaรฏne. Parmi les anesthรฉsiques locaux de longue durรฉe d’action, le bloc sensitif induit par la ropivacaรฏne semble รชtre moins puissant (environ 60 %) et plus court que celui de la bupivacaรฏne (9-11). La lรฉvobupivacaรฏne en rachianesthรฉsie a un profil d’action similaire ร celui de la bupivacaรฏne (12). D’une maniรจre gรฉnรฉrale, la durรฉe d’installation dรฉpend du type et de la dose de l’anesthรฉsique local injectรฉ. L’extension cรฉphalique du bloc sensitif reste toujours imprรฉvisible, surtout avec les solutions isobares. Il faut utiliser les doses minimales efficaces. Ainsi, pour 10 mg de bupivacaรฏne on obtient l’installation maximale de la rachianesthรฉsie en 20 ร 30 minutes avec une durรฉe d’anesthรฉsie permettant un acte de chirurgie viscรฉrale (niveau T10) pendant environ 120 minutes(10). La durรฉe d’anesthรฉsie est plus longue avec les solutions isobares qu’avec les solutions hyperbares (10). Les modifications anatomiques de la colonne vertรฉbrale peuvent altรฉrer la diffusion des anesthรฉsiques locaux et induire une anesthรฉsie dite ยซ en mosaรฏque ยป. Il existe une relation entre l’extension de l’anesthรฉsie et la durรฉe de l’anesthรฉsie : plusย l’extension est importante plus la durรฉe est courte (13). L’extension est rรฉduite si le patient recevant une solution hyperbare reste longtemps assis. Ainsi, dans la technique de rachianesthรฉsie unilatรฉrale, il faut laisser le patient en dรฉcubitus latรฉral afin de latรฉraliser la diffusion d’une solution hyperbare ou hypobare. Cependant, on observe une rรฉpartition bilatรฉrale tardive de l’anesthรฉsie avec cette technique. Ceci permet d’anesthรฉsier le membre opรฉrรฉ et diminue la rรฉpercussion hรฉmodynamiqueย car le bloc sympathique est moindre en comparaison de la technique classique.
Morphiniques Le choix d’un morphinique se fait sur son profil d’action. Pour les gestes courts, il faut injecter un morphinique liposoluble, alors que la morphine a une action prolongรฉe. Avec le fentanyl (10 ร 25 g) ou le sufentanil (5 ร 10 g) l’analgรฉsie s’installe en quelques minutes et pendant 2 ร 4 heures. La morphine (100 ร 150 g) agit en 30 minutes environ et pendant 12 heures. Ceci permet de diminuer la dose d’anesthรฉsique local injectรฉ, donc de rรฉduire la durรฉe du bloc moteur de la rachianesthรฉsie et l’intensitรฉ du bloc sympathique associรฉ (donc les effets hรฉmodynamiques). Des doses plus รฉlevรฉes exposent les patients ร des effets indรฉsirables plus importants tels qu’une sรฉdation importante, des nausรฉes et vomissements, un prurit, une rรฉtention d’urines, et surtout une dรฉpression respiratoire qui peut survenir de faรงon retardรฉe avec la morphine (14, 15). Ces effets sont antagonisables par la naloxone. En pratique, ce sont l’adrรฉnaline (1 ร 5 g/kg) et la clonidine (0,5 g/kg) qui peuvent รชtre injectรฉes en rachianesthรฉsie. Ils agissent sur les rรฉcepteurs 2 adrรฉnergiques de la corne postรฉrieure de la moelle. Ils potentialisent l’action des anesthรฉsiques locaux sans modifier l’extension de la rachianesthรฉsie (16, 17). Les fortes doses de clonidine augmentent le risque d’hypotension et de bradycardie (16). La sรฉdation induite par laย clonidine est moins importante que celle des morphiniques.
Physiopathologie
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Anatomiquement, la dure-mรจre est constituรฉe de fibres รฉlastiques et de collagรจne disposรฉes longitudinalement et parallรจles entre elles. Des รฉtudes rรฉcentes dรฉcrivent la dure-mรจre comme une successsion de couches parallรจles, chaque couche รฉtant constituรฉe de fibres collagรจnes et รฉlastiques sans orientation spรฉcifique (28). Une brรจche durale (intentionnelle ou accidentelle) entraรฎne une fuite de LCR dans lโespace pรฉridural, proportionnelle au diamรจtre de la brรจche et, donc, de lโaiguille utilisรฉe. Cโest lโhypotension du LCR consรฉcutive ร cette brรจche durale qui est ร lโorigine des cรฉphalรฉes posturales, mรชme si le mรฉcanisme exact expliquant les CPRA reste dรฉbattu. Une fuite persistante de LCR par lโorifice de ponction provoque une diminution de volume et de pression du LCR entraรฎnant un dรฉplacement vers le bas des structures intra-crรขniennes et une traction sur les structures mรฉningรฉes qui sont sensibles ร cet รฉtirement et, donc, responsables des cรฉphalรฉes. Le taux de perte du LCR par la brรจche est supรฉrieur au taux de production avec des aiguilles de calibre supรฉrieur ร 25G. Une vasodilatation artรฉrielle et veineuse intracrรขnienne, liรฉe ร une activation des rรฉcepteurs ร lโadรฉnosine et consรฉcutive ร ces modifications de pression et de volume du LCR, semble รฉgalement impliquรฉe dans la genรจse de ces cรฉphalรฉesย (29)
Facteurs de risque
a) Facteurs de risque non modifiable (30, 31) Ce sont : le jeune รขge, le genre fรฉminin, les antรฉcรฉdents de CPRA, les antรฉcรฉdents deย cรฉphalรฉes chroniques.
b) Facteurs modifiable Les facteurs de risque non modifiable de CPRA sont la taille de lโaiguille, type de pointe, orientation du biseau, angle dโinsertion et lโexpรฉrience de lโopรฉrateur, IMC faible. Il existe diffรฉrents types dโaiguilles pour rรฉaliser un bloc rachidien (Schรฉma 6). Les aiguilles de Quincke sont perforรฉesร leur extrรฉmitรฉ qui est taillรฉe en biseau tandis que les aiguilles de Sprotte et de Whitacre ont une pointe non tranchante (en pointe de crayon) et lโorifice est situรฉ tout prรจs de lโextrรฉmitรฉ. Ces derniรจres aiguilles sont qualifiรฉes dโยซatraumatiquesยป. Ces caractรฉristiques jouent un rรดle non nรฉgligeable dans la survenue des CPPD. Ainsi, utiliser des aiguilles de rachianesthรฉsie de petit diamรจtre et atraumatiques entraรฎne une diminution significative de lโincidence des CPPD (brรจche de plus petite taille et fibres de la dure-mรจre sรฉparรฉes plutรดt que sectionnรฉes). Par exemple, lerisque de CPPD avec une aiguille Whitacre 25Gauge est de 2,2% alors quโil est de 1,7% avec une aiguille 27 Gauge (32). Des aiguilles de calibres 25 ร 27 Gauge sont recommandรฉes pour lesrachianesthรฉsies tandis que les ponctions lombaires diagnostiques requiรจrent des aiguilles de plus gros calibre (gรฉnรฉralement 22 Gauge) pour obtenir un dรฉbit suffisant de liquide cรฉphalo rachidien (LCR) (28).
Caractรฉristiques des CPRA
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Les cรฉphalรฉes apparaissent au moment de la crรฉation de la brรจche ou majoritairement dans les 72 heures suivant lโeffraction de la dure-mรจre, rarement au 7รจme jour. Elles durent de 12 heures ร 7 jours mais peuvent se prolonger au-delร de plusieurs semaines, voire des mois ou des annรฉes. Il sโagit de cรฉphalรฉes positionnelles, orthostatiques, cโest-ร -dire exacerbรฉes par la position assise ou debout et diminuant en dรฉcubitus. Ces cรฉphalรฉes sont souvent sรฉvรจres, pulsatiles et ont une localisation frontale ร irradiation occipitale. Des symptรดmes dโaccompagnement sont souvent prรฉsents : nausรฉes, vomissements, photophobie, raideur de nuque, acouphรจnes, diplopie, hypoacousie, vertiges et paralysie de nerfs crรขniens (31). Lโintensitรฉ des CPRA est classifiรฉe en 3 grades :
– Grade I : cรฉphalรฉe modรฉrรฉe ne gรชnant pas lโactivitรฉ quotidienne
– Grade II : cรฉphalรฉe dโintensitรฉ moyenne imposant un alitement pรฉriodique
– Grade III : cรฉphalรฉe sรฉvรจre rendant impossible la position assise ou lโalimentation
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I โ RAPPELSย
I.1 RAPPELS ANATOMIQUES DU RACHIS
I.1.1 STRUCTURES OSTEO-LIGAMENTAIRES
I.1.2 CONTENU DU CANAL RACHIDIEN
I.3 LA RACHIANESTHESIE
a) INTRODUCTION
b) RAPPELS ANATOMIQUES
c) TECHNIQUES DE LA RACHIANESTHESIE
d) INDICATIONS
e) CONTRE-INDICATIONS
f) EFFETS DE LA RACHIANESTHESIE
g) COMPLICATIONS
I.4 LES CPRA
I.4.1 PHYSIOPATHOLOGIE
I.42 FACTEURS DE RISQUE
I.4.3 CARACTERISTIQUES DES CPRA
1.4.4 DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
1.4.5 PRISE EN CHARGE
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
II – MATERIELS ET METHODESย
1. TYPE DโETUDE
2. CRITERES DโINCLUSION
3. CRITERES DโEXCLUSION
4. PARAMETRES DโETUDE
III โ RESULTATSย
1. POPULATION DE LโETUDE
2. NATURE DE LโINTERVENTION
3. CARACTERISTIQUES DES CPRA
4. TRAITEMENT DES CPRA
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
IV – DISCUSSION
SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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