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La physiopathologie de la migraine
Peu d’affections ont donnรฉ lieu ร autant d’hypothรจses physiologiques que la migraine. La diversitรฉ de sa prรฉsentation clinique et des facteurs dรฉclenchants des crises, jointe ร la multiplicitรฉ des anomalies fonctionnelles et/ou biologiques dรฉcrites chez les migraineux ont donnรฉ lieu ร de trรจs nombreuses ยซย thรฉories. [39]
– La thรฉorie neurovasculaire
Lors de la crise de migraine avec aura, il existe une diminution du dรฉbit sanguin cรฉrรฉbral se propageant d’arriรจre en avant sur le cortex cรฉrรฉbral ร la vitesse de 2 mm/ mn.
Cette susceptibilitรฉ vasculaire serait sous la dรฉpendance d’une rรฉponse mal adaptรฉe de rรฉcepteurs vasculaires ร des substances qui interviennent dans le dรฉterminisme du diamรจtre des vaisseaux mais aussi dans les circuits de la douleur [28].
A cรดtรฉ de la modification du dรฉbit sanguin cรฉrรฉbral, on peut avoir des dysfonctionnements cellulaires (neurones, plaquettes, mastocytes etc โฆ) et sub-cellulaires (notamment mitochondrial) impliquant de nombreuses molรฉcules telles que la sรฉrotonine, les neuropeptides vaso-actifs (substance P), l’histamine, le monoxyde d’azote, la dopamine, les acides aminรฉs neuro-excitateurs, les catรฉcholamines etcโฆ.
Gรฉnรฉtique de la migraine : des canaux ioniques aux polymorphismes de nuclรฉotide ?
Les connaissances sur l’รฉtiopathogรฉnie de la migraine ont pris un essor considรฉrable ces dix derniรจres annรฉes notamment grรขce ร la gรฉnรฉtique.
La migraine hรฉmiplรฉgique familiale (MHF), seule variรฉtรฉ de migraine mendรฉlienne, autosomique dominante, constitue donc un modรจle unique pour identifier des gรจnes candidats majeurs dont l’implication dans les formes les plus habituelles de migraine seront vรฉrifiรฉs ultรฉrieurement.
Un premier gรจne CACNA1A, localisรฉ sur le chromosome 19 et codant la sous-unitรฉ principale des canaux calciques neuronaux de type PQ est impliquรฉ dans 20 % environ des familles de migraine hรฉmiplรฉgique.
Un second gรจne, localisรฉ sur le chromosome 1 mais pas encore identifiรฉ est impliquรฉ dans 20 % environ des familles [15].
Dans la MHF, deux dรฉcouvertes ont รฉtรฉ faites : la dรฉcouverte de mutations dans le gรจne CACNA1A (19p 13), codant la sous-unitรฉ 1A du canal calcique neuronal PQ voltage dรฉpendant (MHF1) et rรฉcemment celle de mutations du gรจne ATP1A2 (1q21-23), codant pour la soust-unitรฉ a2 de la pompe ionique Na+, K+ATPase (MHF2). Elles ont attirรฉ l’attention sur les canaux ioniques du SNC et permis de mieux comprendre la physiopathologie de modifications de l’excitabilitรฉ neuronale (ร la base de la dรฉpression envahissante), de la neurotransmission chimique et, par voie indirecte, du mรฉtabolisme neuronal.
Il peut ainsi รชtre la cible de nouvelles approches thรฉrapeutiques, ce qui souligne l’importance des avancรฉes gรฉnรฉtiques dans la MHF pour les formes frรฉquentes de migraines, celles avec et sans aura.
En effet, une sรฉrie d’arguments indirects provenant d’รฉtudes de sites de liaison gรฉnรฉtique, de la transmission neuro-musculaire, des fonctions cรฉrรฉbelleuses de l’excitabilitรฉ et du mรฉtabolisme neuronal et de l’efficacitรฉ de certains traitements mรฉdicamenteux suggรจrent que les canaux ioniques jouent aussi un rรดle pathogรฉnique dans certaines formes de migraine avec aura. Chez la majoritรฉ des patients, cependant, ils ne sont sans doute pas les seuls responsables de la maladie puisque, dans les formes frรฉquentes de migraine, le profil gรฉnรฉtique paraรฎt bien plus complexe, faisant intervenir une sรฉrie de polymorphismes de nuclรฉotide [22].
Traitement de la migraine
La premiรจre รฉtape du traitement sera dโidentifier les รฉventuels facteurs dรฉclenchants afin de pouvoir les รฉviter.
Le mรฉdecin tentera dโexpliquera la diffรฉrence fondamentale qui existe entre le traitement de la crise, ร prendre au coup par coup, pour interrompre celle-ci et le traitement de fond, quotidien, visant ร diminuer la frรฉquence des crises.
Quelques gestes simples, en dรฉbut de crise peuvent parfois soulager la cรฉphalรฉe :
– application de froid ou de chaleur sur le crรขne ;
– pression sur la tempe ou sur un autre point du cuir chevelu ;
– repos allongรฉ dans une piรจce obscure et silencieuse ร la recherche d’un sommeil rรฉparateur ;
– absorption de thรฉ ou de cafรฉ [26].
Traitement de la crise migraineuse
Quel que soit le mรฉdicament choisi, quelques rรจgles d’utilisation sont essentielles ร respecter.
โข La prise ne doit se faire qu’au moment des crises. Elle ne doit etre ni trop frรฉquente ni quotidienne car elle expose alors ร un double risque :
– le premier, en fait assez rare, est liรฉ ร une toxicitรฉ propre de certaines substances par exemple les complications vasculaires des dรฉrivรฉs ergotรฉs, gastriques de l’aspirine et des anti-inflammatoires etcโฆ ;
– le second, frรฉquent mais sous-estimรฉ, est la survenue d’une accoutumance qui conduit ร l’augmentation des prises ร l’apparition de cรฉphalรฉe de sevrage entre celles-ci, et ร une vรฉritable toxicomanie. Une cรฉphalรฉe chronique par abus mรฉdicamenteux s’installe alors.
โข Le mรฉdicament doit รชtre pris le plus tรดt possible et par la meilleure voie d’administration ; en effet, si la plupart des patients prรฉfรจrent la voie orale, celle-ci n’est pas la plus souhaitable lorsque des nausรฉes et des vomissements existent [26].
Il existe quatre grandes classes mรฉdicamenteuses ayant une efficacitรฉ dรฉmontrรฉe dans la crise migraineuse :
– les anti-inflammatoires non stรฉroรฏdiens ;
– les dรฉrivรฉs de l’ergot de seigle ;
– les triptans (plus haut niveau d’efficacitรฉ).
– les antalgiques.
Les traitements de fond de la migraine
Ils sont nรฉcessaires chez les malades ayant des crises frรฉquentes retentissant sรฉrieusement sur leur vie quotidienne.
Un traitement de fond est un traitement de longue haleine, s’รฉtendant au minimum sur 6 mois, 1 an, parfois plus.
Environ 10 ร 12 % des migraineux utilisent ce type de traitement. Il est classique d’envisager un traitement de fond pour une frรฉquence des crises d’au moins trois par mois.
En fait, la dรฉcision se prend en accord avec le patient et dรฉcoule en particulier de l’inefficacitรฉ du traitement des crises. .
Le recours ร un traitement de fond est nรฉanmoins, indispensable chez les patients qui prennent des traitements de crise plus de deux jours par semaine, en raison du risque d’รฉvolution vers une cรฉphalรฉe chronique quotidienne par abus mรฉdicamenteux.
Le mode d’action des traitements de fond reste trรจs mal connu. Les principaux mรฉcanismes pour rendre compte de l’action anti-migraineuse prรฉventive sont l’antagonisme des rรฉcepteurs 5HT2, la modulation de l’extravasation protรฉique plasmatique, la modulation de l’activitรฉ aminergique centrale et les effets stabilisateurs de membrane au niveau des canaux voltage-dรฉpendants [24].
Il existe six mรฉdicaments ou classes de mรฉdicaments de fond majeurs, dont l’efficacitรฉ a รฉtรฉ dรฉmontrรฉe dans au moins trois essais contrรดlรฉs contre placebo [26] :
– certains bรชta-bloquants tels que le propronolol, le mรฉtoprolol, l’atรฉnolol ;
– le pizatifรจne ;
– le mรฉthysergide (anti-serotoninergique) ;
– l’oxetorone (anti-sรฉrotoninergique) ;
– la flunarizine ;
– l’amitriptyline (tricyclique) [36].
Leur posologie, effets secondaires et contre-indications seront expliquรฉs un ร un.
Les anti-dรฉpresseurs tricycliques : lโAmitriptyline
Ils ont un effet anti-migraineux indรฉpendant de l’effet anti-dรฉpresseur. Ils sont intรฉressants s’il existe une notion d’abus en antalgiques. *Posologie : 20 ร 50 mg le soir.
*Effets secondaires : sรฉcheresse de bouche, somnolence, prise de poids par hyperphagie d’origine hypothalamique [36].
*Contre-indications : glaucome, adรฉnome prostatique [26].
Il faut souligner aussi que la dihydroergotimine est รฉgalement utilisable dans le traitement de fond de la migraine.
En effet, un migraineux qui n’a jamais รฉtรฉ traitรฉ sera plutรดt soumis ร de la dihydro-ergotamine qui ne donne pratiquement jamais d’effets secondaires (rares nausรฉes).
Ces mรฉdicaments du traitement de fond de la migraine permettent de rรฉduire la frรฉquence des crises de 50 % chez environ 50 % des patients migraineux [63].
En cas de mauvaise tolรฉrance ou d’รฉchec au bout de 2 ร 3 mois, un autre traitement sera proposรฉ. Un traitement de fond efficace et bien tolรฉrรฉ est gรฉnรฉralement poursuivi pendant 6 ร 12 mois, puis diminuรฉ lentement [43].
CEPHALEES DE TENSION EPISODIQUE
Elles reprรฉsentent avec la migraine le groupe รฉtiologique le plus important des cรฉphalรฉes chroniques. Le diagnostic de cรฉphalรฉes psychogรจnes dites de tension ne doit pas รชtre un diagnostic d’รฉlimination.
Le diagnostic positif repose sur les modalitรฉs de la douleur, les signes d’accompagnement, sur la mise en รฉvidence d’un terrain psychique particulier et la normalitรฉ de l’examen somatique [28].
La cรฉphalรฉe de tension (CT) est un syndrome hรฉtรฉrogรจne dont le diagnostique est, hรฉlas, principalement basรฉ sur l’absence des รฉlรฉments caractรฉristiques retrouvรฉs dans d’autres types de cรฉphalรฉes comme la migraine.
Le terme ยซย cรฉphalรฉe de type tensionย ยป a รฉtรฉ choisi en 1988 dans la premiรจre classification de la sociรฉtรฉ internationale des cรฉphalรฉes (IHS) pour souligner la pathogรฉnie incertaine tout en indiquant qu’une certaine forme de tension mentale et/ou musculaire pourrait jouer un rรดle causal.
Comme la pathogรฉnie exacte demeure mรฉconnue, le terme ยซย cรฉphalรฉe de type tensionย ยป, a รฉtรฉ maintenu dans la deuxiรจme รฉdition de la classification de l’IHS en 2004 [23].
Les aspects cliniques
Un รฉpisode de cรฉphalรฉe de tension diffรจre d’un accรจs migraineux par un certain nombre de caractรจres : la douleur, modรฉrรฉe dans son intensitรฉ, est habituellement bilatรฉrale ; elle n’est pas pulsatile, mais ร type de pression, de serrement ; elle n’est pas exagรฉrรฉe par les activitรฉs physiques usuelles, telles que la montรฉe des escaliers ; elle ne contraint pas le patient ร interrompre totalement l’activitรฉ en cours, mรชme si elle peut rรฉduire les activitรฉs quotidiennes [8] ; elle ne s’accompagne pas de vomissements ni de nausรฉes (une inappรฉtence peut รชtre prรฉsente), pas de photophobie ou phonophobie ou seulement l’une des deux [24].
La prรฉvalence
La prรฉvalence de la cรฉphalรฉe de tension dans la population gรฉnรฉrale varie selon les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques entre 30 et 80 % avec un ratio homme/femme de 4,5. [8]
Cependant les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques dรฉtectent un grand nombre de sujets qui ne consultent pas en raison de l’espacement des รฉpisodes ou de l’efficacitรฉ des antalgiques usuels.
La physiopathologie
Une conception pรฉriphรฉrique
Elle situe l’origine de la douleur dans les muscles et aponรฉvroses pรฉricrรขniennes. Elle repose sur la mise en รฉvidence par la palpation de points douloureux auxquels certains auteurs attribuent une grande valeur dans le diagnostic des ยซย myo-fascialgiesย ยป. Toutefois ces points douloureux ne sont ni constants ni spรฉcifiques. A cette conception pรฉriphรฉrique se rattache la notion de cรฉphalรฉe de tension musculaire ; elle repose sur la mise en รฉvidence d’une activitรฉ รฉlectromyographique excessive dans les muscles pรฉricrรขniens, mais, ici encore, il s’agit d’un phรฉnomรจne inconstant et non spรฉcifique [8].
En regard de l’hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ des anomalies physiopathologiques trouvรฉes dans la CT, le modรจle suivant peut รชtre proposรฉ comme hypothรจse de travail.
La CT peut rรฉsulter d’une interaction entre des changements du contrรดle descendant des nocicepteurs trigรฉminaux de second ordre du tronc, cรฉrรฉbral et des modifications pรฉriphรฉriques telles qu’une sensibilitรฉ accrue des structures myofasciales et une contracture des muscles pรฉricrรขniens [51].
La conception centrale
La conception centrale qui n’est d’ailleurs pas incompatible avec le rรดle favorisant de facteurs pรฉriphรฉriques, est gรฉnรฉralement admise. En faveur de ce mรฉcanisme central, il faut retenir que, dans leur dรฉclenchement ou leur aggravation, les cรฉphalรฉes de tension reconnaissent un facteur favorisant majeur qui est le stress psychosocial [8].
Un รฉpisode aigu de CT รฉpisodique peut survenir chez n’importe quel individu, par ailleurs parfaitement normal. Cet รฉpisode peut รชtre provoquรฉ par un stress physique gรฉnรฉralement associรฉ
ร un stress psychologique ou par des positions de travail non physiologiques. Dans de tels cas, une augmentation de la nociception dans les muscles utilisรฉs peut รชtre la cause primaire de la ยซย cรฉphalรฉeย ยป [23].
Toutefois, la cรฉphalรฉe aura plus de risque de survenir chez un individu dรฉpressif chez qui le contrรดle central de la douleur sera dรฉfaillant.
Les mรฉcanismes รฉmotionnels augmentent la tension musculaire et simultanรฉment rรฉduisent l’activitรฉ du systรจme anti-nociceptif endogรจne [29].
Le traitement
Le traitement des CT peut รชtre schรฉmatiquement subdivisรฉ en traitement symptomatique de l’รฉpisode isole (principalement pharmacologique) et un traitement de fond (pharmacologique et non pharmacologique) destinรฉs ร soulager, voire faire disparaรฎtre, la cรฉphalรฉe de maniรจre durable ou ร prรฉvenir la survenue d’un รฉpisode de cรฉphalรฉe.
Pharmacothรฉrapie aiguรซ
De multiples รฉtudes sur lโefficacitรฉ d’analgรฉsiques simples et d’anti-inflammatoires non stรฉroรฏdiens (AINS) dans les CT ont รฉtรฉ effectuรฉes.
Plusieurs d’entre-elles ont รฉtรฉ effectuรฉes selon les recommandations pour les essais pharmacologiques dans la CT dรฉfinies par l’IHS. On peut conclure de ces รฉtudes que les AINS sont les mรฉdicaments de premier choix.
Actuellement, l’Ibuprofรจne (800mg) peut probablement รชtre considรฉrรฉ comme รฉtant le traitement de premier choix pour la CT aiguรซ grรขce ร sa remarquable tolรฉrance gastro-intestinale, suivi par le Naproxรจne sodique (825 mg) [23].
Plusieurs รฉtudes ont en effet dรฉmontrรฉ que l’Ibuprofรจne est associรฉ au plus faible risque de saignement et de perforation gastro-intestinale (risque relatif : 2,9) ; alors que le Kรฉtoprofรจne prรฉsente un plus grand risque (risque relatif : 23,7) la Naproxรจne occupant une position intermรฉdiaire (risque relatif : 9,1) [1, 33].
Traitements prophylactiques
Les anti-dรฉpresseurs tricycliques sont les traitements de premier choix ligne le plus largement utilisรฉ pour les CT รฉpisodiques frรฉquentes.
L’amitriptylรจne (confรจre traitement migraine)
La domipramine
La domipramine est lรฉgรจrement plus efficace, mais entraรฎne plus d’effets secondaires.
a) Posologie 10 ร 25 mg au coucher (per os).
b) Effets secondaires : somnolence, sรฉdations, tremblement, รฉtats confusionnels transitoires, troubles de la conduction et du rythme cardiaque, syncope.
c) Contre-indication : infarctus rรฉcent du myocarde, risque de glaucome par fermeture de l’angle
[68].
Les traitements non pharmacologiques
Il existe des bases scientifiques solides attestant l’utilitรฉ de la relaxation et des techniques de biofeedback musculaire dans la prise en charge de la CT.
Des conseils d’hygiรจne de vie, la pratique de la gymnastique, du sport, du yoga, la mise en ลuvre de moments de dรฉtente seront des plus utiles. Un abord psychothรฉrapique sera dans tous les cas indispensable. La plupart du temps, il s’agira d’une psychothรฉrapie de soutien, explicitant le symptรดme, sa signification et permettant de rassurer le malade.
Dans d’autres cas, une vรฉritable psychothรฉrapie sera ร instaurer soit par une mรฉdiation corporelle ร travers l’apprentissage des mรฉthodes de relaxation avec ou sans biofeedback, soit plus rarement par psychothรฉrapie d’inspiration analytique [28].
La constatation chez des sportifs de cas d’hypoalgรจne รฉtonnante a conduit ร des expรฉrimentations qui ont conclu ร la rรฉalitรฉ de modification des seuils de douleur par l’activitรฉ physique, sans en รฉlucider cependant le mรฉcanisme exacte. C’est ainsi que en pratique, de nombreuses รฉtudes dans des pathologies comme la migraine, les cรฉphalรฉes de tension, les douleurs chez les personnes รขgรฉes confirment la pertinence de l’activitรฉ physique comme moyen thรฉrapeutique dans la douleur chronique [4].
L’ALGIE VASCULAIRE DE LA FACE : CLUSTER HEADACHE
Beaucoup moins frรฉquente que la migraine, l’algie vasculaire de la face (AVF) a une prรฉvalence d’environ 0,1 %. Elle touche l’homme 5 ร 6 fois plus souvent que la femme et dรฉbute gรฉnรฉralement entre 20 et 30 ans.
Le diagnostic, qui repose exclusivement sur l’interrogatoire, est dans la plupart des cas รฉvident, tant la symptomatologie est singuliรจre et stรฉrรฉotypรฉe [26].
L’algie vasculaire de la face est dans 90 % des cas รฉpisodique avec des crises รฉvoluant par salves au nombre d’une ร trois par jour (avec souvent une crise nocturne dรฉbutant ร un moment remarquablement fixe).
Les accรจs douloureux s’รฉtalent sur 3 ร 10 semaines, souvent aux intersaisons (printemps et automne) avec des pรฉriodes de rรฉmission complรจtes entre les crises.
Le diagnostic est purement clinique. Aucun examen complรฉmentaire n’est requis [36].
Caractรฉristiques sรฉmรฉiologiques
Encore appelรฉ cรฉphalรฉe histaminique de HORTON, le Cluster Headache est une nรฉvralgie migraineuse bien particuliรจre par son รฉvolution qui lui vaut sa dรฉnomination anglo-saxonne purement descriptive (Cluster = groupรฉ en salve) [8].
Les caractรฉristiques de la douleur, les signes d’accompagnement et le rythme รฉvolutif, permettent un diagnostic facile.
โข La douleur est unilatรฉrale, ne change jamais de cรดtรฉ, temporo-orbitaire ou orbito-faciale. Elle peut irradier vers les gencives, l’oreille, le cou et mรชme l’รฉpaule. Sa topographie ne correspond pas ร la systรฉmatisation des branches du trijumeau. Il s’agit d’une douleur insupportable ร type de brรปlure profonde, de broiement, de dรฉchirure.
โข Les signes d’accompagnement se rencontrent dans 70 % des cas et sont du mรชme cรดtรฉ que la douleur. Sensation de narine bouchรฉe avec ou sans rhinorrhรฉe, larmoiement, รฉrythrose de la pommette, saillie de l’artรจre temporale sont plus frรฉquents que le myosis et le ptรดsis de la paupiรจre supรฉrieure, traduisant un syndrome de CLAUDE BERNARD HORNER [8].
Les traitements
Si le diagnostic des algies vasculaires faciales est facile, la thรฉrapeutique est par contre difficile. Elle repose essentiellement sur les anti-migraineux de crise et de fond, parfois associรฉs ร des sรฉances de cocaรฏnisation du ganglion sphรฉno-palatin [8].
Traitement de la crise
Il est bien plus difficile que dans la migraine, car dans les crises d’algie vasculaire la douleur atteint son maximum en quelques minutes.
a) Le sumatriptan : injectable ร la dose de 6mg, en faisant cรฉder les crises en quelques minutes a transformรฉ la qualitรฉ de vie des patients atteints d’AVF, une des affections les plus douloureuse qui soit.
Plus de 10 ans de pratique ont confirmรฉ sa remarquable efficacitรฉ ainsi que l’absence d’accoutumance et de tolรฉrance dans son usage au long cours.
Toutefois l’utilisation du sumatriptan se trouve limitรฉe en raison de l’impossibilitรฉ de l’utiliser aprรจs 65 ans (or il existe des AVF de dรฉbut tardif ou se poursuivant chez le sujet รขgรฉ), de ses contre-indications cardio-vasculaires (HTA, artรฉrite, insuffisance coronaire), de la limitation du nombre d’injections de deux par jour dans une affection qui peut comporter jusqu’ร 8 crises par jour et de son mode d’injection par voie sous-cutanรฉe, pas toujours commode [19].
b) L’oxygรฉnothรฉrapie hyperbare est le deuxiรจme traitement utilisรฉ surtout en cas de contre-indication du sumatriptan.
L’inhalation d’oxygรจne pure au dรฉbit de 7 litres par minute pendant 15 minutes voire 15 litres par minute amรฉliorerait l’efficacitรฉ [59].
c) Un soulagement rapide peut รชtre obtenu aprรจs instillation intranasale, dans la fosse sphรฉnopalatine, de solution d’hypochloride de cocaรฏne de 5 ร 10 % ou de lidocaรฏne ร 4 %.
d) L’octrรฉotide : est un analogue de la somatostatine et son efficacitรฉ vient d’รชtre dรฉmontrรฉe. Nรฉanmoins, cette efficacitรฉ est infรฉrieure ร celle obtenue avec le sumatriptan et semble valable uniquement pour les crises qui durent plus de 45 minutes [46].
Le traitement de fond
Le but principal reste en fait la prรฉvention des crises mais il est cependant plus facile de juguler les crises une fois quโelles ont dรฉbutรฉes plutot que de les prevenir.
Tout traitement est inutile pendant les phases de rรฉmissions.
La plupart des mรฉdicaments utilisรฉs sont des anti-migraineux dont les effets secondaires et les contre-indications ont รฉtรฉ dรฉjร signalรฉes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
A- LES CEPHALEES PAROXYSTIQUES SANS FOND DOULOUREUX PERMANENT
I- LA MIGRAINE
I-1. La crise migraineuse sans aura : migraine commune
I-2. Les crises de migraine avec aura
I-3. Les รฉlรฉments de diagnostic
I-4. La physiopathologie de la migraine
I-5. Gรฉnรฉtique de la migraine : des canaux ioniques aux polymorphisme de nuclรฉotide ?
I-6. Traitement de la migraine
I-6.1. Traitement de la crise migraineuse
I-6.2. Les traitements de fond de la migraine
II- CEPHALEES DE TENSION EPISODIQUE
II-1. Les aspects cliniques
II-2. La prรฉvalence
II-3. La physiopathologie
II-3.1. Une conception pรฉriphรฉrique
II-3.2. La conception centrale
II-4. Le traitement
II-4.1. Pharmacothรฉrapie aigue
II-4.2. Traitements prophylactiques
II-4.3. Traitements non pharmacologiques
III- LโALGIE VASCULAIRE DE LA FACE : CLUSTER HEADACHE
III-1. Caractรฉristiques sรฉmรฉiologiques
III-2. Les traitements
III-2.1. Traitement de la crise
III-2.2. Traitement de fond
III-2.3. Moyens chirurgicaux
IV- LES NEVRALGIES DU TRIJUMEAU
IV-1. La nรฉvralgie ยซ essentielle ยป du Trijumeau
IV-1.1. Sรฉmรฉiologie
IV-1.2. Le traitement
IV-2. Les nรฉvralgies symptomatiques du Trijumeau
IV-3. Autres nรฉvralgies
IV-3.1. Les nรฉvralgies du glosso-pharygien
IV-3.2. La nรฉvralgie dโArnold
B- CEPHALEES CHRONIQUES AVEC FOND DOULOUREUX PERMANENT
I- LES CEPHALES CHRONIQUES QUOTIDIENNES
I-1. Les cรฉphalรฉes de tensions chroniques
I-1.1. La sรฉmรฉiologie
I-1.2. La physiopathologie
I-1.3. Traitement
I-2. La migraine transformรฉe
I-2.1. Sรฉmรฉiologie
I-2.2. prise en charge thรฉrapeutique
II- CEPHALEES CHRONIQUES SECONDAIRES
II-1. Cรฉphalรฉes chroniques post-traumatiques
II-2. Hypertension intracrรขnienne
II-3. Artรฉrite temporale ou crรขnienne
II-4. Cรฉphalรฉes continues de cause locale
II-4.1. Causes ophtalmologiques
II-4.2. Causes ORL et stomatologiques
II-4.3. Causes rachidiennes
C- LES EXPLORATIONS
I- LโELECTROENCEPHALOGRAMME (EEG)
I-1. Conduite de lโenregistrement EEG
I-2. Lโactivitรฉ EEG normale
I-2.1. Activitรฉ EEG de veille
I-2.2. Signification et mรฉcanismes de lโactivitรฉ : EEG normale
I-2.3. Les activitรฉs EEG anormales et leurs significations
I-2.4. EEG et cรฉphalรฉes chroniques
II- LโEXAMEN CONVENTIONNEL DU CRANE
III- LA TOMODENSITOMETRIE CEREBRALE (TDM)
III-1. Quel est le principe ?
III-2. Scanner et cรฉphalรฉes
DEUXIEME PARTIE
I- PATIENTS ET METHODES
I-1. Cadre de lโรฉtude
I-2. Mรฉthodologie
I-2.1. Patients
I-2.2. Collecte et analyse des rรฉsultats EEG faits pour cรฉphalรฉes
II- RESULTATS
II-1. Rรฉsultats de lโenquรชte
II-1.1. Rรฉpartition selon lโรขge
II-1.2. Rรฉpartition selon le sexe
II-1.3. Rรฉpartition selon lโรฉvolution de la cรฉphalรฉe entre son dรฉbut et le mois de la consultation
II-1.4. Rรฉpartition selon lโรขge de dรฉbut
II-1.5. Les antรฉcรฉdents familiaux
II-1.6. Rรฉpartition selon lโintensitรฉ des troubles
II-1.7. Mode dโinstallation
II-1.8. Les facteurs dรฉclenchants
II-1.9. Type de la douleur
II-1.10. Les mรฉdicaments
II-1.11. Les explorations
II-1.12. Les retentissements
II-1.13. Rรฉsultats des explorations (EEG et scanner)
II-2. Rรฉsultats de la collecte et de lโanalyse des rรฉsultats EEG demandรฉs pour cรฉphalรฉes
III- DISCUSSIONS
III-1. Lโรขge
III-2. Le sexe
III-3. Dรฉbut de la maladie
III-4. Notion de cรฉphalรฉes familiales
III-5. Les facteurs psychologiques
III-6. Prise en charge globale (thรฉrapeutique et exploration)
III-7. Imagerie mรฉdicale et cรฉphalรฉes
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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