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Les pratiques culturales
Bien qu’on puisse le trouver un peu partout à travers le monde, le riz a besoin de chaleur et d’eau et est donc cultivé majoritairement dans les régions tropicales et sub-tropicales (critère de température), et dans les zones humides et sub-humides (critère d’humidité du sol due aux précipitations). L’Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) distingue, dans Maclean et al. (2002), quatre types de riziculture, définis par les pratiques hydrologiques qui leur sont associées. La riziculture irriguée (irrigated rice) est pratiquée dans des rizières entourées de diguettes dans lesquelles le niveau d’eau est contrôlé par des systèmes d’irrigation et de drainage. Une couche d’eau d’environ 2 à 20 cm est maintenue pendant la majeure partie de la saison. Ce type de riziculture fournit les rendements les plus élevés, et bien qu’elle ne constitue qu’un peu plus de la moitié des surfaces cultivées, elle contribue à 75% de la production mondiale en riz, et est donc le système majoritaire.
Dans la riziculture pluviale de plaine (rainfed lowland rice), parfois également appelée riziculture inondée, le niveau de l’eau n’est plus contrôlé activement par irrigation, mais dépend de l’alimentation par les eaux de pluie, par le ruissellement d’eaux provenant d’un réservoir ou par simple gravitation d’une parcelle à une autre. Ce système de culture est donc évidemment beaucoup plus exposé aux risques de sécheresses prolongées ou d’inondations subites, et fournit des rendements plus faibles. Avec 31% des surfaces cultivées, la riziculture pluviale de plaine représente 21% de la production mondiale.
La riziculture d’altitude (upland rice) est pratiquée sur des terrains généralement peu fertiles que l’on ensemence à sec et où les récoltes dépendent fortement des régimes de pluies, notamment dans certains pays d’Afrique et d’Amérique latine, mais aussi sur les rives des fleuves en Asie, lorsque les eaux se retirent à la fin de la saison des pluies. Ce type de culture, dans lequel les champs ne sont donc pas inondés, ne représente qu’une très faible proportion de la production mondiale (environ 4%), pour une surface de 9%.
Dans la riziculture d’inondation (flood-prone rice), l’eau de culture est fournie par les crues des rivières et des fleuves ou par les marées qui touchent les embouchures des grands deltas. La profondeur de l’eau peut parfois dépasser les 5 mètres et nécessite l’utilisation de variétés spécifiques de riz d’eau profonde ou de riz flottant. Les rendements, tributaires de la météo, restent assez bas. Avec 8% des surfaces cultivées, ce type de riziculture ne fournit que 3% de la production mondiale, et est progressivement remplacée par la riziculture irriguée quand des aménagements hydrauliques sont réalisés.
La majorité des surfaces rizicoles du monde est donc soit en riziculture irriguée, soit en riziculture pluviale de plaine. Dans ces deux cas, les rizières sont recouvertes d’une lame d’eau plus ou moins épaisse durant la majeure partie de leur cycle de croissance. Cette couche d’eau va influencer le signal de télédétection.
Jusqu’à récemment, il était recommandé de conserver cette couche d’eau pendant toute la durée du cycle de croissance si possible. Depuis quelques années, en raison de la raréfaction des ressources en eau, l’IRRI conseille dans Bouman et al. (2007) d’appliquer une irrigation alternée (AWD : alternative wetting and drying), et de laisser le niveau d’eau descendre jusqu’à 15 cm au-dessous du sol avant d’irriguer à nouveau.
Dans le cas du semis direct, les grains de riz, souvent préalablement germés, sont semés à la volée dans les champs humides mais non inondés, puis sont recouverts d’une couche d’eau immédiatement ou plus souvent plusieurs jours après.
Dans le cas du repiquage, les grains de riz sont semés densément dans une pépinière, sous une couche d’eau, où ils vont grandir pendant 15 à 30 jours avant d’être repiqués dans des champs recouverts d’une fine couche d’eau. Le repiquage peut être manuel, dans les zones où la main d’œuvre est abondante, ou mécanique, et donc avec un alignement très régulier, dans les zones plus riches où les agriculteurs disposent de machines.
Dans les pays en développement, et notamment au Vietnam, le repiquage manuel, qui est la méthode de plantation traditionnelle est progressivement remplacée par le semis direct en raison de l’augmentation du coût de la main d’œuvre. En conséquence, la densité des plantes de riz dans les rizières est plus élevée.
Les méthodes de plantation vont influencer le signal de télédétection par deux aspects : la présence ou non d’eau en début de saison et la densité des plantes.
Morphologie et cycle de croissance du riz
Le riz (Oryza sativa), originaire de l’Inde et de la Chine, se décline traditionnellement en deux cultivars principaux, indica et japonica. Le riz indica possède des grains longs et étroits. Il est cultivé dans les régions humides des tropiques et sub-tropiques et possède un rendement assez faible. Le riz japonica, aux grains ovales ou ronds, pousse dans les zones tropicales ou tempérées, et possède un fort rendement. A partir du milieu des années 60, des cultivars hybrides ont été créés. Ils possèdent de forts rendements et un cycle de croissance plus court, ce qui permet d’obtenir plusieurs récoltes de riz par an, jusqu’à 3 dans les zones irriguées tropicales. En fonction des variétés utilisées et des conditions climatiques, le cycle de culture du riz peut varier de 90 à plus de 150 jours.
La phase végétative s’étend de la germination à l’initiation florale. Elle se caractérise par une émission importante de talles (tiges secondaires naissant à la base de la tige principale), une augmentation de la hauteur de la plante, et le développement de feuilles à des intervalles réguliers. Environ 40 à 65 jours après le repiquage, les touffes couvrent totalement les espaces entre les plantes. Pendant toute cette période, la structure de la plante reste érectophile : les talles sont quasi-verticaux et les feuilles ont un angle d’insertion faible (5 à 20°).
La phase reproductive comprend les stades d’épiaison/floraison : diminution du nombre de talles, développement de la feuille paniculaire, formation et floraison des panicules. Elle dure de 25 à 35 jours. La hauteur des plantes se stabilise et l’angle d’insertion des feuilles augmente pour atteindre 30 à 40°, faisant perdre à la plante son allure verticale.
La phase de maturation se traduit par le mûrissement des grains et l’assèchement de la plante, et dure de 25 à 40 jours.
La télédétection : potentiel pour le suivi des rizières
Questions : quelles familles d’instruments de télédétection spatiale sont aptes à observer les rizières ? Lesquelles peuvent fonctionner à l’échelle régionale voire globale, avec une fréquence temporelle élevée ?
Les techniques de télédétection consistent à identifier des caractéristiques de la surface terrestre et à estimer leurs propriétés bio-géophysiques en utilisant l’information portée par le rayonnement électromagnétique émis ou réfléchi par ces surfaces, dans un certain domaine de longueurs d’onde ou de fréquences1. Ce rayonnement électromagnétique est capté par des instruments situés à grande distance des cibles observées : sur un avion ou un hélicoptère pour la télédétection aéroportée, et sur un satellite ou une navette spatiale pour la télédétection spatiale. C’est cette distance qui permet d’observer de grandes surfaces de manière synoptique. Pour répondre aux besoins de répétitivité de l’observation, nous nous ne nous intéressons ici qu’aux systèmes orbitaux, c’est-à-dire portés par des satellites.
La variété des instruments de télédétection est grande, tout comme leur gamme d’applications. Certains instruments comme les altimètres permettent d’obtenir des acquisitions monodimensionnelles, c’est-à-dire localisées spatialement sur la surface terrestre le long d’une ligne située à la verticale de la trajectoire du satellite qui le porte. Pour la problématique qui nous concerne, nous nous intéressons toutefois ici uniquement aux systèmes imageurs, qui permettent des acquisitions bidimensionnelles sous forme d’images de la surface observée
On distingue tout d’abord les systèmes actifs et passifs, selon que l’onde détectée est initialement émise par le système et réfléchie par la cible pour le premier cas, ou bien soit émise par une source externe et réfléchie par la cible, soit émise directement par la cible, pour le second cas. Une seconde distinction concerne le domaine électromagnétique auquel appartient le rayonnement enregistré par les capteurs, avec principalement deux grandes familles d’instruments : ceux qui opèrent dans le domaine optique, et ceux qui opèrent dans le domaine des micro-ondes.
1 La longueur d’onde λ et la fréquence f d’une onde électromagnétique sont liées par la relation : λ=c/f où c est la vitesse de la lumière (299 792 458 m/s). Une petite longueur d’onde correspond donc à une fréquence élevée, et inversement.
Les imageurs optiques
Dans le domaine optique, les gammes de longueur d’onde concernées comprennent la lumière visible (longueur d’onde : 380-760 nm ; fréquence : 400-790 THz), et par extension les infrarouges (0,76-10 µm ; 0,3-400 THz), et plus rarement les ultraviolets (10-380 nm ; 0,79-30 PHz). Les imageurs optiques sont des systèmes passifs qui enregistrent sur leurs capteurs le rayonnement optique issu du soleil et réfléchi par les surfaces observées. De par leur modalité de fonctionnement, ces systèmes ne peuvent effectuer des observations que de jour et sans couverture nuageuse. Cette contrainte est assez limitante dans le cas de l’observation des rizières car celles-ci sont situées en majorité dans les zones tropicales, où la présence de nuages est fréquente. Les instruments qui mesurent ces intensités de flux électromagnétiques lumineux sont des radiomètres, fournissant des mesures panchromatiques, et des spectroradiomètres, fournissant des mesures en fonction de la longueur d’onde, permettant de constituer des données multispectrales. Les imageurs optiques actuellement en orbite fonctionnent sur une grande gamme de résolutions spatiales, de quelques dizaines de centimètres à quelques centaines de mètres. En raison de la bande passante limitée des systèmes spatiaux, la largeur de fauchée des acquisitions décroît quand la résolution spatiale s’améliore et quand le nombre de bandes spectrales acquises augmente. Il y a donc un compromis à trouver entre la finesse d’observation (spatiale et spectrale) et la taille de la zone couverte. De par le besoin d’observations à l’échelle régionale voire continentale, nous devons privilégier les systèmes permettant des acquisitions avec une large fauchée, ce qui laisse de côté un certain nombre de systèmes imageurs optiques récents qui privilégient plutôt la résolution spatiale ou l’information spectrale (systèmes hyperspectraux).
Dans ce domaine optique, la réponse spectrale des surfaces végétales est dominée par la réponse particulière de la chlorophylle, qui s’exprime notamment par une faible réflectance dans le bleu et le rouge, une réflectance un peu plus élevée dans le vert, et très élevée dans le proche infrarouge. Pour cette raison, les principaux systèmes optiques multispectraux (par exemple Landsat, SPOT, MODIS, MERIS) ont intégré une bande rouge et une bande infrarouge afin de rendre possible l’observation de l’activité photosynthétique, et donc de la végétation, par l’intermédiaire notamment d’indices de végétation comme par exemple la différence normalisée des réflectances proche infrarouge et rouge, nommé NDVI (Normalized Difference Vegetation Index). Ces indices de végétation utilisés tels quels ne permettent cependant pas de distinguer le riz des autres types de végétation, sauf dans les régions où le riz a une phénologie qui lui est exclusive et qui permettrait de le distinguer temporellement sans ambiguïté. Comme indiqué dans la partie précédente, dans la plupart des rizières, l’apparition de la végétation est précédée d’une période pendant laquelle les champs sont inondés. Cette caractéristique peut être exploitée spectralement afin de distinguer le riz des autres types de végétation. Des indices sensibles à l’eau et à l’humidité faisant intervenir la réflectance en moyen infrarouge, comme par exemple la différence normalisée des réflectances proche infrarouge et moyen infrarouge, appelé NDWI (Normalized Difference Water Index), ont été utilisés conjointement aux indices de végétation pour détecter les rizières grâce à leur comportement spécifique lors de l’inondation des champs, notamment par Xiao et al. (2002a), Xiao et al. (2002b), Xiao et al. (2005), Xiao et al. (2006) et Van Niel et McVicar (2003). A cause de l’effet des nuages, les données optiques couvrant de larges zones, à partir desquelles on peut dériver les indices de végétation et d’eau, sont souvent calculées sur des images issues de la synthèse d’observations quasi-quotidiennes sur 8 ou 10 jours (MODIS ou SPOT/VGT). Cette fréquence d’observation de l’ordre de la dizaine de jours est insuffisante pour être certain de détecter le comportement spectral spécifique présent lors de la phase d’inondation, qui dure entre 5 et 15 jours en général. Les imageurs optiques semblent donc intrinsèquement limités par rapport aux objectifs fixés dans cette thèse.
Les imageurs micro-ondes
La famille d’instruments de télédétection qui fonctionnent dans le domaine des micro-ondes (0,75-100 cm ; 0,3-40 GHz) regroupe à la fois des systèmes passifs, qui captent les micro-ondes émises naturellement par la surface terrestre, et des systèmes actifs : les diffusiomètres et les radars.
Les systèmes passifs ne semblent pas adaptés au suivi de la végétation, et sont utilisés principalement en météorologie, hydrologie et océanographie.
Les diffusiomètres fonctionnent à basse résolution et sont utilisés principalement pour l’observation des vagues et l’estimation de la vitesse des vents sur les océans, et pour la détection de glace de mer.
Les radars (RAdio Detection And Ranging – détection et estimation de la distance par ondes radio) sont, dans leur acception générale, des systèmes constitués d’une antenne émettrice qui envoie une onde électromagnétique vers une cible, et d’une antenne réceptrice qui récupère l’onde rétrodiffusée par la cible. Lorsque les antennes émettrices et réceptrices sont en fait la même antenne, ou sont situées très proches l’une de l’autre comparativement à la distance antenne-cible, on parle de configuration monostatique. Lorsque les deux antennes sont séparées, on parle de configuration bistatique, voire multistatique dans le cas de plusieurs antennes réceptrices. Les radars imageurs utilisés en télédétection spatiale sont des radars à synthèse d’ouverture, couramment appelés SARs (pour Synthetic Aperture Radar). Tous les SARs actuellement embarqués sur des satellites civils sont en configuration monostatique. Le principe de la synthèse d’ouverture consiste à affiner virtuellement l’ouverture de l’antenne à l’aide d’un traitement électronique approprié, afin d’améliorer ainsi la résolution azimutale. De tels systèmes permettent d’atteindre des résolutions de l’ordre de quelques mètres pour les plus récents, et jusqu’à 1km pour certaines applications, pour des largeurs de fauchée allant d’une dizaine de kilomètres jusqu’à 500km. Comme pour les imageurs optiques, la résolution spatiale et la largeur de fauchée sont des paramètres concurrentiels.
Outre la résolution spatiale, la configuration d’un SAR est caractérisée principalement par trois paramètres : la fréquence d’émission, la polarisation d’émission et de réception, et l’angle d’incidence.
Différentes bandes de fréquences sont utilisées par les SARs aéroportés et spatiaux. Celles-ci sont présentées dans le Tableau 1. L’interaction de l’onde électromagnétique avec la cible terrestre se fait avec les diffuseurs présents dans la cellule de résolution dont les dimensions sont du même ordre que la longueur d’onde considérée. Dans le cas des plantes de riz, la taille des diffuseurs peut aller de quelques centimètres (épis, feuilles) à quelques dizaines de centimètres (feuilles, tiges). Les SARs adaptés à l’observation des rizières fonctionnent dont a priori plutôt dans les bandes Ka à L. En pratique cependant, seules les bandes X, C et L sont présentes sur les satellites actuellement en opération et sont donc prises en compte dans cette discussion.
Principe de fonctionnement
Radar à ouverture réelle
Afin d’expliquer le principe de fonctionnement d’un radar à synthèse d’ouverture, nous allons tout d’abord présenter celui d’un radar à ouverture réelle. On suppose que le radar est installé sur une plateforme satellite se déplaçant autour de la Terre suivant un vecteur vitesse v , à une altitude H. On définit l’axe azimutal comme étant l’axe de déplacement du satellite projeté au sol. L’axe horizontal perpendiculaire à l’axe azimutal est l’axe radial ; le plan radial est le plan comprenant la verticale passant par le satellite et l’axe radial.
La Figure 2 illustre cette configuration spatiale. On considère ici, pour simplifier la figure, une géométrie plane, ce qui ne correspond pas au cas des instruments portés par des satellites. Cette représentation est donc légèrement inexacte, mais les ordres de grandeur des différents paramètres décrits sont conservés.
L’angle θ est appelé angle de visée, ou angle d’incidence, et l’angle βa représente l’angle d’ouverture azimutale à -3dB de l’antenne.
Les sources d’imprécision dans la mesure radar
La qualité de la caractérisation des cibles dépend de la precision de l’estimation du coefficient de rétrodiffusion, et donc de la précision avec laquelle on peut déterminer la constante d’étalonnage K. Dans le cas d’un système parfait, on peut calculer la valeur de cette constante théoriquement, car on connaît toutes les variables dont elle dépend : gain de l’antenne, longueur d’onde, surface au sol de la cible, distance antenne-cible et impédance du vide. Néanmoins, dans le cas d’un système réel, de nombreuses sources d’imprécision peuvent perturber la mesure : défauts de l’antenne, des composants électronique, perturbations dans le milieu de propagation.
Freeman (1991) a proposé un modèle reliant la matrice de diffusion mesurée par le système, notée Y, à la matrice de diffusion réelle de la cible S, décrivant ainsi les effets des imperfections du système : YY 1 δ S S 1 δ hh hv Ae jΦ 2 hh hv 2 (II-7) g δ1 g Yvh Yvv δ1 Svh Svv.
A représente un facteur d’amplitude absolu, Φ représente une phase absolue, δ1 (respectivement δ2) représente la diaphonie lorsqu’un champ en polarisation verticale (respectivement horizontale) est émis ou reçu, et g représente le déséquilibre de gain en amplitude des co-polarisations pour un aller-simple. La phase absolue Φ est perdue lors de la mesure, et n’est donc pas prise en compte ici. Mis à part A et Φ, tous les paramètres de ce modèle sont complexes. Dans le cas d’un système idéal, on a A=1, δ1=δ2=0 et g=1. Ces termes sont explicités dans les paragraphes suivants.
L’étalonnage radiométrique
Le paramètre A influe directement sur la valeur de la constante d’étalonnage K et dépend de plusieurs facteurs qui sont sujets à des fluctuations sur des échelles de temps variables, de l’ordre d’une révolution orbitale (sensibilité des composants électroniques aux variations de température) comme de l’ordre de la durée de vie du satellite (vieillissement des composants, modification du diagramme d’antenne).
L’étalonnage d’un instrument, c’est-à-dire la détermination de A, et donc de K, se fait de deux manières qui se complètent : l’étalonnage interne et l’étalonnage externe.
L’étalonnage interne consiste à compenser la dérive des fonctions de transfert de l’instrument en utilisant des boucles de rétroaction appliquées au signal transmis. Elle se fait donc à bord du satellite, en temps réel.
L’étalonnage externe utilise des cibles de référence dont on connaît la signature radar (typiquement, des réflecteurs en coin) ou des transpondeurs situés au sol pour affiner l’estimation de la constante d’étalonnage. Dans le cas d’ASAR, la mise à jour des constantes d’étalonnage issue de la calibration externe est effectuée tous les 6 mois.
La qualité de l’étalonnage peut être mesurée par différents paramètres qui sont détaillés dans les sous-parties suivantes.
Précision radiométrique (Radiometric accuracy)
La précision radiométrique représente la précision moyenne que l’on a sur l’estimation de A, et donc du coefficient de rétrodiffusion, sur un instrument donné. Elle peut être mesurée comme étant la valeur absolue de la différence moyenne entre la rétrodiffusion mesurée par l’instrument et la rétrodiffusion nominale supposée connue d’une cible.
La précision radiométrique est cruciale pour les applications qui consistent à inverser le coefficient de rétrodiffusion en un paramètre biogéophysique comme par exemple l’humidité du sol ou la biomasse d’une parcelle forestière. Ce paramètre n’a cependant en principe pas d’impact sur les rapports d’intensité, pour lesquels les erreurs de mesure absolue s’annulent.
Les valeurs typiques des systèmes actuels sont en principe inférieures à 0,5dB. Pour le capteur ASAR, l’analyse des rapports mensuels de performance3 de l’instrument indique que la précision radiométrique se situe autour de 0,09dB pour le mode APP et entre 0,11 et 0,15dB pour le mode WSM.
Stabilité radiométrique (Radiometric Stability)
La stabilité radiométrique est un indicateur de la variabilité du paramètre A entre deux passages du satellite. Elle mesure la dérive de la rétrodiffusion d’une même cible supposée constante mesurée par un instrument à l’échelle de plusieurs périodes de revisite du satellite. Elle est donc un paramètre important pour les applications qui utilisent des séries temporelles d’images acquises à chaque revisite du satellite, comme par exemple le suivi agricole. On la quantifie en calculant l’écart-type de la rétrodiffusion d’une cible de référence mesurée par l’instrument à plusieurs reprises.
Ses valeurs typiques sont, pour les systèmes actuels, entre 0,3 et 1dB. Pour ASAR, les rapports mensuels de performance donnent une stabilité radiométrique de 0,41dB pour le mode APP et enre 0,6 et 0,8dB pour le mode WSM.
L’étalonnage polarimétrique
Mises à part les erreurs radiométriques qui touchent les canaux indifféremment, deux phénomènes affectent les termes de la matrice de rétrodiffusion de manière différente selon leur polarisation : le déséquilibre de gains entre canaux et la diaphonie (cross-talk). Ces défauts peuvent être corrigées par un étalonnage spécifique, notamment lorsque des acquisitions polarimétriques sont disponibles, mais une erreur résiduelle subsiste en général.
Déséquilibre du gain entre canaux (Channel Gain Imbalance)
Le déséquilibre du gain entre canaux, g, mesure la différence de précision radiométrique entre les deux polarisations à l’émission et à la réception. La matrice de diffusion mesurée en présence d’un tel déséquilibre vaut : Y Y S g ⋅ S hh hv hh 2 hv (II-8).
Ce paramètre a un impact notamment sur les méthodes qui utilisent des rapports de polarisation. En effet, on peut voir que le rapport du coefficient de rétrodiffusion des deux co-polarisations est modifié par un facteur |g|4, et le rapport d’une co-polarisation et d’une polarisation croisée par un facteur |g|2. Ce facteur n’a pas d’impact sur des séries de données mono-polarisation. Les valeurs typiques de |g|4 sont en principe inférieures à 0,5dB.
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Table des matières
CHAPITRE 1 INTRODUCTION GENERALE
1.1. Contexte et objectifs
1.2. Méthode
1.3. Culture et morphologie du riz
1.3.1. Les pratiques culturales
1.3.2. Morphologie et cycle de croissance du riz
1.3.3. Résumé
1.4. La télédétection : potentiel pour le suivi des rizières
1.4.1. Les imageurs optiques
1.4.2. Les imageurs micro-ondes
1.5. SAR et rizières : état de l’art
1.5.1. Bande X
1.5.2. Bande C
1.5.3. Bande L
1.5.4. Synthèse
1.6. Approche et plan de la thèse
CHAPITRE 2 PRINCIPES DE L’IMAGERIE RADAR A SYNTHESE D’OUVERTURE
2.1. Introduction
2.2. Principe de fonctionnement
2.2.1. Radar à ouverture réelle
2.2.1.1. Résolution radiale
2.2.1.2. Résolution azimutale
2.2.1.3. La formation de l’image
2.2.2. Radar à synthèse d’ouverture
2.3. L’information enregistrée
2.3.1. La matrice de diffusion
2.3.2. Le coefficient de rétrodiffusion
2.4. Les sources d’imprécision dans la mesure radar
2.4.1. L’étalonnage radiométrique
2.4.1.1. Précision radiométrique (Radiometric accuracy)
2.4.1.2. Stabilité radiométrique (Radiometric Stability)
2.4.2. L’étalonnage polarimétrique
2.4.2.1. Déséquilibre du gain entre canaux (Channel Gain Imbalance)
2.4.2.2. Diaphonie (Cross-talk)
2.4.3. Rapport d’ambiguïté (Ambiguity Ratio)
2.5. Statistique du signal SAR : speckle, nombre de vue
2.5.1. Le « bruit » de speckle
2.5.2. Le nombre de vues d’une image
2.5.3. Les techniques de filtrage pour réduire le speckle
2.6. Conclusion
CHAPITRE 3 MODELE D’ERREUR POUR LES METHODES DE CLASSIFICATION BASEES SUR UN RAPPORT D’INTENSITE SAR.
3.1. Introduction
3.2. Le modèle d’erreur
3.2.1. Formulation du problème
3.2.2. Expression de l’erreur
3.3. Résultats
3.3.1. Les erreurs d’étalonnage
3.3.1.1. Le déséquilibre de gains entre canaux
3.3.1.2. La stabilité radiométrique
3.3.2. Les autres paramètres du système SAR
3.3.2.1. Le rapport d’ambiguïté
3.3.2.2. La fréquence de revisite
3.4. Validation sur des données réelles
3.5. Conclusions
3.6. Article
CHAPITRE 4 CARTOGRAPHIE DES RIZIERES BASEE SUR LE RAPPORT DE POLARISATION HH/VV
4.1. Introduction
4.2. Résultats
4.2.1. Etude statistique
4.2.2. Cartographie et validation
4.3. Conclusions
4.4. Article
CHAPITRE 5 CARTOGRAPHIE DES RIZIERES A LARGE ECHELLE BASEE SUR LE CHANGEMENT TEMPOREL DE LA RETRODIFFUSION
5.1. Introduction
5.2. Résultats
5.2.1. Méthode
5.2.2. Cartographie et validation
5.3. Conclusions
5.4. Article
CHAPITRE 6 CONCLUSION GENERALE
6.1. Résumé des travaux
6.2. Perspectives
ANNEXES
ANNEXE A
ANNEXE B
ANNEXE C
ANNEXE D
BIBLIOGRAPHIE
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