Carreaux de pavement de la forteresse de blanquefort, perspectives historiques

DES ETUDES ET UNE MONOGRAPHIE

Plusieurs études universitaires ont été menées sur la collection des carreaux de Blanquefort avant que la monographie ne soit publiée. En 1977-1978, C. Hanusse réalisa son mémoire de maîtrise sur les collections de carreaux appartenant au Musée d’Aquitaine et à la Société Archéologique de Bordeaux. Elle y intégrait en outre « les carreaux découverts lors de fouilles ou de travaux plus ou moins récents », notamment ceux de la forteresse de Blanquefort. Son étude portant sur l’ensemble de la Gironde recense ainsi 91 motifs*. Un premier inventaire a été dressé par C. Guilleux et P. Lestrade dans le cadre de leur licence en 1988. Cependant ce travail reste incomplet. En 1989, C. Raffaillac -Desfosses oriente sa thèse sur les Céramiques glaçurées médiévales: recherche de données physiques sur les techniques de fabrication et sur l’altération. C’est à l’occasion de cette thèse qu’en mai 1990, le C.R.I.A.A. a organisé un séminaire : Etudes et recréation d’éléments de l’architecture médiévale en terre cuite estampée et glaçurée. A cette occasion, A. Tridant présente l’avancement de ses travaux qui seront publié quinze ans plus tard . L’ensemble de ces travaux a été pris en compte lors des études menées par A. Tridant.
Le livre d’A. Tridant, Les pavements de la forteresse de Blanquefort paru en 2005 constitue un catalogue récapitulatif des carreaux de pavement mis au jour à Blanquefort. A. Tridant, attaché depuis 1997 à la sauvegarde du château de Blanquefort , a consacré une quinzaine d’années aux résultats des fouilles du chantier et notamment aux carreaux de pavement. L’entreprise de son ouvrage, une étude exhaustive de la collection de Blanquefort est courageuse. Le travail d’inventaire, de catalogage et d’identification des séries et des motifs demandaient un temps considérable, entre autre avec les vérifications (les carreaux ont étaient trouvés lors de fouilles ou de collectes étendues sur 40 ans).

CARREAUX DE PAVEMENT : HISTOIRE ET FABRICATION

HISTOIRE

Les sols les plus prestigieux de l’Antiquité, où la mise en couleur de l’espace bâti comprenait systématiquement les sols, restent un modèle de référence au Moyen Age. En effet, le décor des sols a revêtu une importance considérable dans les édifices de pr estige et dans les demeures des puissants depuis la plus haute antiquité. La civilisation romaine a diffusé au monde méditerranéen l’usage de pavement en mosaïque.
Durant l’Antiquité, deux traditions de mosaïques ont coexistés, l’opus tessellatum et l’opus sectile. L’opus tessellatum est constitué de petits cubes de différentes couleurs, simples cailloux, terre cuite, morceaux de marbre dont l’ensemble formait un motif, un dessin de figures animales ou humaines ou encore des rinceaux. L’opus sectile quant à lui consistait en de grands morceaux de marbre assemblés pour former généralement des décors géométriques.
Au XII e et XIII e lorsque l’Italie redécouvre l’art de la céramique, les églises adoptent largement l’opus alexandrinum. Ce terme désignait à l’origine un pavement de porphyre rouge et vert, puis dans un sens plus général il qualifie un pavement formé de disque de marbre coloré, installé entre des bandes d’entrelacs et de motifs géométriques, découpés dans de plus petits morceaux de marbre ou de pierre de couleurs contrastantes.
Très admirée, la tradition de ces pavements en opus tesssellatum ou en opus sectile s’est conservée en particulier dans les édifices religieux jusqu’au Haut Moyen Age par le biais de l’Eglise chrétienne. Jusqu’au XII e siècle, on utilise la mosaïque pour décorer notamment les églises carolingiennes. Cependant, plutôt que de créer de nouvelles mosaïques, on faisait un remploi des mosaïques antiques.
On assiste jusqu’au XIIIe siècle et particulièrement à cette période, à la résurgence de l’antique technique des dalles incrustées. Ces dalles sont des plaques de pierre sculptées d’un motif en relief dont les creux sont remplis de plomb ou de mastic.
La raréfaction des « gisements antiques » au moment où le secteur de la construction connait un essor incessant semble être une des raisons qui explique l’engouement pour les dalles gravées et les pavements en terre cuite glaçurée. Les dalles gravées demandent un travail délicat et des artistes adroits pour leur fabrication, le prix de revient est relativement élevé. Ce coût ainsi que l’indisponibilité croissante de pierres convenant à la taille des dalles ont favorisé le développement de pavage de carreaux vernissés dont la matière première est plus disponible.
Ce sont d’abord des carreaux mosaïques, des carreaux de formes diverses, chacun d’une seule couleur qui, par leur combinaison formaient des motifs géométriques simples et répétitifs. Ils ne sont au début que des copies en terre cuite de mosaïque en opus sectile et opus alexandrinum. Ils forment des dessins compliqués dans les grands édifices du XII e siècle et notamment dans les églises clunisiennes. C’est un carrelage que l’on peut qualifier de roman dans le sens originel du terme, même s’il caractérise la période du premier gothique . En effet, ils puisent leur inspiration dans la décoration monumentale de l’époque, aussi bien que dans les mosaïques de l’Antiquité tardive.

VOCABULAIRE

Comment entrer dans le vif du sujet sans disposer, au préalable, d’un vocabulaire adapté ? Afin de définir le vocabulaire adéquat, je me suis principalement fondée sur les travaux d’A. Tridant et sur la thèse de B. Cicuttini.

Carreau et pavé

Ces deux termes semblent souvent confondus dans les différentes études au fil du temps. Le terme de pavé est plutôt réservé pour les voieries et les espaces publics, il est taillé et d’une facture grossière ce qui ne correspond pas à la définition d’un carreau. Le pavé semble ainsi plus approprié pour les surfaces de cour ou de rue, d’extérieur plutôt que pour les sols d’habitation. Le terme de carreau se généralise dés le XIII e siècle pour désigner les éléments qui revêtent un sol d’intérieur pour remplacer le terme originel de « quarel » en vieux français en 1160 . Il se distingue des dalles par une dimension plus réduite.
Si le terme de carreau s’établit pour définir l’objet étudié, qu’en est -il de ses qualificatifs, auquel on l’associe ? Dans un ensemble, les carreaux forment-ils un dallage, un carrelage, un pavage ou un pavement ? Sont-ils couverts, vernis, émaillés ou encore glaçurés ?

Dallage, carrelage, pavage et pavement

L’ensemble auquel le dallage semble se référer est un agencement de dalles et non de carreaux. Le terme de carrelage, utilisé pour désigner un sol composé de carreaux ou de plaques, est en revanche adapté pour parler des ensembles agencés de carreaux de céramique.
Le pavage renvoie à un sol extérieur, réalisé en matériaux solides et semble adapté pour parler de pavés et non de carreaux. A la différence du mot pavage qui désigne un sol simplement recouvert de pavés, de galets ou de carreaux en terre cuite, le terme de pavement s’applique à une réalisation plus ambitieuse qui affiche d’emblée un caractère plus luxueux et ostentatoire.
Le pavement se distingue du pavage par la qualité des matériaux et/ou du travail mis en œuvre pour le réaliser. Les termes de pavement, pavage et carrelage sont utilisés tour à tour au Moyen Age. L’emploi de ses termes se fixera au fil du temps.

Le moulage

L’extraction de l’argile se faisait probablement à l’automne ou en hiver car durant cette saison le travail s’arrêtait et la terre était stockée à l’air libre où elle subissait l’action des intempéries. En effet si les intempéries (pluie et gel) suspendent le travail de l’artisan (les tuiles et carreaux ne peuvent sécher convenablement durant cette saison et risquent d’être abimés par le gel), elles favorisent la « maturation » de la terre. Les pierres, cailloux et autres « impuretés » peuvent provoquer des altérations dans la pâte et éclater lors de la cuisson.
L’argile utilisée pour la fabrication des carreaux peut ou non subir cette préparation initiale.
On peut avoir affaire à des pâtes d’une grande finesse qui laissent supposer que les argiles ont été nettoyées et malaxées, soit à des argiles plus grossières avec inclusions et parfois des cailloux.
L’argile était ensuite, au printemps, foulée par un ouvrier jambes nues pour achever d’éliminer les impuretés . L’argile pouvait alors être mélangée à un sable fin ou un autre dégraissant pour lui donner la consistance voulue : pas trop grasse pour éviter les déformations du séchage et l’éclatement à la cuisson, mais pas trop sableuse pour éviter la friabilité.
L’artisan sablait la surface de l’établi ou de la table de moulage pour éviter l’adhérence de l’argile. Il pouvait également utiliser de la cendre. L’argile est ensuite moulée humide avec des cadres en bois, en prenant garde de ne laisser aucun vide. Celui possède quatre côtés mais pas de fond. Ils so nt semblables à ceux utilisés pour les tuiles, mais de forme carrée et plus épais. De même les carreaux sont moulés plus larges qu’ils ne seront après leur cuisson (quelques centimètres de plus). L’excédent de pâte est ôté avec une raclette en bois.
Le carreau est démoulé alors qu’il est encore mou et il garde l’empreinte du sable à son revers. Afin de faciliter le séchage, des entailles peuvent être effectuées au couteau au revers du carreau.
A. Tridant propose d’attendre quelques heures et la consistance « cuir » du carreau avant de le démouler. Pour le démouler on peut retourner une planette * préalablement placées sous le carreau ou on utilise une spatule à manche pour le décoller de la table de travail si la planette n’est pas utilisée.
Après démoulage, le carreau, alors mou, subit un bref et premier séchage. Dés qu’on peut le manipuler sans risque de déformation, on le revêt de son décor.
Les carreaux étaient généralement de forme carrée. Ils sont alors plus faciles à fabriquer, à placer pour le séchage et la cuisson et à disposer dans le pavement. Cependant, il est souvent nécessaire d’avoir recours à d’autres formes comme le triangle ou le rectangle, pour les bordures par exemple. L’artisan incise alors profondément le carreau jusqu’à la moitié de son épaisseur. Une pression à l’arrière du carreau suffit à le fragmenter à l’issue de la cuisson.

LA COLLECTION DE BLANQUEFORT

Les pages qui suivent sont exclusivement fondées sur l’ouvrage d’A. Tridant qui permet une étude de la collection de Blanquefort.
Malgré son état fragmentaire et le fait qu’elle ait été retrouvée hors contexte (le pavement a été déposé) la série de Blanquefort est particulièrement intéressante par la quantité de matériel retrouvée et la diversité des motifs employés, puisque 58 dessins différents ont été relevés. C’est la deuxième collection d’Aquitaine derrière celle du château de Villandraut (comptant plus de 2 000 éléments et 63 motifs inventoriés.
La plupart des carreaux retrouvés à Blanquefort mesurent 11 x 11 cm. Quelques uns sont de format rectangulaire, avec une longueur égale à une fois et demie la largeur et d’au tre triangulaire. Quatre types de carreaux ont été recensés : 55 exemplaires carrés, 2 de format carré prédécoupés, 120 triangulaires et 1 curviligne. L’épaisseur de ces carreaux va de 1,7 à 3,9 cm, la moyenne étant de 2,5 cm. La profondeur d’estampage du décor, en ce qui concerne les carreaux estampés est de 0,5 à 2 mm er rarement de 3mm.
Une part de la collection est constituée de carreaux monochromes. Tous les carreaux de Blanquefort sont réalisés à base d’argile rouge et lorsque qu’ il y a un décor apposé, il présente une terre de couleur blanche. De rares carreaux présents dans la collection présententun décor peint à la barbotine. Cette technique a été utilisée pour des motifs uniquement géométriques. On observe les quatre couleurs : jaune, vert, brun clair et brun foncé.
Les motifs des carreaux bicolores décorés ont été classés en 5 genres dans la monographie : géométrique (274 fragments pour 17 motifs), héraldique (185 fragments pour 16 motifs), zoomorphe (153 fragments pour 11 motifs), végétal (115 fragments pour 7 motif s) et anthropomorphes (81 fragments pour 7 motifs). A. Tridant a dénombré au total 58 motifs (les 17 fragments dont le motif n’a pu être identifié par l’auteur ne sont pas inclus).
La collection de Blanquefort présente une variété typologique que l’on n’observe pas à Villandraut . En effet, des différences techniques ont pu être mises en évidence entre les carreaux. Ces différences concernent leurs dimensions, leurs vernis, la qualité de leur dessin, etc. La collection n’étant pas homogène, A. Tridant a distingué six séries typologiques. Pour cela, il s’est fondé dans un premier temps sur la qualité du dessin des carreaux bicolores. Les carreaux monochromes ont ensuite été insérés dans les séries ainsi constitué par l e biais de caractères typologiques proches (dimensions, couleur, qualité de l’argile et de la glaçure). Ces six séries sont associées par A. Tridant à un adjectif qui les résume. Elles sont décrites dansl’ouvrage d’A. Tridant. On peut remarquer que seules les quatre premières séries concernentles carreaux estampés. Pour avoir un aperçu des motifs par série, on se réfèrera àl’Annexe IV-1.
La série A, dite « commune ». C’est la série la plus abondante de la collection avec 602 fragments. Tous les genres de carreaux y sont représentés. La plus grande variété de motifs se trouve dans cette série. En ce qui concerne les carreaux monochromes, ce sont les grands carrés brun clair non recouverts de barbotine qui s’en rapprochent. Globalement, les largeurs des carreaux varient entre 11 et 12 cm, les épaisseurs entre 2,3 t 3,7 cm et la profondeur des estampages entre 0,5 et 2 mm. L’argile utilisée est en ocre rouge de facture assez grossière. Le dessin est de très bonne qualité et élégant, la terre cuite du décor est blanche. Sous la glaçure, le décor apparaît jaune moyen. La glaçure n’est pas homogène et vire parfois au verdâtre. Sur la plupart des carreaux la glaçure est souvent usée car peu épaisse.
La série B, dite « améliorée ». Elle est aussi qualifiée de « variante luxueuse de la série A ». Elle regroupe 79 fragments. Les carreaux les plus épais et les moins larges constituent cette série, ainsi que des formats rectangulaires et triangulaires. Comme dans la série A, tous les types sont représentés mais on a moins de motifs. Les largeurs des carreaux varient entre 10,1 et 10,7 cm, les épaisseurs entre 2,6 et 3,6 cm, la profondeur des estampages de 1 à 2 mm. L’argile utilisée est plus rouge qu’ocre. Le dessin est comparable à celui de la série A, mais celui-ci est plus largement étalé sur la surface du carreau. Le décor est blanc et rosé et apparait jaune d’or sus la glaçure. La glaçure est brune, épaisse et régulière. Elle a souvent débordés sur les flancs et le revers du carreau. On trouve dans cette série les quelques carreaux glaçurés au verso de la collection. Elle a semblait mieux adhérer à la terre de support qu’à celle qui a servi aux décors. Cette série est spécifique à Blanquefort, aucun autre carreau de ce type n’a encore été observé sur un autre site en Gironde.

UN OBJET HISTORIQUE

ESSAI DE CHRONOLOGIE

LA DATE DE POSE ET DE DEPOSE

Il est ardu de dater à un siècle prés des œuvres dont l’anonymat et parfois le remploi ne facilite guère le travail du chercheur. Dans certains cas, mais c’est exceptionnel, on possède des pièces d’archives (mais ce n’est pas le cas à Blanquefort ). Dans d’autres cas, une date est donnée ou alors on se base sur la ressemblance avec des carreaux dont la date est connue. On peut également trouver une source de précision chronologique dans des détails datés autrement comme ceux de l’armement des hommes d’armes représentés. Cependant cette technique de datation doit rester prudente. « Si les sceaux et les monnaies permettent de cerner chronologiquement l’apparition et la mode vestimentaire, il ne faut appliquer ces dates aux carreaux qu’avec une extrême précaution. Il est vraisemblable qu’un certain délai ait été parfois nécessaire pour qu’un tuilier traduise une mode vestimentaire dans le décor des pavements. De même les poncifs perduraient souvent et il faut considérer que l’artisan ne renouvelait pas forcément son répertoire au rythme de l’évolution de la mode »
On en est souvent réduit à des hypothèses. Comme par exemple s’appuyer sur le caractère itinérant de l’industrie des carreaux qui est connue et en déduire que le pavement d’une petite église est postérieur à celui d’une abbaye plus importante qui sert d’exemple et dont les artistes vont ensuite travailler en d’autres lieux.
En dépit de nombreuses tentatives fondées sur des méthodes d’analyse scientifique, aucune datation précise ne peut être établie dans le cas du pavement de la forteresse de Blanquefort. En l’absence de sources écrites sur la commande et la pose de ces pavements, il faut en revenir à une analyse archéologique du monument et à son histoire et émettre deshypothèses. Aujourd’hui, si plusieurs hypothèses ont été évoquées, aucune ne prévaut sur une autre.

UN OU PLUSIEURS ATELIERS ? MEMOIRE DE C. HANUSSE

Le premier travail sur une typologie des carreaux de pavement à une échelle régionale est celui de C. Hanusse avec son mémoire de maîtrise en 1977-1978 . Outre les collections du Musée d’Aquitaine et de la Société Archéologique de Bordeaux, cette étude concerne des édifices castraux et religieux : châteaux de Langoiran, Blanquefort, Villandraut, tour de Veyrines (Mérignac), abbayes de Sainte-Croix, Saint-Seurin, la Sauve-Majeur et prieuré de Saint-Macaire (la cathédrale Saint-André ne présente qu’un spécimen). Les carreaux retrouvés dans des déblais au niveau des allées de Tourny ont été pris en compte . C. Hanusse souligne déjà la difficulté du manque d’informations relatives au contexte archéologique de tous ces carreaux. Son travail consiste alors en un catalogue. Elle s’attache à étudier chaque motif d’un point de vue stylistique, en se détachant de tout rattachement à un site quelconque. Les carreaux de provenance inconnue sont traités dans la même veine que ceux clairement identifiés. Ce choix méthodologique a pour but d’identifier des repères chronologiques en combinant l’identification d’un motif et l‘observation du style. Pour chaque carreau, qui symbolise en fait dans son travail un motif, donc une matrice, elle précise les sites concernés, les dimensions moyennes, les couleurs. Aucune synthèse par site n’est proposée. L’étude considère davantage la production toute entière propre à un atelier plutôt que les multiples interventions de ce même atelier. Elle présente d’ailleurs elle -même son recensement comme étant un « inventaire des carreaux de la Gironde ».
Si l’étude réalisée par C. Hanusse reste globale, elle lui a permis d’appréhender la diversité des carreaux médiévaux du Bordelais. Elle identifie ainsi six groupes. Selon elle, cinq ateliers ont travaillé en Gironde dont un spécifique au site de Langoiran . En ce qui concerne la collection de Blanquefort , qui est typologiquement variée, elle suppose qu’un atelier a pu y produire différentes séries, dont l’une a eu un succès considérable dans toute la Gironde. A aucun moment elle n’évoque la possibilité d’interventions de plusieurs ateliers sur le site.

J.-M. GARRIC OU LA REMISE EN QUESTION DU TRAJET DE L’ATELIER

Si C. Norton ne prête pas une attention soutenue aux productions bordelaises, J .-M.
Garric s’interroge essentiellement sur ce point. On ne connaît pas à ce jour l’origine de l’atelier : seules des hypothèses peuvent être avancées. J. -M. Garric émet l’hypothèse que les artisans œuvrant dans l’atelier bordelais pouvaient être d’origine locale. Mais ils auraient eu, dans ce cas, à apprendre et à maîtriser les techniques, et à concevoir leur propre répertoire de motifs. L’auteur imagine alors que les artisans pourraient provenir d’une toute autre région, avec leurs propres motifs mais cette origine reste encore à identifier.
J.-M. Garric critique également l’hypothèse de Norton par rapport au trajet suivi par l’atelier en mettant en évidence une incohérence dans l’utilisation des matrices. Selon lui, les carreaux d’Agen et de Grandselve ont pu être produits avec les mêmes matrices, mais cela ne semble pas être le cas pour Belleperche. Ce constat conforte l’idée de l’auteur selon laquelle plusieurs matrices, et donc plusieurs groupes d’artisans, aient pu circuler en mê me temps dans une même aire, en vue d’honorer toujours plus de commandes.
Pour l’auteur il est difficile de considérer que l’atelier ait pu rester dix à vingt ans sur Bordeaux avant de commencer à se déplacer. Il admet également que le man que d’étude est aussi une lacune qui empêche d’apporter des éléments de réponse.

LA QUESTION DE L’UTILISATION

Si les premiers sols décorés de carreaux médiévaux étaient principalement utilis és dans les édifices religieux, avant la fin du XIII e siècle, ils se répandent dans les églises paroissiales et dans les salles d’apparat des châteaux seigneuriaux. Le rôle avant tout militaire de la forteresse de Blanquefort n’a pas empêché l’introduction d’éléments de décor.
La grande campagne de construction de la forteresse s’inscrit dans une période au cours de laquelle l’architecture castrale est en pleine mutation pour redonner de l’importance à la fonction résidentielle des châteaux forts. Ainsi en parallèle des travaux d’agrandissement de la forteresse, sont menés des travaux d’embellissement et de confort. « L’édifice cherche à perdre, par là même, cet aspect sévère et austère des châteaux conçus comme de véritables carapaces militaires principalement axées sur la défense : ouverture de fenêtres sur l’extérieur, pièces décorées avec soin (niches, voûtes, …), sol carrelé, distribution savante des pièces avec des salles différentes pour accueillir les invités, recherche nouvelle en ce qui concernent la vie familiale et seigneuriale dans la disposition intérieure des salles. »
Pour des raisons d’hygiène, les sols et pavements étaient conçus pour être lavable à grande eau, car propriétaires, domesticités et parfois bêtes circulent dans ces espaces. L’été, le sol est jonché de plantes odoriférantes qui libèrent un parfum lorsqu’on les foule. A la saison froide, c’est de la paille qui est étendue sur le sol, pour absorber le froid et l’humidité. Les parquets de bois étaient réservés pour constituer des estrades, ou des marchepieds, placés sous les chaises d’honneur (comme marques d’un haut rang social), sous les lits, voire sous les sièges ou les tables de festins hivernaux. Ils sont souvent recouverts d’un tapis velu (exécut é au point noué) d’origine orientale.

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Table des matières
AVANT PROPOS
INTRODUCTION
SECTION 1 : CARREAUX DE PAVEMENT DE LA FORTERESSE DE BLANQUEFORT,
PERSPECTIVES HISTORIQUES
I. UN OBJET ARCHEOLOGIQUE
II. UN OBJET HISTORIQUE
III. AU-DELA DU DECOR, UN OBJET SYMBOLIQUE
SECTION 2 : CARREAUX DE PAVEMENT, VALORISATION D’UN OBJET PARTICULIER 
I. LES CARREAUX DE LA FORTERESSE DE BLANQUEFORT
II. DES EXEMPLES DE MEDIATION EN FRANCE
III. DE NOUVELLES EXPERIENCES
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE
1. SOURCES
2. BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES 
INDEX
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLE DES ANNEXES

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