Carences en fer, zinc et vitamine A chez les femmes rurales

Rappel historique sur les carences en micronutriments

Les carences en micronutriments ont probablement été peu fréquentes chez les hommes durant les périodes préhistoriques. A cette époque, l’alimentation humaine était plus diversifiée du fait des apports de la chasse et de la cueillette qui fournissaient de la viande, des fruits et des légumes, sources importantes de vitamines et minéraux essentiels. Le mode de vie des hommes s’est petit à petit modifié avec une sédentarisation qui a de plus en plus encouragé la pratique de l’agriculture. Les produits d’origine végétale comme les céréales se sont substitués au gibier, entraînant ainsi l’apparition des carences nutritionnelles qui n’ont cessé de se développer à travers le monde (Underwood, 2004). L’intérêt des scientifiques pour les carences en micronutriments et surtout pour les pathologies qu’elles entraînent, date de longtemps expliquant le nombre important de travaux les concernant. Certaines maladies connues par leurs symptômes depuis la plus haute antiquité furent longtemps décrites chez les marins, chez les prisonniers ou chez des groupes de personnes confinées et mal nourries dans des cités assiégées sans qu’on ait compris qu’elles étaient dues à une alimentation pauvre. Et c’est progressivement que de nombreux chercheurs ont eu à établir cette relation et contribuer à l’élaboration d’approches pour contrôler les pathologies des carences en micronutriments qui en découlent (Underwood. 1998).

Avant même le début du 20e siècle, plusieurs manifestations cliniques liées à certaines carences en micronutriments étaient déjà connues. Ainsi, on savait que la carence en iode entraînait une baisse de la production des hormones thyroïdiennes avec comme conséquences le crétinisme ou le goitre (Matovinovic, 1983). L’anémie par carence en fer faisait très souvent suite à un trouble de la synthèse de l’hémoglobine qui s’accompagnait d’une baisse des capacités physiques et d’une apparition de pâleur des conjonctives (Beard et al., 1997). Enfin, on a associé à l’avitaminose A, des fréquences plus élevées de morbidité, de mortalité et un risque plus important de cécité (Wolf, 1996). Des années durant, les études se sont juste limitées à la description clinique des individus atteints de pathologies d’origine carentielle au détriment des études épidémiologiques pour mieux comprendre leur répartition et leur ampleur. Des balbutiements dans ce sens n’ont débuté qu’entre 1930 et 1980 et au cours de cette période de nombreux chercheurs se sont employés à estimer l’ampleur des carences en iode, en vitamine A et en fer mais aussi à identifier les individus les plus touchés (Underwood, 1998). En 1980, des estimations de la prévalence du goitre et du crétinisme furent compilées à partir de données fournies par certains pays membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO, 1993). Ces données ont révélé des prévalences comprises entre 20 à 60% dans les pays en développement alors que dans les pays développés où des stratégies d’iodation des aliments avaient été mises en place, les chiffres se situaient en dessous de 5% (WHO, 1993). Par ailleurs, dans une étude parue en 1985, DeMaeyer et Adiels-Tegman (1985) soutenaient que l’anémie affecterait plus d’un milliard d’individus à travers le monde avec des fréquences plus faibles dans les pays développés. En effet, dans ces pays, des programmes de supplémentation ou de fortification en fer étaient en cours contrairement aux pays pauvres où on notait de fortes prévalences en particulier chez les femmes et les enfants (DeMaeyer & Adiels-Tegman, 1985).

En ce qui concerne l’avitaminose A, jusqu’aux années 50, exceptés quelques rapports sur la xérophtalmie en Inde, en Indonésie, peu de données détaillées étaient disponibles. L’Organisation Mondiale de la Santé a débuté la collecte de données sur l’importance de la carence en vitamine A dès l’entame des années 60 dans le cadre d’une étude menée à travers 50 pays. L’évaluation était faite avec des données incomplètes et souvent anecdotiques. Cette étude a indiqué l’ampleur de la carence en vitamine A surtout en Asie du sud et de l’est, en Afrique et en Amérique latine avec un nombre de 20 000 à 100 000 individus qui seraient affectés (Oomen et al., 1964). Certes, ces résultats bien que sous-estimant l’ampleur du problème, indiquaient quand même que la carence en vitamine A constituait un problème de santé publique dans plusieurs régions en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Les premières données représentatives sur l’avitaminose A ont été obtenues en Indonésie par Alfred Sommer (Sommer, 1982). Les résultats de ses enquêtes ont montré que 60 000 cas d’atteintes de la cornée et 1,3 million de cas de xérophtalmie survenaient chaque année dans ce pays. En Inde, au Bangladesh, aux Philippines et en Indonésie, on estimait à 500000 le nombre d’atteintes de la cornée et entre 4 à 8 millions, les cas de xérophtalmie. Des extrapolations faites à partir de ces résultats ont révélé qu’à travers le monde, 13 millions d’individus souffriraient de xérophtalmie et 80 millions seraient à risque d’une déficience infra-clinique en vitamine A (Sommer A et al., 1981). Etant donné les conséquences de l’avitaminose A sur la santé à partir du stade infra-clinique de la carence avant même l’apparition des signes d’atteintes oculaires, l’Organisation Mondiale de la Santé a redéfini en 1995, les critères de définition de la carence en vitamine A. Les impacts négatifs sur la santé des populations étaient susceptibles d’apparaître à partir de concentrations sériques de rétinol inférieures à 0,7 µmol/L. Ce seuil fut adopté comme définissant la carence en vitamine A. A la fin des années 90, 140 à 250 millions d’enfants d’âge préscolaire étaient à risque de carence en vitamine A avec 3 millions qui, annuellement, avaient des troubles de la vision (ACC/SCN, 2000).

Définition des micronutriments

Les nutriments sont les constituants des aliments issus de la digestion au cours de leur transit au niveau du tractus digestif sous l’action des sucs et des enzymes digestifs. Les nutriments sont subdivisés en deux grands groupes que sont les macronutriments et les micronutriments. Le groupe des macronutriments comprend les protéines, les lipides, les glucides, les fibres alimentaires et l’eau alors que celui des micronutriments regroupe les minéraux et les vitamines.

Les minéraux
Les minéraux sont des substances importantes intervenant dans de très nombreuses fonctions de l’organisme et ils représentent environ 4% du poids corporel. Ils sont essentiels à la transformation et à l’assimilation des aliments ; ils influencent l’activité des hormones ainsi que celles des vitamines et des enzymes. Enfin, ils participent à la formation et au renouvellement des cellules et des tissus biologiques. Contrairement à beaucoup d’autres substances biochimiques, les éléments minéraux ne sont pas synthétisés par l’organisme et les apports sont assurés par l’alimentation qui en constitue la source naturelle d’approvisionnement (Chappuis, 1991). Les quantités d’éléments minéraux dans l’organisme sont très variables, pouvant varier de près de 1 kg pour le calcium et le phosphore à quelques grammes pour le fer, le zinc et le fluor et à moins de 1 mg pour le chrome et le cobalt.

Classification des minéraux

D’un point de vue quantitatif, on peut classer les minéraux indispensables en deux grandes composantes que sont les minéraux majeurs (éléments majeurs ou macro-élements) et les oligo-éléments ou éléments-traces (Chappuis 1991).

❖ Les minéraux majeurs ou macro-éléments
Ces éléments majeurs sont présents en quantités importantes dans les tissus, dont ils sont parfois les constituants de base ; c’est le cas du calcium dans les os. Ces éléments majeurs sont relativement peu nombreux et comprennent le calcium, le phosphore, le potassium, le soufre, le chlore, le sodium, le magnésium, le carbone, l’azote, l’oxygène, l’hydrogène.

❖ Les oligo-éléments ou éléments traces
Les éléments traces comprennent l’ensemble des substances minérales àfaibles ou très faibles teneurs dans l’organisme. Ils représentent moins de 0,01% du poids corporel (Jackson, 1999). Les oligo-éléments constituent une classe de nutriments dont la définition ne repose ni sur des propriétés chimiques ni sur des propriétés biologiques homogènes. Ils ont été définis au début du 20e siècle par Gabriel Bertrand (1867-1962) sur une base analytique ; et par opposition aux éléments chimiques majeurs du corps humain, les oligo-éléments sont présents à une teneur inférieure à 1 mg/kg du poids corporel (Chappuis, 1991). Certains comme le fer, le cuivre ou le zinc ont un mode d’action bien connu. Pour les autres, l’importance de leur nombre et la diversité des mécanismes mis en jeu ont conduit à envisager une classification fondée sur des critères qualitatifs. Ce qui permet alors de distinguer les éléments-traces en oligo-éléments essentiels indispensables au fonctionnement de l’organisme et en oligoéléments toxiques.

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Table des matières

Chapitre I : INTRODUCTION GENERALE
I.1. Rappel historique sur les carences en micronutriments
I.2. Définition des micronutriments
I.2.1. Les minéraux
I.2.1.1. Classification des minéraux
I.2.1.2. Fonctions des minéraux
I.2.2. Les vitamines
I.2.2.1. Classification
I.2.2.2. Fonctions des vitamines
I.3. Besoins en minéraux et apports nutritionnels conseillés
I.3.1 Définition des besoins
I.3.2 Méthode d’estimation des besoins nutritionnels
I.3.3 Apports nutritionnels conseillés
I.3.3.1. Normes de définition des besoins en nutriments : cas des minéraux et des vitamines
I.3.3.2. Les Apports Nutritionnels de Référence (USA et Canada)
I.3.3.3. Les Apports Recommandés en Nutriments (FAO et OMS)
I.4. Les principales carences en micronutriments
I.4.1. Prévalence
I.4.2. Stratégies de lutte et de prévention des carences en micronutriments
I.4.3. Principaux facteurs influençant la mesure du statut en micronutriments
I.5. Carences en micronutriments au Sénégal
I.6. Objectifs
I.6.1. Objectif général
I.6.2. Objectifs spécifiques
Chapitre II : STATUT EN FER ET ETAT NUTRITIONNEL DES FEMMES
II.1. CADRE DE L’ETUDE
II.2. SUJETS
II.3. METHODES
II.3.1. Phase de sensibilisation de l’étude
II.3.2. Chronologie de l’étude
II.3.3. Organisation du travail de terrain
II.3.4. Difficultés et contraintes majeures
II.3.5. Type d’étude
II.3.6. Calcul de la taille de l’échantillon
II.3.7. Technique de sondage
II.3.8. Enquête socio-économique
II.3.9. Mesures anthropométriques
II.3.9.1. Mesure du poids
II.3.9.2. Mesure de la taille
II.3.9.3. Calcul et expression des indices anthropométriques
II.3.9.4. Estimation de la composition corporelle par impédancemétrie validée par la dilution isotopique au deutérium
II.3.10. Mesure des paramètres du statut en fer
II.3.10.1. Prélèvement et conservation des échantillons
II.3.10.2. Dosage de l’hémoglobine
II.3.10.3. Mesure de l’hématocrite
II.3.10.4. Dosage du zinc protoporphyrine
II.3.10.5. Dosage de la ferritine plasmatique
II.3.10.6. Dosage des Récepteurs solubles de la Transferrine
II.3.10.7. Définition de la carence en fer et de l’anémie ferriprive
II.3.10.8. Estimation des réserves tissulaires en fer
II.3.11. Mesure de la capacité de la ferritine et du zinc protoporphyrine à diagnostiquer l’anémie par carence en fer
II.3.11.1. Tracé des courbes ROC
II.3.11.2. Calcul des Aires sous la courbe
II.3.12. Mesure du statut infectieux des femmes par des protéines de la phase inflammatoire
II.3.12.1. Dosage de la Protéine C Réactive (CRP)
II.3.12.2. Dosage de l’-1 Acide Glycoprotéine (Orosomucoïde)
II.3.13. Traitement des données et analyse statistique
II.4. RESULTATS
II.4.1. Description de la population enquêtée
II.4.1.1. Caractéristiques socio-économiques des femmes
II.4.1.2. Caractéristiques physiologiques des femmes
II.4.2. Etat nutritionnel des femmes 48
II.4.2.1. Etat nutritionnel des femmes allaitantes en fonction des saisons
II.4.2.2. Etat nutritionnel des femmes non enceintes et non allaitantes en fonction des saisons
II.4.2.3. Composition corporelle des femmes allaitantes et des femmes non enceintes et non allaitantes en saison sèche
II.4.3. Statut en fer des femmes
II.4.3.1. Anémie des femmes
II.4.3.1.1. Prévalence de l’anémie
II.4.3.1.2. Sévérité de l’anémie
II.4.3.2. Carence en fer et anémie ferriprive
II.4.3.2.1. Statut en fer défini selon la ferritine et le zinc protoporphyrine
II.4.3.2.2. Statut en fer défini selon les récepteurs de la transferrine
II.4.3.3. Statut en fer et infection
II.4.3.3.1. Prévalence de l’infection
II.4.3.3.2. Infection aiguë et statut en fer
II.4.3.3.3. Infection chronique et statut en fer
II.4.3.4. Relation entre les indicateurs du statut en fer et ceux de l’infection
II.4.3.5. Performance diagnostique de la ferritine et du zinc protoporphyrine
II.4.3.6. Déterminants de l’anémie chez les femmes
II.4.3.6.1. Facteurs influençant le taux d’hémoglobine
II.4.3.6.2. Facteurs de risque de l’anémie
II.4.3.6.3. Facteurs de risque de l’anémie par carence en fer
Chapitre III : PREVALENCES DES CARENCES EN ZINC ET EN VITAMINE A ET ESTIMATIONS DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE ET DU TAUX DE COUVERTURE DES BESOINS EN FER, ZINC, VITAMINE A, ACIDE ASCORBIQUE, ACIDE FOLIQUE ET VITAMINE B12.
III.1. SUJETS
III.2. METHODES
III.2.1. Dosage du zinc sérique
III.2.2. Dosage du rétinol sérique
III.2.3. Enquête de consommation alimentaire
III.2.4. Estimation de la consommation alimentaire individuelle
III.2.5. Estimation des apports nutritionnels
III.2.6. Estimation des taux de couverture des besoins nutritionnels
III.2.7. Saisie et exploitation des données
III.3. RESULTATS
III.3.1. Statut en zinc
III.3.1.1. Variation saisonnière du statut en zinc
III.3.1.2. Statut en zinc en fonction de l’état physiologique et des saisons
III.3.2. Statut en vitamine A
III.3.2.1. Variation saisonnière du statut en vitamine A
III.3.2.2. Statut en vitamine A en fonction de l’état physiologique et des saisons
III.3.3. Statut en zinc et infections
III.3.4. Statut en vitamine A et infections
III.3.5. Apports alimentaires en saison humide et en saison sèche
III.3.6. Apports quotidiens en fer, zinc, vitamine A, acide ascorbique, acide folique, vitamine B12 et acide phytique selon la saison
III.3.7. Taux de couverture des besoins en fer, zinc, vitamine A, acide ascorbique, acide folique et vitamine B12 des femmes selon la saison
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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