Caractéristiques spécifiques des cestodes
Morphologie
Les cestodes sont des vers plats pouvant atteindre une longueur de 70 cm pour Taenia taeniaeformis, 80 cm pour Dipylidium caninum et 250 cm pour Mesocestoides lineatus. Leur corps est divisé en scolex (organe de fixation), en cou et en strobile. Le strobile est constitué de l’enchainement de segments appelés proglottis qui se forment par bourgeonnement à partir du cou. Dans la partie antérieure du strobile, les proglottis sont indifférenciés. Au fur et à mesure qu’ils s’éloignent du cou, ils deviennent sexuellement mâtures : des organes génitaux de type hermaphrodites se forment dans les proglottis. Et en bout de chaine, ils deviennent « ovigères » : chaque proglottis contient un utérus rempli d’œufs et peut se détacher du reste du ver .
Habitat
Les cestodes sont des parasites permanents. Au stade adulte, ils se logent toujours dans l’intestin grêle d’un hôte définitif qui est toujours un vertébré. Pour accueillir leurs formes infestantes, ils doivent se trouver dans le sang, les muscles ou le foie d’un hôte intermédiaire qui peut être un mammifère herbivore ou omnivore, un arthropode terrestre, un reptile ou encore un amphibien. Dans le milieu extérieur, leurs segments ovigères ne peuvent pas se développer sans un hôte intermédiaire [17,19].
Cycle évolutif
Les cestodes adoptent un cycle évolutif de type dixène, sauf exception : trixène chez les mesocestoididés. Les segments ovigères détachés du reste du ver adulte passent activement à travers l’anus ou sont éliminés dans le milieu extérieur avec les matières fécales de l’hôte définitif. Dans le milieu extérieur, les segments se désintègrent, libérant ainsi les œufs qui, après ingestion par un ou des hôtes intermédiaires, évoluent en metacestodes ou larves vésiculaires de type échinocoque, cénure, cysticerque, cysticercoïde ou en larve tetrathyridium (forme infestante). Et habituellement, l’hôte définitif s’infeste par prédation ou en ingérant l’hôte intermédiaire contenant cette forme infestante [15,19].
Dipylidium caninum
Le cycle évolutif de Dipylidium caninum illustrant les hôtes définitifs et intermédiaires est résumé dans le schéma ci-après (Figure 2).
• Hôte définitif : le chien, le renard, le chat et rarement l’homme [17].
• Hôte intermédiaire : les puces (Ctenocephalides spp ou Pulex irritans) et les poux (Trichodectes canis) [17].
La forme infestante de Dipylidium caninum est une larve vésiculaire de type cysticercoïde contenu dans les puces et les poux. Le chat est infesté après ingestion de ces hôtes intermédiaires [17].
Mesocestoides lineatus
Mesocestoides lineatus peut avoir plusieurs hôtes intermédiaires et son cycle évolutif implique les carnivores comme hôtes définitifs (Figure 3).
• Hôte définitif : le chien, le chat et les carnivores sauvages [17]
• Hôtes intermédiaires : acarien oribate, oiseaux, amphibiens et reptiles .
La forme infestante de Mesocestoides lineatus est une larve tetrathyridium. Et les carnivores qui servent d’hôtes définitifs primaires sont infestés après ingestion de cette larve présente dans les hôtes intermédiaires [17].
Taenia taeniaeformis
Dans le cycle évolutif de Taenia taeniaeformis, l’hôte définitif implique non seulement le chat, mais aussi quelques carnivores sauvages. Et l’hôte intermédiaire est constitué par des rongeurs et lagomorphes (Figure 4).
• Hôte définitif : le chat, le lynx, le renard et l’hermine [17]
• Hôte intermédiaire : la souris, le rat, le lapin et l’écureuil .
Source : Hill’s Pet Nutrition, Inc. Hill’s Atlas of Veterinary Clinical Anatomy. United States of America: Veterinary Medicine Publishing Company, Inc; 2004;98p. [20] La forme infestante de Taenia taeniaeformis est une larve vésiculaire de type cysticerque (ou strobilocercus) qui infeste le chat après ingestion des hôtes intermédiaires contaminés [17,19].
Caractéristiques spécifiques des nématodes
Morphologie
Ce sont des vers cylindriques non segmentés. Il y a un dimorphisme sexuel : les mâles ont une bourse copulatrice et sont généralement plus petits que les femelles. Pour ceux qui parasitent les chats, leur taille au stade adulte varie selon leur espèce de 0,7 mm à 10 cm, et leurs sites de localisation peuvent être l’estomac, l’intestin grêle ou le gros intestin [17,19].
Habitats
A la différence des cestodes, les nématodes adultes peuvent être des parasites de l’estomac, de l’intestin grêle ou du gros intestin. Aussi, la majorité des nématodes vivent sans dépendre d’un autre être durant leur développement larvaire et jusqu’à leur stade infestant [17,19].
Cycle évolutif
L’évolution est de type monoxène ou dixène avec possibilité de paraténie. Le stade infestant de l’hôte unique en cas de monoxénisme ou de l’hôte intermédiaire en cas de dixénisme est représenté par les larves L2 ou L3. Ces formes infestantes peuvent être libres, enveloppées dans l’exuvie de L2, développées dans l’œuf (« œuf larvé ») ou chez un hôte intermédiaire. L’infestation de l’hôte définitif peut se faire par voie percutanée, par voie buccale ou par prédation de l’hôte intermédiaire ou de l’hôte paraténique. Certaines larves effectuent de la migration trachéale ou somatique avant de rejoindre leur organe électif. Une transmission verticale de larves aux chatons est possible (lactation). Les formes infestantes évoluent en larves L3 et L4 avant de devenir adultes immatures dans la paroi digestive. Elles rejoignent ensuite la lumière digestive et atteignent leur maturité sexuelle. Après accouplement avec les mâles, les femelles pondent des œufs non segmentés ou renfermant une morula plus ou moins dense ou une larve L1. Ces derniers sont évacués avec les matières fécales de l’hôte, et évoluent librement dans le milieu extérieur ou chez un hôte intermédiaire [17,19].
Le cycle évolutif des nématodes gastro-intestinaux des chats se résume par différents modes d’infestation pouvant varier selon l’âge avec la possibilité de présence d’hôtes intermédiaires ou paraténiques (Figure 5).
En général, la forme infestante des nématodes gastro-intestinaux des chats est le stade larvaire L2 ou L3. Pour le cas de Toxocara cati, le chat est infesté après ingestion de la larve infestante dans l’environnement, après ingestion d’hôtes intermédiaires infestés ou lors de la lactation. Pour le cas d’Ancylostoma, l’infestation peut se faire directement par le passage transcutané de la forme infestante [15,17].
Infestation à Toxocara cati
Toxocara cati est un parasite monoxène dont le cycle parasitaire suit un développement diphasique. L’hôte définitif est le chat et les hôtes paraténiques peuvent être des rongeurs, des vers de terre, des insectes et des oiseaux [21,23]. Pendant la phase exogène ou phase externe, l’œuf non embryonné est émis dans les selles de l’animal parasité, se transforme en larve L2 qui va évoluer ensuite en larve infestante L3 [24,25]. Pendant la phase endogène ou phase interne, l’hôte définitif va ingérer la larve infestante présente dans le milieu extérieur, dans les aliments contaminés, dans les eaux souillées ou contenue dans les hôtes paraténique. La larve infestante peut se trouver aussi sur le pelage et le chat s’infeste par ingestion lors du toilettage [26]. Chez le chat, la larve L2 va effectuer 2 types de migration selon l’âge de l’animal infesté : migration entéro-pneumo trachéale ou trachéale, migration entéro-somatique ou somatique. Et la période prépatente est de 50 jours [27,28].
Cycle entéro-pneumo-trachéale ou trachéale (intestin – foie – cœur – poumons
– trachée – intestin) :
Le cycle se passe chez le chaton. Les mues de la larve ne s’effectuent pas dans les poumons mais dans l’estomac et l’intestin grêle. Ainsi, les formes adultes sont retrouvées dans l’intestin grêle et les œufs sont émis dans les fèces du chaton. D’où l’absence des symptômes pulmonaires chez les chatons [26].
Cycle somatique (intestin – foie – cœur – poumons – divers organes) :
Le cycle se passe chez le chat adulte à la suite d’une ingestion d’œufs. Ces œufs évoluent en larves, passent dans la circulation sanguine et s’enkystent dans les différentes tissus de l’organisme. Ces larves sont réactivées lors de la fin de la gestation de la chatte [25]. La migration somatique entraine une autre forme de transmission appelée amphiparaténie. Il s’agit d’une transmission verticale, non transplacentaire, mais par infestation du lait due à la présence des larves en hypobiose dans les tissus mammaires. Lors d’une infestation aigüe pendant la fin de gestation, les larves en hypobiose dans les tissus mammaires vont être transmises aux chatons à partir de l’ingestion du colostrum. Ainsi, les chatons sont contaminés lors de la tétée et les larves vont évoluer directement dans l’intestin grêle du chaton [24,25].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I Systématique
II Caractéristiques spécifiques des cestodes
II.1 Morphologie
II.2 Habitat
II.3 Cycle évolutif
III Caractéristiques spécifiques des nématodes
III.1 Morphologie
III.2 Habitats
III.3 Cycle évolutif
III.4 Infestation à Toxocara cati
IV Relations entre les helminthes gastro-intestinaux des chats et des chiens
V Effets pathogènes
V.1 Chez le chat et le chien
V.2 Chez l’homme
VI Diagnostic
VI.1 Diagnostic épidémiologique
VI.2 Diagnostic clinique
VI.3 Diagnostic paraclinique
VII Méthode de luttes
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I METHODES
I.1 Caractéristiques du site d’étude
I.2 Type d’étude
I.3 Période d’étude et durée de l’étude
I.4 Populations d’étude
I.5 Modes d’échantillonnage des chats et des ménages
I.6 Tailles de l’échantillon
I.7 Variables étudiées
I.8 Modes de collecte des données
I.9 Saisies et analyses des données
I.10 Considérations éthiques
II RESULTATS
II.1 Description de l’échantillon
II.2 Résultats par rapport à la prévalence des helminthes gastro-intestinaux chez les chats domestiques dans le Vème arrondissement de la CUA
II.3 Résultats par rapport aux facteurs pouvant être associés à l’helminthose gastro-intestinale des chats domestiques dans la CUA
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES