Caractéristiques socio démographiques des FAR au Sénégal

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Etat des connaissances de la pratique contracepti contraceptive

La conférence internationale sur la population et le développement tenue au Caire en 1994 (CIPD, 1994) a annoncé une nouvelle ère pour la santé des femmes, en mettant l’accent sur la nécessité d’une approche globale et multidimensionnelle de la santé sexuelle et reproductive (SSR) [6].
Tout d’abord, la SSR a été définie comme « Un état de bien être, tant physique que mental et social de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité » [7].
La planification familiale peut jouer un rôle beaucoup plus important dans le développement. Les retours sur investissement sont énormes. Par exemple, en Afrique de l’Ouest francophone, investir dans la planification familiale pour répondre aux besoins non satisfaits exprimés par les femmes pour espacer ou limiter les naissances permettrait d’éviter 7 400 décès maternels et 500 000 décès d’enfants dans les 10 prochaines années [8]. L’épargne cumulée des coûts des soins en santé maternelle et infantile serait de 182 millions de dollars (USD) pour les 10 prochaines années et de 1,9 milliard d’USD d’ici 2040 [9]. En Afrique de l’Ouest francophone, environ trois femmes meurent chaque heure d’une cause liée à la maternité, tandis qu’un enfant de moins de cinq ans meurt toutes les minutes [9]. Par ailleurs, une analyse régionale indique que chaque dollar (1 USD) investi dans la planification familiale économise trois dollars dans d’autres secteurs de développement (l’éducation, les vaccinations, l’eau et l’assainissement, la santé maternelle et le traitement du paludisme) : un retour sur investissement [10].
Si dans la plupart des pays du monde la limitation des naissances est un fait solidement ancré dans les moeurs, en Afrique subsaharienne le processus de transition de la fécondité tarde à se réaliser. À l’exception du Botswana, du Kenya, du Ghana et du Zimbabwe, les niveaux de fécondité observés dans les pays d’Afrique subsaharienne, quoiqu’en baisse, restent relativement élevés [11]. La forte croissance démographique qui en découle paraît difficilement conciliable avec la satisfaction des objectifs de développement durable faisant ainsi de la maîtrise de la fécondité un défi majeur. L’effort de généralisation de l’instruction, les stratégies d’information, d’éducation et de communication, l’adoption des déclarations nationales de politique de population, la mise en oeuvre des programmes de planification familiale et de santé de la reproduction, n’ont cependant pas permis d’enregistrer un gain significatif en termes de changement durable des comportements procréateurs en Afrique subsaharienne. L’identification des facteurs d’affaiblissement de cette logique de forte fécondité revêt dès lors un caractère prioritaire pour la recherche. La pratique contraceptive devient incontournable dans le processus de transition de la fécondité. L’acceptabilité socioculturelle de la pratique contraceptive, les motivations des couples, la crainte des effets secondaires, les conditions économiques peu favorables, le manque de soutien politique durable et les problèmes d’accessibilité des services de planification familiale sont souvent évoqués pour expliquer les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des programmes de planification familiale [12]. En février 2011, la conférence de Ouagadougou, « Population, développement et planification familiale en Afrique de l’Ouest : l’urgence d’agir », a rassemblé les représentants de huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo). La Côte d’Ivoire a rejoint l’initiative plus tard. Les délégations nationales sont arrivées à un consensus important, toutes s’accordant sur la nécessité de prendre des mesures concrètes pour accroître l’utilisation de la planification familiale dans leurs pays respectifs. Un engagement similaire a été pris par les partenaires techniques et financiers (PTF) pour soutenir la planification familiale en Afrique de l’Ouest [9].
La planification familiale (PF) c’est «l’ensemble des moyens et méthodes donnant aux couples et aux individus, le loisir d’avoir le nombre d’enfants qu’ils veulent, au moment choisi par eux, et ce avec le maximum d’informations sur les effets possibles de leur décision au niveau personnel et social » [13].
Tout couple et tout individu a le droit fondamental de décider librement et en toute responsabilité du nombre de ses enfants et de l’espacement des naissances, d’être suffisamment instruit et informé de ces questions et de bénéficier de services adéquats en la matière [13]. Les contraceptifs modernes sont des moyens de contraception médicaux ou médicamenteux, tels que la stérilisation masculine et féminine, les dispositifs intra-utérins, les méthodes hormonales (pilules, injectables, implants, patchs, anneaux vaginaux), les préservatifs féminins et masculins et les méthodes dites “de barrière” (diaphragmes, capes cervicales, mousses, gelées, crèmes et éponges spermicides) [14].

Prévalence contraceptive

La régulation des naissances à travers un espacement long entre les naissances a toujours été pratiquée en Afrique. Elle visait surtout la sauvegarde de la santé de la famille, en particulier celle de la mère et de l’enfant. La continence et l’abstinence sont ainsi les plus vieilles méthodes que l’on rencontre dans tous les pays et les continents. En Afrique, elles ont constitué de tout temps la meilleure façon d’espacer les naissances ; elles étaient traditionnellement pratiquées par les couples en vue de garder un grand nombre d’enfants en vie. Dans les sociétés modernes les contraintes et les conditions d’application de ces méthodes sont devenues de plus en plus inadaptées et difficiles à observer, surtout en milieu urbain. Cela a pour conséquences la réduction des intervalles entre les naissances, les grossesses rapprochées, l’augmentation de la fécondité, et la fragilisation de la santé des mères et des enfants. Le recours aux méthodes de contraception plus efficaces et moins contraignantes s’avère donc indispensable, d’une part pour amener la fécondité à des niveaux compatibles aux ambitions de développement des pays et, d’autre part, pour améliorer substantiellement la santé des mères et des enfants.
Dans les pays en développement, une personne sur 4 est une femme en âge de procréer (15-49 ans). Parmi ces femmes, 877 millions d’entres elles souhaitent soit éviter toute grossesse, soit espacer ou limiter les grossesses futures. Malgré cela, parmi ces femmes, 225 millions n’utilisent pas de moyens de contraception modernes [15]. La prévalence contraceptive est « le pourcentage de toutes les femmes en âge de reproduction (FAR) ou de femmes mariées en âge de reproduction (FMAR), en général de 15 à 49 ans, qui utilisent une méthode de contraception. Ce pourcentage est calculé en divisant le nombre de femmes en âge de procréer ou de femmes mariées en âge de procréer qui utilisent une méthode par le nombre total de femmes en âge de procréer ou de femmes mariées en âge de procréer » Elle mesure donc la proportion de femmes qui utilisent un moyen contraceptif quelconque dans une zone considérée.
Donner l’accès à toutes les femmes des pays en développement actuellement privées des méthodes de contraception modernes dont elles ont besoin préviendrait 54 millions de grossesses non désirées, 26 millions d’avortements (dont 16 millions non sécurisés) et 7 millions de fausses couches [15]. La contraception moderne pourrait empêcher environ cent quatre milles (104 000) décès maternel chaque année, soit une réduction de 29% [16]. Elle pourrait réduire la mortalité juvénile de près de 10%, si elle est disponible à tous ceux qui en ont besoin [7].
Par ailleurs, selon les statistiques de l’OMS de 2006, trois cent milles (300000) Africaines perdent chaque année la vie à la suite d’un avortement clandestin. De même, les séquelles d’infections génitales représentent les premières causes de stérilité en Afrique. Les jeunes sont donc très vulnérables et sujets à des comportements à risque [17].
La fécondité des populations d’Afrique sub-saharienne a toujours été supérieure à celle des autres régions en développement et c’est durant la dernière décennie que la différence semble être la plus forte. Si l’écart entre la moyenne de la fécondité en Afrique sub-saharienne et celle de l’ensemble des régions en développement était de 0,57 enfant en 1950-55, elle s’élève à 2,35 enfants en 2005-2010 et il est prévu, selon l’hypothèse moyenne des Nations unies, qu’elle diminuera dans les années à venir pour atteindre 1,12 enfants en 2025-2030 [18].
Au cours des quatre dernières décennies, beaucoup de progrès ont été réalisés pour développer l’offre, l’accès, la qualité et l’utilisation des services de planification familiale volontaire. À l’échelle mondiale, environ 62 % des femmes en âge de procréer, qu’elles soient mariées ou en couple, utilisent des contraceptifs, ce qui représente environ 720 millions de femmes. Si 75 % des femmes en Europe du Nord, 73 % en Amérique du Nord, 70 % en Asie et 69 % en Amérique du Sud ont recours aux méthodes de contraception modernes, seulement 23 % des femmes en Afrique utilisent de telles méthodes de contraception modernes. Ce taux d’utilisation moins élevé coïncide avec des taux de mortalité maternelle plus élevés [19]. Avec des taux de fécondité parmi les plus élevés du monde, les pays d’Afrique subsaharienne ont des situations très diversifiées. À la faveur de la collecte des données démographiques depuis les années 70, la connaissance de l’évolution de la fécondité s’est nettement améliorée. En plus des disparités existant entre régions et entre pays, il existe également des différences entre la fécondité des milieux urbain et rural dans un même pays. Le milieu urbain est surtout associé à une fécondité plus réduite que celle du milieu rural. Mais au-delà de cette dichotomie, certaines caractéristiques de la population s’avèrent plus importantes que d’autres. L’un des facteurs de la récente baisse de la fécondité observée dans les pays ayant pris part aux EDS, est la pratique contraceptive. Au cours de ces dernières décennies, il y a eu partout dans le monde un accroissement rapide et considérable de l’utilisation de la contraception. En une trentaine d’années, on a multiplié par dix le nombre des utilisatrices de méthodes modernes de contraception.

Revue des facteurs de la prévalence contraceptive

L’adhésion des populations aux programmes de planification familiale soulève des interrogations quant aux déterminants de la pratique contraceptive. Pour aborder une telle problématique, référence est faite aux caractéristiques de la femme, de son conjoint et de l’environnement dans lequel elle évolue en vue de cerner les facteurs facilitant et ceux faisant obstacle à la pratique contraceptive. L’analyse de la pratique contraceptive est faite en replaçant les changements de comportement procréateur dans un cadre plus général de changement social.
La propension de la femme à utiliser la planification familiale dépendra, au niveau individuel, de ses caractéristiques propres (caractéristiques individuelles d’identification sociale, économique et démographique, descendance actuelle…) d’une part, et des influences du milieu dans lequel elle réside d’autre part.

Facteurs sociodémographiques

 Age de la femme
Les comportements des individus varient généralement d’une génération à une autre, surtout dans des sociétés en pleine mutation comme celles d’Afrique. En particulier, on constate une tendance aux respects des traditions chez les vieilles générations alors que les jeunes générations, généralement mieux instruites que celles plus âgées, sont en principe plus tournées vers des comportements dits «modernes » [5]. On devrait par conséquent s’attendre à une plus grande utilisation de la contraception moderne dans les jeunes générations que dans les vieilles.
 Nombre d’enfants vivants (parité)
L’utilisation de la contraception peut, en fonction du nombre d’enfants vivants, répondre à des objectifs différents ; retarder la première naissance si l’utilisation commence lorsque la femme n’a pas encore d’enfants ; espacer les naissances si la contraception débute quand le nombre d’enfants vivants est faible ; limiter la descendance lorsque la contraception commence lorsque le nombre d’enfant désirés est déjà atteint [20].
 Statut matrimonial de la femme Dans la plupart des cas, la procréation est gage de pérennisation de la lignée et de stabilité du mariage. L’observation de la fécondité montre que l’essentiel de la procréation se fait dans le mariage et ce, quelle que soit la population considérée. La capacité d’une femme à traduire ses volontés en actes concrets est déterminée par son statut au sein de son ménage et de la communauté dans laquelle elle vit. L’utilisation de la contraception est donc déterminée, en partie, par son niveau d’autonomie et par le type de rapports de domination ou de coopération qu’elle entretient avec son mari/partenaire [21].
La comparaison avec les résultats des enquêtes montre que la prévalence contraceptive moderne parmi les femmes en union ne cesse d’augmenter, la proportion d’utilisatrices étant passée de 5 % en 1993 (EDS-II), à 8 % en 1997 (EDS-III) à 10 % en 2005 (EDS-IV).
 Désir d’enfants
Le désire d’avoir des enfants dans l’avenir serait généralement lié à l’âge de la femme et au nombre d’enfants actuellement en vie. La pratique de la contraception pourrait être influencée par le désir d’enfants selon statut de la femme (nullipare, primipare ou multipare) [22].
 Sexe de l’enfant
Outre le nombre, le sexe des enfants constitue une autre composante du projet de fécondité des couples pouvant influencer les comportements procréateurs. Comparées aux autres femmes, celles ayant une descendance « mixte » – au moins un garçon et une fille – semblent plus réceptives à la pratique contraceptive [22].
 Lieu de résidence
Les milieux de résidence de la femme avant son entrée en vie féconde et au moment de la réalisation de sa fécondité influent grandement sur ses comportements en matière de procréation et surtout dans le domaine du choix de la dimension de la famille et les moyens utilisés pour y parvenir. Ces comportements découlent le plus souvent des habitudes culturelles du milieu et la place qu’il accorde à la femme et aux enfants. La prévalence contraceptive et sa réussite sont aussi dépendantes de la capacité de la femme ou du couple à faire face aux dépenses liées à l’acquisition des contraceptifs [5].
Le milieu rural a souvent été considéré comme traditionnel par opposition au milieu urbain supposé moderne. En matière de procréation, les deux termes « traditionnel » et « moderne » renvoient à la place et au rôle de la femme dans la gestion de sa fécondité d’une part et de ses comportements d’autre part. Ainsi, en milieu rural et traditionnel la jeune fille est initiée prioritairement au rôle de mère tandis qu’en ville elle est amenée de plus en plus à assumer les mêmes responsabilités que l’homme. Le milieu de socialisation pourrait ainsi avoir des répercussions sur la propension de la femme à contrôler sa fécondité. Mais cette influence reste modulée par les conditions du milieu de vie de la femme au lieu de la réalisation de sa fécondité et en particulier si ces deux milieux sont identiques.

Cadre d’étude Cadre d’étude

Ce chapitre sera consacré à une présentation du Sénégal en ce qui concerne les aspects géographiques, sociodémographiques, économiques, sanitaires et institutionnels.

Aspects géographiques

Pays Soudano-Sahélien situé à l’extrême Ouest du continent africain, le Sénégal est limité au Nord par la République de Mauritanie, à l’Est par le Mali, au Sud par la Guinée Bissau et la Guinée et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Il est traversé par la Gambie qui est une enclave de terre située entre les régions de Kaolack et de Ziguinchor, sur le cours inférieur du fleuve du même nom. D’une superficie de 196722 kilomètres carrés, le Sénégal possède une grande ouverture sur l’océan atlantique avec ses 700 kilomètres de côtes. C’est un pays plat ; l’altitude dépasse rarement 100 mètres et le point culminant, le mont Assiriki situé au sud-est du pays, à une hauteur de 381 mètres.
Au plan hydrographique, le pays est traversé d’Est en Ouest par quatre fleuves : le Sénégal, la Gambie, la Casamance et le Saloum et leurs affluents. Ce réseau est complété par quelques cours d’eau temporaires et une contribution significative du lac de Guiers au nord du pays.
Le climat est tropical et se caractérise par une longue saison sèche de novembre à juin et une saison humide de juillet à octobre. Celle-ci est plus longue en Casamance au sud du pays où les précipitations annuelles sont les plus importantes, avec une moyenne de 1 400 mm. Celles-ci chutent considérablement au Nord, avec moins de 381 mm. A l’instar des autres pays du Sahel, le Sénégal est confronté à la désertification depuis plusieurs décennies.
Au niveau administratif, l’organisation administrative, territoriale et locale, du Sénégal est fixée par le décret du 10 septembre 2008. Le territoire passe ainsi de 11 à 14 régions administratives avec comme dernières créations Kaffrine, Kédougou et Sédhiou issues respectivement des anciennes régions de Kaolack, Tambacounda et Kolda. Les régions sont subdivisées en départements (au nombre de 45), la décentralisation entreprise depuis 1972 a été approfondie par l’ « Acte 3 de la décentralisation » de 2014 qui confère plus de pouvoir et d’autonomie aux nouvelles collectivités territoriales (commune et département) et l’érection de pôles régionaux de développement.

Aspects socio démographiques

Le Sénégal dispose d’une masse importante de données sociodémographiques et économiques grâce à de nombreuses enquêtes réalisées au cours des trente dernières années. En effet, en dehors de trois recensements généraux (RGP de 1976, RGPH de 1988 et RGPH de 2002), il a été mené plusieurs enquêtes d’envergure nationale parmi lesquelles on peut citer l’Enquête Sénégalaise sur la Fécondité de 1978, l’Enquête sur les Migrations et l’Urbanisation au Sénégal en 1993, l’Enquête Sénégalaise auprès des Ménages (1994/1995 et 2001/2002), cinq Enquêtes Démographiques et de Santé (1986, 1992/1993, 1997, 2005 et 2010/2011), l’Enquête Nationale sur le Travail des Enfants au Sénégal en 2005 et l’Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal en 2006. Ces différentes investigations ont permis d’obtenir des indicateurs démographiques de base à différentes dates qui contribuent au suivi et à l’évaluation des projets et programmes de développement. La population du pays a presque doublé de 1988 (RGPH) à 2010 en passant de 6 896 000 à 12 526 488 habitants. La densité moyenne est de 64 habitants au kilomètre carré. Cependant, cette population est inégalement répartie entre les 14 régions administratives du pays. La région la moins étendue, celle de Dakar, occupe 0,3 % de la superficie du territoire national et abrite près de 23 % de la population totale et 75 % de la population urbaine. La région la plus étendue, Tambacounda, abrite environ 6 % seulement de la population.
La population croît rapidement : le fort taux de croissance démographique de 2,7 % observé entre 2002 et 2013 résulte essentiellement d’une fécondité encore élevée (ISF de 5,0 en 2012 2013) et d’une mortalité infantile en baisse (61 ‰ en 2005, 47 ‰ en 2010-2011 et 43 ‰ 2012-2013). De cette forte croissance, résulte une extrême jeunesse de la population : l’âge moyen de la population est de 22,7 ans et la moitié de la population a moins de 18 ans (âge médian) [23].
Il faut également souligner la particularité des villes de Guédiawaye et de Pikine dans la région de Dakar et celle de Touba dans la région de Diourbel qui sont plus peuplées que certaines régions. Cette situation est caractéristique de la forte tendance à l’urbanisation du fait de l’exode rural qui est à l’origine de la multiplication des bidonvilles.
Au niveau national, le taux d’analphabétisme se situe à 65 %. Ce taux d’analphabétisme varie d’une région à une autre : le plus faible est observé à Dakar (35 %) ; Ziguinchor suit avec 43 %. Dans les autres régions, en dehors de Saint-Louis et Thiès, l’analphabétisme se situe à plus de 75 %. Bien que le Sénégal compte plus de 20 ethnies, plus de 90 % de la population appartiennent à cinq groupes ethniques : Wolof (43 %), Poular (24 %), Sérère (15 %), Diola (5 %) et Mandingue (4 %). La population du Sénégal est essentiellement musulmane (94 % de musulmans). On y trouve aussi des chrétiens (4 %); les animistes et les autres représentent les 2 % restants [23].

Aspects économiques

Le Sénégal s’est engagé dans un nouveau modèle de développement à travers une stratégie qui vise l’émergence dans la solidarité à l’horizon 2035. Cette stratégie constitue le référentiel de la politique économique et sociale. Elle met l’accent sur la création de richesses et d’emplois, le renforcement de la gouvernance, le développement des secteurs stratégiques ayant des impacts significatifs sur l’amélioration du bien-être des populations, particulièrement par la protection des groupes vulnérables et la garantie de l’accès aux services essentiels [23]. Les rapports d’avancement du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1) 2003 et 2004 montrent que d’importants progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre de la stratégie dans les secteurs prioritaires. En effet, le Gouvernement a réalisé la plupart des mesures d’accompagnement du pilier « création de richesses » et inscrit l’économie nationale dans une dynamique d’accélération de la croissance par des politiques macroéconomiques rationnelles, l’amélioration du cadre de l’investissement. Les investissements dans le capital humain de manière générale ont fait l’objet d’une attention particulière avec l’allocation de 50 % du budget de fonctionnement aux secteurs sociaux (éducation, santé). Ces investissements dans les services sociaux de base ont permis d’améliorer les indicateurs sociaux tendant vers l’atteinte des OMD. Malgré ces résultats, l’économie reste vulnérable aux chocs exogènes. C’est ainsi que depuis 2006, l’économie a fait face tour à tour : au déficit pluviométrique qui nous a valu des contre performances du sous secteur agricole en deux années successives, à la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires et aux effets de la crise financière internationale survenue en 2008. Avec les deux premiers chocs, le taux de croissance réelle de l’économie est retombé à moins de 4% en moyenne depuis 2006. L’inflation a également pris de l’ampleur (5% en moyenne). Quant à la situation des finances publiques, elle s’est caractérisée par un creusement du déficit public qui tourne autour de 5% du PIB. Ce qui pourrait mettre en péril les équilibres macro-économiques. Dans ce contexte, le Gouvernement a été en effet conduit à recourir à de nouvelles subventions pour faire face à une forte demande sociale, notamment pour atténuer l’impact de la hausse des prix internationaux de pétrole et d’aliments sur les prix domestiques.
Depuis 2010, l’économie du Sénégal a amorcé une reprise sous le double effet de la relance de l’économie mondiale et des mesures prises par les autorités en faveur de l’activité économique nationale. En effet, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) est passé de 2,2 % en 2009 à 4,2 % en 2010 [23].

Aspects institutionnels et politiques

L’importance de la planification familiale comme stratégie majeure de réduction des niveaux élevés de mortalité maternelle, néonatale a été réaffirmée par l’OMS qui indique que ‘’ La planification familiale (PF) est définie comme un élément crucial des soins de santé dispensés pendant la période prénatale, immédiatement après l’accouchement et pendant la première année suivant l’accouchement’’
Durant ces dernières décennies, le Sénégal a adopté plusieurs mesures sur le plan législatif, politique et programmatique qui sont directement liées à la santé de la reproduction et à la planification familiale, et qui témoignent d’une réelle volonté d’adresser ces questions.
Cet engagement politique au plus haut niveau a été confirmé à travers l’adoption en 1988 d’une Déclaration de Politique de Population (DPP), révisée en 2001 dont les objectifs majeurs, entre autres, sont : réduire la morbidité et la mortalité, en particulier celle des mères et des enfants ; réduire les taux de fécondité et le rythme de croissance très rapide de la population. La promotion de l’espacement des naissances constituent une stratégie majeure de cette DPP.
Cet engagement en faveur de la planification familiale a été par la suite réaffirmé à travers plusieurs documents et actes officiels, notamment :
– La feuille de route (FDR) multisectorielle pour accélérer la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle et néonatale (2006) ;
– La stratégie nationale de la survie de l’enfant (2007) ;
– Le modèle RAPID (Ressources pour l’Analyse de la Population et de son Impact sur le Développement(2009) qui est un outil de plaidoyer pour le soutien à la PF ;
– L’initiative présidentielle « Bajenu Gox » (2009) portant sur la promotion de comportements positifs par les bajenu Gox qui sont des femmes leaders au niveau de leurs communautés respectives;
– Le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2009-2018 dont la première orientation stratégique porte sur « la réduction du fardeau de la morbidité et de la mortalité maternelle et infanto juvénile». Pour l’atteinte de cet objectif, le PNDS accorde un rang de priorité à la relance de la planification familiale ;
– Les documents de Politique, Normes et Protocoles (PNP) en SR ;
– Le Plan Stratégique de sécurisation des produits SR (2011-2015);
– Le Plan Stratégique Nationale SR (2012-2015) ;

Aspects sanitaires

La Constitution sénégalaise garantit le droit à la santé à tous les citoyens et engage l’Etat et les collectivités territoriales à veiller à la santé des populations, en particulier les personnes handicapées et les personnes âgées. La politique de santé reste basée sur les soins de santé primaires, elle s’articule autour des points suivants :
L’accès à des soins de santé de qualité à toute la population où qu’elle se trouve ;
– l’approfondissement de la décentralisation et de la gouvernance sanitaire locale ;
– la promotion de la couverture de l’assurance du risque maladie ;
– la protection des groupes vulnérables ;
– le renforcement du partenariat public privé ;
– la promotion de la multisectorialité ;
– l’alignement de l’aide au développement aux priorités sanitaires nationales ;
– la culture de la gestion axée sur les résultats.
Le système de santé se présente sous forme pyramidale avec trois niveaux [28] :
– l’échelon périphérique, qui correspond au district sanitaire (DS) qui constitue une zone opérationnelle comprenant au moins un centre de santé polarisant plusieurs postes de santé ;
– l’échelon régional, représentant la région médicale (RM) qui correspond à la région administrative et assure la coordination au niveau régional ;
– l’échelon central ou national qui regroupe le Cabinet, le Secrétariat général, les Directions nationales et les services rattachés. Le dispositif sanitaire comprend : 21 établissements publics de santé hospitaliers, 4 établissements de santé non hospitaliers, 78 centres de santé, 1195 postes de santé et 1603 cases de santé fonctionnelles. Le secteur privé renferme 413 structures comprenant : un hôpital, deux centres de santé spécialisés en santé mentale, des cliniques privées, des postes de santé, des cabinets médicaux et des postes de santé d’entreprise. Cependant, en termes de couverture en infrastructures sanitaires, le Sénégal n’a pas encore atteint les normes préconisées par l’OMS.
(Normes OMS : 1 poste de santé pour 10 000 habitants ; 1 centre de santé pour 50 000 habitants et 1 hôpital pour 150 000 habitants) [29].
Ces deux dernières décennies sont marquées par une amélioration de la situation sanitaire comme en atteste la tendance de la plupart des indicateurs suivis par les programmes de santé.
Les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile bien qu’encore élevés, ont connu une baisse significative. En effet, le taux de mortalité infanto juvénile est passé de 131 ‰ en 1992 à 121 ‰ en 2005 et celui de la mortalité infantile est passée de 68 ‰ en 1992 à 61 ‰ en 2005. Enfin, la mortalité maternelle de 510 pour 100 000 naissances vivantes en 1992 est tombée à 401 pour 100 000 naissances vivantes en 2005. Le PNDS-II accorde une place importante à la surveillance épidémiologique, à la santé de la reproduction, aux MST/SIDA et au contrôle des maladies endémiques, notamment le paludisme. Cette dernière endémie qui est une des premières causes de morbidité, est en train de perdre du terrain, résultat à mettre notamment à l’actif du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) [30]. Le niveau de prévalence du VIH relativement faible au sein de la population générale âgée de 15 à 49 ans (0,7 % en 2005) reste stable. Cependant, les résultats des enquêtes sur les groupes à risque montrent des prévalences beaucoup plus élevées (5 à 25 %). Pour les consultations prénatales, plus de 9 mères sur 10 (93%) ont été consultées par un personnel médical formé pendant la grossesse en 2005. Pour les naissances survenues au cours des 5 dernières années, 40 % des mères (en 2005) ont bénéficié de l’assistance d’un personnel médical formé à l’accouchement. La couverture vaccinale chez les enfants de moins de cinq ans est marquée par une amélioration des taux correspondants en 2005 (59 %).
Le Plan d’Action National PF (2012-2015) qui s’est fixé comme objectif d’augmenter le TPC de 12 pour cent en 2012 à 27 pour cent en 2015. Son principal objectif est d’offrir un accès équitable aux services de PF de qualité à toutes les femmes. L’approche dite des 3D (Décentralisation, Démocratisation des services de santé de la reproduction et Délégation des tâches) constitue les principes de base pour la mise en oeuvre de ce plan d’action. La mise en oeuvre de ce PNAPF repose par ailleurs sur les orientations stratégiques suivantes : la disponibilité des produits contraceptifs par la mise à l’échelle de stratégies innovantes ; la distribution à base communautaire des méthodes à courte durée à travers la délégation des tâches ; l’élargissement de l’offre (avec l’offre initiale de pilule et d’injectables) afin de toucher au mieux les plus défavorisées ; l’implication des acteurs du secteur privé dans l’élargissement de l’offre et l’utilisation des contraceptifs, notamment à travers le marketing social, la mise en place d’un réseau de franchises sociales et de stratégies mobiles avec les cliniques mobiles [31].

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Table des matières

Introduction
I. Etat des connaissances de la pratique contraceptive
I.1 Prévalence contraceptive
I.2 Revue des facteurs de la prévalence contraceptive
II. Cadre conceptuel
III. Question de recherche
IV. Objectifs de l’étude
IV. 1 Objectif général
IV. 2 Objectifs spécifiques
V. Cadre d’étude
V. 1 Aspects géographiques
V. 2 Aspects socio démographiques
V. 3 Aspects économiques
V. 4 Aspects institutionnels et politiques
V. 5 Aspects sanitaires
VI. Méthodologie
VI. 1 Type d’étude
VI. 2 Population d’étude
VI. 3 Echantillonnage
VI. 4 Collecte des données
VI. 5 Description des variables
VI. 6 Analyse des données
VII. Résultats
VII.1 Caractéristiques socio démographiques des FAR au Sénégal
VII.2 Répartition des FAR selon la connaissance d’une méthode contraceptive moderne
VII.3 Evolution de l’état de la connaissance de la PF des FAR selon l’année
VII.4 Estimation de la prévalence contraceptive moderne des FAR au Sénégal
VII.5 Description du profil des utilisatrices de la contraception moderne
VII.6 Utilisation de la contraception moderne
VIII. Discussion
IX. Recommandations
Conclusion
Références bibliographiques

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