Caractéristiques occlusales de la denture temporaire stable chez des enfants sénégalais âgés de 5/6 ans

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LA DENTURE TEMPORAIRE

La denture temporaire a un triple rôle :
 Elle assure la fonction masticatrice de l’enfant
 Elle contribue à la dimension verticale de l’étage inférieur de la face
 Elle garde l’espace des dents permanentes et guide leur éruption
Les arcades temporaires ont une forme semi-circulaire.
L’occlusion est de type «engrenant » : une dent est en rapport d’occlusion avec deux dents antagonistes, sauf les incisives centrales mandibulaires et les deuxièmes molaires maxillaires.
Les dents temporaires n’ont pas d’axe spécifique. Elles sont implantées verticalement. Le plan d’occlusion est plat, il n’y a ni courbe de Spee ni courbe de Wilson.
En occlusion, l’engrènement est peu profond, et le recouvrement incisif léger (30 % au maximum). Dans le sens vestibulo-lingual, l’arcade supérieure est en vestibuloclusion par rapport à l’arcade inférieure, mais le surplomb incisif est léger, en corrélation avec le recouvrement: à la limite, on peut observer une relation de bout à bout.
Trois caractéristiques de l’agencement intra-arcade et des relations inter-arcades en denture doivent être bien observées. Il s’agit de l’occlusion des canines, de l’occlusion des molaires et des espaces entre les dents.
L’occlusion des canines : la pointe de la canine supérieure doit tomber exactement dans l’interligne entre la première molaire et la canine inférieure et celle de la canine mandibulaire entre l’incisive latérale et la canine maxillaire.
L’occlusion des molaires : Dans le sens mésio-distal, les molaires
peuvent avoir des rapports variés. Les faces distales des secondes molaires temporaires supérieures et inférieures peuvent être alignées ou décalées. Elles forment entre elles ce que Chapman dénomme « plan terminal » (14).
Le plan terminal décrit les rapports antéropostérieurs des faces distales des deuxièmes molaires temporaires maxillaires et mandibulaires :
– plan terminal à marche mésiale : La face distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire est mésialée par rapport à la face distale de son homologue maxillaire ;
– plan terminal droit : les faces distales des deuxièmes molaires sont sur un même plan vertical
– plan terminal à marche distale : La face distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire est distalée par rapport à la face distale de son homologue maxillaire.
Chapman insistait dès 1948, sur le fait que le plan terminal droit, était dû au fait que la seconde molaire temporaire mandibulaire avait un diamètre mésiodistal plus important que celui de son homologue du maxillaire (15). La face distale de la seconde molaire temporaire sert de guide à l’éruption de la pre-mière molaire permanente, clé de l’occlusion adulte, et son observation permet de prévoir quels seront les rapports inter-arcades définitifs. En effet, lorsque les choses se déroulent normalement (exfoliation des dents primaires, bonnes obturations, etc.), ce plan semble constant dès l’âge de trois ans, et souvent jusqu’à l’éruption des secondes prémolaires (5).
Le plan terminal à marche mésiale est plus favorable pour l’établissement de rapport molaire de Classe I d’Angle en denture permanente. Il peut également aboutir lors du remplacement des molaires temporaires par les prémolaires à des relations de Classe III d’Angle.
Un plan terminal à marche distale est en revanche susceptible de créer des relations molaires de Classe II d’Angle.
Un même sujet peut présenter un plan terminal différent à droite et à gauche.
Le plan terminal est donc témoin des futures relations inter-arcades. La présence de diastèmes peut toutefois exercer une influence, sous certaines conditions, mais elles régulent surtout l’agencement intra-arcade.
Les diastèmes : leur présence est un bon pronostic pour l’établissement d’un agencement intra-arcade sans encombrement en denture permanente.
Deux types d’arcades sont décrits :
Parmi les diastèmes, deux types sont assez fréquents :
Les diastèmes simiens ou espace des primates de Seipel qui sont situés en mésial de la canine supérieure et en distal de la canine inférieure (41). En effet, on les rencontre constamment chez le singe où ils ont une largeur importante; ainsi, chez le jeune macaque rhésus ils peuvent atteindre 4 mm. Chez l’Homme, leur présence est un critère de normalité de l’agencement intra-arcade mais leur taille est sujette à une grande variabilité (6). Pour Moorrees, les arcades sans diastèmes conduisent à une malocclusion dans 84 % des cas par dysharmonie dento-maxillaire (32).
Les diastèmes inter-incisifs ou diastèmes de Bogue : sont généralement régulièrement bien répartis entre les incisives. Pour Bogue, les diastèmes inter-incisifs se développent vers quatre ans et sont normalement présentes dès la cinquième année. Il est souhaitable qu’il y ait une certaine harmonie entre les diastèmes maxillaires et les diastèmes mandibulaires. En cas de dysharmonie, il y a présomption de malocclusion surtout si le plan terminal est défavorable.

LA DENTITION PERMANENTE

La transition entre la denture temporaire et la denture mixte est particulièrement importante dans la constitution des arcades dentaires. Les dents temporaires et leurs homologues permanents ont des diamètres mésio-distaux différents. Ainsi lors de l’éruption des dents «successionnelles», certains mécanismes de compensation sont nécessaires pour leur alignement correct.

Eruption des dents accessionnelles

Classiquement, la première dent permanente à faire son apparition est la première molaire, à quelques rares exceptions près. Cet événement se produit vers six ans, d’où son nom de dent de six ans.
Pour Château, L’âge moyen d’éruption des premières molaires permanentes est de 74,4 mois à la mandibule et de 76,8 mois au maxillaire chez les garçons (16). Pour Hurme, les premières molaires permanentes apparaissent à 74,6 mois chez les garçons, de 71,3 mois chez les filles (24). Carr, avance les chiffres moyens de 77 et 78 mois pour les garçons et de 75 et 76 mois pour les filles (12).
L’éruption de la première molaire permanente est guidée lors de son positionnement final sur l’arcade par le plan terminal.
Diverses théories ont été proposées pour expliquer les ajustements possibles en présence d’un plan terminal droit. Ainsi, Korkhaus , Gottlieb et Orban pensaient à un glissement mandibulaire antérieur pendant que la distance séparant les faces distales des canines supérieures et inférieures reste inchangée (30,22,35).
Zielinsky, Friel, Salzmann proposaient une migration mésiale de l’arcade inférieure sur sa base mandibulaire pendant la durée de la denture temporaire, mais le plan terminal reste le même durant ce laps de temps (21,46,40).
Baume, lui, décrit deux sortes d’ajustements à la mandibule (6):
Lorsqu’il s’agit d’une arcade de type I, avec diastèmes, le plan terminal droit se transforme en plan terminal à marche mésiale suite à une diminution des diastèmes par migration des premières et secondes molaires et mésialage secondaire des premières molaires permanentes inférieures. Les premières molaires permanentes maxillaires s’engrènent en Classe I, si les diastèmes existant sont suffisants, sinon il faut attendre la chute des deuxièmes molaires temporaires inférieures.
Lorsque l’arcade est de type II, avec un plan terminal droit, les premières molaires permanentes font éruption en bout à bout et l’ajustement ne peut se faire qu’au moment du remplacement des molaires temporaires par les prémolaires plus étroites, illustrant ainsi l’idée de Speidel (42).
Quant au maxillaire, si les espaces inter-dentaires existent, ils se referment; s’ils sont trop importants, le mésialage de la dent de six ans supérieure est plus important qu’à la mandibule et il y a distoclusion. On retrouve le même phénomène après éruption de la dent de six ans maxillaire, derrière un plan terminal à marche distale.
Quels que soient les rapports molaires, il est certain que la relation canine reste inchangée et celle-ci est «La clé de l’occlusion des arcades temporaires », car les rapports d’occlusion normaux antéro-postérieurs aux molaires sont variables.

Remplacement des incisives temporaires par les incisives permanentes.

Les incisives temporaires sont moins larges dans le sens mésio-distal que les incisives permanentes qui les remplacent. Le déficit d’espace pour la mise en place des incisives permanentes sur une arcade dentaire trop petite sera compensé par trois mécanismes :
– un mécanisme dentaire : utilisation des diastèmes incisifs et des diastèmes simiens ;
– une augmentation de la largeur d’arcade par une vestibuloversion accentuée des incisives permanentes par rapport aux incisives temporaires ;
– un élargissement dû à la croissance : augmentation de la largeur inter- canine (3mm) au cours du remplacement des incisives.

Rhizalyse des dents temporaires et dents successionnelles

L’exfoliation des dents temporaires est précédée de la résorption de leurs racines et de leur os alvéolaire, par ostéoclasie. La rhizalyse des racines temporaires commence dès la première année qui suit la fin de leur édification, généralement en face de la couronne de la dent de remplacement, dont la pression procure le stimulus nécessaire.
Toutefois, une dent temporaire sans germe de remplacement se résorbe quand même, et, d’autre part, le phénomène a pu être observé à distance des couronnes sous-jacentes, donc sans pression directe.
Cette rhizalyse se produit par à-coups, en alternance avec des périodes de repos au cours desquelles il peut se déposer un tissu, néoformé cémentoïde ou ostéoïde. Ces périodes peuvent être en rapport avec les poussées d’éruption et de croissance. Finalement, c’est la résorption qui l’emporte et la dent temporaire finit par s’exfolier, bientôt remplacée par la dent permanente.
L’extraction prématurée de la dent temporaire peut hâter la sortie de sa dent de remplacement mais, si elle est pratiquée trop tôt, une fibrose cicatricielle peut, au contraire, la gêner et donc la retarder, et à la limite requérir une alvéolectomie conductrice.
En règle générale, les germes des dents permanentes de remplacement sont en position linguale par rapport aux dents temporaires. Ainsi, les germes des incisives latérales supérieures suivent l’axe des dents temporaires, mais se vestibulent dans un deuxième temps ; ceux des incisives centrales inférieures font souvent une éruption hélicoïdale, mais en arrière des temporaires, ce qui est favorable dans la Classe II ou le retrait des incisives inférieures s’en trouve aggravé, et favorable en classe III. Pour émerger à la place des dents temporaires, les germes des dents permanentes maxillaires suivent un trajet occluso-vestibulaire et la rhizalyse des dents temporaires se fait avec un biseau lingual, augmentant la vestibuloversion supérieure. 27
Le groupe incisivo-canin des deux dentures est similaire dans sa forme; de même, la couronne de la seconde molaire temporaire rappelle en plus petit celle de la première molaire permanente; par contre, la première molaire temporaire a une morphologie qui n’a pas son équivalent dans les dents permanentes.

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Table des matières

Introduction
Première partie: Données sur le Sénégal
I. GEOGRAPHIE PHYSIQUE
II. DONNEES SOCIODEMOGRAPHIQUES.
III. DONNEES SUR LA SCOLARISATION
Deuxième partie: Dentitions et caractéristiques occlusales normales en denture temporaire
I.- LA DENTITION TEMPORAIRE
I- 1 Position des germes dans les maxillaires
I-2 Apparition des dents temporaires
II. – LA DENTURE TEMPORAIRE
III- LA DENTITION PERMANENTE
III-1 Eruption des dents accessionnelles
III-2 Remplacement des incisives temporaires par les incisives permanentes.
III-3 Rhizalyse des dents temporaires et dents successionnelles
Ttroisième partie: Caractéristiques occlusales de la denture temporaire stable chez des enfants sénégalais âgés de 5/6 ans
I. MATERIELS ET METHODES :
I-1 Type de l’étude :
I.2 Population ciblée.
I.3 Echantillonnage :
I-3.1 Particularités socio-démographiques du Sénégal
I-3.2 L’organisation particulière du système éducatif sénégalais :
I-3.3 Les difficultés logistiques :
1.4. Période et durée de l’étude :
1.5. Formation et calibration des enquêteurs
I.6. Collecte des données :
I.6.1. Procédure de collecte des données
I.6.2 Critères de sélection des moulages pour l’évaluation des caractéristiques occlusales :
I.6.2.1 Critères d’inclusion :
I.6.2.2 Critères d’exclusion :
I.6.3. Evaluation des caractéristiques occlusales :
I.6.3.1.Les évaluations qualitatives
I.6.3.2.Les évaluations quantitatives
II. ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
III. RESULTATS
III.1 Statistiques descriptives
III.1.1. Caractéristiques occlusales
III.1.1.1 AGENCEMENT INTRA-ARCADE
III.1.1.2.LES RELATIONS INTER-ARCADES
III.1.2 Les évaluations quantitatives (Tableau IV)
III.1.2.1 Agencement intra-arcade
III.1.2.2.Relations inter-arcades au niveau des incisives
IV. DISCUSSION
IV.1. Considérations méthodologiques et limites de l’étude
IV.2. Caractéristiques occlusales des enfants sénégalais
IV.2.1. Les diastèmes simiens
IV. 2.2. Les autres espaces
IV.2.3. L’occlusion sagittale des molaires
IV.2.4. Occlusion des canines
IV.2.5. Occlusion sagittale des incisives
IV.2.6. Occlusion transversale des molaires
Conclusion
Bibliographie

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