Caractéristiques et circonstances des accidents de travail

Caractéristiques et circonstances des accidents de travail

MATRIEL ET MÉTHODES

Une étude prospective monocentrique a été menée à partir des appels téléphoniques au Centre antipoison et de toxicovigilance d’Angers (CAP-TV), sur 12 mois, du 1er mai 2014 au 30 avril 2015 inclus. Pendant cette période, l’ensemble des dossiers relatifs à un accident de travail (AT) lié à une exposition à un agent toxique dans la région des Pays de la Loire a été colligé. Le CAP-TV du CHU d’Angers est un service regroupant des médecins, pharmaciens et infirmiers formés en toxicologie dont une des missions est la réponse téléphonique d’urgence pour tout accident ou question relatif à une exposition toxique suspectée ou avérée. Son territoire d’action regroupe les régions Centre, Pays de la Loire, Basse- Normandie et Bretagne. Il traite les appels provenant de la population générale (particuliers) et des professionnels (SAMU, médecins et infirmiers) et oriente ses interlocuteurs vers le protocole de prise en charge le plus adapté. Dans ce cadre, le CAP-TV recueille des informations précieuses sur les cas d’expositions toxiques et les enregistre dans le Système d’information des centres antipoison (SICAP) qui alimente une base de données régulièrement utilisée à des fins de toxicovigilance. Cette toxicovigilance continue permet de déclencher des mesures d’alerte et d’orienter les campagnes de prévention au niveau régional et national. Les appels concernant des accidents de travail (AT) liés à un agent toxique sont quotidiens pour la région des Pays de la Loire. Ces dossiers font suite à l’appel de l’exposé lui-même, d’un infirmier d’entreprise, d’un sauveteur-secouriste du travail, d’un médecin urgentiste ou au transfert de l’appel via le médecin régulateur du SAMU.

Recueil des données

Lors de chaque appel signalant un AT toxique, le CAP-TV créait un dossier dans le SICAP et y intégrait toutes les données relatives à l’exposition. Ces données étaient recueillies au fur et à mesure des échanges avec l’exposé lui-même et avec toutes personnes ayant des informations jugées utiles à la prise en charge et la compréhension de la situation (témoins, sauveteur secouriste du travail, infirmier d’entreprise, médecin de soins, médecin du travail, ingénieur qualité-sécurité environnement, employeur, etc.). Chaque dossier pouvait regrouper plusieurs appels : l’appel initial et un ou plusieurs appel(s) complémentaire(s) pour le suivi clinique et l’étayage du dossier. Chaque dossier pouvait également regrouper plusieurs travailleurs exposés dans le cadre d’un accident collectif.

Le recueil des données était organisé par patient, en deux parties : une partie issue de l’enquête standard menée par les toxicologues du CAP-TV (date de l’AT, âge et sexe de l’exposé, lieu de l’accident, classe du toxique concerné, voie d’exposition, imputabilité, gravité, évolution finale) ;

une partie plus spécifique à l’étude réalisée à l’aide d’une fiche standardisée d’aide au recueil d’informations où étaient recueillies des données concernant l’exposé et son entreprise (type de contrat de travail, catégorie socioprofessionnelle, nombre de travailleurs dans l’entreprise, secteur d’activité, temps de travail, ancienneté au poste dans l’entreprise), la disponibilité en moins d’une heure de la composition ou de la Fiche de données de sécurité (FDS) et des informations sur le contexte de l’AT (circonstances de l’accident, antériorité d’un AT du même type au même poste, réalisation d’une éventuelle décontamination, disponibilité et port des équipements de protection individuelle, remise au patient d’un formulaire de déclaration d’AT, nombre de jours d’arrêt de travail prescrits) [Annexe 1].

Les catégories socioprofessionnelles des patients ont été classées selon le niveau 1 de la nomenclature des Professions et catégories socioprofessionnelles PCS 2003 de l’Insee et les secteurs d’activité, selon les 21 sections du niveau 1 de la Nomenclature d’activités française NAF 2008 de l’Insee (5,6). La gravité des accidents était déterminée selon le Poison Severity Score et l’imputabilité finale était évaluée selon la méthode d’imputabilité en toxicovigilance (7,8). Les AT étaient classés par circonstances : liée à la tâche de travail, incendie, rupture ou fuite sans manipulation, pollution de l’air, acte volontaire ou de malveillance ou accidentelle autre. Pour les AT liés directement à la tâche, cinq questions subjectives étaient posées directement à l’exposé :

Déclaration de l’accident et prescription d’arrêts de travail Un formulaire de déclaration de l’AT a été remis à 269 exposés (67,4 %). L’intégralité des AT de gravité forte ont donné lieu à l’établissement d’un formulaire de déclaration. Parmi les 107 exposés qui n’avaient pas reçu de formulaire de déclaration, 79 (73,8 %) travaillaient dans des entreprises de moins de 100 salariés. Un arrêt de travail a été prescrit à 133 exposés (33,9 %) pour une durée moyenne de 5,6 ± 5,6 jours [1-32], une médiane égale à 4 jours et une variance égale à 31,2 jours. Le fait d’être agriculteur, artisan ou chef d’entreprise était statistiquement lié à l’absence de délivrance d’un formulaire de déclaration de l’AT (p<0,001). Le même lien a été retrouvé avec les travailleurs indépendants (p<0,001), en CDD (p=0,047) ou en contrat d’intérim (p=0,012). À l’inverse, un lien significatif a été mis en évidence entre le fait d’être un ouvrier ou en CDI et le fait d’avoir reçu un formulaire de déclaration (p<0,001).

L’analyse statistique du lien entre la durée des arrêts de travail et le type de contrat de travail des exposés a montré que la moyenne du nombre de jours d’arrêt de travail était significativement plus courte chez les fonctionnaires que chez les autres exposés (0,77 versus 2,05 jours ; p=0,007). L’analyse du lien entre la durée des arrêts de travail et la catégorie socioprofessionnelle des exposés a mis en évidence une durée d’arrêt de travail moins longue chez les agriculteurs, les professions intermédiaires et les employés que dans les autres catégories socioprofessionnelles. Les arrêts de travail des CSP « cadres et professions supérieurs » et « autres » n’ont pas été étudiées faute d’effectifs suffisants (Tableau IV).

DISCUSSION ET CONCLUSION

L’analyse des données d’AT sur une année complète souligne la variété des travailleurs et des entreprises concernées par le risque toxique dans la région Pays de La Loire. Les expositions toxiques qui ont été signalées au CAP-TV concernaient la zone oculaire de façon très majoritaire. Le port des EPI était effectif dans moins de la moitié des cas. Un arrêt de travail a été prescrit dans environ un tiers des cas. Ces arrêts de travail, de part leur courte durée, déclenchaient rarement l’organisation d’une visite de reprise avec le médecin du travail. La durée moyenne des arrêts de travail était statistiquement moins importante chez les fonctionnaires et les agriculteurs que chez les autres exposés. La remise d’un formulaire de déclaration par l’employeur ou un médecin, permettant par la suite la déclaration de l’AT, était significativement plus fréquente chez les ouvriers et les travailleurs en CDI et significativement plus rare chez les travailleurs indépendants et les travailleurs ayant un contrat de travail précaire (CDD, contrat d’intérim).

Cette étude a été construite avec des critères d’inclusion larges qui ont permis d’obtenir un effectif d’exposés important. La force de cette étude repose également sur l’expertise de l’équipe du CAP-TV et la qualité des données cliniques et professionnelles recueillies, qui sont absentes des formulaires habituels de déclaration d’AT. L’accès possible à des données sur des AT qui ne seraient probablement pas déclarés est également une plus-value majeure de notre étude par rapport à celles réalisées par l’Observatoire régional de santé des Pays de la Loire ou chaque année par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (9,10). Plusieurs études étrangères ont fait le même constat de l’apport d’une veille sanitaire toxicologique visant les travailleurs, se basant sur des données issues directement du terrain et non de formulaires administratifs.

Une étude menée en Suisse par le Swiss Toxicological Information Center a mis en évidence que de nombreux dossiers d’AT pris en charge par téléphone n’avaient pas été signalés aux organismes d’assurance des travailleurs, en majorité dans les entreprises de moins de 15 salariés et, de façon attendue, chez les professions libérales (11). De même, aux USA, dans l’état du Michigan, une étude a permis de montrer qu’un système de surveillance des AT à type de brûlures chimiques associant plusieurs structures, dont des Services d’urgences et le Centre antipoison local, avait permis d’identifier trois fois plus de brûlures chimiques que le Bureau of Labor Statistic’s qui se base sur les déclarations des employeurs (12). Les données du CAP des Pays-Bas ont également été utilisées dès 1988 dans une étude montrant que les accidents toxiques aigus en milieu de travail étaient considérablement sous-notifiés aux organismes officiels (13).

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Table des matières

INTRODUCTION
MATERIEL ET MÉTHODES
RÉSULTATS
DISCUSSION ET CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
ANNEXES

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