Caractéristiques du déroulement de l’accouchement et du post-partum

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Caractéristiques de l’étude

Il s’agissait d’une étude observationnelle, de type cas-témoins, rétrospective, monocentrique, portant sur les accouchements du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2017.
L’étude a été réalisée au CHU de Caen, dont la maternité (de type III) réalise environ 3100 accouchements par an.

Caractéristiques de la population étudiée

Les cas étaient représentés par les AEH, définis comme suit : femmes mineures et majeures ayant eu un travail spontané et accouchant à terme, à partir de 37 Semaines d’Aménorrhée (SA), dont l’accouchement s’est entièrement déroulé en dehors du CHU de Caen.
Les cas ont été identifiés par une requête informatique à partir du logiciel obstétrical du CHU de Caen.
Pour chaque cas, un témoin était sélectionné parmi les accouchements par voie basse se produisant en milieu hospitalier. Il s’agissait de l’accouchement survenant au CHU de Caen suivant immédiatement chaque AEH et ne présentant pas de critère de non inclusion.
Les critères de non inclusion comprenaient pour les cas et les témoins : les accouchements prématurés, avant 37 SA, les présentations podaliques, les grossesses multiples, les pathologies obstétricales autres que le Diabète Gestationnel (DG), la cholestase gravidique, la Pré-Eclampsie (PE) et la Menace d’Accouchement Prématuré (MAP), les Interruptions Médicales de Grossesse (IMG), les accouchements déclenchés, les extractions instrumentales, les pH au scalp ainsi que les césariennes.

Recueil des données

Le recueil de données a été réalisé entre août et octobre 2018 grâce à la consultation du logiciel Obstétrique 4D® et du logiciel Références pour compléter certaines informations.
Les données recueillies étaient les suivantes :

Caractéristiques générales de la population

Les caractéristiques générales suivantes ont été recueillies pour chaque patiente :
– âge maternel (reclassé secondairement pour l’analyse en inférieur à 20 ans et supérieur 35 ans) ;
– Indice de Masse Corporelle (IMC), et l’existence d’une obésité définie par un
IMC supérieur à 30 kg/m2 selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) de 2009 (24) ;
– origine géographique en dehors du territoire national ;
– Catégorie SocioProfessionnelle (CSP) selon la nomenclature de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) de 2003 (Annexe III) (25) et selon la structure de la classification internationale type des professions de 2008 (Annexe IV) (26) ;
– durée de trajet pour se rendre du domicile au CHU de Caen selon l’adresse notée dans le logiciel Obstétrique 4D® puis calculée avec le logiciel Google Maps ;
– antécédent d’un AEH.

Caractéristiques du déroulement de la grossesse

Les caractéristiques du déroulement de la grossesse suivantes, ont été recueillies:
– primiparité et parité supérieure ou égale à trois ;
– consommation de tabac, d’alcool et de toxique pendant la grossesse ;
– hospitalisation au cours de la grossesse ;
– présence de pathologies obstétricales tels que le DG (trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable), la cholestase gravidique (prurit généralisé avec une augmentation des acides biliaires et des transaminases) la PE (une hypertension artérielle supérieure ou égale à 140/90 mmHg au moins à deux reprises à quatre heures d’intervalle ainsi qu’une protéinurie supérieure à 0,3 g/jour) et la MAP (survenue de contractions utérines entre 22 et 36 SA révolues associées à des modifications cervicales pouvant conduire à un accouchement prématuré en l’absence d’une intervention médicale) ;
– suivi de la grossesse : nombre de consultations obstétricales au CHU de Caen, nombre d’échographies prénatales et date de la dernière consultation obstétricale au CHU de Caen précédant l’accouchement ;
– existence d’un déni de grossesse.

Caractéristiques du déroulement de l’accouchement et du post-partum

Les critères d’évaluation du déroulement de l’accouchement et du post-partum ont été les suivants:
– terme supérieur à 41 SA correspondant à une grossesse prolongée ;
– déchirure périnéale ;
– Lésion Obstétricale du Sphincter Anal (LOSA) ;
– épisiotomie ;
– délivrance dirigée avec l’injection de cinq unités d’oxytocine ;
– délivrance artificielle et révision utérine ;
– présence d’une HPP (pertes de sang supérieures à 500 mL dans les 24 heures suivant l’accouchement) ;
– existence d’un thrombus, d’une anémie et d’une endométrite ;
– consultation psychiatrique durant le séjour en Suites De Couche (SDC) ;
– morbidité maternelle définie par la survenue d’au moins un des critères suivants : déchirure périnéale, délivrance artificielle, révision utérine, HPP, thrombus, anémie et endométrite ;
– mortalité maternelle ;
– durée du séjour en SDC supérieure à 96 heures suivant les recommandations de l’HAS de 2014 (27).

Critères d’issues néonatales

Les critères d’évaluation de la morbidité néonatale ont été les suivants :
– poids du nouveau-né à la naissance (inférieur au dixième percentile) selon les courbes pédiatriques ;
– détresse respiratoire ;
– score d’Apgar inférieur à 10 à cinq minutes de vie ;
– hypothermie de l’enfant à l’arrivée en Salles De Naissance (SDN) ;
– hospitalisation en néonatalogie ;
– infection néonatale durant le séjour ;
– abandon du nouveau-né ;
– morbidité néonatale définie par la survenue d’au moins un des critères suivants : détresse respiratoire, Apgar à cinq minutes de vie, hypothermie, hospitalisation en néonatalogie et infection durant le séjour ;
– mortalité néonatale.

Résultats de l’étude

Cette étude porte sur 45 patientes dans chaque groupe respectif.

Objectifs principaux

Notre étude a permis de montrer qu’il existait des facteurs prédictifs d’accoucher en EH.
Les femmes ayant une parité supérieure ou égale à 3 étaient significativement plus fréquentes chez les cas que chez les témoins.
Ces accouchements touchaient souvent des grossesses peu suivies. En effet, le fait de n’avoir eu aucune consultation prénatale au CHU ou aucune échographie était significativement plus fréquent chez les cas que chez les témoins.
La CSP « sans activité professionnelle » était de même significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins.
Toutefois, le déni de grossesse n’était pas significativement plus courant chez les cas que chez les témoins. On observait une tendance de ce dernier chez les cas sans pour autant que cela soit significatif.
Enfin, notre étude a permis de montrer que la moyenne d’âge des femmes chez les cas et chez les témoins était approximativement la même, ce qui tend à faire penser que l’AEH n’est pas l’apanage des jeunes femmes « inexpérimentées ».
Nous avons pu aussi observer que ce type d’accouchement avait des répercussions aussi bien sur les plans obstétricaux que néonataux.
La délivrance dirigée était significativement moins fréquente chez les cas que chez les témoins.
La morbidité maternelle, elle, était augmentée en milieu EH sans pour autant que cela devienne significatif.
Concernant la morbidité néonatale, elle était significativement plus élevée en milieu EH.
La principale morbidité néonatale était l’hypothermie. Dans notre étude, cette dernière était significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins.

Objectifs secondaires

Notre étude nous a permis dans un second temps d’observer l’incidence de ce type d’accouchement sur plusieurs années au CHU de Caen.
L’AEH était globalement moins fréquent dans notre agglomération caennaise qu’à l’échelle nationale. En effet, il concernait 0,3% des accouchements à Caen versus 0,5% en France (2). Ce taux était globalement stable sur la période de l’étude.
De plus, notre étude a permis de montrer qu’un temps de trajet supérieur à 20 minutes pour se rendre du domicile à la maternité n’était pas significativement plus fréquent pour les femmes du groupe cas.

Limites, biais et points forts de l’étude

Limites et biais de l’étude

Il s’agit d’une étude rétrospective de type cas-témoins. Il existe donc des biais liés à ce type de méthodologie en particulier un biais d’information avec un certain nombre de données manquantes ou incorrectes.
Des difficultés ont été rencontrées lors du recueil de dossiers pour une patiente ayant accouché sous X. La réelle identité de la patiente n’ayant pas été révélée cela a ainsi pu fausser notre relevé.
En outre, l’hypoglycémie à l’arrivée en SDN n’a pu être étudiée statistiquement du fait du trop grand nombre de dossiers non renseignés (38 dossiers chez les cas contre 44 dossiers chez les témoins).
Enfin, l’estimation du temps pour se rendre du domicile à la maternité constituait aussi un biais d’information et de mesure. Google Maps ne prend pas en compte les aléas de la circulation. Toutefois, il n’existe pas de logiciel dédié au géocodage avec un accès généralisé. Cela existe dans des services de registre de cancer sans pour autant être accessible à tout public, ainsi, Google Maps paraissait malgré tout le meilleur logiciel pour ce type d’étude.
De plus, s’agissant d’un évènement rare, l’effectif de chaque groupe était relativement faible. Ceci peut expliquer que certaines différences ne soient pas significatives au regard d’un manque de puissance.
Il persistait aussi des biais de classement lors du recueil de données. En effet, l’un de nos items « nouveau-né hospitalisé » comprenait également tous les nouveau-nés abandonnés. La pratique de service du CHU de Caen veut que chaque nouveau-né abandonné à la naissance soit hospitalisé dans un autre service que celui de sa mère biologique qui a été admis. Ce service en question est l’unité Kangourou, service de néonatologie.
Enfin, un entretien auprès de chaque patiente du groupe cas aurait sans doute permis d’élucider d’autres facteurs prédictifs en plus d’avoir une meilleure vue d’ensemble de chaque situation. Malheureusement le manque de temps ne nous a pas permis de mettre en place ces entrevues.

Points forts de l’étude

Notre étude évoque un sujet d’actualité en lien avec la réorganisation des maternités sur le territoire français. Des enjeux de santé publique peuvent ainsi être soulevés.
Cette étude propose une approche nouvelle de ce qui a été fait à l’heure actuelle en France avec des critères comme l’obésité, le niveau de CSP selon la classification internationale type des professions de 2008, la consultation au CHU la semaine précédent l’accouchement ou encore la rencontre d’un psychiatre durant le séjour en SDC. Ces critères n’ont jamais été abordés dans les études faîtes précédemment.
De plus, le fait que notre sujet traite des AEH à terme est tout de même représentatif de ce type d’accouchement. En effet, les AEH de 2012 à 2017 au CHU de Caen sont dans 84% des cas, à terme. Enfin, le choix d’étudier seulement les AEH à terme a permis de ne pas surajouter les conséquences de la prématurité, source de biais.

Les facteurs prédictifs

La catégorie socioprofessionnelle (CSP)

Dans notre étude, les femmes sans activité professionnelle dont font partie les mères au foyer et les étudiantes était significativement plus fréquent chez les cas que chez les témoins. En revanche, la CSP basse n’était pas significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins. Néanmoins, on observait une tendance à la significativité de celle-ci chez les cas.
Plusieurs études y compris la notre, ont étudié le niveau socio-économique selon la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles de l’INSEE (2003).
En effet, l’étude caennaise réalisée de 2002 à 2009 (18), l’avait utilisée et révélait que la catégorie « aucune profession, étudiante ou bas niveau socio-économique » était significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins (73,4% contre 47,9%, p< 0,01). Le mémoire d’une sage-femme de Nantes fait sur la période 2007- 2009 (28), avait également appliqué la nomenclature de l’INSEE.
Cette étude descriptive incluant 133 AEH montrait que les femmes accouchant inopinément étaient sans activité professionnelle dans 25% des cas. Il n’y avait qu’une étudiante dans cette série contrairement à la notre où il y en avait quatre.
Une thèse de médecine faite dans la Manche entre 1991 et 1995 (7), recensait 58% de femmes sans activité professionnelle alors qu’un mémoire de sage-femme de Metz réalisé de 2002 à 2005 (29), en comptait 59,5%.
Enfin, une étude lyonnaise réalisée en 2012 (6), montrait qu’une situation de précarité était significativement plus fréquente lors d’un AEH (21,1% contre 0,7%, p< 0,01).
Le problème de ces quatre dernières études est que nous ne savons pas sur quel support les auteurs se sont basés.
Au vue des données de la littérature et de notre étude, la CSP « sans activité professionnelle » semble être un facteur de risque d’AEH. Il est pour autant délicat d’évoquer l’hypothèse d’une relation entre AEH et précarité.
Selon V. Marel, les conditions socio-économiques sembleraient même jusqu’à être le principal critère d’un AEH (14). L’isolement pourrait être l’une des causes.
Enfin, il est important de noter que la CSP comprenant les personnes sans activité professionnelle ne fait pas partie de la CSP basse de la classification internationale type des professions que nous avons aussi étudiée (Annexes III et IV).

Le suivi de la grossesse

Dans notre étude, la grossesse était majoritairement moins suivie. En effet, le fait de n’avoir eu aucune consultation prénatale au CHU de Caen ou aucune échographie était significativement plus fréquent chez les cas que chez les témoins.
On retrouve des résultats semblables dans une étude caennaise réalisée de 2002 à 2009 (18), et dans une étude lyonnaise en 2012 (6).
L’absence de suivi de la grossesse apparaît être un facteur de risque d’AEH. Il s’agit d’un élément constant retrouvé dans les études françaises. L’isolement peut conduire à des difficultés à bénéficier d’un suivi correct durant la grossesse et ce, par un manque d’information et par une méconnaissance des signes annonciateurs de l’accouchement.
De plus, des conditions socio-économiques défavorables peuvent parfois expliquer que le manque d’accès à un suivi (ex : frais de transport) ou un suivi de la grossesse régulier, n’est à ce moment plus une priorité.

Le déni de grossesse

Dans notre étude, le déni de grossesse n’était pas significativement plus fréquent chez les cas que chez les témoins. Néanmoins, on observait une tendance à la significativité de celui-ci dans le groupe cas.
Peu d’études ont étudié ce critère en lien avec l’AEH.
Une étude caennaise réalisée de 2002 à 2009 (18), notait qu’il y avait dans les 20 grossesses non suivies ayant abouti à un AEH, un quart de dénis de grossesse, sans pour autant donner de valeurs.
Une thèse lilloise faite de 2011 à 2013 (30), retrouvait sur les 7 AEH avec des grossesses non suivies, un quart de dénis dont 2 totaux et 2 partiels.
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, le déni de grossesse ne s’avère pas être un facteur de risque d’AEH.

La parité

Dans notre étude, il s’agissait principalement de femmes multipares. En effet, la primiparité était significativement moins fréquente dans le groupe cas que dans le groupe témoins.
La parité supérieure ou égale à trois, elle, était significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins.
Une étude évaluant la prise en charge du SMUR sur les AEH à terme de 2003 à 2007 (12), allait même jusqu’à montrer que 76% des AEH concernaient des patientes multipares.
La revue SAMU-SMUR et Périnatalité de 2004 recensait une parité supérieure ou égale à trois pour 51% femmes accouchant en milieu EH (5).
Enfin, les études françaises se rejoignent toutes sur le fait que l’AEH touche majoritairement des multipares (6) (10) (18).
Au vue des données de la littérature et de notre étude, la multiparité semble être un facteur de risque d’AEH. Le travail étant plus rapide, certaines femmes n’ont sans doute pas eu le temps de se rendre à la maternité.

L’âge

Dans notre étude, il s’agissait de femmes d’âge moyen. La population étudiée chez les cas était comparable à celle étudiée chez les témoins. Néanmoins, l’âge moyen des mères ayant accouché en EH sur cette période était inférieur à la moyenne nationale de 30,3 ans (31).
Les études françaises faites sur l’AEH retrouvaient cette même notion d’âge moyen. Dans la région caennaise, entre 1992 et 2000 puis entre 2002 et 2009, l’âge moyen des femmes ayant accouché en EH était de 28 ans (18), tandis qu’il était de 30 ans à Lyon en 2012 (6).
Nous pouvons ainsi constater que ce type d’accouchement n’est pas l’apanage des jeunes mères exclusivement.
Dans notre étude, on a pu relever une légère augmentation des âges extrêmes sans pour autant que cela soit significatif.
Une étude caennaise faite de 2002 à 2009 (18), retrouvait cette même notion.
Les auteurs de l’étude CEPIM-SPIA considéraient l’âge entre 26 et 35 ans comme étant un facteur de risque de survenue d’un AEH. C’est d’ailleurs un critère retenu pour l’évaluation de l’imminence de l’accouchement par le score SPIA (Annexe II) (32).
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, l’âge ne s’avère pas être un facteur de risque d’AEH. Cela n’est pas surprenant puisque les jeunes femmes ont aussi conscience du danger et savent à quel moment elles doivent se rendre à la maternité.

L’origine géographique

Dans notre étude, les femmes d’origines géographiques extraterritoriales n’étaient pas significativement plus fréquentes chez les cas que chez les témoins.
Il faut aussi prendre en compte le fait que Caen n’est pas un département à forte proportion d’immigrées. Le taux de femmes migrantes est en effet inférieur aux chiffres nationaux (3,6% contre 4,7% en 2015) (33).
En revanche, un mémoire de sage-femme réalisé à Metz de 2002 à 2005 (29), montrait une corrélation entre l’origine étrangère et l’AEH. Toutefois, il est important de noter que le taux de femmes migrantes à Metz est supérieur aux chiffres nationaux (7,3% contre 4,7% en 2015) et de Caen (34).
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, l’origine géographique ne se présente pas être un facteur de risque d’AEH.

Les conséquences obstétricales

La délivrance dirigée, la délivrance artificielle et la révision utérine

Dans notre étude, la délivrance dirigée était significativement moins fréquente chez les cas que chez témoins.
L’administration préventive d’oxytocine avait été réalisée dans un peu plus de la moitié des cas alors que les RPC précisent que cette mesure doit être pratiquée de manière systématique au dégagement de l’épaule antérieure du fœtus ou dans l’heure suivant la naissance (15).
Une étude lyonnaise faite en 2012 (6), comprenant 71 AEH révélait des résultats plus défavorables que la notre concernant cette pratique. Elle montrait une injection d’oxytocine dans un cinquième seulement des cas (18,3%).
Une étude prospective multicentrique en 2008 évaluant la qualité des pratiques de 11 SMUR de métropole lors de la prise en charge des AEH montrait des résultats équivalents avec une d’administration d’ocytocine dans 15% des cas (16).
Dans notre étude, la délivrance artificielle et la révision utérine étaient effectuées plus fréquemment chez les cas que chez les témoins sans pour autant que cela soit significatif.
L’étude caennaise réalisée de 2002 à 2009 (18), montrait un taux de délivrance artificielle deux fois plus élevé qu’en milieu hospitalier.
Une étude lyonnaise faite en 2012 (6), elle, révélait qu’une révision utérine était réalisée à la maternité dans un quart des cas (25,4%).
La révision utérine n’est pas à pratiquer de manière systématique mais seulement sur des facteurs de risque. Le taux élevé de cet acte à la suite d’un AEH peut s’expliquer par le contexte de la délivrance (SAMU non présent au moment de l’accouchement, doute sur l’intégrité du placenta et des membranes, quantification difficile des pertes etc).
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, la délivrance dirigée apparaît être moins réalisée lors d’un AEH. Cela peut s’expliquer notamment par le fait que l’AEH soit peu médicalisé, avec des femmes qui accouchent fréquemment sans présence d’une sage-femme ou d’un médecin.
Il aurait pu être intéressant de regarder si l’injection d’oxytocine avait été faite quand l’AEH était réalisé par un médecin du SAMU afin d’évaluer de manière plus précise le bon respect des recommandations.

L’hémorragie du post-partum (HPP)

Dans notre étude, la survenue d’une HPP était plus fréquente chez les cas que chez les témoins, sans que cela soit significatif.
L’étude caennaise faite de 2002 à 2009 (18), concluait que l’HPP était aussi fréquente chez les cas que chez les témoins avec un taux de 5,3%.
Une thèse de médecine lilloise réalisée de 2011 à 2013 (30), elle, concluait que l’HPP n’était pas plus fréquente lors d’un AEH mais qu’elle était plus grave lorsqu’elle survenait.
En revanche, une étude lyonnaise faite en 2012 (6), révélait un taux d’HPP deux fois plus fréquent sans pour autant que cela soit significatif (8,50% contre 4,90%, p=0,48). Ces résultats pouvaient cependant être mis en lien avec la faible puissance de l’étude pour les cas (N=71) contrairement aux témoins (N=142).
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, l’HPP ne semble pas être une conséquence de l’AEH, d’autant que les résultats varient fortement d’une étude à une autre. Dans notre étude, il est néanmoins possible que les HPP aient été sous-estimées, compte tenu de la difficulté de la quantification des pertes sanguines en milieu EH ou d’une prise en charge tardive.

La déchirure périnéale, la lésion obstétricale du sphincter anal (LOSA) et l’épisiotomie

Dans notre étude, la déchirure périnéale n’était pas significativement plus fréquente dans chez les cas que chez les témoins tout comme la LOSA.
La prévention des ces lésions passe aussi par la formation des médecins de SMUR notamment. Une étude réalisée de 2003 à 2007 évaluant la prise en charge de ces praticiens lors d’un AEH à terme (12), montrait des résultats semblables à notre étude avec un taux de déchirures périnéales de 56%.
Une étude lyonnaise faite en 2012 (6), elle, révélait des lésions périnéales de 1er et 2nd degré significativement plus fréquentes lors d’un AEH (57,8% contre 22,5%, p < 0,01). Le nombre de périnées complets était lui trois fois plus fréquent lors d’un AEH sans pour autant que cela soit significatif.
En revanche, une étude française réalisée en 1998 (35), montrait des résultats contraires. La déchirure périnéale était en effet significativement moins fréquente chez les cas que chez les témoins (12% contre 20%, p < 0,01). Néanmoins, il est à noter que cette étude incluait aussi les AEH prématurés de plus de 22 SA pouvant ainsi surévaluer cette notion.
Enfin, une autre étude faite en Ecosse de 1995 à 1999 (36), allait même jusqu’à évoquer une diminution du nombre de sutures périnéales. Est-elle en lien avec une baisse du taux de déchirure périnéale?
Dans notre étude, l’épisiotomie n’était pas significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins.
Une thèse de médecine lilloise réalisée de 2011 à 2013 (30), ne comptait aucun cas d’épisiotomie en milieu EH contrairement à une proportion plus importante en milieu hospitalier. Cette étude ainsi que la notre étaient conformes aux recommandations d’experts de 2010 de l’AEH (15), indiquant que l’épisiotomie ne doit pas être pratiquée de manière systématique y compris en milieu EH.
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, la déchirure périnéale, la LOSA et l’épisiotomie ne paraissent pas être des conséquences propres à l’AEH. Toutefois, dans notre étude, on retrouve 57,8% de déchirures périnéales lors d’un AEH. Ce taux se situe dans la limite haute puisque les déchirures concernent 20 à 60% des accouchements (37).

La mortalité maternelle

La mortalité était nulle dans notre étude comme dans les autres études françaises (6) (18) (30). Selon le rapport européen périnatal de santé, le taux de mortalité maternelle était de 7,4 pour 100 000 naissances en 2004 en France (38), et ne semble pas augmenter en cas d’AEH.
Néanmoins, cette notion est difficile à évaluer lié à un manque d’effectif dans les études.

La durée du séjour et la prise en charge psychiatrique en suites de couche (SDC)

Avoir une hospitalisation en SDC supérieure à 96 heures était plus courant chez les cas que chez les témoins sans pour autant que cela soit significatif.
Or, la durée de séjour des mères en maternité après la naissance est en moyenne de 4,0 jours en 2016 (39).
Une thèse de médecine lilloise faite de 2011 à 2013 (30), montrait que la durée d’hospitalisation de la mère était comparable chez les cas (4,2 jours) et chez les témoins (4,4 jours).
De plus, au sein de notre étude les femmes rencontraient plus souvent un psychiatre en SDC chez les cas que chez les témoins sans pour autant que cela soit significatif.
Des études ont traité de la rencontre avec un psychologue en SDC après un AEH mais aucune n’a traité de la rencontre avec un psychiatre.
Un mémoire de sage-femme réalisé à Nantes de 2007 à 2009 (28), notait qu’un psychologue avait été rencontré pour 20% des patientes ayant accouché en EH notamment lors d’un contexte d’hospitalisation de l’enfant. Les proches ayant assistés à l’accouchement étaient aussi souvent demandeurs de rencontrer le psychologue du service.

Les conséquences néonatales

L’hypothermie

Dans notre étude, l’hypothermie néonatale était significativement plus fréquente chez les cas que chez les témoins.
Une thèse de médecine réalisée dans la Manche entre 1991 et 1995 (7), notait que l’hypothermie néonatale était une caractéristique des AEH. L’étude recensait 31% de nouveau-nés en hypothermie à la suite d’un AEH. Cependant, ce faible pourcentage pourrait amener à penser que la prévention de l’hypothermie par les équipes du SMUR était plutôt bien effectuée.
Une étude caennaise faite de 2002 à 2009 (18), répertoriait 32,9% d’hypothermie chez les cas contre 1,1% chez les témoins avec une température moyenne des nouveau-nés dans le groupe cas de 35,9°C soit un degré de moins que la température moyenne des nouveau-nés du groupe témoins, au CHU de Caen.
Une étude lyonnaise réalisée en 2012 (6), a aussi montré que près de la moitié (47,1%) des nouveau-nés étaient en hypothermie à leur arrivée en maternité contre 2,11% des accouchements en milieu hospitalier.
Ces taux élevés ont été retrouvés dans plusieurs études dont une réalisée par le SMUR de Besançon de 2003 à 2007 dévoilant que 57 % de nouveau-nés étaient en hypothermie modérée lors de leur arrivée à la maternité (12).
Enfin, une étude italienne faite en 1996 a permis de montrer que l’hypothermie en plus d’être fréquente était la morbidité la plus élevée lors d’un AEH (19).
Au vue des données de la littérature et de nos résultats, l’hypothermie semble être une des conséquences de l’AEH. La prévention et la formation des équipes permettraient de diminuer son incidence. Nous aborderons d’ailleurs cette notion plus tard dans la discussion.

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Table des matières

ABREVIATIONS
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET MÉTHODE
2.1. Caractéristiques de l’étude
2.2. Caractéristiques de la population étudiée
2.3. Recueil des données
2.3.1. Caractéristiques générales de la population
2.3.2. Caractéristiques du déroulement de la grossesse
2.3.3. Caractéristiques du déroulement de l’accouchement et du post-partum
2.3.4. Critères d’issues néonatales
2.4. Analyses statistiques
3. RESULTATS
3.1. Population d’étude
3.2. Caractéristiques maternelles
3.3. Caractéristiques de la grossesse
3.4. Caractéristiques de l’accouchement et du post-partum
3.5. Conséquences néonatales
3.6. Incidence de l’accouchement extra-hospitalier
4. ANALYSE ET DISCUSSION
4.1. Résultats de l’étude
4.1.1. Objectifs principaux
4.1.2. Objectifs secondaires
4.2. Limites, biais et points forts de l’étude
4.2.1. Limites et biais de l’étude
4.2.2. Points forts de l’étude4.3. Les facteurs prédictifs
4.3.1. La catégorie socioprofessionnelle
4.3.2. Le suivi de la grossesse
4.3.3. Le déni de grossesse
4.3.4. La parité
4.3.5. L’âge
4.3.6. L’origine géographique
4.4. Les conséquences obstétricales
4.4.1. La délivrance dirigée, la délivrance artificielle et la révision utérine
4.4.2. L’hémorragie du post-partum
4.4.3. La déchirure périnéale, la lésion obstétricale du sphincter anal et l’épisiotomie
4.4.4. La mortalité maternelle
4.4.5. La durée du séjour et la prise en charge psychiatrique en suites de couche
4.5. Les conséquences néonatales
4.5.1. L’hypothermie
4.5.2. La détresse respiratoire et le score d’Apgar
4.5.3. La morbidité et la mortalité néonatale
4.5.4. L’infection et l’hospitalisation en néonatalogie
4.5.5. L’abandon
4.6. L’incidence des accouchements extra-hospitaliers de 2012 à 2017
4.7. La durée pour se rendre du domicile à la maternité
4.8. Comment réduire la prévalence et les conséquences de l’accouchement extra-hospitalier? .
4.8.1. La formation
4.8.2. La prévention
5. CONCLUSION
REFERENCES

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