Caractéristiques des fruits consommés par Eulemur rubriventer

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Description de l’espèce animale Eulemur rubriventer

Caractères morphologiques

Eulemur rubriventer est une espèce de taille moyenne (tête corps :35 – 40 cm; longueur totale : 78
– 93 cm; 1,6 – 2,4 kg) (Mittermeier, et al., 2010). Leur pelage est de couleur roux. Le museau, le visage et la queue sont de couleur noir ou plus sombre que le pelage du corps. Le dimorphisme (Figure 2; Annexe 18) s’observe au niveau de la face et de la couleur du ventre, qui est de couleur blanc crème chez la femelle. Le pelage interoculaire du mâle est blanc, cela peut différencier d’un mâle à un autre (Figure 3). Celui de la femelle peut aussi en contenir mais réduite (Annexe 18).

Caractères anatomiques

Eulemur rubriventer est un lémurien frugivore, elle possède une formule dentaire 2/2, 1/1, 3/3, 3/3 pour les incisives mandibulaires. Les canines sont inclinées vers l’avant (Junge et al., 2009); les molaires sont concaves, en cercle. La représentation exacte du tube digestif d’Eulemur rubriventer est déficiente dans la littérature, mais celui de Eulemur fulvus et Eulemur coronatus, se trouvant dans le même genre que celui-ci, appartient à la catégorie alimentaire généraliste (Annexe 16).

Structure sociale, mode de vie et répartition géographique

L’espèce est cathémérale durant toute l’année, c’est-à-dire actif à la fois le jour et la nuit (Mittermeier et al., 2013). Le groupe monogame est composé de 2 à 5 et jusqu’à 10 individus (Tecot, 2013), avec: un mâle adulte, une femelle adulte, des jeunes adultes et des petits (Andriaholinirina et al., 2016). La femelle est dominante, le mâle contribue à la protection de leur territoire en faisant des marquages olfactifs pour le délimiter, cela grâce à la présence de glandes frontale et anale (Mittermeier et al., 2010). La gestation est de 123-127 jours après la période de fécondation en Septembre-Octobre. L’espèce vit en sympatrie avec l’espèce Eulemur fulvus au centre de Madagascar (Mittermeier et al., 2013). Elle a un territoire moins étendu, environ 19 ha, mais ne fait que 450 m journalièrement de déplacement selon la variabilité de la saison (Fleagel, 1999). Eulemur rubriventer se trouve dans les forêts pluviales de haute à moyenne altitudes (1700m à 2400m). Elle a une large distribution, la partie Est de Madagascar (Mittermeier et al., 2013), le long des massifs de Tsaratanana et d’Andringitra (Annexe 17).

Statut de conservation UICN

Depuis 1990, l’espèce est classée espèce vulnérable (VU), jusqu’en 2016 d’après la liste des espèces menacés de UICN (Andriaholinirina et al., 2016). À part la fragmentation de la population, la tendance actuelle de la population est décroissante due aux menaces qui pèsent sur l’espèce comme : la perte de son habitat due à la déforestation, les cultures sur brûlis, les exploitations illégales de la forêt (Andriaholinirina, et al., 2016) et la chasse (Mittermeier, et al., 2010). Plusieurs associations se sont engagées à avoir des programmes de conservation ex-situ incluant le genre Eulemur (Eulemur rubriventer) (Mittermeier, et al., 2014), comme EAZA ou European Association of Zoos and Aquaria qui a le EEPs ou Endangered Species Programmes.

Méthodes de collectes et d’analyse des fruits

Les fruits consommés par Eulemur rubriventer

La partie, la maturité (caractéristiques qualitatives) de fruits consommés par Eulemur rubriventer sont observées directement durant le suivi de son comportement alimentaire. Seuls les échantillons de ces espèces de fruits sont collectés et analysés (quantification : caractéristiques quantitatives) au laboratoire. L’arbre de collecte des fruits est choisi au hasard en suivant une liste de plantes à fruits, dont la phénologie de la fructification est surveillée durant l’étude de Razafindratsima de 2012 en 2014 dans le Parc National de Ranomafana (Annexe 4). L’étude précédente est la plus récente concernant les espèces de plantes à fruits faite dans le Parc, montrant plusieurs détails sur la période de fructification des plantes, les espèces d’animaux qui participent à la dissémination des graines de ces plantes. Pour chaque arbre, les données collectés sont : le numéro de flag mis sur l’arbre, le nom vernaculaire et la piste de localisation. Un arbre de collecte correspond à une collecte de 3 à 4 fruits non mûrs et 3 à 4 fruits mûrs, en total 6 à 8 fruits pour chaque arbre. Ce nombre est choisi pour éviter la surexploitation des fruits consommés par les groupes de lémuriens.

Quantification des caractéristiques des fruits

Les fruits collectés sont identifiés en tant que mûrs ou non mûrs. Chacun d’eux est quantifié par leur:
– Chromaticité, par le spectromètre portable relié à un câble de chromaticité blanche standard (Labsphère) et une lampe xénon PX-2 émettant une source de lumière (logiciel : Ocean Optics) (Annexe 20). Le scan des fruits est fixé à 45° sur la surface du fruit, et la lumière externe est bloquée par une large boîte en noir pour ne pas laisser échapper la lumière, pouvant causer la falsification de la courbe spectrométrique (Valenta et al., 2015). Le spectromètre à partir duquel est relié l’ordinateur traduit sous forme de graphe et des chiffres les couleurs des fruits (classé dans la famille de couleur rouge, orange, jaune, vert dans la présente étude);
– Forme et taille, par la mesure de la longueur, la largeur et la hauteur des fruits. Ces mesures sont faites avec un pied à coulisse : digital caliper en mm (Annexe 21)
– Poids en mg, par le pesage sur une balance à précision (Annexe 21) du fruit entier;
– Consistance, par la mesure de leur résistance ou capacité en kilogramme force par millimètre carré (kgf/mm2; 1 kgf = 9,806 N) à partir d’un « force gauge analogue » (Annexe 21) en utilisant l’extrémité « push ». La pointe du gauge est placé perpendiculairement (90°) à la surface du fruit pressé jusqu’à ce que le péricarpe soit percé, sans abimer le fruit. La consistance du fruit est celui représenté par la force exercée sur la surface du fruit correspondant au diamètre 4 mm de la pointe de gauge, c’est pourquoi les valeurs brutes sont divisées par 12,56 × 2,20462 selon Kinzey et Norconk en 1990.

Échantillonnage des plantes et collecte des données floristiques

L’échantillonnage des plantes s’effectue dans chaque plot de 25 m2 au niveau de chaque territoire du groupe suivi, où il y en a deux plots de chaque. Le but est de déterminer la structure et la phénologie de la végétation. Pour ce faire, les variables collectées sont la hauteur, le DHP et la phénologie de chaque arbre à DHP supérieur à 10 cm présent dans le plot. Cette phénologie comporte la notation des parties végétatives de l’arbre à savoir : le feuillage, la floraison, la fructification (Annexe 6, 7 et 8). Les données obtenues lors de l’échantillonnage permettent de connaître la structure de la végétation (DHP et phénologie) exploitée par l’espèce en question ainsi que de comprendre la relation entre la préférence fruitière selon la disponibilité, dans leur territoire, des plantes à fruits en connaissant leur phénologie.

Méthode d’étude du comportement alimentaire de l’espèce Eulemur rubriventer

Méthode de suivi

Le suivi s’est effectué sur 3 groupes distincts d’Eulemur rubriventer, dont 3 adultes mâles; 3 adultes femelles et 2 subadultes mâles. Chaque groupe est suivi hebdomadairement pendant 7 heures en moyenne. L’observation se fait avec l’utilisation de jumelles. La méthode « focal continuous sampling » (Martin et al., 1993) a été utilisé en notant seulement le comportement de l’espèce au moment de leur interaction avec un fruit. Pour cela, le comportement est catégorisé en renifle, goûte, palpe, décide. L’animal focal, classé selon le sexe (mâle, femelle) et l’âge biologique (adulte, subadulte) est suivi durant 15 minutes. Le premier individu qui est en interaction avec un fruit est le premier animal focal. Le suivi peut se répéter deux à trois fois lorsque les 15 minutes de chaque focal sont successivement atteintes, autrement dit le focal change toutes les 15 minutes pour les individus qui sont en interaction avec des fruits. Grace à cette méthode, la partie du fruit que l’individu consomme est discernée: fruit entier, pulpe, ou seulement de graines. Les paramètres enregistrés lors du suivi sont : le temps, les fruits et l’animal focal (Annexe 13). Au total, l’observation a été faite en 192 heures. Les jours d’observations de chaque groupe sont aussi marqués, les données utilisées sur l’étude de comportement alimentaire sont obtenues durant 18 jours sur les 33 jours de suivi (Annexe 14).

Groupes d’Eulemur rubriventer suivis

Les trois groupes de Eulemur rubriventer suivis sont distingués grâce à l’aide du guide locale; aux photos faciales des mâles qui sont différents au niveau de la tâche blanche autour des yeux d’après la figure ci-contre (Figure 3); à la répartition de leur territoire et aux nombres d’individus dans le groupe (Annexe 12, Annexe 15). Chaque individu est distingué grâce à leur classe d’âge et leur sexe. La classe d’âge est définie par la taille : l’individu adulte est de grande taille, le subadulte a une plus petite taille que celui-ci, le petit est l’individu tétant, de très petite taille et est porté par l’un de ces parents.

Méthodes d’analyse des données comportementales et des caractéristiques de fruits

Relation entre les catégories de comportement alimentaire, les caractéristiques des individus

Test de X2 (Khi carré)

Les hypothèses à tester dans la présente étude, utilisant ce type de test sont l’hypothèse (4.a.) et (4.b.); qui disent respectivement que les catégories de comportement alimentaire que possède Eulemur rubriventer ne sont pas interdépendants et que les catégories de comportement alimentaire sont dépendant des caractéristiques quantitatives : taille, poids, chromaticité, consistance; et des caractéristiques qualitatives de fruits : espèce, maturité, forme.
Le test de X2 (Khi carré) de Pearson dans le logiciel R est utilisé pour les relations entre les variables qualitatives. Dans cette étude les variables qualitatives sont les catégories de comportement alimentaire, les caractéristiques qualitatives des fruits, les caractéristiques de l’animal focal (sexe, maturité). Le test sert à prouver la ressemblance et à examiner l’interdépendance entre deux échantillons de données. Le test donne alors la probabilité de l’interdépendance entre ces deux échantillons. Si la probabilité p est supérieure ou égale à 0,05 (p≥0,05), l’hypothèse d’égalité est retenue c’est-à-dire les échantillons ne sont pas en relation. Mais si la probabilité p est inférieure ou égale à 0,05 (p≤0,05), l’hypothèse d’égalité est rejetée c’est-à-dire les échantillons sont en relation.

Test de Mann-Whitney

Pour pouvoir comparer deux variables non paramétriques quantitatives, le test de Mann-Whitney (W) est utilisé. Ce test est utilisé pour vérifier que la dépendance de chaque catégorie de comportement alimentaire de Eulemur rubriventer avec les caractéristiques de fruits consommés est la même. Le test donne alors la probabilité de la différence entre ces deux variables. Si la probabilité p est supérieure
ou égale à 0,05 (p≥0,05), l’hypothèse d’égalité est retenue c’est-à-dire que chaque catégorie de comportement dépend pareillement avec les caractéristiques des fruits consommés. Mais si la probabilité p est inférieure ou égale à 0,05 (p≤0,05), l’hypothèse d’égalité est rejetée c’est-à-dire chaque catégorie de comportement dépend différemment des caractéristiques des fruits consommés.

Relation entre catégorie de comportement alimentaire et les caractéristiques quantitatives des fruits

Le modèle régression logistique est utilisée pour l’analyse des catégories de comportement alimentaire. Le degré de relation entre les catégories de comportement alimentaire et les caractéristiques des fruits est fait sur R par le test de corrélation de Spearman.
Le modèle pour la régression logistique est de type = ( )+ . Pour l’interprétation de ce modèle, y est la variable dépendante de a (variable indépendante) et b l’intercepte. La variable dépendante doit être égal à 0 ou 1, à chaque augmentation de 1 de la variable indépendante, le log de la probabilité que y soit égale à 1 augmente de eb.
Pour cette modélisation, le but est de voir la dépendance des catégories de comportement alimentaire avec l’animal focal (sexe, maturité), et les caractéristiques de fruits (qualitative : espèce, maturité, forme ; quantitatives : taille, poids, chromaticité, consistance). De ce fait, plusieurs modèles, avec ses différentes variables seront établis :
➢ Chaque catégorie de comportement alimentaire en fonction des autres catégories de comportement alimentaire, par exemple la catégorie de comportement alimentaire renifle en fonction des autres catégories de comportement alimentaire tel que goûte, palpe et décide.
➢ Chaque catégorie de comportement alimentaire en fonction des caractéristiques quantitatives et qualitatives des fruits, par exemple, la catégorie de comportement alimentaire goûte en fonction de la maturité des fruits, pour les caractéristiques qualitatives et de la chromaticité des fruits, pour les caractéristiques quantitatives.

RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

Caractéristiques des fruits consommés par Eulemur rubriventer

Caractéristiques qualitatives (espèces, partie consommée, forme, maturité)

Eulemur rubriventer s’alimente en fruits venant de 17 espèces de plantes appartenant à 14 genres et 12 familles (cf. Annexe 4). Elle les consomme en entier ou en partie, c’est-à-dire sans le péricarpe mais seulement l’endocarpe (pulpe avec graine), comme ce qui est observé au niveau de l’espèce de plante Garcinia goudotiana ou kimbaletaka (Figure 6) qui est de forme ovoïde. Les deux espèces de plantes sources de fruits les plus consommés par Eulemur rubriventer sont Dypsis nodifera (30%) et Ficus pachyclada (15%) connues sous les noms, respectivement de, sirahazo, et apana (Annexe 10) qui sont de forme ovale. Les formes de ces fruits cités ci-dessus sont pour la plupart ronde, ovale et ovoïde.

Disponibilité fruitière selon l’échantillonnage des plantes à fruits dans le site d’étude

Au total, 58 espèces de plantes ont été échantillonnées dont plus de la moitié ,55% (Figure 12) se trouvent dans le plot situé dans le territoire du groupe 3 (Annexe 2), l’autre moitié est partagée entre celui du groupe 5 et celui du groupe 4 (24 % et 21% respectivement). Parmi ces 58 espèces, seulement 0,10% ont des fruits : deux espèces à fruits non mûrs, trois espèces à fruits à la fois non mûrs et mûrs et une espèce à fruits mûrs (Figure 13). Aucune plante échantillonnée dans les plots 2 et 5 (Figure 13) dans le territoire du groupe 4 n’a présenté de fruit. Les 0,08 % des plantes qui ont des fruits se trouvent dans le plot 1 et le plot 4, au niveau du territoire du groupe 3 dont l’espèce de plante Weinmennia rutenbergii y est la plus abondante (4%) (Figure 14), et les 0,02% représentés par Bridelia tulasneana dans le plot 3, au niveau du territoire du groupe 5.

Caractéristiques des fruits

Cette étude montre que l’espèce Eulemur rubriventer consomme des fruits venant de 17 espèces de plantes différentes. Les fruits consommés par l’espèce sont à la fois mûrs et non mûrs, contrairement à ce qui a été prédit. Les fruits non mûrs occupent les 40% et les fruits presque mûrs jusqu’à 10% de l’alimentation fruitière. L’hypothèse sur la consommation des fruits mûrs uniquement n’est donc pas retenue. Sa consommation en fruits non mûrs peut être expliquée par leur besoin en acides organiques, la concentration en ces derniers est plus élevée lorsque les fruits sont immatures (Hladik, 1996). Les acides organiques ont plusieurs rôles dans la digestion : ils sont connus pour réduire la capacité tampon de l’estomac ainsi que pour stimuler la digestion des protéines, de l’amidon, et des matières grasses; ces acides en diminuant le pH gastrique élimine la plupart des pathogènes arriver au niveau de l’estomac (Barbara Brutsaert et al., 2009). Cette consommation de fruits non mûrs peut être due à la restriction du territoire de l’espèce (Fleagel, 1999) empêchant le groupe de chercher des fruits ailleurs, ou aussi à la rareté des fruits mûrs, due à la saison. Eulemur rubriventer consomme aussi à la fois des fruits en entier (avec les graines) et en partie (pulpe). L’hypothèse sur le fait que les fruits consommés par cette espèce sont de même type est rejeté, vue que les fruits qu’elle consomme ont de caractéristiques particulières: de petite à moyenne taille (5 mm à 30 mm), semblables aux fruits qui sont consommés par Eulemur fulvus dans les différentes forêts littorales de Sainte Luce du Novembre 1999 en Janvier 2001 (Bollen, 2008). Les fruits de petite taille ne sont obligatoirement de faible valeur énergétique, grâce à la valeur énergétique des lipides par exemple, les fruits sont de petite taille (Hladik, 1996). Concernant la consistance des fruits consommés par Eulemur rubriventer, cela a une moyenne de 0,11 ± 0,08 kgf/mm2 (n=267), relativement faible par rapport à la consistance des fruits consommés par Eulemur fulvus des forêts denses sèches du Parc National Ankarafantsika, étudiée de Janvier en Décembre 2012, qui, en moyenne, est de 1,27 ± 1,73 kgf/mm2 (n=607) (Valenta et al., 2015). Les couleurs des fruits consommés par Eulemur rubriventer sont semblables à ceux qui sont consommés par les oiseaux (Bollen, 2008), comme ce qui est observ chez le Phillépite velouté pendant toute l’année en 1995 dans le site de Talatakely du Parc National de Ranomafana (Razafindratsita et Zack, 2009) ainsi que les oiseaux au Parc de l’Institut National Agronomique d’El Harrach du Sahel algérois (Milla et al., 2005) pendant les quatre saisons de l’année. Les couleurs fréquents des fruits consommés par ces derniers sont le rouge, noir, et jaune-orange (Milla et al., 2005).

Disponibilité fruitière selon l’échantillonnage des plantes à fruits

Parmi les 287 plantes échantillonnées appartenant à 58 espèces, seulement 2,43 % (0,10% des espèces) ont présentés des fruits. Aucune espèce de plante échantillonnée dans le territoire du groupe 4, n’a présenté de fruit, c’est-à-dire que ce 0,10% est partagé par le territoire du groupe 3 (0,08%) et du groupe 5 (0,02%). La superficie des plots dans laquelle ces pourcentages de plantes à fruits ont été collectés, est relativement faible par rapport à la superficie du territoire du groupe. Au total, pour chaque territoire, qui peut atteindre 19 ha (Mittermeier et al., 2010), seulement 4/1000 du territoire (0,005 ha ou 50 m2) a été représenté par les plantes échantillonnées : cette superficie n’est pas représentative. En outre, aucun échantillonnage des plantes n’a été fait avant le suivi des groupes (durant le mois d’Octobre : étude en laboratoire) alors que les données obtenues par cet échantillonnage auraient fourni plus d’informations sur les fruits disponibles dans chaque territoire. Un échantillonnage sur 100/1000 (1 ha ou 1000 m2) de chaque territoire pendant différente période de l’année serait représentatif pour pouvoir analyser la relation entre la disponibilité des fruits et la préférence fruitière de l’espèce.

Frugivorie de l’espèce Eulemur rubriventer et dissémination de graines

La présente étude soutient la forte consommation fruitière de l’espèce Eulemur rubriventer. Les fruits occupent 65% de leur alimentation (Annexe 9). Ce résultat est comparable à celui de l’étude d’Overdorff sur cette même espèce en Juin 1986 dans la forêt du Sud Est de Madagascar (appelé maintenant Parc National de Ranomafana), montrant que cette consommation fruitière peut atteindre jusqu’à 95% de leur alimentation. Eulemur rubriventer consomme ces fruits à maturité, c’est-à-dire lorsque leur richesse en éléments nutritifs (Razafindratsima, 2009) est élevée. Chez les subadultes, grâce à cette richesse nutritive plus élevée dans les fruit mûrs, utile pour leur croissance, ils en consomment plus, voire jusqu’à 4 fois plus élevée par rapport à leur consommation en fruits non mûrs. L’espèce Eulemur rubriventer consomme des fruits et dissémine à la fois les graines de certains fruits (Mittermeier et al., 2010 ; Mittermeier et al., 2013; Razafindratsima et Dunham, 2015). Elle se charge de la dissémination de graines de fruits venant de 44 espèces de plantes, dont la plupart sont endozoochore comme Ficus lutea, Ficus tiliifolia, et d’autres à savoir Anthocleista amplexicaulis, Antirhea borbonica, Dypsis nodifera, , Garcinia goudotiana, Mussaenda arcuata, Oncostemum botryoides, Oncostemum leprosum, Pandanus sp, dans le Parc National de Ranomafana, observées dans différents sites à forêts : primaires et secondaires, du mois de Juin 2010 en Juin 2011, (Razafindratsima et al., 2013). Toutes ces espèces de plantes à fruits sont répertoriées être consommées par Eulemur rubriventer dans la présente étude (Annexe 10).

Catégories du comportement alimentaire de l’espèce Eulemur rubriventer

Les sens de l’odorat, du goût, du toucher, sont en relation (Ankel-simons, 2007b) contrairement à ce qui est observé dans la présente étude : le fait que l’individu de l’espèce renifle le fruit ne dépend pas du fait qu’il le palpe, qu’il le goûte ou qu’il en consomme. L’hypothèse (4.a) est donc rejetée. La catégorie renifle ne dépend pas de la catégorie goûte alors que, le sens du goût est corrélé avec l’habilité de l’animal à distinguer les odeurs des aliments (Ankel-simons, 2007a). Il est fort probable que cette théorie est seulement applicable au niveau des fruits contenant des composés organiques volatiles (Valenta et al., 2015) et des insectes ayant de fortes odeurs caractéristiques (Perrenoud et al., 2015). De plus, il est connu qu’Eulemur rubriventer a une faible détection olfactive, par rapport aux microcèbes (Siemers et al., 2007). Valenta et ses collaborateurs en 2015 ajoutent que l’olfaction des lémuriens est plus associée aux assemblages des composés organiques volatiles des fruits qu’avec les autres sens. En utilisant le sens de l’odorat et la vision combinés, la recherche de nourriture est plus efficace pour Eulemur rubriventer (Perrenoud et al., 2015).
Concernant la catégorie goûte et la catégorie décide, leur pourcentage est même (38%) au niveau des contacts avec les fruits alors que ces deux catégories ne sont pas interdépendantes (X2 = 560,3; ddl = 1; p < 2,2 10-16). La non interdépendance de toutes ces catégories peut être expliquée par le fait qu’ils sont générés suite au contact avec les fruits, c’est-à-dire qu’elles ne sont interdépendantes que lorsqu’elles sont combinées avec les caractéristiques des fruits. Autrement dit, par exemple au niveau du cas des catégories goûte et décide : l’individu ne décide pas de consommer le fruit par la suite qu’il en a goûté mais par le fait que le fruit est mûr, ainsi l’individu goûte le fruit sans ensuite obligatoirement le consommer.
Relation entre catégories de comportement alimentaire et les caractéristiques des fruits et de celles d’Eulemur rubriventer

Caractéristiques quantitatives et qualitatives des fruits

Les analyses des résultats de cette étude permettent de dire que toutes les catégories de comportement alimentaire sont en relation avec les caractéristiques quantitatives (taille, forme, poids, couleur, chromaticité, consistance) et qualitatives (espèce, maturité) des fruits. Face à cela, les comportements alimentaires de Eulemur rufifrons ne dépendent pas fortement des caractéristiques qualitatives comme l’odeur, la couleur ni de la consistance des fruits qu’elle consomme (Valenta et al., 2015). Les comportements de ce dernier dépendent plutôt de la taille des fruits.
Dans la présente étude, la taille, le poids et la consistance sont corrélés positivement avec renifle, ce qui signifie que plus la valeur de ces caractéristiques de fruit augmente plus la probabilité que l’individu renifle les fruits augmente. Tout comme la catégorie renifle, la catégorie décide dépend du poids des fruits mûrs. Eulemur rubriventer consomme alors les fruits selon leur poids après les avoir reniflés. De plus, les fruits mûrs sont plus lourds par rapport à ceux qui ne le sont pas, grâce au taux élevé d’eau qui les constituent (Paliyath et al., 2008).
À propos de la chromaticité, même si dans la présente étude les catégories de comportement alimentaire ne contiennent pas le sens de la vue, Eulemur rubriventer est observé à consommer des fruits de même couleur que ceux de Eulemur rufifrons du Parc National d’Ankarafantsika étudié pendant l’année 2012 (Valenta et al., 2015). Parmi les fruits consommés par Eulemur rubriventer venant de 17 espèces de plantes, la plupart est de couleur attrayante comme le jaune, le rouge, l’orange mais seulement trois (16%) sont de couleur moins attrayante (vert) alors que l’espèce est dichromatique (Jacobs, 1993). Leur sens de la vue est faiblement nécessaire pour distinguer les couleurs, mais la dichromatie permet de distinguer les fruits mûrs des non mûrs (Valenta et al., 2015).

Sexe et classe d’âge de l’animal

Les catégories de comportement alimentaire renifle, goûte, palpe, décide dépendent du sexe de l’animal focal et d’après les résultats les femelles goûtent et décident de s’alimenter plus que les mâles. Cela peut être expliqué par la période d’étude (Novembre) qui correspond au moment post-natal, durant laquelle les femelles ont des petits (Tecot, 2008; Mittermeier et al., 2010; Tecot, 2013). Les femelles ont alors plus de besoins nutritionnels pour l’allaitement de leur petit et pour elles-mêmes.
L’étude montre aussi une relation entre les catégories de comportement alimentaire et la classe d’âge de l’animal. Les adultes goûtent, palpent et décident plus que les subadultes tandis que ces derniers reniflent plus que les adultes et la différence est significative. D’une part, le sens du goût et du toucher aident plus les individus adultes durant leur alimentation en fruit. Et d’autre part, le sens de l’odorat est plus utilisé par les individus subadultes par rapport aux autres sens. Le sens du goût demande certainement plusieurs années d’apprentissage pour être fiable pour ces subadultes face au sens de l’odorat, ce qui peut expliquer la plus forte utilisation de ce sens chez eux.

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Table des matières

GÉNÉRALITÉS
I. MÉTHODOLOGIE
1.1. Milieu d’étude : Le Parc National Ranomafana
1.2. Matériels biologiques
1.3. Méthodes de collectes et d’analyse des fruits
1.4. Méthode d’étude du comportement alimentaire de l’espèce Eulemur rubriventer
1.5. Méthodes d’analyse des données comportementales et des caractéristiques des fruits
II. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS
2.1. Caractéristiques des fruits consommés par Eulemur rubriventer
2.2. Disponibilité fruitière selon l’échantillonnage des plantes à fruits dans le site d’étude
2.3. Échantillonnage des plantes dans chaque territoire du groupe de Eulemur rubriventer
2.4. Comportement alimentaire de l’espèce Eulemur rubriventer
III. DISCUSSION
Caractéristiques des fruits
Disponibilité fruitière selon l’échantillonnage des plantes à fruits
Frugivorie de l’espèce Eulemur rubriventer et dissémination de graines
Catégories du comportement alimentaire de l’espèce Eulemur rubriventer
Relation entre catégories de comportement alimentaire et les caractéristiques des fruits et
celles d’Eulemur rubriventer
Préférence fruitière de l’espèce Eulemur rubriventer
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES

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