Epidémiologie du tabagisme
Le mot tabac viendrait soit du nom de 111e de «Tobago >> qui est dans l’archipel des petites Antilles où le tabac était cultivé, soit du nom que les indigènes donnaient à leur pipe.
Il était fumé de façon quotidienne, mais aussi à l’occasion des grandes fêtes ; en particulier religieuses par les Incas et les Aztèques. Le tabac avait la vertu de calmer la faim et de lutter contre la fatigue. Il éta1t utilisé comme plante médicinale, soit à l’état pur, soit associé à des feUilles de coca ou d’autres plantes [18].
Au début de son histoire, le tabac avait, du fait de son action supposée sur les migraines de la reine Catherine De Médicis, une réputation de plante médicinale guérissant de nombreux maux. De folles utilisations du tabac, comme par exemple son utilisation en lavement, provoquèrent de nombreux accidents.
Ce n’est que vers 1843, avec le début de l’industrialisation qu’a été inventée et fabriquée la première cigarette. Cette nouvelle forme de tabagisme va marquer le début de l’expansion réelle de l’usage du tabac.
Le tabac a fait son entrée en Afrique par le Maroc en 1853 et va progresser rapidement vers le reste du continent. La conquête coloniale plus tard va définitivement et rapidement l’implanter [7].
La prévalence du tabagisme chez les hommes est généralement plus élevée dans les pays à revenus faibles et intermédiaire. En 2003, elle éta•tglobalement d’environ 50°/o dans les pays à revenus faible et mtermédiaire, et de 35°/o dans les pays à revenu élevé.
Production et Consommation du tabac
La production mondiale de cigarettes est actuellement estimée à 5.500 milliards d’unités avec une consommation aux alentours de 1.600 cigarettes par adulte et par an [52].
Au Sénégal, sur le plan industriel, la production qui était modeste dans le passé est en nette progression. De 1983 à 1997, le Sénégal a produit par l’entremise de la M.T.O.A., 15.820 tonnes de tabac, soit une production annuelle de 1.582 tonnes.
En terme de vente, la quantité moyenne annuelle de cigarettes vendue durant cette période était de 1.436.740.000 cigarettes ; ce qu1 permettrait à la M.T.O.A., durant la même période, de réaliser un chiffre d’affaire moyen annuel de 14 milliards de FCFA [43].
Contrebande du tabac
La contrebande des cigarettes est aujourd’hui tellement répandue et bien organisée qu’elle représente une menace grave pour la Santé Publique comme pour l’économie des états.
Le transport international de cigarettes devrait faire robjet d’un contrôle très strict qui empêcherait la situation actuelle de perdurer, à savoir que chaque année, un tiers des exportations mondiales s’effectue sous forme de contrebande.
En effet, des études ont établi que prés d’un tiers (30°/o) de toutes ies cigarettes (355 milliards d’unités) exportées annuellement sont vendues en contrebande.
Au Sér:tégal, la contrebande prend une proportion inquiétante. Au marché du port de Dakar, on retrouverait toutes les marques de cigarettes du monde. Ce phénomène est également noté dans certaines régions
Il frontalières comme Kaolack, compte tenu de sa proximité avec la Gambie.
Impact économique du tabac
Sur le plan économique, le tabac cause des pertes énormes à l’économie mondiale. Selon la Banque Mondiale, on estime à 200 milliards de dollars US les pertes dues au tabagisme, la moitié est imputable auxpays en développement. De plus, il a été constaté dans notre société que laprévalence du tabagisme est plus élevée dans les groupes à faibles revenus.
Historiquement, lorsque le revenu de la population augmentait, le nombre de fumeurs augmentait aussi. Durant les premières décennies de l’épidémie du tabagisme, les fumeurs se trouvaient parmi les gens aisés dans les pays à revenus élevés. Depuis 30 ou 40 ans, cette distribution semble être inversée au moins chez les hommes. De plus en plus, les hommes de milieux aisés des pays à revenus élevés cessent de fumer, ma1s ce n’est pas le cas chez les hommes de milieux plus modestes. Dans la plupart des pays à revenus élevés, il existe aujourd’hui des différences substantielles dans la prévalence du tabagisme entre les différents groupes socio économiques. Au Royaume-Uni par exemple, seuls 10°/o des femmes et 12°/o des hommes des groupes socio-économiques les plus élevés s’adonnent au tabac, contre 35 et 40°/o pour les groupes socio économiques défavorisés. D’une manière générale, les individus ayant un niveau d’éducation faible ou nul fument plus que ceux dont le niveau parait plus élevé.
Constituants de la fumée de Tabac
Différents courants de fumée
·:· La fumée de tabac inhalée directement par le fumeur est appelée « courant principal ». On oppose à ce courant principal « un courant latéral ou secondaire » qui correspond à la fumée produite par une cigarette se consumant seule en l’absence d’aspiration du fumeur.
·:· Enfin le courant tertiaire correspond à la fumée exhalée par le fumeur.
·:· Le tabagisme passif résulte de l’inhalation de la fumée provenant des courants latéral et tertiaire.
Composition de la fumée de cigarette
La fumée du courant principal est étudiée à l’aide de machine à fumeur, permettant de séparer et de caractériser les phases gazeuses et particulaires qui la composent.
La fumée du tabac contient plus de 4.000 substances variables selon le type de tabac et son mode de fabrication.
A volume égal, le courant latéral est plus concentré en substances toxiques que le courant principal. Ceci est lié essentiellement à la consommation spontanée incomplète du tabac, du fait d’une température de 500 à 600 degrés (contre 850 degrés pour le courant principal)
La composition de la fumée du tabac est complexe et imparfaitement connue jusqu’à nos jours. On peut estimer le nombre de ses composants à plusieurs milliers ou dizaines de milliers. Elle se compose de trois catégories différentes de fumée :
• La fumée primaire : qui correspond à la fumée inhalée par le fumeur .
• La fumée secondaire : c’est elle qui se dégage de l’extrémité allumée de la cigarette, de la pipe ou du cigare. La fumée secondaire contient des concentrations plus élevées de plusieurs éléments toxiques de la fumée de tabac (2 fois plus de nicotine, 4 fois plus de benzopyrène/ 70 à 80 fois plus d’irritants) [74] .
• La fumée tertiaire : rejetée par le fumeur.
La fumée est donc un aérosol constitué de phases gazeuse et particulaire. Ces deux phases sont séparables par un filtre microporeux après recueil grâce à des machines à fumer normalisées [45].
Nicotine
Alcaloïde isolé en 1809 par Vauquelin de formule C10H1’1N2 : c’est l’alcaloïde principal du tabac. C’est un liquide huileux incolore à l’état pur jauni puis bruni après photo-oxydation quand on l’expose à l’air puis à la lumière. Il bout à 247,3°C et se dissout facilement dans l’eau et la plupart des solvants organiques.
Il existe dans le tabac à l’état pur, mais aussi sous forme de dérivés azotés voisins que l’on appelle alcaloïdes secondaires (nornicotine, myosamine, anabasine)
La nicotine est responsable du fait de sa fixation sur le système nerveux central, de la sensation de manque qui accompagne l’arrêt de la consommation du tabac, d’où le phénomène de dépendance observé chez les gros fumeurs.
Agissant également par l’intermédiaire du système nerveux autonome, elle entraîne une réponse adrénergique responsable d’une augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle et du débit cardiaque, tandis que se produit une vasoconstriction périphérique. Elle provoque également une limitation de l’appétit de par son action inhibitrice sur la sécrétion gastrique et sur le péristaltisme de l’estomac.
Son action sur la vigilance selon des mécanismes mal connus aboutit tantôt à une augmentation de l’attention et de la capacité de mémorisation, tantôt et paradoxalement à un effet tranquillisant et sédatif.
Le tabac favoriserait, par l’intermédiaire de la nicotine, la formation de thromboses vasculaires et l’apparition d’athéromatose. Chez l’homme, ladose mortelle varie entre 15 et 20 centigrammes.
Celui-ci devrait théoriquement être mortel pour 1/homme, mais en réalité, seule une fraction très faible du poison est absorbée par l’organisme, la plus grande partie se trouve rapidement détruite par le foie puis éliminée dans les urines.
Monoxyde de carbone
Il provient de la combustion du tabac et du papier. Il a des effets immédiats contrairement aux substances cancérigènes, puisqu’il crée avec l’hémoglobine, un complexe particulièrement stable la carboxyhémoglobine (HBCO) qui s’oppose à la prise en charge de l’oxygène lors de l’hématose.
De plus, l’oxyde de carbone présente un effet athérogène propr~, d’où la gravité particulière du tabagisme chez les coronariens et les artéritiques qui, non seulement se privent de leur transporteur d’oxygène, mais aggravent leur athérome.
Irritants
Ils ont pour site électif les muqueuses respiratoires. Le transfert du tapis muqueux est inhibé par le contact de la fumée de cigarette. Il ya aussi une inhibition de l’activité ciliaire qui constitue le mécanisme prinopal de défense de la muqueuse.
Ces irritants sont présents aussi bien dans la phase gageuse que dans la phase particulaire de la fumée du tabac.
Substances cancérigènes
De nombreuses substances cancérigènes ont pu être isolées de la fumée de tabac. Ce sont les fameux goudrons au premier rang desquels les hydrocarbures aromatiques polycycliques : benzopyrène et dibenzoentracène et les nitrosamines.
Les goudrons se forment à l’extrémité enflammée de la cigarette ; portés à 200°C, ils se déposent à la surface des muqueuses respiratoires, c’est pourquoi il n’y a plus aucun doute sur la responsabilité du tabagisme dans la genèse du carcinome bronchique [60].
Le principal agent cancérigène est le 3-4 benzopyrène [27].
Expérimentalement, il suffit de le déposer sur la peau de certains animaux pour provoquer des cancers locaux.
Il est décrit également des cancers de la lèvre chez beaucoup de fumeurs qui gardent le mégot aux lèvres. Ceci est du au contact permanent du goudron avec les muqueuses [28].
Métaux
Cadmium
Chez les fumeurs, on note une augmentation de la concentration de cadmium dans le sang, le cortex cérébral, le rein, les poumons, le placenta chez la femme en grossesse, la prostate, le tissu adipeux, le lait maternel, etc. .. [60].
Plomb
Les concentrations de plomb dans le sang sont augmentées par le tabagisme. Ainsi chez l’enfant dont les parents fument, il y a un accroissement significatif de la plombémie.
Polonium
Sa concentration dans les poumons est significativement plus élevée chez les fumeurs et les ex-fumeurs que chez les non-fumeurs.
Dépendanee tabagique
Selon la définition de l’O.M.S., la dépendance tabagique est un état psychique et parfois physique, résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une substance étrangère, état caractérisé par des réponses comportementales, avec toujours une compulsion à prendre la substance 2.:J de façon à ressentir ses effets psychiques et parfois, éviter l’inconfort de son absence.
La tolérance, c’est-à-dire la nécessité d’augmenter progressivement les doses, peut ou non être présente. Le tabagisme est un comportement renforcé par une dépendance dont la nicotine est responsable [36]. Cette dépendance est évaluée par le test de FAGERSTROM [voir Annexes].
Conséquences physiopathologiques du tabac sur l’organisme
Malgré la prise de conscience des dangers liés au tabagisme, malgré le développement des campagnes de lutte anti tabac, le tabac continue de faire de nouveaux adeptes et de faire des ravages. Les effets pathologiques liés au tabac sur l’organisme humain sont incommensurables chez les fumeurs d’avantage bien sûr, mais aussi chez les non-fumeurs ou fumeurs passifs [9].
Le tabagisme a des conséquences catastrophiques sur la santé aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
De 1950 à nos jours, les produits du tabac ont tué plus de 60 millions de personnes rien que dans les pays développés [14].
D’après les tendances actuelles, ce chiffre devrait atteindre 10 millions de décès par an d’ici les années 2020 – 2030.
L’O.M.S. ne cesse d’attirer l’attention du public et surtout du corps médical sur les méfaits du tabac dans les pays industrialisés, véritable toxicomanie qui sévit plus dans les pays en voie de développement.
La pathologie liée au tabac affecte de nombreux organes agissant tantôt directement, tantôt associée à d’autres facteurs de morbidité.
Tabac et appareil respiratoire
L’appareil respiratoire est le plus exposé de tous les organes à cause de la manière dont le tabac est introduit dans l’organisme, c’est à dire sous forme de fumée.
Le tabagisme est la première cause de B.P.C.O. On regroupe sous ce terme de broncho-pneumopathies chroniques obstructives, toutes les affections qui s’accompagnent à un moment quelconque de leur évolution, d’une diminution des débits aériens respiratoires (appelés aussi trouble ventilatoire obstructif chronique). Cette définition de la B.P.C.O. inclut principalement la bronchite chronique, l’emphysème, la dilatation des bronches et l’asthme.
Les personnes souffrant de ces maladies traversent souvent de longues périodes d’invalidité caractérisées par une dyspnée d’aggravation progressive et de limites imposées à de nombreuses activités de tous les jours.
Ces broncho-pneumopathies d’origine tabagique sont fréquentes et graves et sont responsables en France, d’une mortalité de 10.000 à 15.000 personnes par an et d’une morbidité (plus de 2 millions de sujets atteints).
Outre les B.P.C.O. sus citées, le tabac est aussi la première cause de cancer du poumon qui reste le premier cancer chez l’homme et le seme chez la femme après les cancers du sein, de l’utérus, du colon, du rectum et de l’estomac.
La relation indiscutable entre le cancer du poumon et le tabac a été apportée par des études épidémiologiques. Nous citons les très célèbres travaux de DOLL et HILL [4] qui retrouvent un taux de cancers du poumonsignificativement plus élevé chez le fumeur (241 cas pour 1.000) que chezle non fumeur (0,12 cas pour 1.000).
Sevrage tabagique
Quel est l’intérêt de proposer un sevrage tabagique? L’arrêt du tabac se traduit par une baisse rapide de la Carboxyhémoglobine (HbCO) dans le sang, par une récupération du goût et de l’odorat. Chez les sujets bronchiteux chroniques, les symptômes de toux et d’expectoration diminuent également rapidement [73].
L’arrêt du tabagisme s’accompagne d’une chute du risque de mortalité coronarienne, une chute du risque de mortalité par cancer du poumon et une réduction des risques liés au tabagisme passif pour l’entourage ou le fœtus, le cas échéant. L’arrêt de la consommation tabagique doit intervenir le plus tôt possible. Cependant, quel que soit l’âge, des bénéfices mesurables pour la santé sont observés
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Table des matières
INTRODUCTI0N
1ère PARTIE – RAPPELS
1. Epidémiologie du tabagisme
11. Culture du tabac
111. Commerce du tabac
2.1. Les importations
2. 2. Les ex po rtations
IV. Production et Consommation du tabac
v. Contrebande du tabac
VI. Impact économique du tabac
VIl. Botanique du tabac
VIII. Modes dè consommation
1. Tabélc à mâchE!r ou à chiquer-
Tabac à priser
3. Tél bac à fu mer
Constituants de la fumée de Tabac
1. Diff~re11ts courants d~ fumée
2. Compositioll de lél fum~E! de cigélrette
2.1. Nicotine
2.2. Monoxyde de carbone
2. 3. Irritants
2.4. Substa nees cancérigènes
2. 5. Métaux
X. Dépendance tabagique
Xl. Conséquences physiopathologlques du ta:;ac sur l’organisme
1. Tabac et appareil respiratoire
2. Autres cancers dus au tabac
3. Tabac et appareil cardiovasculaire
3 .1. Coronaropathies
3.2. Accidents vas culaires cérébraux
3.1 Athérosclérose
3.4. Hypertension artérielle
3 .5. Anévrisme de l’aorte
4. Tabac et appareil digestif
5. Tabac et santé de la reproduction Tabac et sphère bucco-dentaire
Xli Tabagisme passif
1. Effets sur 1 ‘adulte
2. Effets sur le fœtus et l’enfant
Xlii Lutte contre le tabagisme
IVX Sevrage tabagique
2ème PARTIE-TRAVAIL PERSONNEL
1. Matériels et Méthodes
1. objectifs
5. Déroulement de l’enquête
6. Saisie et analyse des données
7. Difficultés rencontrés a l’étude
11. Résultats
1. Caractéristiques de la population étudiée
1.1.Répartition selon le type de formation
1.Répartition selon l’âge et le sexe
1.3.Répartitions selon le comportement vis a vis du tabac
Caractéristiques des Ex-fumeurs
3. Caractéristiques des Fumeurs
4. Attitudes de la population face aux actions antitabac
4.1. Connaissance des pathologies induites par le tabac
4.2.Rôle éducatif de nos élèves
4.3.Attitudes par rapport aux différents types d’information
Ill. Commentaires
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES