La prévalence des céphalées et notamment des céphalées de tension est très élevée dans la population générale. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que près de la moitié de la population adulte a eu au moins une céphalée au cours de l’année écoulée (1). Les céphalées de tension restent sous diagnostiquées et sous traitées, environ 15% des patients présentant une céphalée de tension consultent (2). Ces céphalées détériorent la qualité de vie des patients et représentent un coût élevé pour la Société principalement dû à la diminution de la capacité de travail et à l’absentéisme professionnel qu’elles occasionnent.
Cependant les données sur les céphalées de tensions sont peu importantes et relativement anciennes. Sachant que la prise en charge des céphalées de tension repose tout d’abord sur une approche non médicamenteuse et que depuis plusieurs années, les possibilités thérapeutiques non médicamenteuses et médicamenteuses ont évoluées considérablement, il paraît important de redéfinir les habitudes des patients face à ces céphalées de tension, en termes de prise en charge. De plus, les céphalées de tension représentent une des principales causes d’automédication, alors même que leur traitement non médicamenteux est primordial.
Caractéristiques des céphalées
Les céphalées sont caractérisées par des maux de tête récurrents. On distingue les céphalées primaires, sans aucun lien avec une autre pathologie ; et les céphalées secondaires, provoquées par une pathologie, une anomalie (par exemple une malformation) ou un traumatisme.
The International Classification of Headache Disorders (ICHD) définit les céphalées primaires en 4 groupes principaux : les migraines, les céphalées de tension, les algies vasculaires de la face et autres céphalées trigémino-végétatives, et les autres céphalées primaires (3). Les migraines et les céphalées de tension représentent la majorité des céphalées primaires(4). La DRESS estime que les céphalées de tension épisodiques et chroniques, et les migraines représentent 90% des céphalées (5).
La migraine et les céphalées de tension sont définies selon les critères suivant par l’ICHD :
Migraine :
A. Au moins cinq attaques correspondant au critère B-D
B. Durée des céphalées de 4-72 heures (non traitées ou traitées de façon non satisfaisante)
C. Au moins deux parmi les quatre caractéristiques suivantes :
1. Unilatérale
2. Pulsatile
3. Intensité modérée ou sévère
4. Aggravée par les activités physiques de routine (comme marcher ou monter des marches)
D. Pendant les céphalées au moins un parmi :
1. Nausée et/ou vomissements
2. Photophobie et phonophobie
E. Pas de meilleure définition parmi les autres diagnostics de l’ICHD-3
Céphalées de tension :
A. Critère de fréquence selon le type de céphalée de tension :
– Les céphalées de tension épisodiques non fréquentes sont définies par au moins 10 épisodes de céphalées se produisant moins de 1 jour par mois (moins de 12 jours par an)
– Les céphalées de tension épisodiques fréquentes par au moins 10 épisodes de céphalées se produisant de 1 à 14 jours par mois survenant en moyenne plus de 3 mois (entre 12 et 180 jours par an)
– Les céphalées de tension chroniques : céphalées se produisant plus de 14 jours par mois pendant en moyenne plus de 3 mois (plus de 180 jours par an)
B. Durée des céphalées de 30 minutes à 7 jours
C. Au moins deux parmi les quatre caractéristiques suivantes :
1. Bilatérale
2. Douleur en bandeau (non pulsatile)
3. Intensité légère ou modérée
4. Non aggravée par les activités physiques de routine (comme marcher ou monter des marches)
D. Pendant les céphalées, les deux caractéristiques suivantes :
1. Pas de nausée ni de vomissement
2. Pas plus d’une caractéristique parmi photophobie et phonophobie
E. Pas de meilleures définitions parmi les autres diagnostiques de l’ICHD-3
Epidémiologie des céphalées
La prévalence annuelle des céphalées et notamment des céphalées de tension est très élevée dans la population générale. En Europe, la prévalence annuelle des céphalées est de 53% (61% des femmes et 45% des hommes) et on estime à 77% la proportion des personnes qui présenteront des céphalées au cours de leur vie entière(4). La DRESS évalue que sur 10 individus céphalalgiques, six sont des femmes (5). La prévalence en fonction de l’âge souligne que les individus céphalalgiques les plus exposés sont les personnes entre 30 et 44 ans. Les catégories socio-professionnelles sont toutes concernées(5).
Les migraines
La prévalence annuelle de la migraine est de 14,7% (8% des hommes et 17,6% des femmes). Le ratio est de 3 femmes pour 1 homme. La prévalence sur la vie entière est légèrement plus élevée : on estime que 16% de la population présentera une migraine au cours de sa vie (11% des hommes et 20% des femmes)(4). D’après la DRESS les patients migraineux sont plus souvent des femmes (3 femmes pour 1 hommes atteint)(5). Les individus de 30 à 44 ans sont les personnes les plus concernées par les migraines (35% des patients migraineux)(5). Les catégories socio-professionnelles ne sont pas un facteur déterminant pour les migraines.
Les céphalées de tension
D’après une revue de la littérature réalisée en 2010 portant sur 19 études : La prévalence annuelle des céphalées de tension épisodique est de 62,6%. La prévalence annuelle des céphalées de tension chronique est de 3,3% (4). Les chiffres varient selon les études. La prévalence annuelle des céphalées de tension épisodique varie de 16,5% à 86% selon les études (6). Concernant le sex-ratio, on ne retrouve pas comme dans la migraine de nette prédominance féminine (7). Les individus de 30 à 39 ans sont les plus concernés par les céphalées de tension (1,15 fois plus de chance de présenter une céphalée de tension durant cette période que lors des autres périodes de la vie adulte). La prévalence des céphalées de tension augmente avec le niveau socio-éducatif .
Céphalées et consultation
Les céphalées sont un motif courant en consultation de médecine générale. La majorité des céphalées primaires peut être prise en charge en médecine générale. Une étude des données des médecins généralistes anglais entre 1992 et 2000 retrouve que sur 100 consultations, 4,44% consultations ont pour diagnostic des céphalées, 6,39% des consultations avec un diagnostic de céphalée chez les femmes contre 2,49% chez les hommes (8). Dans cette étude, 2,13% des patients dont le diagnostic de la consultation est céphalée sont adressés à un neurologue, 1,92% chez les femmes et 2,65% chez les hommes.
Les migraines
En France en 2004, l’étude FRAMIG a évalué que 60% des sujets migraineux ont déjà consulté pour leur céphalée. 20% des migraineux ont un suivi médical actif (9). L’étude a permis d’évaluer que 60% de tous les patients migraineux n’étaient pas conscients de leur migraine. Les facteurs déterminants pour la reconnaissance des migraines par les patients sont : la consultation médicale, la durée de l’histoire des migraines, l’intensité sévère des crises migraineuses, l’impact sur la qualité de vie et le sexe féminin.
Cette même étude a mis en évidence les facteurs influençant la poursuite du suivi médical des patients migraineux. Il s’agit de 3 caractéristiques de la première consultation : l’annonce du diagnostic, la prescription d’un traitement spécifique de crise et/ou de fond et la satisfaction du sujet lors de cette première consultation. L’étude FRAMIG met en évidence que 83% des patients suivis pour migraine le sont par leur médecin généraliste .
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Table des matières
1. INTRODUCTION
1.1. Caractéristiques des céphalées
1.2. Epidémiologie des céphalées
1.2.1. Les migraines
1.2.2. Les céphalées de tension
1.3. Céphalées et consultation
1.3.1. Les migraines
1.3.2. Les céphalées de tension
1.4. Traitements
1.4.1. Les migraines
1.4.2. Les céphalées de tension
1.4.3. L’automédication
2. MATERIELS ET METHODE
2.1. Population étudiée
2.2. Sélection des cabinets de médecine générale
2.3. L’enquête par questionnaire
2.3.1. Le questionnaire
2.3.2. Mode d’élaboration du questionnaire
2.3.3. Mode d’administration du questionnaire
2.4. Analyse statistique
3. RESULTATS
3.1. L’échantillon de l’étude
3.2. Caractéristiques des douleurs
3.3. Facteurs influençant la consultation médicale
3.4. Les traitements médicamenteux
3.5. Les thérapeutiques non médicamenteuses
4. DISCUSSION
4.1. Rappel des principaux résultats
4.2. Points fort et limites de l’étude
4.3. Discussion des principaux résultats
4.3.1. Caractéristiques des répondants
4.3.2. Caractéristiques des céphalées
4.3.3. La consultation médicale
4.3.4. Thérapeutique médicamenteuse
4.3.5. Thérapeutique non médicamenteuse
5. CONCLUSION
ANNEXE