Caractéristiques de la parole pathologique

Caractéristiques de la parole pathologique 

Définition des troubles

Les troubles de la parole regroupent plusieurs pathologies telles que le bégaiement, l’apraxie, la dysarthrie, la dysprosodie, la dyslalie infantile et les troubles de l’articulation. Selon les auteurs, les contraintes articulatoires relevées dans le cadre des paralysies faciales sont nommées « trouble articulatoire » ou « dysarthrie ».

Le trouble articulatoire

Le trouble articulatoire est défini par une « erreur permanente et systématique dans l’exécution du mouvement » lors de l’émission phonétique, quelle que soit sa position dans le mot ou la phrase. Il se caractérise par des positions incorrectes qui peuvent être dues à une constitution anormale des organes. Les troubles articulatoires peuvent être relatifs à une cause organique, fonctionnelle ou perceptive. Ils peuvent être d’origine développementale (chez les enfants) ou acquise (chez l’adulte). Ils touchent le phonème de manière isolée, indépendamment du contexte phonétique. Le phonème peut ainsi être manquant (omission), remplacé par un autre phonème (substitution) ou déformé (distorsion) (ASHA, 2019).

La dysarthrie

Définition et classification
En 1975, Darley et collaborateurs définissent la dysarthrie comme « un trouble de la réalisation motrice de la parole » lié à des « lésions du système nerveux, périphérique ou mixte », intégrant diverses perturbations sur la « respiration, la phonation, l’articulation, la résonance et la prosodie ». Auzou en 2001 précise que le terme de dysarthrie concerne également les perturbations restreintes à un seul nerf crânien, telle qu’une « atteinte articulatoire isolée par atteinte du grand hypoglosse (XII) ». La classification la plus utilisée est issue des travaux de Darley et collaborateurs en 1975 et propose six types de dysarthries :

– La dysarthrie flasque, qui est consécutive à une atteinte du nerf périphérique, de la jonction neuromusculaire ou des muscles impliqués dans la production de la parole, et a pour principale caractéristique physiopathologique une paralysie et une hypotonie des effecteurs.
– La dysarthrie spastique, qui est consécutive à une atteinte bilatérale du motoneurone central et est notamment retrouvée dans les accidents vasculaires cérébraux.
– La dysarthrie ataxique, qui est consécutive à une atteinte du cervelet ou des voies cérébelleuses.
– La dysarthrie hypokinétique, qui est consécutive à un dysfonctionnement des noyaux gris centraux avec la prédominance d’une akinésie et retrouvée par exemple dans la maladie de Parkinson.
– La dysarthrie hyperkinétique, qui correspond à un dysfonctionnement des noyaux gris centraux avec la prédominance de mouvements anormaux et retrouvée par exemple dans la maladie d’Huntington.
– Les dysarthries mixtes, qui sont liées à l’altération de plusieurs composantes du système nerveux et peuvent s’observer dans des pathologies telles que la sclérose latérale amyotrophique ou les traumatismes crâniens.

Cette classification a constitué une avancée majeure mais présente néanmoins certaines limites. Ainsi, en clinique, le type de dysarthrie n’est pas toujours précisé et les troubles observables sont davantage liés au site lésionnel qu’à l’étiologie.

Evaluation

Auzou définit 5 grandes approches pour l’évaluation clinique de la dysarthrie : l’analyse perceptive, l’analyse phonétique, l’examen sensori-moteur, l’auto-évaluation et l’analyse acoustique.
– L’analyse perceptive consiste à repérer les distorsions de parole afin d’isoler les caractéristiques essentielles de celle-ci. Elle inclut notamment les concepts de compréhensibilité, d’efficacité et de sévérité perceptive. Elle permet également de mesurer l’intelligibilité qui est définie comme « le degré de précision avec lequel le message est compris par l’auditeur ». Or, la diminution de l’intelligibilité représente la plainte principale des patients et de leurs proches, reflète le handicap majeur et traduit le degré de sévérité de la dysarthrie. Ainsi, l’analyse perceptive est une approche fondamentale et « la plus immédiate en pratique clinique » (Amosse et al., 2004). Pour qu’elle soit la plus complète possible, il est nécessaire de proposer une approche quantitative qui permet de donner un indice global du caractère naturel de la parole (conversion spontanée ou lecture à voix haute) et une approche plus qualitative et analytique afin d’identifier la nature des perturbations (lecture de mots et de phrases).  Néanmoins, étant donné la complexité des mécanismes mis en œuvre dans la parole, l’évaluation perceptive trouve ses limites dans l’appréhension de tous les dysfonctionnements.
– L’analyse phonétique décrit les différentes altérations des phonèmes afin de qualifier le trouble articulatoire ainsi que le type de dysarthrie. Elle permet, grâce à la transcription phonétique, une « mesure globale de la justesse articulatoire » et une « base phonétique pour la rééducation de ces troubles ». Economique et facile d’utilisation en pratique courante, elle est néanmoins subjective car elle dépend de la perception de la parole qui n’est pas toujours en adéquation totale avec le signal produit (Auzou, 2001).
– L’examen sensori-moteur fournit « une première analyse physiopathologique des dysfonctionnements en cause dans la dysarthrie » en évaluant les diverses fonctions et organes impliqués dans la parole. Il permet notamment une évaluation comparative après remédiation.
– L’auto-évaluation recense quant à elle « le handicap et le retentissement sur la qualité de vie » en recueillant la perception du patient vis-à-vis de son propre trouble.
– L’analyse acoustique représente un « outil privilégié d’étude de la parole » utilisé afin de déterminer « les relations entre les anomalies phonétiques et acoustiques » (Auzou, 2007). Elle permet d’analyser différents paramètres physiologiques de la parole et de la voix (fréquence fondamentale, intensité et hauteur, débits…) afin de fournir une analyse qualitative et descriptive précises de la parole pathologique. Grâce à l’analyse spectrale, le clinicien a accès à certaines caractéristiques pathologiques du signal peu ou mal perçues à l’oreille (Auzou, 2001).

Ces différentes approches sont complémentaires et nécessitent d’être confrontées afin de rechercher les corrélations et de « connaître les liens qui unissent fonctionnement des organes et intelligibilité » (Auzou, 2001). La nécessité d’inclure ces différentes analyses est rappelée par Amosse et collaborateurs en 2004 qui affirment que « le phénomène acoustique n’est pas toujours équivalent à la perception auditive » et qu’il est ainsi nécessaire de proposer une évaluation subjective et objective. En effet, certaines modifications de la parole peuvent ne pas être perçues à l’oreille humaine mais être objectivées de manière acoustique. De plus, les caractéristiques intrinsèques au patient doivent être prises en compte lors de l’évaluation afin que celle-ci soit la plus fonctionnelle possible et réponde au mieux à la demande du patient et de son entourage.

Ainsi, lors de l’évaluation de la parole d’une personne dysarthrique, doivent se poser ces quelques questions primordiales : quelle est la sévérité de la dysarthrie, quelles sont les principales anomalies perceptives qui permettent de la décrire, quelle est l’altération motrice sous-jacente au trouble observé, et quelle perception le patient a-t-il de sa parole et quelle est sa plainte ? (Auzou, 2007).

La parole est un phénomène complexe et son analyse exige un regard sous différents angles. Dès lors, son altération nécessite une évaluation précise et multiple afin de déterminer les différents retentissements et répondre à la plainte du patient dans le cas des paroles pathologiques.

Les paralysies faciales

De nombreuses pathologies entraînent des troubles de la parole qui nécessitent d’être précisés et finement évalués afin de pouvoir y remédier. C’est le cas des paralysies faciales qui vont être définies dans ce second chapitre afin de mieux comprendre le lien entre la pathologie et les contraintes articulatoires sous-jacentes.

Paralysie faciale 

Définition

La paralysie faciale correspond à un « déficit de la fonction du nerf facial » (Régloix et al., 2019). Les différences entre la paralysie faciale périphérique (PFP) et la paralysie faciale centrale (PFC) concernent :
– Le site de lésion. Il se situe au niveau ou en aval du noyau du nerf pour la PFP.
– Les étages atteints. La PFP concerne les étages supérieurs (zone palpébrale), moyens et inférieurs de la face alors que la PFC concerne préférentiellement le territoire inférieur.
– Les signes. Une dissociation automatico-volontaire et des signes neurologiques sont présents dans la PFC et pas dans la PFP.

Etiologies

On attribue différentes étiologies à la paralysie faciale périphérique (Devèze et al., 2013).
– Cause idiopathique, ou paralysie faciale a frigore, ou maladie de Charles Bell. C’est la forme la plus fréquente, elle s’installe de manière brutale et sans cause évidente. Le pronostic de récupération est plutôt bon et lié « au caractère complet de la paralysie faciale » et à la « précocité du début de récupération ».
– Causes traumatiques. Accidentelles ou iatrogènes, elles correspondent à une section ou compression du nerf et elles représentent la deuxième cause.
– Causes otologiques. Elles concernent l’otite moyenne aiguë, les otites moyennes chroniques, l’otite externe maligne et toutes les complications de la chirurgie otologique.
– Causes infectieuses. Différentes infections peuvent provoquer une paralysie faciale telles que le zona du ganglion géniculé, la maladie de Lyme ou le VIH.
– Causes tumorales. Les tumeurs malignes (tumeurs parotidiennes, carcinomes épidermoïdes, métastases) ou bénignes (neurinome du nerf facial, hémangiome caverneux, paragangliomes) peuvent atteindre le nerf facial tout au long du trajet.
– Causes iatrogènes. Les lésions peuvent être dues à une compression, un étirement ou une section du nerf facial.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
Chapitre 1 : La parole
1. Caractéristiques de la parole normale
1.1 Physiologie
1.2 Les différentes évaluations
1.2.1 Evaluation phonétique et perceptive
1.2.2 Evaluation acoustique
2. Caractéristiques de la parole pathologique
2.1 Définition des troubles
2.1.1 Le trouble articulatoire
2.1.2 La dysarthrie
2.1.2.1 Définition et classification
2.1.2.2 Evaluation
Chapitre 2 : Les paralysies faciales
1. Paralysie faciale
1.1 Définition
1.2 Etiologies
1.3 Diagnostic
1.3.1 Examen clinique
1.3.2 Examens paracliniques
1.3.3 Echelles de classification
1.4 Réhabilitation
1.4.1 Traitements
1.4.2 Rééducation
1.5 Nerf facial
1.5.1 Description et anatomie
1.5.2 Physiologie
1.5.3 Atteintes articulatoires
1.5.3.1 Phonèmes touchés
2. Anastomose hypoglosso-faciale (XII-VII)
2.1 Définition
2.2 Nerf hypoglosse
2.2.1 Description
2.2.2 Atteintes articulatoires
Chapitre 3 : présentation de l’étude
1. Problématique et objectifs
2. Hypothèses
PARTIE PRATIQUE
1. Méthode d’intervention
1.1 Population
1.2 Présentation du sujet
1.3 Matériel
1.3.1 Outils
1.3.1.1 BECD
1.3.1.2 PRAAT
1.3.1.3 Microphone
1.3.2 Description précise de chaque épreuve
1.3.2.1 Score d’intelligibilité (SI)
1.3.2.2 Score perceptif (SP)
1.3.2.3 Lecture de texte
1.3.2.4 Test phonétique d’intelligibilité (TPI)
1.3.2.5 Répétition de phonèmes
1.3.2.6 Mesure du débit
1.3.2.7 Echelle House et Brackmann
1.3.2.8 Speech Handicap Index (SHI)
1.3.2.9 Dysarthria Impact Profile (DIP)
1.4 Procédure et conditions de passation
1.5 Méthodologie d’analyse des données recueillies
2. Résultats et analyses
2.1 Détail des épreuves
2.1.1 Score d’intelligibilité (SI)
2.1.2 Score perceptif (SP)
2.1.3 Lecture de texte
2.1.4 Test phonétique d’intelligibilité (TPI)
2.1.5 Répétition de phonèmes
2.1.5.1 Analyse des consonnes
2.1.5.2 Analyse des voyelles
2.1.6 Mesure du débit maximal
2.1.7 Echelle de House et Brackmann
2.1.8 Speech Handicap Index (SHI)
2.1.9 Dysarthria Impact Profile (DIP)
2.2 Synthèse des résultats
3. Discussion
3.1 Recontextualisation
3.2 Interprétation des résultats et confrontation aux données de la littérature
3.2.1 Evaluations perceptives et phonétiques
3.2.1.1 Détail des épreuves
3.2.1.1.1 Score d’intelligibilité
3.2.1.1.2 Score perceptif
3.2.1.1.3 Lecture de texte
3.2.1.1.4 Test phonétique d’intelligibilité
3.2.1.2 Synthèses des épreuves
3.2.2 Evaluations acoustiques
3.2.2.1 Détail des épreuves
3.2.2.1.1 Analyse des consonnes
3.2.2.1.2 Analyse des voyelles
3.2.2.1.3 Mesure du débit
3.2.2.2 Synthèse des épreuves
3.2.3 Evaluation sensori-motrice
3.2.3.1 Détail de l’épreuve
3.2.3.1.1 Echelle de House et Brackmann
3.2.3.2 Synthèse de l’épreuve
3.2.4 Auto-évaluations
3.2.4.1 Détail des épreuves
3.2.4.1.1 SHI
3.2.4.1.2 DIP
3.2.4.2 Synthèse des épreuves
3.2.5 Synthèse globale de l’ensemble des épreuves
3.3 Corrélations entre les épreuves
3.3.1 Corrélation des analyses objectives et subjectives
3.3.2 Corrélation des analyses phonétiques et acoustiques
3.4 Vérification des hypothèses
3.5 Limites de notre étude
3.5.1 Critiques
3.5.2 Perspectives
3.6 Apport pour le métier d’orthophoniste
4. Conclusion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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