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LA DOULEUR POSTOPERATOIRE AIGUร
La douleur postopรฉratoire aiguรซ se dรฉfinit comme la prรฉsence dโune douleur sรฉvรจre (score supรฉrieur ร 6/10, ร lโEchelle visuelle analogique (EVA) surtout ร la mobilisation) chez 30 % des patients au cours des premiรจres 24 heures [3]. Cโest la prise de conscience dโun signal nocif provenant dโun tissu rรฉcemment endommagรฉ, compliquรฉe par la sensibilisation dans la pรฉriphรฉrie et au sein du systรจme nerveux central (SNC). Son intensitรฉ change avec les processus inflammatoires, le mouvement et la cicatrisation du tissu [23] ; un fait important est que la sรฉvรฉritรฉ de la DPCA est le facteur de risque le plus important de la douleur chronique post chirurgicale.
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA DOULEUR POSTOPERATOIRE AIGUร
Dรป au fait que la chirurgie soit responsable de la section des nerfs (douleur de type neuropathique) un grand nombre de patients mentionnent une douleur importante et mal contrรดlรฉe aprรจs avoir quittรฉ lโhรดpital. La douleur implique la transmission neurale de messages de douleur au cerveau par le biais des rรฉcepteurs de la douleur. Dans le cas dโactivation persistante, la transmission nociceptive ร la corne dorsale de la moelle รฉpiniรจre peut provoquer un phรฉnomรจne de sommation temporelle. La sommation temporelle est un phรฉnomรจne neurophysiologique complexe par lequel la frรฉquence de dรฉcharge des neurones sensitifs de la corne dorsale est accrue malgrรฉ une stimulation pรฉriphรฉrique constant. Cela induit des changements pathologiques qui abaissent le seuil de transmission des signaux de la douleur. De plus, cela peut entraรฎner une rรฉponse des fibres nerveuses non nociceptives aux signaux de la douleur, de faรงon ร ce que ces fibres nerveuses non nociceptives commencent ร gรฉnรฉrer et ร transmettre des signaux de douleur au cerveau. Une fois ce processus รฉtabli par une douleur continue, il est difficile ร inverser ou ร รฉradiquer. De plus, il se produit une sensibilisation centrale ร la douleur avec une rรฉponse exagรฉrรฉe aux stimuli douloureux pรฉriphรฉriques modรฉrรฉs. Avec le temps, les stimuli pรฉriphรฉriques initiaux peuvent disparaรฎtre, mais la sensation douloureuse centrale persiste, la douleur centrale devenant indรฉpendante des stimuli pรฉriphรฉriques.
Il en rรฉsulte une rรฉponse exagรฉrรฉe aux stimuli douloureux mineurs (hyperalgรฉsie) ainsi quโune douleur en rรฉponse aux stimuli normalement non nociceptifs (allodynie) [24].
CARACTERISTIQUES SELON LE TYPE DE CHIRURGIE
Les caractรฉristiques de la douleur peuvent varier selon le type de la chirurgie.
– Dans la chirurgie thoracique, la rรฉsection dโune cรดte ou lโรฉcartement des cรดtes pour avoir accรจs au thorax entraรฎne un traumatisme squelettique au niveau des cรดtes et souvent des articulations postรฉrieure et antรฉrieure. La douleur neuropathique peut รชtre causรฉe par des lรฉsions des nerfs intercostaux, รฉtant donnรฉ quโils sont situรฉs le long de la face interne du bord infรฉrieur des cรดtes, ce qui les rend vulnรฉrables au traumatisme direct ou secondaire ร lโรฉcarteur [25].
Une chirurgie ou des lรฉsions des poumons ou dโautres viscรจres peuvent contribuer ร lโapparition dโune douleur viscรฉrale. Les sites dโinsertion des drains thoraciques peuvent รชtre une autre source de douleur chronique.
– Au dรฉcours de chirurgie mammaire, les patientes qui subissent une chirurgie mammaire peuvent รฉprouver des sensations inconfortables telles quโun engourdissement, des picotements, une enflure ou une sensibilitรฉ qui entraรฎnent souvent autant de souffrance que la douleur. Les douleurs neuropathiques causรฉes par des lรฉsions du nerf inter-costo-brachial, les douleurs de cicatrices et les douleurs fantรดmes aprรจs une mastectomie sont des problรจmes frรฉquents. Durant la premiรจre annรฉe suivant l’intervention chirurgicale, une douleur a รฉtรฉ rapportรฉe par 22 % des patientes aprรจs une rรฉduction mammaire et par 38 % des patientes aprรจs une augmentation mammaire [25]. Dans l’ensemble, 8 % des femmes qui subissent une reconstruction mammaire rapportent regretter l’opรฉration en raison de la douleur chronique occasionnรฉe.
– Dans le cadre de la chirurgie de lโhernie inguinale, qui est largement pratiquรฉe, les douleurs chroniques postopรฉratoires sont frรฉquentes. En effet selon une รฉtude rรฉalisรฉe par Cunningham et coll [26], une incidence de douleur ร 12 mois de 63 %, avec 12 % de douleurs modรฉrรฉes ร sรฉvรจres : ร 2 ans a รฉtรฉ retrouvรฉe chez 54 % des patients, la douleur persistait, avec 11 % de douleur modรฉrรฉe ร sรฉvรจre. Selon une รฉtude de Perkins et Kelhet [27], les douleurs chroniques postopรฉratoires aprรจs une herniorraphie ร une incidence moyenne de 11 % a รฉtรฉ retrouvรฉe.
Il est รฉvident que mรชme une seule intervention chirurgicale peut gรฉnรฉrer plusieurs syndromes douloureux postopรฉratoires. Les patients peuvent avoir de la difficultรฉ ร diffรฉrencier une douleur dโune autre. Par exemple, aprรจs lโamputation dโun membre, certains patients ont une difficultรฉ ร diffรฉrencier les douleurs du moignon des douleurs fantรดmes et dโautres sensations dรฉsagrรฉables. Une chirurgie cause inรฉvitablement des lรฉsions, et toute lรฉsion peut produire des changements au niveau du systรจme nerveux. Ces changements peuvent รชtre durables, produisant un รฉtat de sensibilisation entraรฎnant une douleur chronique [25]. Le systรจme nerveux devrait retourner ร son รฉtat normal lorsque la lรฉsion est cicatrisรฉe, mais de toute รฉvidence, ce nโest pas toujours le cas. Lโabsence de retour ร la normale dโun รฉtat hyperalgรฉsique ou allodynique induit par une lรฉsion est probablement une cause de douleur chronique postopรฉratoire.
Il est important de comprendre les mรฉcanismes de la douleur chronique, รฉtant donnรฉ que les futures recherches, en particulier les recherches examinant les facteurs de risque, doivent se fonder sur ces informations. En cas de douleur chronique, dโautres interventions chirurgicales peuvent lโaggraver par un phรฉnomรจne de sommation temporelle du systรจme nerveux.
FACTEURS PREDICTIFS
Deux grands groupes de facteurs favorisants se dรฉgagent : les facteurs favorisant un haut niveau de stress psychologique (troubles de lโhumeur, anxiรฉtรฉ, dรฉpression, somatisation) et les facteurs favorisant une amplification de la douleur (inflammation locale, anomalies de la rรฉgulation de la douleur, anomalies de la fonction endocrine) [3]. Ces facteurs sont rรฉsumรฉs dans le tableau II.
DOULEUR POSTOPERATOIRE CHRONIQUE
La douleur chronique postopรฉratoire a รฉtรฉ dรฉfinie comme รฉtant une douleur dรฉveloppรฉe des suites dโune intervention chirurgicale, une douleur du site opรฉratoire supรฉrieure ร 3/10 sur une รฉchelle numรฉrique, sans lien avec une complication postopรฉratoire, persistant plus de deux mois aprรจs la chirurgie, excluant une cause organique (รฉvolution carcinologique ou une infection chronique) ou prรฉexistante [5].
PHYSIOPATHOLOGIE
En principe chaque douleur chronique a รฉtรฉ une douleur aiguรซ ร un certain stade. Les DPOC sont le plus souvent de type neuropathique suite ร la lรฉsion de nerfs pรฉriphรฉriques ou dโun plexus lors de la dissection tissulaire [3]. Ces douleurs peuvent รชtre aggravรฉes par des traitements complรฉmentaires comme la chimiothรฉrapie ou la radiothรฉrapie en cas de chirurgie tumorale. Les douleurs peuvent รฉgalement รชtre de type nociceptif, myofascial et inflammatoire. Il sera alors essentiel de faire le diagnostic prรฉcis du type de douleur (tableau III) afin dโadapter au mieux le traitement car les mรฉcanismes physiopathologiques รฉtant diffรฉrents, ces douleurs ne rรฉpondent pas aux mรชmes traitements [28,29]. La sensibilisation du systรจme nerveux central, a un rรดle, au moins du point de vue thรฉorique, tout aussi considรฉrable que la neuropathie pรฉriphรฉrique dans le dรฉveloppement de la DPOC. Elle dรฉbute dรจs lโincision et persiste pendant la pรฉriode postopรฉratoire, entretenue par les influx nociceptifs continus en provenance de la plaie.
La sensibilisation centrale est initiรฉe par une cascade dโรฉvรฉnements dans la corne postรฉrieure de la moelle, dรฉclenchรฉe par une libรฉration excessive de neuromรฉdiateurs par la fibre prรฉ synaptique parmi lesquels les acides aminรฉs excitateurs (glutamate, aspartate). Par lโintermรฉdiaire des rรฉcepteurs post synaptiques ionotropiques et mรฉtabotropiques, le glutamate augmente la frรฉquence de dรฉcharge des neurones postsynaptiques de la corne dorsale. Lโensemble des processus impliquรฉs aboutit ร des modifications dans lโactivation, le seuil de dรฉclenchement et la densitรฉ des rรฉcepteurs postsynaptiques avec pour consรฉquence une augmentation considรฉrable de la transmission de la douleur. La sensibilisation centrale implique รฉgalement la synthรจse dโun certain nombre de protรฉines comme les gรจnes dits ร expression immรฉdiate et ร rรฉponse tardive. Ces diffรฉrentes protรฉines sont responsables dโactivations cellulaires ร long terme ร lโorigine dโune neuroplasticitรฉ centrale qui pourrait expliquer la chronicisation des douleurs post chirurgicales et les phรฉnomรจnes de mรฉmorisation de la douleur.
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Table des matiรจres
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. LA DOULEUR
I.1. GENERALITE
I.2. PHYSIOLOGIE DE LA DOULEUR
II. LA DOULEUR POST OPERATOIRE AIGUE
II.1. PHYSIOPATHOLOGIE
II.2. CARACTERISTIQUE SELON LE TYPE DE CHIRURGIE
II .3. FACTEURS PREDICTIFS
II.4. PRISE EN CHARGE
III. LA DOULEUR POSTOPERATOIRE CHRONIQUE
III.1. PHYSIOPATHOLOGIE
III.2. EPIDEMIOLOGIE
III.3. PRISE EN CHARGE
III.3.1. PREVENTION
III.3.2. PRISE EN CHARGE HOSPITALIERE
IV. ANXIETE PRE OPERATOIRE ET DOULEUR POST OPERATOIRE
V. METHODES DE MESURE DE LโANXIETE PRE OPERATOIRE
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. OBJECTIF ET CRITERE DE JUGEMENT
II. PATIENTS ET METHODES
II.1. Type et cadre dโรฉtude
II.2. Enquรชte effectuรฉe et population dโรฉtude
II.3. Elaboration de la fiche dโenquรชte
II.3.1. Paramรจtres recueillis
II.3.2. Analyse statistique
II.4. LIMITES DE LโETUDE
II.5. CONSIDERATIONS ETHIQUES PAGES
III. RESULTATS
III.1. Rรฉsultats descriptifs
III.2. Approche sur la chronicisation de la douleur
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Notre รฉtude et la littรฉrature
I.1. Facteurs prรฉdictifs de la DPOC
I.2. Facteurs prรฉdictifs prรฉopรฉratoires
I.3. Facteurs prรฉdictifs per et post opรฉratoires
I.4. Douleur post opรฉratoire en intra hospitalier
I.5. Douleur post opรฉratoire en extra hospitalier et DPOC
I.6. Douleur post opรฉratoire au troisiรจme mois
I.7. Douleur post opรฉratoire et impact psychologique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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