Caractérisations écologiques des activités saisonnières d’Allocebus trichotis

SITE D´ETUDE

LOCALISATION GEOGRAPHIQUE

Notre étude s’est déroulée dans la Réserve Spéciale d’Analamazaotra qui est située géographiquement à 18°53’03’’ de latitude Su d, et 48°25’09’’ de longitude Est. La Réserve se trouve à 800-1200m d’altitude et recouvre une superficie de 810 ha. Elle est localisée dans la Région d’Alaotra Mangoro, District de Moramanga, dans la Commune rurale d’Andasibe. Elle se trouve sur la RN°2 vers Tamatave, à 28 km à l’Est de Moramanga, à 140 km d’Antananarivo, et à 200 km environ à l’Ouest de Toamasina. Avant l’année 1970, cette Réserve Spéciale faisait partie des 1500 ha de la Station Forestière d’Analamazaotra. En juin 1970, cette station est érigée en Réserve Spéciale d’Indri, suivant l’arrêté ministériel des Eaux et forêts portant le N°2770 du 21 juin 1970. Et depuis juin 1992, elle est gérée par Madagascar National Parks (MNP) (ex-ANGAP).

FACTEURS PHYSIQUES

Climat
Le climat est du type tropical humide dominé par les vents d’Alizé provenant de l’Océan Indien, soufflant en permanence sur la côte Est de Madagascar, et déversant son humidité sur les pentes orientales du massif cristallin. Grâce à l’alizé, la partie orientale de Madagascar reçoit beaucoup de pluie. L’humidité de cette zone de falaise est accentuée par la formation de brouillard nocturne qui persiste longtemps dans la matinée et qui se transforme souvent en crachin. Il est à noter que cette transformation fait l’effet de véritables pluies pour les végétaux (Razakanirina, 1986) .

Pédologie
Le parc repose sur un socle gneissique précambrien décomposé en surface, donnant naissance à une épaisse couche de sol ferralitique caractéristique des milieux forestiers. Ce sol est recouvert d’humus sur les surfaces couvertes de forêt. Malgré l’intensité des pluies, et la texture érodable du sol, le phénomène d’érosion est presque absent à l’intérieur de cette Réserve (Rasamison, 1993) [33]. Généralement, les sols ferralitiques prédominent (Hervieu, 1960 [15] ; Razakanirina, 1986 [37]). Ce sont des sols sablo-argileux à argileux, dont la couleur peut varier du jaune violacé à l’orange selon la teneur en oxyde de fer. Le facteur édaphique caractérisé par un sol ferralitique présente une texture sablo argileuse et le pourcentage en carbone, en azote, et ainsi qu’en matières organiques y est élevé. (Razakanirina, 1986) .

Relief
La forêt recouvre en général un relief accidenté. L’ensemble des crêtes et talwegs présente un aspect caractéristique en « accordéon » (Hervieu, 1960 [15]; Razakanirina, 1986) [37]. Malgré la couverture forestière dense, cette morphologie est bien visible. Les lignes de crêtes sont souvent orientées du Nord au Sud, et les vallées sont fortement influencées par une tectonique de faille (Rantoanina 1960) .

Hydrographie
Le réseau hydrographique comprend les marais et les cours d’eau du bassin versant de la rivière de Sahatandra. Les sources des rivières ne sont pas très éloignées vu l’importance de la couverture végétale. Les affluents de rivière sont :
– sur la rive droite : les rivières d’Analamazaotra et d’Amparafara ;
– sur la rive gauche : les rivières Sahatany et Firikana (Rantoanina, 1960) .

BIODIVERSITE

Flore

L’intérieur de la Réserve est fortement dominé par une forêt dense humide sempervirente stratifiée (Nicoll et Langrand, 1989) . Elle est principalement constituée de trois strates successives :
– La strate supérieure de 20 à 25 m de hauteur, composée de Tambourissa (MONIMIACEAE), Weinmania (LAURACEAE), Ranvesara (LAURACEAE), Eugenia (MYRTACEAE), ainsi que des Orchidées qui sont très variés avec plus d’une centaine d’espèces inventoriées.
– La strate moyenne, ne dépassant pas 15 m de hauteur, est marquée par la présence de nombreuses fougères arborescentes comme Cyathea sp. (CYATHEACEAE).
– La strate inférieure, généralement de 5 m de hauteur, est caractérisée par des représentants des Familles de PANDANACEAE, et d’ALNACEAE. Au bord de cette réserve, la végétation est formée de plantes d’essences introduites telles que : Eucalyptus grandii, Eucalyptus saligna (MYRTACEAE), et aussi de formation végétale secondaire occupée surtout par Harunga madagascariensis (HYPERICACEAE).

Faune
Pour les espèces fauniques, la Réserve Spéciale d’Analamazaotra abrite 12 espèces de Lémuriens, dont 5 diurnes et 7 nocturnes. L’Indri indri (Babakoto) appartenant à la Famille des Indriidae compte parmi les espèces animales les plus célèbres de cette Réserve qui est facilement observable. Les 4 autres Lémuriens diurnes sont : Hapalemur griseus griseus, Propithecus diadema, Varecia variegata editorium, et Eulemur rubriventer. Il existe aussi 7 espèces de Lémuriens nocturnes telles qu’Allocebus trichotis qui est l’objet de notre étude, Microcebus lehilahytsara, Microcebus rufus, Avahi laniger, Eulemur fulvus, Lepilemur microdon, Cheirogaleus major, Daubentonia madagascariensis. La Réserve est aussi reconnue par :
– les Carnivores qui comptent 5 espèces, dont les plus connues sont : Fossa fossana, Cryptoprocta ferox, Eupleres goudoti, Galidictis fasciata, et Vivericula indica, Galidia elegans.
– les Insectivores composés de 5 espèces: Tenrec ecaudatus, Microgale sp., Oryzorictes hova, Hemicentetes semispinosa, et Setifer setosus.
– les Chiroptères ou Chauves-souris, les espèces endémiques dont les plus connues sont Mormopterus, Miniopterus, Scotophilus, Pipistrellus, Tadarida, Myzopoda, Hipposideros, Taphozous, Roussettus, Eidolon, Pterops, Myotis, Emballonura.
– les Rongeurs : avec 7 espèces telles que Brachytarsomys albicaudata, Eliurus sp., Rattus sp., Gymnuromys roberti, Musculis, Suncus sp., et Nesomys rufus.
– les Reptiles : avec 37 espèces, qui sont reparties en 2 ordres : les Squamata (les Caméleons) et les Ophidiens avec 2 Familles, et 13 espèces.
– les Oiseaux : appartenant à 16 Ordres. Actuellement, plus de 113 espèces ont été recensées dont plus de la moitié sont endémiques (Goodman et al, 1997) [14]. En voici quelques espèces : Corynthornis vintsoides (martin pêcheur), Hypsepetes madagascariensis, Alectroenas madagascariensis, Streptopelia picturata, Coracopsis nigra, Coracopsis vasa vasa, Nectarinia souimanga, Leptosomus discolaris, Otus rutilus, Neodrepanis coruscans, Spaoroc madagascariensis, et Falco.
– les Amphibiens : avec 65 espèces, et un taux d’endémisme de 85%. On peut en citer quelques unes : Mantella, Platypelis, Plethodonthyla, Stumpffia, Boophis, Aglyptodactylus, Ptychadena, Heterixalus, Mantidactylus, Anodontohyla, Paradoxyphyla, Dyscophus.
– les Poissons : les petits lacs (lac vert et lac rouge) et les rivières en renferment de nombreuses variétés de poissons endémiques. On peut citer : Gobius, Acnofiscus, et Tilapia sp.
– les Insectes qui forment les groupes zoologiques dominants de la forêt.

POPULATION HUMAINE

Population

La population d’Andasibe est hétérogène, elle est composée de plusieurs ethnies dont 50% de Betsimisaraka, 20% de Bezanozano, 20% de Merina, 5% de Betsileo, et 5% composés par d’autres ethnies et des étrangers. Ce mélange est dû à l’immigration pour cause de travail saisonnier comme ouvrier agricole, minier et aussi pour le travail de guidage dans le Parc et aux alentours du village d’Andasibe. La plupart de la population sont dans la classe d’âge jeune, car 48% sont âgés de moins de 15 ans.

Activités économiques

1) Agriculture et élevage
Les principales activités des gens sont l’agriculture et l’élevage. Elles prennent une place importante dans cette zone. Les habitants d’Andasibe et de ses environs pratiquent couramment la culture de banane, du riz (surtout le riz antanety), du manioc, de taro, de canne à sucre, et d’ananas. Pour l’élevage, les villageois élèvent très peu de volailles. En plus de quelques zébus, et de cochons.
2) Pressions sur la forêt
La plupart des habitants de la région sont pauvres, ils pratiquent la culture sur brûlis (tavy) pour la culture du riz antanety. Les feux de brousse et l’exploitation illicite des bois pour les matériaux de construction de maisons, bois de chauffage, et d’outils sont des pratiques courantes. Les gens consomment des oviala (Dioscorea sp.), des goyaves sauvages (Goavitsinà), et du miel provenant de la forêt. Les villageois pratiquent aussi la chasse illicite aux lémuriens diurnes et nocturnes, aux oiseaux, et aux tenrecs. Mais depuis l’arrivée du MNP, ces différentes pressions commencent à disparaître. Il ne faut pas oublier les plantes médicinales qui tiennent une place importante dans la région.

En plus de ces activités, beaucoup de jeunes travaillent en tant que guides touristiques et scientifiques ou encore ils vendent des articles de souvenir à l’entrée du Parc.

3) Tourisme
Madagascar National Parks gère le Parc National d’Andasibe qui est composé de deux parties : le Parc National de Mantadia et la Réserve Spéciale d’Analamazaotra. Les principaux objectifs du MNP sont la conservation et la valorisation des ressources naturelles existantes. Par sa richesse en flore, et surtout par son véritable trésor faunistique marqué par l’existence du plus grand Lémurien endémique à Madagascar, l’Indri indri facilement repérable par ses cris impressionnants et les autres biodiversités exceptionnelles, la Réserve Spéciale d’Analamazaotra attire beaucoup de visiteurs nationaux et étrangers ainsi que des chercheurs.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SITE D’ETUDE
I.SITE D’ETUDE
I.1. LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
I.2. FACTEURS PHYSIQUES
I.2.1. Climat
I.2.2. Pédologie
I.2.3. Relief
I.2.3. Hydrographie
I.3. BIODIVERSITE
I.3.1. Flore
I.3.2. Faune
I.4. POPULATION HUMAINE
I.4.1. Population
I.4.2. Activités économiques
1) Agriculture et Elevage
2) Pressions sur la forêt
3) Tourisme
II. MATERIELS BIOLOGIQUES
II.1 PRESENTATION DE L’ANIMAL ETUDIE
II.1.1. Position systématique d’Allocebus trichotis
II.1.2. Description de l’espèce étudiée
1) Description morphologique
2) Biologie de l’animal étudié
II.1.3. Distribution géographique
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
I. METHODOLOGIE
I.1. DOCUMENTATION
I. 2. OBSERVATION DIRECTE
I. 3. LES CAPTURES
I.3.1 Démarche suivie avant les captures
I.3.2 Méthodes de capture
I.3.3 Pesage et mensuration
I.3.4 Collier émetteur
I.3.5 Travaux nocturnes
I.3.6 Données collectées pendant le suivi de l’animal
I.3.7 Description des paramètres à relever pendant le suivi de l’animal
II. ANALYSE DES DONNEES OBTENUES
II.1. ETUDE DES ACTIVITES D’ALLOCEBUS TRICHOTIS
II.1.1. Analyses des activités et de la fréquentation de différents strates et supports utilisés par Allocebus trichotis
II.1.2. Analyse du régime alimentaire et de différents strates et supports utilisés par Allocebus trichotis durant chaque activité
CHAPITRE III: RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. ACTIVITES D’Allocebus trichotis
I.1. COMPARAISON DES ACTIVITES D’ALLOCEBUS TRICHOTIS MALES PENDANT LES DEUX SAISONS
I.2 COMPARAISON DES ACTIVITES D’ALLOCEBUS TRICHOTIS FEMELLES PENDANT LES DEUX SAISONS
I.3. COMPARAISON DES ACTIVITES D’ ALLOCEBUS TRICHOTIS MALES ET FEMELLES DURANT LES DEUX SAISONS
I.4.COMPARAISON DU REGIME ALIMENTAIRE D’ALLOCEBUS TRICHOTIS MALES ET FEMELLES PENDANT LES DEUX SAISONS
II. LES STRATES FREQUENTEES PAR Allocebus trichotis MALES ET FEMELLES PENDANT LES DEUX SAISONS
III. CARACTERISTIQUES DES SUPPORTS UTILISES PAR Allocebus trichotis DURANT CHAQUE ACTIVITE
III.1.ANALYSE DES DIMENSIONS DE SUPPORTS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS MALES ET FEMELLES DURANT LA SAISON CHAUDE ET LA SAISON FROIDE
III.2.ANALYSE DES ORIENTATIONS DE SUPPORTS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS MALES ET FEMELLES DURANT LA SAISON CHAUDE ET LA SAISON FROIDE
CHAPITRE IV : DISCUSSIONS
I. .ACTIVITES D’ALLOCEBUS TRICHOTIS
II .REGIME ALIMENTAIRE D’ALLOCEBUS TRICHOTIS DURANT LES DEUX SAISONS
III. NIVEAUX FORESTIERS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS DURANT LES DEUX SAISONS
IV .LES SUPPORTS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS DURANT LES DEUX SAISONS
IV.1. LES DIMENSIONS DE SUPPORTS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS PENDANT LES DEUX SAISONS
IV.2. LES ORIENTATIONS DE SUPPORTS UTILISES PAR ALLOCEBUS TRICHOTIS PENDANT LES DEUX SAISONS
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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