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Granulométrie
Détermination du pH
Pour des gouttelettes recouvertes complètement de particules, la stabilisation est assurée grâce à la formation d’une barrière mécanique qui empêche la coalescence. Cette barrière a des propriétés viscoélastiques ; la composante élastique croît quand la concentration en particules augmente. La formation d’une barrière rigide permet aussi d’obtenir des gouttelettes déformées, par exemple ellipsoïdales, et stables [24, 25].
Si deux couches de particules en contact fusionnent en une seule couche, des gouttelettes peuvent rester intactes. Ce phénomène s’appelle pontage [26-28]
Pour des mono et multicouches, le mouvement des particules de l’interface vers le volume et à l’interface peut être empêché stériquement ;
La stabilité du film de phase continue entre les gouttelettes peut aussi empêcher la coalescence. Le film peut être stabilisé par des forces capillaires et/ou les propriétés rhéologiques de l’interface elle-même [29-31].
Le mécanisme de la stabilisation dans le cas des interfaces non complètement recouvertes est peu compris. Vignati et ses collaborateurs ont montré que la formation de ponts par des particules entre des gouttelettes améliore la stabilité des émulsions [24]. De même, Arditty et ses collaborateurs ont prouvé que des gouttelettes non complètement recouvertes par des particules subissent la coalescence, jusqu’à ce que l’interface soit complètement recouverte [32]. Leunissen et ses collaborateurs ont également souligné que la stabilisation provenant uniquement des effets électrostatiques entre des particules est possible, même si des particules sont complètement hydrophobes [23].
γH-E est l’énergie de surface huile/eau, γS-E est l’énergie de surface solide/eau, et γS-H est l’énergie de surface solide/huile [5].
Dans le cas où les forces de gravité sont négligeables devant les forces capillaires, ce qui est généralement le cas pour des particules de petites tailles, l’angle de contact détermine le positionnement de la particule sur l’interface, comme l’illustre la Figure 4 [33]. Les particules présentant un angle de contact inférieur à 90°c sont habituellement appelées hydrophiles, alors que celles dont l’angle de contact est supérieur à 90°c sont dites hydrophobes.
Figure 4: Positionnement d’une particule sphérique à l’interface eau/huile pour un angle de contact θ inférieur, égal ou supérieur à 90° [33].
Le type d’émulsion (direct ou inverse) préférentiellement stabilisé par les particules dépend fortement de la valeur de leur angle de contact. Les particules solides, comme les tensioactifs moléculaires, suivent généralement la règle de Bancroft : la phase continue est celle pour laquelle les particules ont le plus d’affinité. Plusieurs modèles ont été proposés pour expliquer cette règle phénoménologique. L’un d’eux repose sur l’idée que la courbure spontanée de l’interface, donc des gouttelettes formées, dépend de l’angle de contact des particules adsorbées, comme l’illustre la Figure 5 [34].
Figure 5 : Mouillage des particules déterminant la courbure de l’interface et le type d’émulsion [34].
Un autre modèle est fondé sur l’idée que l’émulsion qui perdure est celle qui offre la meilleure résistance vis-à-vis de la coalescence [35]. Le phénomène de coalescence est initié par la nucléation d’un canal dans le film liquide séparant les gouttelettes. Si ce canal atteint une taille critique, il devient instable et croît jusqu’à la fusion complète des gouttelettes. Le bord du canal étant une zone très fortement courbée, l’énergie élastique de courbure de la monocouche de tensioactif ou de particules détermine l’énergie d’activation du processus.
Considérons un film d’eau séparant deux gouttelettes d’huile, stabilisé par des particules préférentiellement solubles dans l’eau. La courbure spontanée de la monocouche est négative. Si un canal nucléé se forme dans le film, la monocouche qui le recouvre est courbée dans le sens opposé à la courbure spontanée.
L’énergie élastique associée à la formation du canal est élevée et la probabilité de nucléation est faible [35].
En revanche, si les particules sont préférentiellement solubles dans l’huile, la courbure spontanée est positive. Alors la barrière énergétique à franchir sera alors faible, et la probabilité de nucléé un canal de rayon critique sera élevé. Une émulsion de type huile dans eau sera donc stable si les particules sont solubles dans l’eau, conformément à la règle empirique de Bancroft (Figure 6) [5]. L’angle de contact n’est pas le seul critère influençant le type d’émulsion obtenue. La phase dans laquelle sont d’abord introduites les particules, la concentration de particules, les volumes respectifs des deux phases en présence ou encore la façon de générer les gouttelettes influence également le type d’émulsion [5].
Plus récemment, Dyab et Paunov ont observé des particules de tailles comprises entre 0,5 et 2,2 µm, adsorbées à la surface de gouttelettes d’émulsion, par WETSEM, technique pouvant permettre de mesurer les angles de contact de ces particules [38].
D’autres méthodes, plus indirectes, ont été développées pour estimer l’angle de contact des particules. La méthode de Washburn-Rideal repose sur la mesure de la vitesse de pénétration d’un liquide dans un lit de particules compressées. Cette technique nécessite cependant une quantité importante de matériau, qui n’est pas toujours disponible, et présente des incertitudes liées à la polydispersité et aux éventuelles hétérogénéités de compression des particules [39].
L’énergie de l’attachement d’une particule à l’interface d’un fluide est liée non seulement à l’angle, mais aussi à la tension interfaciale. Cette énergie détermine donc la stabilité de l’émulsion et elle augmente à mesure que l’angle de contact est proche de 90° [40].
Les particules colloïdales sont souvent adsorbées de manière irréversible à l’interface eau/ huile. En faisant l’hypothèse qu’une particule solide sphérique est de petite taille (submicronique) de sorte que l’effet de la gravité soit négligeable, l’énergie E nécessaire pour déplacer une particule de rayon r de l’interface huile /eau vers une des phases volumiques est donnée par l’équation suivante: E r 2 he(11Cos he )2 (Équation 5 : énergie de l’attachement)
ΔE = énergie
r = rayon des gouttelettes
γhe = tension interfaciale
Cosθ = angle de contact
Le signe positif dans l’équation correspond à l’extraction vers la phase huileuse et le signe négatif à l’extraction vers la phase aqueuse [7 ; 42- 44].
Cette équation montre qu’en fonction de l’angle de contact, l’adsorption d’une particule à la surface peut être élevé ou faible (10KBT). Elle est faible pour des angles de contact compris entre 0 et 20° ou 160° et 180° et maximale pour des angles proches de 90°c. Pour l’angle de contact proche de 90° l’énergie nécessaire pour enlever une particule de l’interface est de l’ordre de quelque mille KBT [45, 46]. Une conséquence de la très haute énergie d’attachement des particules à l’interface par rapport à l’énergie thermique KBT est que les particules, une fois à l’interface, peuvent être comme irréversiblement adsorbée à l’interface [3].
Le traitement chimique de surface peut modifier la mouillabilité des particules. Par exemple, dans le cas de particules de silice, le greffage de chaînes hydrocarbonées à la surface les rend hydrophobes. Selon le taux de greffage, il est possible d’obtenir toute une gamme de silices hydrophiles, partiellement hydrophobes ou totalement hydrophobes, ce qui peut être exprimé par la quantité de groupements hydroxyles libres résiduels à la surface. De telles particules, sans être amphiphiles, présentent une affinité pour les interfaces eau / huile [50].
De plus la modification de la surface des particules peut avoir lieu in situ. Les oxydes ou les métaux sont modifiés chimiquement par l’adsorption d’acides carboxyliques à chaîne courte ou des amines à leur surface. Il est également possible de transformer certaines particules hydrophobes en particules hydrophiles, ou réciproquement, par changement du pH [51-53]. Binks et Lumsdon ont montré que les mêmes particules de silice peuvent stabiliser des émulsions eau dans huile à pH inférieur à 9 et des émulsions H/E à pH supérieur à 12,5. Cette inversion de phase est due au changement de la distribution des particules de silice entre la phase aqueuse et huileuse. A pH élevé, les groupements silanol SiOH se dissocient en SiO-, ce qui augmente légèrement le mouillage de particules par l’eau et favorise la formation d’émulsions huile dans eau [34].
Dans le cas d’un mélange de particules hydrophobes et hydrophiles stabilisant une émulsion de rapport huile / eau fixé, l’augmentation de la fraction de l’un des types de particules peut conduire à une inversion transitionnelle des phases. Par exemple, dans une émulsion eau dans huile stabilisée par la silice hydrophobe, l’ajout de la silice hydrophile conduit à l’obtention d’une émulsion huile dans eau [54]. Ce phénomène est similaire à celui observé dans le cas des émulsions stabilisées par les tensioactifs où l’ajout d’un co-émulsifiant hydrophobe en présence d’un émulsifiant hydrophile provoque l’inversion de l’émulsion [5].
Cependant, la valeur de l’angle de contact seule ne détermine pas le type de l’émulsion obtenue, notamment, les particules présentant un angle de contact proche de 90°c peuvent stabiliser les deux types d’émulsion. Les interactions entre les deux phases de l’émulsion et les particules stabilisantes jouent un rôle important lors de l’introduction de la deuxième phase de l’émulsion. Yan et coll. ont démontré que les particules doivent résider dans la phase externe d’émulsion avant l’émulsification pour stabiliser des émulsions. Si les particules hydrophobes sont dispersées dans l’eau avant l’émulsification, elles ont peu de probabilité de passer la barrière de l’interface et d’entrer dans la phase huileuse. Un apport d’énergie important serait nécessaire pour forcer ces particules à traverser l’interface [56, 57].
La forme et la rugosité de la surface des particules ont une influence sur leur mouillabilité. Ces deux valeurs impactent également l’hystérèse de la valeur de l’angle de contact. Afin de simplifier les calculs et l’analyse, les modèles de stabilisation d’émulsions de Pickering considèrent généralement des particules sphériques. Cependant, en pratique, les particules stabilisantes sont souvent anisotropes ou rugueuses. Ainsi, les particules d’argile ont une forme de disque, et les particules de silice pyrogénées largement utilisées pour la formation d’émulsion de Pickering forment des agrégats tridimensionnels stables, composés de particules sphériques [56 -58]. Il n’y a pour le moment pas d’étude systématique sur le rôle de la forme des particules dans la stabilisation des émulsions de Pickering. C’est sans doute l’un des facteurs les moins bien compris.
Les particules agrégées s’adsorbent plus fortement à l’interface. Des études ont montré qu’une légère floculation des particules par ajout de sel ou variation du pH conduit à des émulsions stables mais une forte floculation conduit à des résultats négatifs [41]. Pour des émulsions de type huile/eau cette floculation est obtenue par ajout d’électrolytes. L’ajout d’électrolytes comme le NaCl lors de la formulation entraine une diminution du potentiel zêta avec augmentation du pH conduisant à l’agrégation des particules LDH en flocons plus grands. La résistance de la structure des dispersions LDH est renforcée par l’augmentation du pH et la concentration de particules. Une légère variation de l’angle de contact a aussi été observée [19]. Il est rapporté que les dispersions floculées sont plus efficaces dans la stabilisation des émulsions car les particules qui ne sont pas floculées ont plus de mobilité à l’interface que des particules floculées entrainant facilement la coalescence [1 ; 60].
La concentration importante en particules ne signifie pas un recouvrement dense de l’interface. Les équipes de Yan et Levine ont observé que des particules sont dans la phase extérieure d’émulsion, même quand la surface des gouttelettes n’est pas entièrement recouverte [62, 63]. Mais pour une concentration trop faible en particules, la taille moyenne des gouttelettes augmente dans le temps. L’ajout des particules dans la phase externe après préparation d’émulsion provoque la gélification de la phase externe et ne provoque pas de diminution de la taille [32 ; 34]. La formation d’un réseau tridimensionnel de particules floculées dans la phase externe autour des gouttelettes a été observée quand la quantité de particules est suffisante. Cela améliore la stabilité en gênant le contact mutuel des gouttelettes. Par exemple, des particules d’argile forment un réseau dans l’eau et entourent les gouttelettes d’huile [64, 65].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I Concepts de formulation et de stabilisation des émulsions de Pickering
I.1 Définition
I.2 Formulation et caractérisations des émulsions de Pickering
I.2.1 Formulation
I.2.2 Caractérisation
I.2.2.1 Détermination du sens de l’émulsion
I.2.2.2 Granulométrie
I.2.2.3 Viscosité
I.2.2.4 Détermination du pH
I.3 Concept de stabilisation des émulsions de Pickering
I.3.1 Structure et mécanisme de stabilisation de l’interface
I.3.1.1 Structure de l’interface
I.3.1.2 Mécanismes de stabilisation
I.3.2 Mouillage des particules et positionnement à l’interface
I.3.3 Mesure de l’angle de contact
I.3.4 Aspect énergétique
I.3.5 Interactions entre particules à l’interface
II Type et stabilité des émulsions de Pickering
II.1 Les facteurs expérimentaux influençant le type d’émulsion
II.1.1 La mouillabilité des particules
II.1.2 Localisation initiale des particules
II.2 Les facteurs expérimentaux influençant la stabilité
II.2.1 Taille et forme des particules
II.2.2 Etat de dispersion des particules
II.2.3 Concentration des particules
II.3 Phénomène d’instabilité
II.3.1 Sédimentation et crémage
II.3.2 Floculation
II.3.3 Coalescence
II.3.4 Mûrissement d’Ostwald
II.3.5 Inversion de phase
II.4 Déstabilisations des émulsions de Pickering
III Applications
III.1 L’industrie pharmaceutique et cosmétique
III.2 Préparation des matériaux
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXERIMENTAL
I Objectifs
II Cadre de l’’étude
III Matériel et méthodes
III.1 Matériel
III.1.1 Appareillage et verrerie
III.1.2 Matières premières
III.1.2.1 Le Witepsol (Lipide)
III.1.2.2 Le solutol SH15 (tensioactif)
III.1.2.3 Eau MilliQ
III.1.2.4 L’huile d’arachide
III.2 Méthodes
III.2.1 Formulation des SLNs
III.2.2 Préparation des émulsions :
III.2.3 Caractérisation physico-chimique nanoparticules lipidiques (SLNs)
III.2.3.1 Examen microscopique (microscopie électronique à transmission TEM)
III.2.3.2 Taille et PDI
III.2.3.3 Potentiel Zeta
III.2.4 Caractérisation des émulsions :
III.2.4.1 Détermination du sens des émulsions par mesure de la conductivité
III.2.4.1.1 Principe
III.2.4.1.2 Technique :
III.2.4.2 Détermination du pH des émulsions :
III.2.4.2.1 Principe :
III.2.4.2.2 Technique
III.2.4.3 Détermination de la taille des gouttelettes
III.2.4.3.1 Principe :
III.2.4.3.2 Technique :
III.2.4.3.3 Examen macroscopique :
IV Résultats
IV.1 Synthèse et caractérisation des SLNs
IV.2 Synthèse et caractérisation des émulsions de Pickering stabilisées par des SLNs
IV.2.1 Examen macroscopique
IV.2.2 Sens des émulsions par mesure de la Conductivité
IV.2.3 Détermination du pH
IV.2.4 Taille des gouttelettes
V Discussion
Conclusion
Références:
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